750 grammes
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20 novembre 2012 2 20 /11 /novembre /2012 09:53

Albion 1

La perfection c'est barbant mais au fond rien ne met autant en joie qu'un repas qui la pulvérise. Pas la peine de rêvasser plus longtemps sur les accords d'une guitare et les paroles d'une rumba s'élevant quelque part dans les Caraïbes au dessus d'une terrasse rayée par l'ombre des roseaux. Encore moins nécessaire de continuer de fixer l'écran de son ordinateur avec une telle concentration qu'on pourrait s'attendre à le voir se fendiller. Les images de mers chaudes et de plages de sable blond restent des images. La chance est de notre côté et il se trouve qu'on dispose d'un levier redoutable pour faire grimper le mercure de cette journée scandaleusement glaciale. Alors on se jette sur son manteau, on attrape son écharpe, on enfile ou non ses gants et on se précipite chez Albion, la cave à manger un poile british.

Parquet de bois brut, grande salle aux murs gris bleu, pierre calcaire jointoyée à la chaux (on échappe de justesse aux poutres apparentes), cave à vin en transparence , cuisine ouverte et bouteilles de pinard un peu partout: un petit côté Juvéniles mais en plus soigné et deux crans au dessus. Derrière un comptoir mais aussi beaucoup devant à s'activer en salle, le néo zélandais Hayden Cloutt dont le nom sonne comme celui d'un «privé» de film noir. En cuisine, le britannique Matthew Ong, exfiltré du sémillant Fish la Boissonnerie dont on ne dira jamais assez de bien et sa formidable brigade également au service de sa majesté. L'équipe est bien rodée, solide, souriante et maîtrise à la perfection son sujet. On jurerait qu'elle est au sommet de son art.

Pas de menu mais quatre entrées, plats et desserts au choix. C'est très bien comme ça.

Albion 2

Si les haricots coco cuisinés al dente, la pulpe et chorizo ibérique vous tirent des larmes, le mi-cuit de foie gras poêlé, pommes rôties et champignons vous fait pleurer des rivières.

Albion 3

Les Saint-Jacques poêlées, boudin noir et topinambours ne sont pas mal dans leur genre: force de caractère du boudin un chouïa relevé, suavité confondante de la Saint-Jacques. Juste parfait.

Albion-4-copie-1.JPG

Exceptionnel filet de sanglier dont le rosé de la chair rappelle celui des joues d'un bébé, mais alors un bébé monté sur ressort tant en bouche la viande dégage ce je ne sais quoi de sauvage. Accompagnements excellentissimes: chou rouge braisé et purée de panais, le tout arrosé d'un jus dont on ne gâche pas la moindre goutte.

Albion-5-copie-2.JPG

En dessert, on attend le crumble au chocolat et sa gelée de piment d'Espelette et à notre grande surprise c'est une tartelette au chocolat qui s'invite sur notre table. Vite, on ne dit rien tant la surprise me ravit et me comble.

Albion-6-copie-1.JPG

Sonné de la première à la dernière bouchée. Dans le domaine le dernier gros choc remonte à cette tarte également au chocolat dégustée aux Cocottes de Christian Constant. Inoubliable pâte sablée cacaotée et ganache à se damner chez l'un comme chez l'autre. S'efforcer de les départager serait pure l'hérésie. Du grand, du très grand art.

Compter 40 euros par personne pour ce repas de belle envergure.

 

Albion

80 rue du Faubourg Poissonnière

75010 Paris

01 42 46 02 44

 

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12 novembre 2012 1 12 /11 /novembre /2012 11:03

Paris-London-1.JPG

Le Paris-London place la barre très haut lequel s'est mis en tête de nous offrir rien de moins que le meilleur hamburger de la capitale. Exactement le type d'opération (marketing) casse gueule qui pique assez notre curiosité pour que nous allions voir de plus près le désastre annoncé (à grand renfort de communiqués de presse).

Bien entendu, histoire de donner un semblant de légitimité au projet et d’asseoir sa crédibilité, on fait appel à un chef confirmé au parcours irréprochable - ici Maurice Guillouet, ancien de chez Robuchon et du Ritz - qui aura planché jour et nuit comme un forcené sur la bête, essayant toutes les combinaisons possibles et imaginables pour sortir à l'arrachée un burger capable de rivaliser avec les plus grands. Et dans les coulisses de se frotter les mains en s'imaginant que l'affaire est pour moitié dans le sac.

Le Paris-London on connaît très bien pour passer régulièrement devant sans que l'idée nous effleure de s'y attabler. 1000 fois on a jeté un œil aux assiettes, 1000 fois on a passé notre chemin sans l'ombre d'un regret. Si les touristes et les employés de bureau s'en contentent, tant pis eux. Pour notre part on préfère encore aller casse la croûte au Rubis ou au Petit Vendôme.

Paris-London-2-copie-1.JPG

Enfin, il est comment ce bacon cheese burger (21 €) qui dans la presse fait le paon ? Sacrément bien fichu, tout comptes faits et même bougrement délicieux. Pas effarouchée pour un sou, la bestiole. De belle et haute stature et sous le capot du sérieux, du lourd, de l'ambitieux. Une viande dans les 200g laissant échapper un petit jus, une succulente et généreuse poitrine de porc ibérique en lieu et place du bacon, un cheddar qui ne fait pas de la figuration mais qui délivre de belles claques, une savoureuse compotée d'oignons qui se faufile partout où elle peut, de la roquette qui aporte une touche croustillante et poivrée, quelques tranches de tomate pelée (la grande classe), des buns divinement briochés encore chauds (fait rare pour être mentionné) de chez Rachel's cake et une sauce tartare maison qui fait le bonheur des frites pas indignes mais congelées, ma seule réserve au passage. Bref, le Paris-London a dégainé l'artillerie lourde. Nous voilà sacrément averti.

 

Paris-London

16 place de la Madeleine

75008 Paris

01 47 42 33 92

 

 

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10 novembre 2012 6 10 /11 /novembre /2012 11:13

Soul 4

Du nom (mais on n'en mettrait pas sa main à couper) d'une fantaisie mineure mais néanmoins réjouissante de Fatih Akin, le réalisateur mémorable de Head On et De l'autre côté.

Soit une dînette de filles au nombre de trois (chiffre magique), plus tendance Au Revoir Simone que Plasticines (mais qui s'en souvient encore d'elles), posée en équilibre sur la butte Montmartre.

Belle pièce arrosée de lumière naturelle, une grande ardoise comme Outre-Atlantique, des meubles patinés, des cagettes dont les légumes se sont fait la malle, une cage à oiseaux sans volatile dedans et tout plein de papillons en papier aux murs. Autant dire qu'un vent de liberté souffle dans la nuque de ce trio de charmantes jeunes femmes.

Soul 6

Jus de fruits pressés et latte en matinée avec son choix de laits alternatifs (soja, chèvre, riz) devant sa gazette favorite, pourquoi pas sur le petit comptoir face à la baie vitrée. En fond sonore le meilleur de l'indie pop mainstream des années 90 et 2000 - Pulp, Archive, Massive Attack - et du moins bon - Muse.

Le midi c'est menu unique, 11,50 € le plat au choix, la salade et le dessert lui aussi au choix. Garanti bio de chez bio.

Soul 2

''Soupe verte'' généreuse et affolante: que des légumes de saison (pomme de terre, haricots, petits pois craquant, céleri, courgettes, carottes...), sa persillade et un bonheur de tartine de jambon à l'os de l'Ami Pierre. C'est très bon, c'est consistant, simple et sain et puis surtout ça réchauffe. Pour une autre fois la tarte maousse et sacrément engageante (chèvre/brocoli/carottes et lardons paysans de chez qui on sait) ou encore le curry de lentille corail (quand on vous répète qu'il fait un froid de gueux à Paris).

Soul 3

Une insolente salade de soba et carottes en accompagnement, qu'on prend d'abord pour ce qu'elle est (une salade de soba et carottes) puis un gadget avant au premier coup de fourchette d'en tomber raide dingue, la sauce n'étant pas étrangère à ce miracle en règle. Affolante et boulimique, la sauce: beurre de cacahuète, huile de sésame, vinaigre de riz, sauce soja, miso, sauce piquante, citron vert et puis quoi encore ?!

Tarte aux myrtilles dans les règles de l'art. Excellente pâte sablée et chantilly maison.

((Soul 5))-copie-1Un peu la maison du bonheur, tout ça. Et puis, joueuses avec ça: sur le tableau, on avise le défi à relever du jour (le lot, une belle madeleine saupoudrée de sucre blanc). Ce jour-là il s'agissait de dire merci en 10 langues différentes, challenge qu'une petite fille à remporté haut la main. On aime pas cet endroit, on l'adore.

 

Soul Kitchen

33 rue Lamarck

75018 Paris

www.soulkitchenparis.fr

 

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8 novembre 2012 4 08 /11 /novembre /2012 15:11

Amber-1.JPG

Amber ? Une brune féline à la plastique de rêve et au regard de braise ? Un nouveau parfum aux fragrances musquées? Non, juste l'un des tous meilleurs burgers de la capitale selon mon ami Thomas, l'un des plus insignifiants et surévalués selon moi.

On est rue Commandant Rivière, dans le 8ème, qui est la mangeoire des employés du quartier pas vraiment regardant sur le contenu de leur gamelle. D’où l'intérêt du ticket restaurant qui est un peu le principe de la 3D appliqué à un nanar. Sitôt le support de paiement libéré de sa souche on fait preuve d'indulgence, on tempère son jugement quand on ne le revoit sensiblement à la hausse au point de faire passer une adresse à peine potable pour la dernière sensation gourmet.

De toute façon, Amber m'a déçu à la seconde même ou j'y ai mis les pieds. Cette déco de loft new yorkais telle qu'on ne la rêve plus aujourd'hui sinon dans les sitcom du service publique (banquettes rouges, tables noires, tuyaux de circulation apparents, suspensions ringardes, rien qu'une petite vingtaine d'années de retard) était déjà difficile à avaler. Tout comme le RnB à plein tube (quand ce n'est pas une vieille scie de Michel Jaquesson) ou le service bas de l'échelle-sans un regard-ni sourire-limite-ta gueule me revient pas-et puis en fait je t'emmerde-de la serveuse.

Amber-2.JPG

Mon choix se porte sur le double bacon cheeseburger (220 g de bœuf, 18€ tout de même), présenté ouvert. La viande fait le job: de qualité, bien saisie à l’extérieur, saignante à l'intérieur, avec du goût (c'est encore le moins qu'on attende d'elle) mais manquant peut-être un peu de gras. Encourageant, tout cela, mais ne crions pas trop vite victoire: c'est maintenant que ça se gate

Buns larges et farineux, à jeter, bacon insignifiant à la texture plastique, coleslaw peut-être maison (la grande affaire) mais qui m'indiffère toujours autant (on m’expliquera un jour l’intérêt de cette salade à part celui de remplir l'assiette). Pour les frites servies dans un cornet mon jugement est partagé. Pas exceptionnelles mais pas honteuses non plus. Bien dorées, du croustillant mais un poil trop sèches. Frites maison ou congelées (frites maison congelées?), je l'ignore encore. On n'oublie pas la pauvre tomate et la pauvre feuille de salade verte s'ennuyant sur un petit pain: un spéctacle désolant.

Amber-3.JPG

Sec et archi sec, l'ensemble est archi sec (bonjour l’exercice) ! L'équivalent d'un timbre poste de cheddar aura été étalé sur la surface de la viande. Il y a bien la coupelle de mayo industrielle qui n'attend qu'un signe de moi pour se vautrer sur mon bun (pour la sauce maison on repassera), mais dans ses rêves seulement.

C'est à côté de la plaque tout ça. Un bon hamburger ça doit avoir du jus, une pointe acide, ça peut éventuellement (ça doit) tâcher, on veut que ça ait du caractère, des choses à exprimer et une cohérence dans le choix des ingrédients, que ça compose un ensemble homogène, sinon ce n'est pas la peine.

Allez, on oublie vite et on fonce au choix chez Big Fernand ou chez Cantine California, où qu'ils se trouvent. Et tant pis pour la queue !

 

Amber

9 rue du Commandant Rivière

75008 Paris

www.restoamber.fr

 

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3 novembre 2012 6 03 /11 /novembre /2012 08:55

D1

Ça commence le matin, quand l'air est encore frais. On sèche un dernier verre de thé à la sauge et on décolle du piton rocheux sur lequel se tient en équilibre le village de Dana pour s'engouffrer dans la piste qui sillonne le canyon de wadi dana. L'objectif: gagner d'ici quelques heures l'Ecolodge du village de Feynan, situé aux avants postes du désert.

D2

Au début, ça descend plus qu'on ne l'imaginait: par endroits c'est même très raide. Des oiseaux partent en trombe à notre approche, comme projeté depuis une catapulte. Des merles. Encourageant mais pas aussi impressionnant que les oiseaux de proie (principalement des aigles et des vautours) ou ne serait-ce que la grande mésange (surnommée l'oiseau Beethoven pour la beauté de son chant) qui au dire des habitants ont fait de la vallée leur terrain de jeu (et de chasse).

D3

Chemin faisant, on a des pensées, comme de se croire dans un western, au fin fond Monument Valley. Pas même une heure de marche que l'imagination se met déjà en branle. Un moment on s'imagine même trappeur dans le Grand Nord. Là, il faudrait soustraire une bonne dizaine de degrés.

D4

Tiens, un cabris, à moins que ce soit un bouquetin. Non, juste une illusion. Pour tout dire, les chats sauvages, les porcs-épics, les gazelles et les chats sauvages, on en voit pas l'ombre d'un poil. La réserve compte quantités de sentiers et plusieurs écosystèmes; on aura pas choisi le bon. Qu'à cela ne tienne, voilà de belles taches de vert qui se profilent. De la végétation ici tient du miracle. On se rapproche: c'est très sec et pas l'ombre d'une goutte d'eau.

D5.JPGContinuer d'avancer, tout droit, malgré la chaleur et quelquefois se reposer à l'ombre d'un renfoncement dans la roche, là même ou les éleveurs abritent temporairement leurs troupeaux de chèvres. Et toujours devant soi l'étendue semi désertique, l'étendue plate à peine et caillouteuse flanquée de petites dunes. Quelque chose en nous qui se réveille, qui s'agite, une soif: l'appel irrépressible du désert.

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Après quelques heures de marche, on est pratiquement arrivé. La proximité avec le village de Feynan (quelques maisons de fortune en tôles ondulées, une école, un terrain de foot, une mosquée et puis c'est tout) se signale par un campement bédouin installé un bon kilomètre en amont. Sous un abri, se jeter sur un tapis et accepter le thé qu'on nous offre. Parler si peu avec les mots, beaucoup avec les mains.

D8.JPGL'Ecolodge est une sorte de mirage planté au milieu de nulle part. On goûte la fraîcheur de ses pièces aux tons sables, on apprécie sa terrasse ombragée où on se fait servir une fattouch et un jus de citron pressé à la menthe fraîche. Rien de plus, rien de moins. On savoure l'assiette autant que la vue. L'instant parfait.

D9.JPG

 

Feynan Ecolodge

feynan.com

 

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1 novembre 2012 4 01 /11 /novembre /2012 01:30

(((Dana 1)))

La réserve de Dana est un concentré de trésors naturels qui s'étire sur 308 km 2, du rif du Jourdain jusqu'aux plaines désertiques du Wadi Araba tout en cumulant pas moins de quatre écosystèmes différents.

-Dana-2-.JPG

Montagnes boisées, côtes rocheuses, plaines rocailleuses, dunes de sable, cette chaîne alternant vallées et de montagnes se distingue par sa diversité de paysages dont l'une des singularités est de rappeler par endroits la Provence comme dans les environs directs du village avec ses champs d'oliviers, ses chênes de Méditerranée, ses cyprès, son romarin, sa sauge (qu'on fait infuser avec le thé et beaucoup de sucre) et sa pierre blanche, ocre par endroits et même en cherchant bien de la lavande.

(Dana 3)-copie-1Modèle d'écotourisme avec ses ruelles étroites vierges de toute échoppe, ses maisons basses en pierre pour la plus part en ruines mais petit à petit ressuscitées selon les plans et les matériaux d'origine pour y loger d'infatigables marcheurs, et fort de l'implication de ses habitants qui ont longtemps vécu en autarcie, le village de Dana bâti sur un piton rocheux dominant la vallée (le wadi araba) renaît depuis peu de ses cendres après avoir essuyé un long déclin.

-Dana-4-.JPG

Gâté par une alimentation hydraulique généreuse (cinq sources jaillissent à proximité du village), on s'attendrait à ce que les habitants multiplient les cultures maraîchères et tapissent les terrasses s'étirant au dessus du village de fruits et légumes ayant fait ample provision d'eau, de chaleur et de soleil, or, une petite ballade autour du village nous apprend vite qu'il n'en est rien.

-Dana-5-.JPG

L'eau qui s'écoule des canaux se vide pour rien et n'aboutit nulle part. La grande majorité des terrains ne sont pas cultivés, les arbres et principalement les pistachiers sont assoiffés et dépérissent. On récolte principalement comme autrefois ce que la nature nous donne sans la collaboration de l'homme; des plantes médicinales, des olives, des grenades et puis c'est à peu près tout.

Dana-7.JPG

Heureusement, on peut encore pousser une petite porte en fer grignotée par la rouille et déboucher sur un jardin où des enfants cueillent les olives et les grenades.

Dana-6.JPG

Les enfants sont généreux, qui vous donnent plus de fruits que vous ne pouvez en manger.

(Dana 8)

Aujourd'hui c'est encore jour chaumé et si l'on s'écarte du village, qu'on grimpe dans les hauteurs, qu'on ouvre grandes ses oreilles et qu'on se montre attentif au moindre bruissement, au moindre murmure étouffé par la montagne, on débouchera sur l'un de ces petits rassemblements en famille à l'ombre d'un olivier, au milieu d'un champ traversé par un gentil ruisseau. C'est devenu une habitude de se faire inviter et une autre d’accepter.

Dana 9

Thé, narguilé, grillades de mouton et poulet, (pain jordanien) réchauffé à même les braises concombres et tomates du jardin. Un pique nique princier.

 

 

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29 octobre 2012 1 29 /10 /octobre /2012 06:00

Pet-1.JPG

Il faut arriver à peu près à la même heure qu'hier (autour de 9h30) pour voir depuis un petit promontoire naturel perché au dessus du Khazneh, le soleil en enflammer une nouvelle fois la façade. En retrait de la foule déchaînée, couché sur le ventre à même la roche, la vue plongeante sur le monument est juste spectaculaire.

--Pet-2---.JPG

Et c'est seul au monde, pas une seule fois importuné par le vacarme des touristes, qu'on admire sans se lasser le glissement des rayons sur la pierre, les couleurs rosées uniques dues à la présence d'oxydes métalliques piégés dans les grès.

Pet-3-.JPG

Pour mériter ce point de vue unique on aura emprunté un chemin escarpé qui débute derrière les tombes royales puis s'élance à travers la roche qui est un morceau de gruyère plein de niches et de grottes.

 

Pet-4.JPGComme l'itinéraire n'est pas balisé on jette souvent un œil à la ville basse, en contrebas, dont on jouit d'une belle vue sur le théâtre entièrement creusé dans un rocher qui pouvait accueillir jusqu'à 6000 personnes.

Pet-5.JPG

Une montée plus longue, plus laborieuse mais qui vaut son pesant d'émotions consiste à redescendre, passer justement devant le théâtre et emprunter la rue à colonnade jusqu'au musée archéologique d'où est indiqué la direction du Jebel-ed Deir, qu'on peut aussi se contenter d’appeler le monastère.

Pet-6.JPG

Si les ânes chargés de touristes n'ont pas vraiment l'air d'accuser le coup, il n'en va pas de même avec nombre de touristes qui grimpent péniblement les 788 marches - bien qu'entrecoupées de portions planes - qui s'élancent dans un canyon puis une gorge puis au dessus d'un ravin avant de déboucher sur le monastère.

Pet-7.JPG

Chemin très fréquenté qui prend quelquefois des allures de kermesse, on ira chercher la tranquillité plus haut après s'être engouffré dans un sentier qui offre un point de vue unique sur le wadi Araba.

Pet 8

Un autre sentier nous conduit à quelques centaines de mètres de là jusqu'à un promontoire naturel qui fait face au désert que sous le coup de l'émotion j'omets de prendre en photo. Une photographie fantôme de plus ajoutée à la liste de toutes celle stockées dans ma mémoire. Dommage.

Pet-9.JPG

Petite consolation, ce déjeuner léger au retour, au Movempick situé idéalement juste à l'entrée du site. Inoubliable jus de citron et menthe et honnête assortiment de mezze.

 

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28 octobre 2012 7 28 /10 /octobre /2012 06:00

Petra 1

Pétra, on en connaît d'éternité les images du Khazeh qui sont à la Jordanie ce que les Pyramides sont à l’Égypte. On se souvient avec précision de certaines vignettes de Tintin dans Coke en stock situées sur le site, qui marqua les retrouvailles entre notre reporter à houppette favori et l'exquis émir du Khemed, autrement dit le père malheureux de l'odieux Abadallah. On n'avait jamais relevé qu'une séquence d'Indiana Jones et la Dernière Croisade s'y déroula. On sait vaguement que Pétra nous a été laissée par les Nabatéens, un peuple arabe nomade qui se sédentarisa dans la pointe méridionale de la Jordanie il y a plus de 2000 ans, visiblement séduits par les incalculables avantages du lieu: approvisionnement abondant en eau, canyons rocheux facilitant la défense, relations au beau fixe avec les Edomites, piètres bâtisseurs mais excellents potiers, un savoir qu'ils auraient transmis à leurs voisins. On apprend sur le tard que les Nabatéens étant de redoutables commerçants et de surcroît pas du genre à se tourner les pouces, Pétra est devenue dès la fin du 2ème siècle avant Jésus-Christ une immense cité s'étendant sur près de 10 km2 (difficile d'imaginer qu'à l'heure actuelle, sur les 80m2 que couvre le site, seuls 10 à 15% des monuments sont visibles, l'essentiel sommeillant encore sous le sable; une singularité que Pétra partage avec Angkor) et par la force des choses la capitale du royaume Nabatéen. Puis vinrent les romains qui tuèrent la poule aux œufs d'or en ayant la très discutable idée de prendre le contrôle des lucratives routes commerciales et de les détourner de Pétra, ce dont elle ne se remettra pas, l'arrivée et l'installation progressive des bédouins n 'y changeant rien.

Et puis c'est tout. Le reste, il faut se lever aux aurores - ou plutôt être tiré du lit sur les coups de 5 heures du matin par les chants insistants du muezzin - pour se le laisser conter par nos propres yeux, forcement émerveillés, naturellement fascinés.

Petra 2

Les jambes sont encore lourdes et le pas traînant lorsque après avoir dépassé la nécropole de Gaïa on s'engage dans le spectaculaire canyon (ou Siq extérieur), une enfilade de gorges qui servait à la fois de défense naturelle et de parcours de procession, en témoignent les parois creusées d'innombrables niches et les sculptures comme celle saisissante d'un homme conduisant des chameaux.

((Petra 3))

9h30, c'est l'heure à laquelle le soleil se décide enfin à venir lécher la façade du Khazeh avant de l'arroser dans sa totalité dans l'heure qui suit. Il y a foule et on est bien content de quitter tout ce monde bruyant et indiscipliné. La chance veut justement qu'après le Siq extérieur, juste sur notre gauche s'envolent vers les hauteurs une belle quantité de marches irrégulières taillées dans la roche, et là tout se déride, la machine s'emballe enfin.

(Petra 4)

Ce premier sentier grimpant le long des parois dévoilant une multitude de tombeaux, de façades de temples, de salles funéraires et de bas reliefs creusés dans le roc, en appelle un autre et puis encore un autre. La montagne comme toujours, se révèle une inépuisable gourmandise. Et plusieurs heures durant, soit jusqu'aux premières heures chaudes, de se promener de promontoire en belvédère avec des pauses comme ici à mi chemin du Haut lieu du Sacrifice (le Madhbah) et des Obélisques.

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Un thé brûlant très chargé en sucre étonnement désaltérant, préparé par une bédouine aux trois quart aveugle, d'une main tâtonnante et maladroite et siroté sur une petite pierre. C'est déjà un spectacle en soi.

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Le second, on lui fait face, qui sont ces pans de falaises gorgés de niches, les formes torturées, les couleurs improbables qu'ont les rochers. On marche encore un peu et c'est le tombeau d'Aaron qu'on distingue tout au fond, et puis c'est encore une volée de marches érodées avant d'atteindre un bassin creusé dans la roche.

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C'est lorsqu'on descend par un petit chemin rocailleux, qu'on laisse derrière nous le complexe du Tombeau du Soldat et qu'on prend tout de suite à gauche, que se dresse devant nous une ancienne villa nabatéenne et romaine en cours de restauration.

-Pet-9-.JPGAprès, il ne reste plus qu'à suivre cet autre chemin généreux en éboulements et côtes raides jusqu'au monument au Serpent au milieu duquel est niché un hameau où il suffit de pousser n'importe quelle porte pour trouver l'hospitalité, voir se faire héberger la nuit.

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Sur le chemin du retour, qui courre à travers la vallée et se faufile via une sorte de ravin asséché, on a encore un peu de temps devant soi avant que la chaleur s'abatte sur nous pour grimper une côte, voir deux, traverser de petits ensemble d'habitations dont le seul luxe est d'être approvisionné en eau.

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On y élève plus qu'on n'y cultive: des moutons, des agneaux, quelques poules et des chameaux.

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Des enfants, également, qui bondissent comme des écureuils de derrière un rocher et disparaissent comme des écureuils dans leur trou.

-Petra-15-.JPG

 

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27 octobre 2012 6 27 /10 /octobre /2012 06:00

(P1)

Pied au plancher, une fois quitté Amman on ne profite pas longuement de la route du désert et de son désert rocailleux; tout au plus 2h30, la dernière demi heure se faisant sur une petite route se hissant péniblement à travers la montagne avant de plonger vers Pétra.

(((P2)))

L'ambiance à Pétra est à la fête, comme partout ailleurs dans le monde musulman. Nous sommes à la veille de l'Aïd, la fête du mouton, lequel fait l'objet de sévères et interminables marchandages. Négocié autour de 200 euros sur un marché aux bestiaux improvisé en plein cœur de la ville, l'acquéreur traîne l'animal jusqu'à son pick up sur la plate forme duquel il le hisse avec la meilleure volonté du monde pour ce qui sera son ultime voyage.

(((P3)))

A quelques centaines de mètres de là, devant l'éxcellente pâtisserie Al Janoub, cet attroupement animé d'où fusent la bonne humeur et les rires sonores, témoigne une nouvelle fois de l'ambiance de fête qui règne dans la ville.

(P4)

Pâtisserie incontournable des jours de fête, l'atayef, petite crêpe (version miniature du baghrir marocain, dite aussi «la crêpe aux milles trous») est l'objet de toutes les attentions.

 

(P5)La preuve, pas moins d'une dizaines d'hommes sont venus prêter main forte et se repartissent les tâches, la plus cocasse consistant à éventer les petites crêpes de manière à les refroidir pour qu'elles ne collent pas une fois empilées les unes sur les autres.

P6

Un vrai travail d'équipe et beaucoup d'efforts concertés pour cette spécialité qu'on apprécie en famille, surtout au petit déjeuner avec une touche de miel et un soupçon de zeste d'orange ou bien à la libanaise avec de la crème de lait et des pistaches concassées.

Petra-9.JPG

Fête ou non, le mahmoul (petit gâteau fourré aux dattes mais qu'on trouve également aux noix ou aux pistaches) se déguste toute l'année. J'en suis également très friand. Pratique à glisser dans son sac, c'est le compagnon idéal pour les longues heures de marches à venir à travers les canyons de Pétra dont se profile au loin les falaises arrondies comparables à des gâteaux à la crème de marrons mais aussi rondes et veloutées comme des seins, c'est selon.

P7

Mais encore faut-il éviter ce petit café qui est déjà mon favori... où il est trop tentant de s’asseoir à une table pour y entamer son trésor en accompagnement d'un thé sucré...

(P8)

 

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26 octobre 2012 5 26 /10 /octobre /2012 06:00

(Mer 1)

Un ruban noir impeccable traverse les faubourgs, ignore l'aéroport, débouche sur un horizon de montagnes arides avant de plonger les 30 km restant vers le site le plus encaissé du globe, le «lac inversé», autrement dit la mer Morte. Au km 18 une borne indique le niveau 0. On l'aura passé sans la voir. Si le km 0 est symbolique, les 424 m sous le niveau de la mer, soit la profondeur maximale de la dépression à laquelle nous nous trouvons une quinzaine de minutes plus tard, ne l'est pas moins.

(Mer 2)

Autre particularité de la mer Morte et pas des moindres, ses eaux chaudes riches en minéraux sur lesquelles on flotte sans effort, posant pour la postérité un magazine entre les mains. Jusqu'à dix fois plus salée que l'eau de mer, ce qui explique qu'à l’exception d'une poignée de bactéries, la vie aquatique y soit impossible. Pour preuve, un poisson étourdi ayant la malchance de s'y aventurer aurait à peine le temps de se rendre compte de son erreur qu'il succomberait dans la minute qui suit.

(((Mer 3)))-copie-1

Plusieurs fleuves dont le Jourdain se jettent dans la mer Morte, les eaux de celles-ci se retrouvant prisonnières, s'évaporent en laissant de riches cocktails de sels et de minéraux utilisés par l'industrie, l'agriculture et la médecine. La boue aussi possède d’excellentes vertus comme de nettoyer en profondeur la peau et soulager les douleurs dues à l'arthrite et aux rhumatismes, ce que me confirme cette famille koweïtienne recouverte non de pétrole mais de boue, venue en voiture depuis Koweit city, soit 1200 km à travers le désert d'Arabie.

(Mer 4)

Du poisson, point de trace en plein cœur de la ville basse dans une gargote comme il se doit et comme je l'aime éclairée aux néons. Dans le passage c'est encore mieux.

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Servi chaud, ultra calorique, pansement bourratif et résolument écœurant après 4,5 cuillères, le fatté découvert l'an dernier au Liban, à Tripoli exactement dont c'est la spécialité, fait toujours son effet. Délicieux mais je sature dès la troisième et dernière cuillère.

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Les archi connus falafels, moulés non à la main mais mécaniquement dans une odieuse petite machine. Rien à voir avec ceux de Barbar à Beyrouth, la référence dans le genre. Restent le défilé permanent des passants et la magie d'une nuit à Amman.

 

 

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