Arrivé au sommet on ne peut pas le rater, le Cervin (Matterhorn). Il culmine à 4478 mètres et sa silhouette pyramidale qui
rappelle un gigantesque morceau de parmesan (ce n'est pas un hasard si ce sommet alpin est situé sur la frontière italo-suisse) ne va pas me quitter de la journée, tel un phare me guidant dans un
dédale de lacs, de sentiers pédestres, d'alpages et de hameaux pittoresques.
La ballade commence dès que je lève les yeux au ciel où de petits cumulus donnent l'illusion d’inter-réagir avec les
traînées blanches laissées par les avions et l'air de rien, me faufilant à travers les tourbières humides de la dernière pluie, j'arrive déjà au lac de Stelisee (2537m).
Formé dans un creux laissé par le glacier du Findel et alimenté par ses eaux de fonte, il s'étend au pied d'un glacier, le
Fluhalp, qu'on pourrait presque prendre de loin pour une coulée de chantilly.
Par la crête de la moraine je descends par un sentier aménagé jusqu'au lac de Grindjisee qui se trouve à l'intérieur d'une
zone protégée à 2334 mètres d'altitude (90% du territoire fait partie de réserves naturelles). Les jours de beau temps comme celui-ci le reflet du Cernin vient se coller à sa surface et c'est un
spectacle tout aussi émouvant que celui des pulsatilles aux tons violets clairs qui égaient les prairies sèches.
Ce lac reste mon favori, pour sa vie secrète, puisqu'il suffit de s'y pencher pour y voir comme dans un microscope.
Il s'agit maintenant de descendre le sentier pour aller chercher le Grunsee (2300 m) situé dans un creux
d'altitude. Ce lac maigrement pourvu en végétation (les importantes variations de l'eau expliquent cette carence) possède néanmoins de très rares spécimens de joncs arctiques.
C'est l'endroit idéal pour reprendre son souffle assis sur un rocher, se déchausser et laisser tremper ses pieds dans l'eau
glacée (impression que visiblement ne partage pas ce baigneur intrépide).
Moins intéressants sont les deux derniers lacs et particulièrement le Monnsjisee (2140 m) qu'on atteint après une descente
en lacets. Il s'agit en réalité d'un lac artificiel alimenté par une rivière qui se jette dans le lac à grands fracas. Son seul intérêt à part de me rappeler le blue lagoon à Beppu est de produire de l'électricité.
Dernier lac que j'atteins après une sévère montée, le Leisee, situé juste en dessous de la station de Sunnegga, qui en fait
un lieu très prisé des vacanciers avides de farniente et de grillades. La vue n'est pas laide mais la forte affluence peut s'avérer décourageante.
Plutôt que de redescendre par le funiculaire, je descends un sentier en direction du Monsjisee et prends à droite où je
traverse une poignée d'antiques hameaux dont certaines maisons furent bâties en 1900 tout juste. Au bout du chemin c'est la masse sombre de la forêt avec son chemin qui dégringole jusqu'à la
cascade, là où commence Zermatt.
Le soir, dans la rue piétonne principale de Zermatt (les véhicules motorisés étant bannis du village, les rues le sont en
réalité toutes !), le restaurant Le Gitan a plutôt bonne allure avec sa carte courte mais rafraîchissante qui mêle classiques italiens, grillades et incontournables helvétiques.
La Kalbsbratwurst (à vos souhaits), une saucisse de veau servie avec un rösti et une sauce aux oignons est une belle façon
de conclure cette journée idyllique.
Le Gitan
Banhostrasse, 64
www.legitan.ch