Le Borough Market lové au bord de la Tamise est la Mecque du bio et de la street food. Les produits les
plus fins, les pièces d’excellence, autant dire le meilleur du Royaume Uni, y convergent quasi quotidiennement, ce qui ravit naturellement les gourmets qui avancent paniers grands ouverts avec la
détermination du guerrier et la ferveur similaire à celle du pèlerin de passage en terre sainte. Au risque de filer la métaphore, on ajoutera que le Borough Market est en quelques sortes la
cathédrale des marchés londoniens. On y pénètre avec gravité et émotion, pour un peu on s’y prosternerait.
Si la halle - réplique d’un modèle original de 1858 bâti à proximité de Covent Garden - est sacrée, son restaurant qui domine les étals débordant de marchandises fraîches est qualifiée non sans raison par bons nombre d’habitués de saint des
saints.
Perché au premier étage sous la verrière, gratifié d’un maximum de lumière naturelle grâce à sa grande salle
vitrée, Roast tire profit au maximum de son emplacement de choix en s’approvisionnant directement sur les étals du marché.
Côté cuisine, impossible de faire plus british: cottage pie, fish and chips de haddock revisité façon
grande cuisine, lambs kidneys, cuisse d’agneau grillée, filets de truites, poulet grillé au bacon Ramsay, rib eye steak, la cuisine au grill étant - on l’aura compris- la grande
spécialité de la maison.
Le lunch menu offre pour 26 livres un bon aperçu des prétentions de la maison. Le potted salt beef with
gherkins and hoxton rye, sorte de rillettes de bœuf salé en pot, adouci par de fins morceaux de pommes est plutôt intrigant mais vaut la peine d‘être goûté, ne serait-ce que pour ces larges
rondelles de cornichon d’une finesse époustouflante, légèrement sucrées, qui n’explosent pas en bouche mais diffusent leur saveur progressivement et s’imposent patiemment. Une révélation, pour
quelqu’un comme moi qui n’a jamais été amateur de cornichons - et pour cause.
Dans la foulée, le slow roast wicks manor pork belly, soit une poitrine de porc cuite en prenant tout le temps du
monde, servie avec une purée de pomme de terre maison. C’est la scène émouvante, la première fois que la lame de mon couteau fend la croute épaisse, croustillante, véritable ceinture de chasteté
de cette poitrine cuite à la perfection, nourrie par le gras de la viande, d’une finesse inouïe en bouche et fondante comme du beurre. Comme le monde est bien fait, l’association porc/bramley
apple sauce, (l’équivalent en texture et en goût d’une compote de pomme), est dévastatrice.
S’il me manque l’appétit nécessaire pour commander le crumble aux pommes Bramley, groseille et noix, je suis trop
curieux et gourmand pour sauter le dessert, la tarte au chocolat amer et sa crème épaisse du Devonshire.
On signalera que chez Roast, chaque jour de la semaine va de paire avec un daily special. Ainsi, le mercredi, le
roast rib of welsh black beef et son yorkshire pudding, un rendez-vous à ne pas manquer.
On mentionnera également, en matinée, le petit déjeuner apprécié par tout ce que Londres compte d’hommes d’affaire et de
personnalités très en vue.
Roast
The Floral Hall, Stoney Street, Borough Market,
+44 8450 347300
Londres
www.roast-restaurant.com