750 grammes
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25 janvier 2014 6 25 /01 /janvier /2014 15:05

(Kur 1)

Certain matin, après avoir admiré les statues khmères sommeillant dans les allées du Musée National, on ne voudrait pas petit-déjeuner ailleurs qu'attablé précairement sur un bout de trottoir dans une de ces gargotes qui fleurissent partout dans la ville à peine le jour levé.

Kur 2

Rien de plus simple que de commander de l'index une soupe de nouilles avec abats et navets et de prendre place aux côtés de trois messieurs qu'une amitié partagée semble unir.

Kur 3

Kur 4

C'est tellement bon qu'on y retourne le lendemain. Soupe différente, visages différents, mêmes regards complices, même bonheur d'être là, dans ce lieu qui devient rapidement mon favori.

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La théière circule entre nous et on aime comme la petite tasse blanche se porte au même moment à nos lèvres dans un geste commun et fraternel, comme si nous trinquions à la lumière qui balaie le sol et remonte avec d'infinies précautions de nos orteils aux mollets. Cette lumière d'abord discrète, hésitante, vient frapper la surface de la la table, l'incendiant, manquant de la faire exploser. Vous pourriez vous nourrir de rien d'autre que de cette lumière dont vous aimeriez glisser un échantillon dans la poche de votre chemise pour les jours parisiens de pluie et de neige. Au fond d'une boite, rangée dans un des tiroirs de la table de chevet, la garder à l'abri du jour pâle et anémique pour la faire uniquement briller la nuit dans le triste des nuits. Le rose pâle du matin qui s'étire sur la ville, les élèves du lycée Preah Sisowath n'ont pas manqué d'en profiter, lesquels se lèvent aux aurores.

Kur 5

La bicyclette vous y transporte en douceur comme le ferait un tapis volant, après une halte au Centre Culturel Français pour jeter un œil à la librairie Carnet d'Asie où vous réalisez très vite que vous n'avez pas la nostalgie des rayonnages de livres.

(Kur 6)

Au collège, c'est l'heure de la pause déjeuner, les salles sont vides, le parking à motos qui avait le ventre gros d'engins fond comme neige au soleil.

(((Kur 7)))

On rentre chez soi, on part déjeuner dans le centre, dans les environs ou simplement grignoter une bricole à proximité. Manger est la grande affaire.

Kur 8

Toute de lignes droites et d'angles droits, Phnom Penh se donne facilement et vous arrivez sans difficulté à l'Almond Hotel pour déjeuner au fameux restaurant chinois Yi Sang d'impeccables dim sum (votre passion éternelle) arrosés de thé vert.

Kur 11

Kur 12

Dehors, la lumière commence de changer, elle s’affirme, devient plus dure, verticale. Elle vous tombe dessus comme la pluie en pleine mousson.

Kur 13

Kur 14

Elle n'agresse pas, rafraîchie par un vent léger qui souffle sans interruption et la fraîcheur exceptionnelle en cette saison de ses températures.

Kur-20.JPGIl fait à ce point frais que vous regardez l'eau des deux piscines du Rafles sans même avoir l'envie d'y plonger.

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Curieusement, il est encore plus délicieux de lire dans un salon et respirer l'odeur des fleurs de lotus. Vous ne souhaiteriez pas d'autre parfum.

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Rik Reay Restaurant

178st Numéro 69C

 

Centre Culturel Français et librairie Carnet d'Asie

218 Keo Chea St

www.institutfrancais-cambodge.com

 

Yi Sang (Almond Hotel)

128 bd Samdech Sisowath

www.almondhotel.com.kh

 

Rafles Hotel Le Royal

www.raffles.com/phnom-penh

 

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24 janvier 2014 5 24 /01 /janvier /2014 17:00

P 1

Phnom Penh ne peut pas être moins calme que l'an dernier, période à laquelle se déroulaient les funérailles somptueuses du roi qui avaient plongé la ville dans le recueillement et un silence de cathédrale. Plus silencieuse que le silence lui-même, on ignore de quoi aurait l'air aujourd'hui la capitale.

P 11

Peut-être qu'on la traverserait en plein jour comme la campagne à minuit. Les hommes se confondraient avec les chiens errants, les enfants avec des lapins détalant à toute allure.

8

Personne n'oserait ouvrir la bouche de crainte de tirer la ville de son sommeil.

(P 12)

Radha admet trouver ça déconcertant sinon un brin effrayant une ville qui perdrait l'usage de la parole. Elle reconnaît qu'elle aurait été mal à l'aise à ma place. ''Le bruit, on y est tellement habitué à Bombay qu'il fait parti intégrante de notre existence, il irrigue nos oreilles comme le sang nos veines.

(P 2)

En être privé c'est manquer devenir fous.'' Et d'imaginer Bombay sans un bruit, des quartiers entiers interdits à la circulation, les véhicules à l'arrêt, le bruit des feuilles mortes pour seule compagnie. ''Je n'ose pas y penser, ça me donne froid dans le dos.''

((P 3))

On ne peut pas dire que le bruit encombre la Street 240, petite enclave gourmande où fleurissent tout du long de l'artère ombragée ou bien au fond de ruelles quantités de petites adresses healthy, veggie et écolo-responsables à défaut d'être exceptionnelles.

P 4

-P-5-.JPG

Très prisée des expatriés, apprécié pour ses salades, sandwichs et jus de fruits frais, ARTillery tient du havre de paix avec ses petites tables en bois posées à l’extérieur devant une façade aux murs blancs, volets bleus et murs incrustés de coquillages qui font songer à la Crète. ''Les maisons sont vraiment comme ça là bas ? C'est beau, il faut que j'aille voir par moi-même.''

(P 9)

P 10

Une maison encore plus belle, rue Pasteur, c'est Magnolia qui impressionne beaucoup Radha mais pas autant que la succulente banh xeo de taille extravagante qui est à l'en croire son expérience gastronomique souveraine depuis qu'elle a foulé pour la première fois le continent sud-asiatique. ''J'aime d'autant plus cette crêpe de farine de riz qu'on y retrouve la générosité et le croustillant des dosa dont à la maison je peux te garantir que je cuisine simplement les meilleures qui soient''. Le rendez-vous est pris.

P 6

 

ARTillery

Street 240 1/2

www.facebook.com/artillerycambodia

 

Magnolia

55 rue Pasteur, angle 242 st

 

 

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23 janvier 2014 4 23 /01 /janvier /2014 01:08

Kam 10

Kampot n'est jamais sortie de son sommeil. Depuis que la fondation de l’exaspérante Sihanoukville en 1959 a mis fin à ses activités portuaires, matin, midi et soir, elle reste toute engourdie de nuit, d'étoiles et de songes.

Kam 11

Kam 12

Peut-être Kampot en Khmer signifie-il ''repos'', ce dont je doute fort. Un voyageur inspiré la renommerait la ville du silence éternel, avec sa rivière qu'on voit mais qu'on n'entend pas, sa campagne chatoyante où pas un son ne grimpe au dessus de l'autre, où la moindre mélopée d'un oiseau est un miel très doux à vos oreilles.

Kam 5

Loger à quelques kilomètres du centre ville comme je le fais, c'est même tomber encore plus en dessous que le silence, l'arracher de terre.

Kam 7

De telles pensées vous viennent peu après l'aube naissante, à la Java Bleue dont le jaune pâle de la façade est comme un phare au milieu de ces rues vides d'habitants.

Kam 1

Vous marquez une pause après vous êtres promené dans le centre ville et avoir fait défiler sous vos yeux des dizaines de maisons de style coloniales pour la plus part décrépites quand les plus chanceuses sont restaurées pour être transformées en restaurant, en boutique hôtel.

Kam 2

Vous croisez trois vieilles gloires. Au bord de la rivière, dans un premier temps, dans le prolongement des anciennes maisons de commerce datant du protectorat français, l'ancienne résidence du gouverneur montre qu'elle a résisté solidement à l’œuvre du Temps. Un filet de vie semble même s'échapper d'entre ses persiennes closes. Par moments on croirait entendre un mouvement de valse, des rires, des coupes de Champagne s'entrechoquant.

((Kam 14))

Vrai, Kampot a tout d'un songe. On pourrait se poser et n'en plus repartir. D'autres l'ont fait, pourquoi pas nous ? Un jeune homme par exemple, dont on ne s'embarrasse pas de connaître la nationalité (il s'avère Belge) qui est le seul à proposer en ville des dumplings, excellents avec ça.

Kam 17

Moins chanceux sont les deux cinémas que le Temps a littéralement roulé dans la poussière. L'un se visite, l'autre pas. Tous deux ne sont que ruines et désolation, si à ce stade d'abandon cela veut encore dire grand chose.

Kam 16

La grande richesse bien entendu de Kampot et sa région c'est son poivre considéré comme l'un des plus fins, des plus aromatiques, bref, l'un des tous meilleurs que produit notre bonne planète. Le poivre d'Indochine était devenu une denrée d'importation de premier ordre depuis la fin du 19ème siècle avant que les Khmer rouges aux milieu des années 70 ne stoppent net sa production pour faire place à des rizières. Ce n'est que très récemment, grâce à l'initiative d'un groupe d'éco-entrepreneurs, de gastronomes passionnés et de coopératives qu'on doit la renaissance de ce poivre mythique à l'arôme à la fois puissante et délicat, qui souffle aussi bien la braise que les caresses (allons bon). Aujourd'hui,on ne compte plus les grands chefs qui ont recours à ce poivre aux arômes et aux saveurs uniques, tellement exceptionnel qu'en 2010 il est devenu le premier produit Cambodgien à bénéficier d'une indication géographique protégée (IGP).

Kam 3

Il est utile mais pas nécessaire de me rendre dans une plantation de poivriers, cette plante grimpante cultivée sur des tuteurs en bois mort ne me passionnant pas autant que les théiers, quoique croquer à jeun dès le matin une dizaine de grains et en utiliser abondement dans ma cuisine fasse partie de mon hygiène de vie. Le vélo est plus utile que jamais pour sillonner la région. Le temps le permet (il fait chaud mais pas au point de cuire) et il est relativement facile de trouver une âme charitable qui vous ramènera à Kampot après avoir calé votre bicyclette à l'arrière du pick up.

Kam 8

Sur place j'apprends qu'afin de faciliter l'écoulement des eaux, les champs sont légèrement surélevés sur un terre plein (le poivrier, comme le théier, a horreur d'avoir les pieds dans l'eau) et qu'autant que possible l'engrais naturel utilisé contient nombre de végétaux et à l'occasion des déchets de crabes.

(Kam 4)

Une chose que je n'ignorais pas et que nous apprend une petite vidéo à proximité de la salle de tri, c'est que la couleur du poivre évolue selon la maturité des grains. Aussi, concernant poivre noir s'agit-il de baies parvenues presque à maturité puis séchées au soleil qui rendront des notes florales et saveurs épicées. Le poivre rouge au fruit arrivé à pleine maturité dont l'écorce devient rouge est trempé, frotté puis confié au soleil. Il donnera des notes puissantes et fruitées, évoquant le caramel, la vanille et le miel.

Kam 6Le blanc se caractérise par ses baies arrivée à pleine maturité, débarrassées de leur péricarpe rouge dans l'eau puis séchées au soleil. Ses saveurs vives et mordantes (sous la dent c'est une éruption). Quand au vert, il s'agit de poivre jeune qu'on cuisine volontiers avec tout ce qui nous passe par la main, du poulet au crabe. On en trouve pléthore au marché, immergé dans de l'eau salée et conditionné dans des bocaux ou des bouteilles en plastique, ce qui fait toujours de belles photos ou un joli souvenir à rapporter.

Kam 9

A bicyclette, toujours, on ne rechigne pas à se rendre au marais salins, ce qui fait tout de même une belle trotte mais qui en vaut la chandelle.

Kam 18

Après, il est toujours temps de rentrer avant le coucher du soleil pour se rafraîchir une dernière dans la rivière sur laquelle donne Les Manguiers, sans hésitation la meilleure adresse où séjourner sans se ruiner dans les environs de Kampot.

 

Les Manguiers

www.mangokampot.com

 

Ecran Noodle Shop

 

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21 janvier 2014 2 21 /01 /janvier /2014 14:21

Si 3

C'est drôle comme en cherchant peu mais en cherchant bien, il est facile de dénicher à proximité immédiate (on parle d'une vingtaine de minutes de marche) d'une station balnéaires festive et criarde la nuit, disciplinée et assoupie le jour mais toujours aimable et attachante comme Sihanoukville; des petits coins de paradis préservés de la foule, des beats electro et des déchets qui vont souvent de pair avec les baigneurs; où le tapis de sable fin semble récuré, polis, passé au tamis et la mer filtrée, lavée à grande eau (d'ailleurs elle est si peu salée, la mer, que les japonais boudent poulpes et calamars considérés comme trop fades à leur goût).

Si 4

La plage de Sokah, accessible à pied depuis le centre après avoir emprunté une route asphaltée qui franchit une petite colline boisée rend ce paradis facilement accessible qui serait une sorte de compromis entre l'île retirée du bout du monde et la plage populeuse.

Si 1

Ni hurlements de marmaille, aucun vendeurs ni soiffards bedonnant et pas un seul singe en embuscade à signaler sur cette longue tresse de sable blanc ébouillanté dont la rangée de palmiers apporte cette fraîcheur que les plus réticents aux coups de soleil recherchent volontiers.

Si 2

Après une telle découverte, l'idée d'un jour prochain retrouver le froid et la grisaille de votre ville ne vous vient naturellement même pas à l'esprit.

Si 5

 

 

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3 février 2013 7 03 /02 /février /2013 19:00

(AB 7)

Une vraie journée détox qui après un jus de pomme/gingembre/miel avalé au Blue Pumpkin en guise de petit déjeuner se poursuit dans la rue avec des personnes brûlant des objets votifs en papier ou comme ici des papiers-monnaies (des répliques de dollars) destinées au génie tutélaire de la maison, exactement le type de scène que je m'attends à retrouver dès demain au Vietnam à l'occasion du Têt, le nouvel an vietnamien.

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La ville toujours investie d'hommes et de femmes vêtus de blanc, arborant le ruban de deuil à l'effigie de celui qu'on appelait ''monsieur papa''ou encore le ''roi dieu'', reste plongée dans un silence tel que chose improbable en temps normal, on peut entendre aux alentours du palais royal les oiseaux changer. De mémoire d'homme à Phnom Penh on n'a jamais connu ça.

AB 8

A une dizaine de minutes de marche du palais, rue 240, la séance détox se poursuit (histoire de se remettre d'une première prise forcément involontaire de glutamate qui rappelle les pires souvenirs de Malaisie et des Philippines) chez Naturae, le café restaurant 100% bio attenant à l’excellent boutique hôtel The 240. L'une des rares adresses encore ouverte en cette période de deuil national.

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Petite carte bien pensée autour de soupes, pâtes, sandwichs et salades dans une forme épatante comme en témoignent les photos.

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On notera les shot de spiruline mais également l'initiative maison originale et pas nécessairement partagée par tous de servir une carafe d'eau fraîche infusée au... persil, carotte, basilic, citron vert... et j'en passe. La drôle d'idée, limite imbuvable.

(AB 9)

 

 

Naturae

Rue 240, numéro 83

www.asiabio.asia

 

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2 février 2013 6 02 /02 /février /2013 15:23

(AB 1)

On se pincerait presque pour le croire. Les rues de Phnom Penh vides de ses habitants et de ses véhicules, ses larges avenues où rien ne s'engouffre qu'un peu de poussière et un vent brûlant pareil à celui du désert (le mercure s'affole et franchit la barre des 35 degrés). Ce n'est pas la scène surréaliste d'un mauvais rêve ni un scénario catastrophe, le énième tournage d'un film sur l’évacuation de force de la capitale et de ses quasi deux millions d'habitants, ce jour funeste du 17 avril 1975 où Phnom Penh tomba dans les mains des Khmer rouges et se mua en ville fantôme pendant exactement 3 ans, 8 mois et 20 jours.

(AB 2)

Tout s’explique. Hier matin a débuté la seconde période de deuil de 7 jours, soit le tout premier des funérailles qui coïncide avec la crémation du roi Sihanouk décédé le 15 octobre à Pékin.

(AB 3)

Visible sur tous les écrans de télévision du pays, également à l'aéroport de Siem Reap où j'ai pu suivre en direct une petite partie des cérémonies, la procession funèbre aura vu en matinée se déverser dans le centre de Phnom Penh entièrement bouclé à la circulation, une véritable marée humaine qui a reflué comme un seul homme en début d'après midi après que la grande marche funéraire a accompagné la dépouille du roi du Cambodge du palais royal à l'esplanade du musée national où a été bâti pour la copieuse somme de 5 millions de dollars (source officielle du cabinet royal) le site de crémation qui accueille désormais les cendres royales.

AB 6

A mon arrivée, le centre était encore fermé à la circulation et la plupart de ses restaurants et commerces également, d'où cette ruée de certains expatriés les jours précédents vers les magasins d'alimentations et les produits de première nécessité, incités par plusieurs circulaires dont celle de l'ONU ayant mis en garde le personnel de ses agences du Cambodge contre de probables pénuries et les invitant par exemple à stocker un maximum d'eau minérale.

AB 4

On attendait 1 million de participants, ils étaient 1,5, voir 2 ont annoncé certains journaux qui ont manifestement perdu le sens des réalités. Après les festivités, dans la rue, au cœur même de ce silence assourdissant auquel jamais encore je n'ai goûté dans une capitale asiatique, c'était comme d'être seul au monde, rescapé parmi une poignée d'habitants.

(AB 5)

Le ruban verdâtre du Tonlé Sap, lui aussi était condamné au silence, sur lequel plus aucun bateau ne circulait. Quant à la promenade qui quelques heures encore auparavant devait être noire de monde, c'est à peine si on y croisait âme qui vive.

(AB 10)-copie-1

Le roi sera incinéré après demain, le 4 février. En attendant, la ville nous est grande offerte, servie sur un plateau. Au cours d'une ballade on ferait bien de s'arrêter déguster la meilleure crêpe vietnamienne (banh xeo) qu'il m'ait été donné de goûter de toute mon expérience (Vietnamienne y compris !).

AB 11

Oubliez les crêpes étouffe chrétien, malingres et luisantes de graisse du quartier chinois parisien et plus spécialement du surestimé Bambou, et admirez plutôt ce monument d'envergure époustouflante, ce paquebot croustillant à merveille avec sa pâte d'une légèreté désarmante, parfumée à ce je ne sais quoi qui la rend exceptionnelle. Du grand, du très grand art.

 

Magnolia

55 rue Pasteur, angle rue 242

www.magnolia.com.kh

 

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1 février 2013 5 01 /02 /février /2013 16:00

An 34

Comme toujours, c'est souvent au bout du monde et particulièrement en Asie qu'on trouve les plats occidentaux les plus aboutis. Siem Reap compte deux pizzerias (feu de bois, pâte ultra fine, produits locaux et bords carbonisés) qui n'ont rien à envier à leurs consœurs napolitaines. Question sandwich, on peut sans risque aller s'offrir un bon gros club végétarien au Angkor Bodhi Tree Riverside Cafe, situé face à la rivière à un jet de pierres du vieux marché.

An 30

Monté de toutes pièces par une bande d'anglo saxon fous du Cambodge, l'Angkor Bodhi a la bonne idée d'engager des étudiants qui jonglent ainsi entre les études et un premier emploi stable et bien rémunéré. Commerce équitable oblige, la joyeuse bande se fournit en café exclusivement auprès de la coopérative cambodgienne Three Corners.

An 33

Murs blancs, petit comptoir avec ses jarres de biscuits maisons, rock steady en fond sonore, aucune fenêtre pour une immersion totale avec la rue, c'est l'endroit idéal où tuer de belles heures et recueillir des informations susceptibles de nous faire sortir des sentiers battus.

An 35

Et comme le club sandwich maousse - dont il ne reste que le nom - revisité ici sans complexe est une vraie tuerie (pain de mie, tomates rôties, potiron grillé, salade, courgette, aubergine, poivre qui dépote de Kampot), on en fait rapidement notre QG.

 

Angkor Bodhi Tree Riverside Cafe

facebook.com/AngkorBodhiTreeRiversideCafe

 

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31 janvier 2013 4 31 /01 /janvier /2013 03:54

(An 20)

Angkor sans les temples, ça donne de longues ballades dans les faubourgs, dans les marges de la ville, voir au delà où l'aventure attend au bout de la piste poudreuse comme du talc et rouge comme du sang. Angkor sans les temples c'est marcher droit devant soi, sans but, et se laisser cuir par le soleil.

A 21

Un dernier attroupement - un petit marché - et puis plus rien que l'horizon. Quand on revient à soi on découvre avec stupeur qu'on traverse l'un des tous derniers villages avant le lac.

A 22

Il est temps de sauter à l'arrière d'un moto taxi et de rouler mollement vers le centre jusqu'au Foreign Correspondent Club, une belle bâtisse moderne blanche et aérée donnant sur la rivière. Le fish and chips n'y est pas mémorable mais loin d'être mauvais et sa salade désarmante de fraîcheur est un pur délice.

A 24

En fin de journée, les abords de la rivière s'animent et comme la nuit tombe relativement tôt, les guirlandes de lumière ne tardent pas à se refléter dans l'eau vert bouteille. C'est un spectacle en soi de longer la promenade où des cambodgiens se livrent à des exercices d'assouplissements, des parties d’échec ou de volley ball qu'on pratique ici un peu partout, à croire que c'est là le sport national.

A 25

S'il s'avérait que le volley ball fut en effet le sport national cambodgien, son équivalent culinaire est sans conteste l'amok, ce fameux poisson cuit en papillote dans un curry de lait de coco dont je n'ai jamais été friand et dont on déguste d'honnêtes variétés à proximité du vieux marché de Siem Reap chez le bien nommé Amok ou pour une poignée de dollars le menu dégustation décliné autour de 5 petits amok (poisson, poulet, légumes etc...) offre un charmant échantillon de cette spécialité qu'on retrouve généralement massacrée sous nos latitudes.

A 26

 

Amok

Le Passage, old market

 

 

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30 janvier 2013 3 30 /01 /janvier /2013 03:35

An 1

Une idée qui me trottait dans la tête. Revoir Angkor. Moins ses temples que ses arbres parasites assassins et strangulateurs, ses fromagers et ficus strangulosa qui portent si bien leur nom, lesquels dévorent impitoyablement les bas reliefs et engloutissent avec leurs racines épaisses et voraces le site qui peine à repousser les assauts de la jungle.

An 2

C'était moins l'envie de caboter une nouvelle fois sur le lac du Tonlé Sap dont le régime d'écoulement de la rivière est unique au monde puisque selon la saison elle coule du lac vers le Mékong ou du Mékong vers le lac, que de se faire tout petit une nouvelle fois devant cette lutte (cette fusion?) à laquelle se livrent la pierre architecturée, source d'inspiration pour les religieux khmers, et la nature qui reprend ses droits et tisse patiemment sa toile à force de ramifications, d’enchevêtrement de lianes et de phénoménales racines tentaculaires qui prolifèrent à une vitesse foudroyante.

An 3

Ce spectacle de la nature à la fois splendide et sinistre m'a toujours fait penser à une étreinte de goule, à celle de la pieuvre dans l'imaginaire érotique japonais, associée à la fois au subconscient, aux créatures infernales et qui symbolise la toute puissance de la nature. Avec ses coulures qui jaillissent de toutes parts, cette lave vivante, organique qui colonise le moindre temple laissé à l'abandon (dont la grande majorité de ceux-ci, mangés par la jungle, restent ensevelis sous la forêt tropicale et invisibles à l’œil nu), le site d'Angkor possède une part non négligeable de monstruosité qui fait bon ménage avec sa réputation de merveille du monde qui est peut-être ce qui me la rend particulièrement attachante.

An 4

Avec le temps, le souvenir d'un tel spectacle avait fini par tourner à l'obsession. Avec sa végétation galopante, ses saillies de la nature sur la pierre, revoir Angkor c'est chaque fois remonter le temps, remettre ses pas dans ceux de l’explorateur et naturaliste Henri Mouhot qui le premier découvrit en 1860 ce ''Versailles des khmers'', alors envahi par la forêt, laquelle ''étreint avec passion les ruines à l'aide de ses millions de branches noueuses''.

An 5

Spectacle grandiose, déchirant que certains temples comme Ta Phrom sombrant dans le vert sombre de la jungle, que je préfère à celui par exemple d'Angkor Vat et Angkor Thom qui ont fait peau neuve et retrouvé un peu de leur splendeur d'antan mais ont perdu cette opacité, ce mystère, cette dimension à la fois fatale et sauvage, témoins d'une lutte violente et acharnée perdue d'avance contre la nature et le Temps.

An 6

Loin de ce bras de fer acharné et de cette lente agonie, dans les faubourgs de Siem Reap, en retrait du centre ville et de ses nuits électriques, le restaurant Cuisine Wat Damnak installé dans une belle demeure traditionnelle en bois ne garde pas trace de cette lutte intestine mais a emporté avec lui quelque chose de la splendeur khmer et de ces sites exceptionnels.

((An 7))

Plutôt que débiter de l'amok à tour de bras et d'autres classiques de tradition cambodgienne, le français Joannès Rivière a pris le parti de sonder les multiples influences ethniques d'une gastronomie qui reste cantonnée à une poignée de plats totémiques. Travaillant exclusivement des produits de saison, locaux, du marché ou provenant de coopératives quand ce n'est pas de son jardin (mangue, mangoustan sauvage, prune de Cythère, féronie de Java, feuilles de tromong), le jeune chef intrépide donne à goûter des produits rares tout comme certaines espèces de poissons et de coquillages pêchés dans le lac ou le Mékong au moyen d'une cuisine à la fois moderne, millimétrée et pleine de sentiments.

An 8

Deux menus fixes s'offrent à nous, lesquels sont renouvelés tous les mardi et représentent un rapport qualité/prix juste ahurissant car revenant respectivement à 19 et 26 $. Amuse bouche 4 plats pour le premier, 5 pour le second.

An 9

Ici, pas d’explosions anarchiques, aucun équivalent de ces coulures de lave, de cette jungle rampante, à vif. Au contraire, s'offre à nous une nature apaisée, domptée, en paix avec elle même.

An 10

Pour preuve, ces plats tous impeccables prélevés dans les deux menus tels le poisson ballon du lac et sa soupe vietnamienne ''sèche'' (en plus de son talent de cuisinier, Joannès Rivière ne manque pas d'humour); les langoustines du Mékong vapeur et vin de riz, relevées au poivre de Kurata, une épice cultivée dans le sud du Cambodge de manière biologique et récoltée à la main par un japonais qui peut s'enorgueillir de posséder le poivre à la plus grande densité au monde; l'aubergine grillée farcie de porc et crevettes et tofu; filet de sanday frit avec émulsion de curry et feuilles de basilic sacré, pot au feu avec son ahurissant bouillon au mille saveurs... jusqu'au dessert dont manque la photo, une exceptionnelle crème brûlée au riz noir gluant.

An 11

Cuisson des poissons exceptionnelle, produits juste ahurissants, maîtrise et savoir faire digne des plus grands, on rêve ou l'on vient de dénicher l'une des toutes meilleures adresses, sinon la meilleure de Siem Reap et de plus loin Angkor?

An 12

 

Cuisine Wat Damnak

www.cuisinewatdamnak.com

 

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