Certain matin, après avoir admiré les statues khmères sommeillant dans les allées du Musée National, on ne voudrait pas petit-déjeuner ailleurs qu'attablé précairement sur un bout de trottoir dans une de ces gargotes qui fleurissent partout dans la ville à peine le jour levé.
Rien de plus simple que de commander de l'index une soupe de nouilles avec abats et navets et de prendre place aux côtés de trois messieurs qu'une amitié partagée semble unir.
C'est tellement bon qu'on y retourne le lendemain. Soupe différente, visages différents, mêmes regards complices, même bonheur d'être là, dans ce lieu qui devient rapidement mon favori.
La théière circule entre nous et on aime comme la petite tasse blanche se porte au même moment à nos lèvres dans un geste commun et fraternel, comme si nous trinquions à la lumière qui balaie le sol et remonte avec d'infinies précautions de nos orteils aux mollets. Cette lumière d'abord discrète, hésitante, vient frapper la surface de la la table, l'incendiant, manquant de la faire exploser. Vous pourriez vous nourrir de rien d'autre que de cette lumière dont vous aimeriez glisser un échantillon dans la poche de votre chemise pour les jours parisiens de pluie et de neige. Au fond d'une boite, rangée dans un des tiroirs de la table de chevet, la garder à l'abri du jour pâle et anémique pour la faire uniquement briller la nuit dans le triste des nuits. Le rose pâle du matin qui s'étire sur la ville, les élèves du lycée Preah Sisowath n'ont pas manqué d'en profiter, lesquels se lèvent aux aurores.
La bicyclette vous y transporte en douceur comme le ferait un tapis volant, après une halte au Centre Culturel Français pour jeter un œil à la librairie Carnet d'Asie où vous réalisez très vite que vous n'avez pas la nostalgie des rayonnages de livres.
Au collège, c'est l'heure de la pause déjeuner, les salles sont vides, le parking à motos qui avait le ventre gros d'engins fond comme neige au soleil.
On rentre chez soi, on part déjeuner dans le centre, dans les environs ou simplement grignoter une bricole à proximité. Manger est la grande affaire.
Toute de lignes droites et d'angles droits, Phnom Penh se donne facilement et vous arrivez sans difficulté à l'Almond Hotel pour déjeuner au fameux restaurant chinois Yi Sang d'impeccables dim sum (votre passion éternelle) arrosés de thé vert.
Dehors, la lumière commence de changer, elle s’affirme, devient plus dure, verticale. Elle vous tombe dessus comme la pluie en pleine mousson.
Elle n'agresse pas, rafraîchie par un vent léger qui souffle sans interruption et la fraîcheur exceptionnelle en cette saison de ses températures.
Il fait à ce point frais que vous regardez l'eau des deux piscines du Rafles sans même avoir l'envie d'y
plonger.
Curieusement, il est encore plus délicieux de lire dans un salon et respirer l'odeur des fleurs de lotus. Vous ne souhaiteriez pas d'autre parfum.
Rik Reay Restaurant
178st Numéro 69C
Centre Culturel Français et librairie Carnet d'Asie
218 Keo Chea St
www.institutfrancais-cambodge.com
Yi Sang (Almond Hotel)
128 bd Samdech Sisowath
Rafles Hotel Le Royal
www.raffles.com/phnom-penh