750 grammes
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28 janvier 2013 1 28 /01 /janvier /2013 16:00

(Pa 1)

Un dimanche pluvieux comme celui-ci on peut s'enfermer la conscience tranquille dans le shopping mall de son choix, manger léger et se caler dans le fauteuil d'une salle de cinéma. Manger léger ne veut pas forcément dire manger sur le pouce, vite et mal. Au Siam Paragon, juste au dessus de la formidable librairie Kinokuniya a ouvert il y a peu la toute première enseigne en Thaïlande du Paradise Dynasty, décalque du célèbre restaurant singapourien réputé pour ses xiao long bao (ces petits raviolis shanghaiens cuits à la vapeur, contenant une farce très juteuse et une cuillère à café de bouillon), lesquels occupent une place de choix sur ce blog, ses la mian (les fameuses nouilles de blé servies en soupe étirées à la main) et sa soupe de côte de porc. Exactement ce qu'on appelle des plats signatures.

Pa 2

Avec ses xiao long bao multicolores aux multiples saveurs (nature, truffe noire, crabe, ginseng, ail/gingembre etc...) présentés dans leur panier de bambou, on pourrait craindre l'épate gogo, le pure produit marketing. Heureusement, c'est tout le contraire et on retrouve dans ces raviolis aux allures de petits bourses, cette légèreté quasi aérienne coutumière des plus grands, cette farce savoureuse bien équilibrée et cette déflagration produite en bouche lorsque se libère le bouillon.

Pa 3

La tradition veut qu'on dépose avec les baguettes un ravioli dans sa cuillère et qu'on l'entame de manière à ce que s'écoule le divin bouillon qu'il est ainsi possible de savourer séparément. Pour ma part, quitte à me brûler la langue, je ne résiste jamais à l'enfouir tel quel dans ma bouche non sans l'avoir au préalable coiffé de lamelles de gingembre frais et trempé dans du vinaigre.

(Pa 4)

Dans un autre genre, les dumplings pimentés arrosés de sauce soja sont à tomber à la renverse. Robustes comme il se doit mais d'une légèreté et d'un raffinement phénoménaux.

Pa 5

Bien entendu, pour peu qu'un dessert tel que les tan yuan (pâte de riz gluant fourrée au sésame) figurent à la carte, je saute dessus. Surprise de taille: au lieu qu'elles s'ébrouent dans de l'eau chaude, elles nagent dans un jus de gingembre chaud délicieusement poivré. Un monument.

 

Paradise Dynasty

Siam Paragon, 4ème étage

www.paradisedynasty.co.th

 

 

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27 janvier 2013 7 27 /01 /janvier /2013 16:00

(Book 1)

Le dimanche matin ce pourrait devenir un rituel, à la Neilson Hays Library, musarder dans les rayonnages de livres en langue anglaise, feuilleter la presse anglo saxonne et petit déjeuner dans la galerie café attenant d' une pâtisserie, pourquoi pas une mini tarte au citron, laquelle vaut vraiment le détour, et d'un thé bien corsé. 

Le dimanche matin, justement, le petit jardin garni de frangipaniers ne manque pas d'enfants thaïlandais qu'on retrouve une fois déchaussés dans cette petite section de la bibliothèque qui leur est allouée, où on lieu des lectures et des ateliers qui est encore la meilleure façon pour eux d'apprendre la langue de Shakespeare.

Bien plus âgée est la bibliothèque (90 ans) dont l'histoire est digne de celle du Taj Mahal, avec son lot d'amour, de deuil et de chagrin. D'ailleurs, cette bibliothèque n'est-elle pas surnommée à juste titre par certains Bangkokiens la bibliothèque de l'amour?

Book 3

L'amour en question était celui qui unissait dans la dernière moitié du 19 ème siècle le docteur Thomas Heyward Hays, un physicien de grande renommée et une jeune missionnaire, Jennie Neilson. L'une des grandes passions de Jenny était la Ladie's Library Association, un organisme de bienfaisance dont elle resta membre une une vingtaine d'années, laquelle s'employait à recueillir des fonds dans l'idée d'ouvrir une bibliothèque pour expatriés anglophone dont le nombre ne cessait alors de croître, les livres étant jusque là stockés dans une résidence privée. Hélas, emportée par le choléra en 1920, Jennie ne vit jamais son rêve se réaliser.

Book 2

Inconsolable, le docteur Hays soucieux d'honorer la mémoire de sa bien aimée engagea un architecte italien (Mario Tamagno, auquel on doit notamment la gare de Hua Lamphong et le mythique Oriental Hotel) et fit bâtir sur Surawong road ce bel édifice surmonté d'une rotonde au sommet de laquelle il fit graver des inscriptions dédiées à Jennie. Si on appelle ça l'amour fou.

((Book 4))

Une fois franchi dans sa totalité un soi et débouché quelques centaines de mètres plus tard sur Silom qu'on remonte vers Sala Daeng, on arrive sur Convent Road qui a la particularité d'abriter de nombreuses et excellentes cantines (Somtam Convent en est une), des éventaires et cuisines roulantes qui tiennent largement le cap, ainsi qu'un quartier populaire où survit encore un peu de l'âme du Bangkok d'antan. Non loin de là, à proximité de l'ultra bruyante North Sathon Road se trouve un havre de paix très apprécié des bangkokiens et relativement méconnu des touristes, qui abrite à la fois un restaurant composé de trois salles bien distinctes, une école de cuisine, un centre de soins et un petit potager fourmillant d'herbes rares.

Book 5

Temple de la cuisine traditionnelle, déjeuner ou dîner chez Naj est une expérience inoubliable. Pour une première visite je recommande vivement de partager l'impeccable plateau de petites entrées (Toong Tong, Krathong Tong, Mee Krob (!), poulet au saté et Por Pear Thod) que l'on peut s'amuser à combiner avec du poulet aux herbes cuit à l'étouffé dans une feuille de bananier, une spécialité qu'on trouve fréquemment dans la rue mais qui reste incomparable avec les produits et le tour de main et la petite touche de Naj, d'un raffinement exquis.

Book 6

Book 7

Les gambas à la sauce de tamarin auxquelles hélas la photo ne rend pas justice restera comme l'une de mes expériences à Bangkok les plus mémorables, sinon la plus mémorable. Autant dire que rien ne m'avait préparé à cela.

Book 8

Trois gambas décortiquées recouvertes d'une montagne d'épices, d'herbes, d’échalotes, d'oignons frits et j'en passe, sur laquelle vient se coucher une sauce tamarin qui voit convoler en noces endiablées le salé et le sucré. L'expérience est purement orgiaque et ne risque pas d'être oubliée de sitôt.

 

The Neilson Hays Library

195 Surawong Rd

www.neilsonhayslibrary.com

 

Naj

42 Convent Road

www.najcuisine.com

 

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26 janvier 2013 6 26 /01 /janvier /2013 16:00

((Ca 1))

Chat alors ! Un Cat Cafe c'est chose banale au Japon mais certainement pas à Bangkok. Que les chats se réjouissent (et les bipèdes qui en sont baba) car il y a deux tout juste deux mois a ouvert à proximité de Sukhumvit 53 un havre de paix pour félins bigrement vernis qui ont pris leurs quartiers dans cette jolie maison très lumineuse de briques blanches et de bois clair où ils se baladent comme princes en leur royaume, n'hésitant pas à grimper sur vos genoux lorsque un besoin de câlin se fait sentir.

(Ca 2)

A croire qu'on en fait jamais assez pour les chats, au Purr Cat Cafe Club on a mis les bouchées double. Et d'une, vous êtes priés en rentrant de vous déchausser et d'enfiler de petits chaussons (mesdames et messieurs les chats se montrent intraitables sur ce point), et de deux, vous êtes vivement sollicités de vous désinfecter les mains (une autre manière de montrer patte blanche). Enfin, vous vous abstiendrez de les tirer de leur sommeil (forcément mérité) mais encore de recourir ou flash (manquerait plus qu'on les effraie).

Ca 3

Une fois ces précautions prises, plusieurs espaces s'offrent à vous ou plutôt à eux: salon de beauté, salle de douche, boutique d’accessoires et de vêtements, jusqu'à un hôtel de 20 chambres pour chats exclusivement (cela va de soit) qui devrait ouvrir prochainement à l'étage.

Ca 5

Cerise sur le gâteau, une première salle de facture classique, ambiance cottage anglais, est réservée aux clients qui peuvent venir y prendre place accompagnés ou non de leur bête quand la deuxième abrite la demi douzaine de chats appartenant aux propriétaires qui ont élu domicile au milieu des sofas, des tables basses et des tapis, soit l'endroit idéal ou s'enthousiasmer devant les moindres faits et gestes des bestioles qui traînent mollement leur nonchalance, leur ennui de chat pourri gâté.

(Ca 6)

Et bien nourri: pendant que vous sirotez votre chocolat chaud, un chinchilla biberonne une eau bien fraîche à une petite fontaine et lorsque vous croquez dans votre brownie en forme de chaton ou votre un œuf au lait, un somptueux chat persan s'avance vers une gamelle remplie à ras bord de croquettes de premier choix. Pas malheureux pour un sou, les bêtes. La vie de château, en quelques sortes.

(Ca 4)

A l'opposé de la ville, sur Silom road, la Kathmandu Gallery n'est pas encore une histoire de chats mais bien la galerie photographique de Manit Sriwaichpoom, célèbre photographe thaïlandais qui expose son œuvre et celle d'artistes amis dans sa maison boutique chinoise située à un crachat du temple hindou Sri Mariamman (wat Khaek) où prendre justement des images est strictement interdit. La musique forte et rythmée, les parfums d'encens, les colliers de jasmin, les offrandes de noix de coco, les saris, on voit très bien: l'imagination fera le reste.

(Ca 7)

 

Purr Cat Cafe Club

Sukhumvit Soi 53

Station BTS: Thong Lo

Remonter la Soi 53 jusqu'au niveau de Thong Lor 5

La dépasser. C'est une cinquantaine de mètres plus haut sur la gauche

 

Kathmandu Gallery

87 Th Pan

www.kathmandu-bkk

 

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25 janvier 2013 5 25 /01 /janvier /2013 14:35

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Le Café Bicycle, (à ne pas confondre avec le Café Vélodome, plus rigolo et véritable repère à mordus du VTT, on y reviendra), possède l'avantage d'être situé juste à la sortie de la station BTS Ploenchit, collé tout contre le Mahatun Plaza.

BI 2

Oui, le Café Bicycle n'est qu'un coffee shop de plus comme toute mégalopole qui se respecte en raffole avec ses latte, ses salades, ses sandwichs, ses jus de fruits pressés et ses petites pâtisseries, mais ce qui me le rend très attachant, outre que ses clubs sandwichs y sont plus que corrects, c'est son immense baie vitrée ouverte sur l'agitation de la rue, sa mezzanine qui nous donne l'impression d'être perché, à mi chemin entre la terre et le ciel.

BI 3

C'est l'endroit idéal où venir travailler au calme, confortablement installé à l'une de ces tables en bois blond que j'affectionne mais également où se poser après avoir fait un saut à la Number 1 Gallery qui expose jusqu'au 9 février le nouveau projet photographique de Charinthorn Rachurutchata, une jeune photographe de 30 ans qui a fait ses armes dans la mode et dont le précédent travail sur les otaku et le cosplay a remporté un succès critique et publique.

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Se penchant cette fois-ci sur ces enfants de bonne famille élevés dans l'ombre des parents par des gouvernantes, Charinthorn Rachurutchata met en lumière au moyen de photographies pensés comme des tableaux, l'univers mental troublant, parfois dérangeant de ces enfants en manque d'affection, affrontant la peur de grandir, une famille fragilisée, absente et fuyant la réalité, une trop grande solitude à travers un monde imaginaire.

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Plus inattendu, direction le Chao Mae Tuptim (lieu saint de la déesse Tuptim) et sa maison aux esprits construite probablement au début du 20ème siècle par Nai Lert, un célèbre entrepreneur thaïlandais, en l'honneur de la déesse Tuptim dont l'esprit errait jusque là dans l'énorme ficus ceinturé de pièces de tissu multicolores.

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Aujourd'hui, les femmes et parfois des hommes viennent déposer à ses pieds quantités de lingams, ces généreuses représentations phallique sans équivoque de Shiva, supposées encourager la fertilité.

BI 7

Spectacle singulier comme on en voit dans certains sanctuaires shintoïstes au Japon, que ces dizaines d'énormes phallus massés autour de ce tronc qui a en croire les rumeurs aurait comblé les souhaits de centaines de couples.

 

Café Bicycle

www.cafebicycle.com

 

Number 1 Gallery

www.number1gallery.com

 

Chao Mae Tuptim

Au bout du Soi Somkhit, derrière le parking du Swissôtel Nai Lert Park

Station BTS: Chit Lom

 

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21 janvier 2013 1 21 /01 /janvier /2013 04:28

(Lana 1)

Soppong, hormis son formidable marché riche en produits et spécialités locales, ses étals de nouilles en soirée et ses stands de babioles colorées qui donnent à la ville un air de fête, on ne s'y attarde pas et on enfourche plutôt sa moto pour s'en aller musarder le long de la Route 1095.

Lana 2

Roulant à vitesse constante entre forêt et exploitations agricoles on snobe superbement les galeries souterraines abritant des grottes calcaires, lesquelles fourmillent de cercueils en bois taillés dans de solides troncs de tecks, et on attrape plutôt cet embranchement qui en l'espace de seulement 6 km nous transporte presque dans un autre temps, loin, très loin derrière le notre.

Lana 3

Dressé sur sa falaise, ouvert à la fois sur la montagne d'un côté et la vallée de l'autre, consistant en une succession de vieilles maisons en bois et comme oublié de tous, on se demanderait presque si le village de Mae Lana ne serait pas, le soir venu, éclairé à la bougie.

Lana 5

Ici, pas l'ombre d'un touriste et c'est pour soi seul la montagne qui abrite plusieurs ethnies, bien escarpée, coupante comme du verre, sauvage et vertigineuse; tout cela à la fois.

 

Lana 4Plus tranquille et bucolique est ce chemin situé quelques kilomètres après avoir laissé derrière soi Mae Lana, cent mètres exactement avant le poste de contrôle où, privilège du touriste, on s'abstient de montrer ses papiers. Un petit chemin de terre, donc, familier des bœufs bien gras, qui descend, bonhomme, vers les profondeurs de la montagne avant de remonter et de filer aussi loin que notre regard se porte.

Dao 2

Quelques jours plus tard et quelques centaines de virages supplémentaires dans le crâne, on est bien heureux d'avoir délibérément évité l'odieuse Pai qui est au nord de la Thaïlande ce que Phukhet est au sud. Plutôt se poser dès son arrivée à Chiang Dao, une fois descendu du bus sur la rue principale, dans cette cantine très populaire placée sous la protection d'un célèbre moine bouddhiste, ce dont les innombrables photos ainsi qu'un autel à sa gloire font plus qu'attester.

Dao 1

On mange beaucoup de légumes dans cette région dont les entrailles abondent en gingembre, en piments et en champignons mais aussi en grottes en enfilade et labyrinthes souterrains.

Dao 3

Et comme les environs abondent également en oiseaux de toutes espèces mais aussi de champs cultivés, d'innombrables plantations d'oranges, de papaye et de bananes rien n'est plus tentant que d'enfourcher une bicyclette pour sillonner la région sous l’œil averti du Doi Chiang Dao, la plus haute montagne de calcaire de Thaïlande qui culmine tout de même à 2195 m d'altitude.

Dao 4

C'est bien simple, où qu'on se trouve on ne lui échappe pas. Elle veille sur nous jusque dans notre sommeil. Comme ici, dans cette hutte retirée du monde où, massive, bienbeillante, la nuit sa présence agit comme un talisman.

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17 janvier 2013 4 17 /01 /janvier /2013 02:00

((Aw 1))

Comme surgie d'un rêve. Une poignée de kilomètres avant de pénétrer dans Mae Aw, la très désirée, au débouché d'un virage, s'étale sous mes yeux, un matelas blanc, duveteux et ondulant, une masse de brume laiteuse, de la crème chantilly qui donne envie d'y plonger, de s'y enfoncer avec des cris d’extase. Autour, la forêt est belle, dense, sur laquelle le soleil commence à jeter ses premiers rayons. Plus loin, se profile déjà Mae Aw.

(Aw 2)

Curieuse et trépidante histoire que celle de Mae Aw, cet étonnant village de thé chinois dont les huttes de torchis bordent un lac réservoir, niché aux confins du nord de la Thaïlande et distante de la frontière birmane d'à peine deux kilomètres.

(Aw 3)

Aw-01.JPG

Ces deux petits kilomètres, je les parcours en emportant avec moi les arômes d'un oolong de première qualité (les deux premières feuilles et le bourgeon) qui imprègne longtemps ma bouche alors que je laisse le village derrière moi pour emprunter un chemin de terre battue qui ondule au fil des dernières maisons et parcelles cultivées avant d'infléchir légèrement à mesure que l'on se rapproche de la frontière birmane signalée par un gros écriteau ''Myanmar'' signant la fin d'un pays, le commencement d'un autre et un point d'entrée ouvert à tous vents, symbolique puisque aucun grillage ne délimite en cet endroit les deux pays.

(Aw 4)

Plus haut, en remontant vers la gauche, au sommet de la colline, dépérit d'ennui un soldat veillant sur un petit poste de l'armée.

Aw 5

D'ici, la vue est encore plus belle, dégagée et panoramique, qui embrasse la totalité du paysage.

Aw 6

Me montrant du doigt le tracé exact qu'empreinte la frontière (hésitante et aléatoire, comme j'allais en faire l’expérience), j'apprends que ce terrain que j'avais atteint après un petit quart d'heure de marche et d'où je fus sèchement éconduit était en réalité situé en territoire birman.

AASituée donc à seulement 44 km de Mae Hong Song mais donne l'illusion d'en être distant de plusieurs années lumière, les murs de terre défraîchis de Mae Aw comme ses minuscules échoppes de thé que ceinturent les forets de pin de Doi Pan, semblant toutes droites sorties du rêve d'un amateur de thé.

Aw-.JPG

Comptant une population d'environ 1000 habitants dont la plupart sont des descendants de chinois, l'histoire de ce village assoupi que les thaïlandais appellent Ban Rak Tai (''le village Thaï - Amoureusement vôtre) et qui passerait presque pour une enclave de l'empire du Milieu en pleine terres thaï, remonte à la guerre civile chinoise et au Kuomintang (KMT).

AAA

De fait, l'histoire de Mae Aw est un décalque de celle de Mae Salong visitée quelques années plus tôt. Rafraîchissons-nous la mémoire: sous Tchang Kaï-chek, le KMT gouvernait la Chine depuis la fin des années 20 jusqu'à ce que le Parti de Mao Zedong après une lutte pour le pouvoir établisse la République populaire de Chine en 1949. Plusieurs armées du KMT (notamment la 93ème Division qui elle échoua à Mae Salong) ont refusé de se rendre aux communistes et se sont enfuies dans la jungle birmane où elles bivouaquèrent puis bâtirent des infrastructures. Les forces du KMT étaient autrefois si répandues dans l'état Shan qu'elles ont construit un aéroport à Mong Hsat assurant des vols réguliers vers les bastions du KMT tout en ne manquant pas d'investir l'ensemble de la région à l'est de la rivière Salawin qui sert de frontière naturelle entre la Thaïlande et la Birmanie.

Plus déterminée que jamais d'en finir avec ce casse tête, la Chine populaire envoya dans les années 60 20 000 soldats de l'Armée de libération populaire au cœur des états Shan vers Kengtung afin d'écraser une fois pour toutes le KMT.

Aw 11

Sous le commandement du général Tuan Shi-wen, les troupes du KMT s'enfuirent vers le sud en traversant la frontière poreuse de Thaïlande et s'installèrent dans les collines desséchées de Mae Salong, Doi Pan Ban et Mae Nong Bua. Bonne pâte, le gouvernement thaïlandais accorda l'asile aux réfugiés du KMT à la seule condition de protéger le royaume d'une éventuelle invasion communiste.

AE

Mae Aw n'a pas sombré dans le commerce de l'opium comme Mae Salong (où se déroulèrent quelques féroces batailles de montagne à la fois politique et liées à la drogue, laquelle ne s'est ouverte au tourisme que tardivement au milieu des années 90).

--AZ--.JPG

Pas aussi sanglante ou torturée que celle de Mae Salong, l'histoire de Mae Aw reste relativement méconnue des touristes étrangers, un peu moins des thaïlandais dont des minibus font le trajet depuis Chiang Mai, lesquels en plus de siroter tranquillement leur thé dans une boutique au bord du lac peuvent goûter à une authentique cuisine du Yunnan comme ce porc à la vapeur tranché fin enfermant tel un linceul des légumes verts émincés.

Aw 7

Le thé, c'est donc la grande affaire de Mae Aw (mais aussi le vin, de prune, d'ananas...), les habitants nageant littéralement dedans, chacun en possédant plusieurs pieds devant sa maison, autour de son potager sans qu'il en ait exprimé le désir à la mère nature. Les plus belles plantations ne se trouvent pas dans le village et encore moins à immédiate proximité du village où celles-ci sont négligées, mal entretenues et ces temps ci simplement désertées par les cueilleuses car on ne récolte pas en cette période de l'année.

Aw 9

On trouvera son bonheur à plusieurs kilomètres de là, une fois quitté le village, en s'éloignant à pied à travers des paysages qui rappellent certaines régions de France (insérer la 11 et 12 ) avec au détour d'un sentier un chasseur éternel rentrant bredouille mais souriant.

Aw 12

La plantation Yang Wui qu'on atteint après une bonne marche, oubliée à une petite poignée de kilomètres d'un joli lac au bord duquel joue un enfant, est exemplaire à bien des égards.  

Aw 13

(Aw 14)

Magnifique configuration que cette plantation, en arc de cercle, étagée, comme un théâtre grec dont les rangées de théiers seraient les gradins et la végétation en contrebas la scène dont hélas, la photographie ne rend pas compte de la splendide perspective en plongée qu'on a depuis les hauteurs, celle-ci aplatissant le relief en plus de manger la moindre nuance de couleur.

Aw 8

Un (vieil) homme qui n'en manque pas, de couleurs, c'est bien celui-ci, débroussaillant autour des pieds de ses théiers qu'il chérit comme ses enfants et dont il m'assure que son thé n'a pas d'égal dans la région, ce que je vérifie sur le champ et confirme, son oolong s'avérant, et de très loin, le meilleur que j'ai goûté depuis mon arrivée à Mae Aw.

Aw 10

 

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15 janvier 2013 2 15 /01 /janvier /2013 03:00

(H 1)

Mae Hong Son porte bien son nom de ville des trois brumes. Tôt, le matin on ne distingue même que ça. Ce n'est alors pas d'autre bonheur que de commencer la journée avec une tasse de thé récolté dans les hauteurs, à Mae Aw, précisément, si proche (44 km) mais aussi distante de par sa culture et sa population, on le verra, qu'une autre planète.

(Hong 1)

Une fois la brume dissipée nous avons sous les yeux une grosse bourgade relativement reculée et prisée des touristes qui y trouvent une bonne base de départ pour se lancer dans des treks d'un ou plusieurs jours.

H 2

C'est que ce chef lieu de la province du même nom à l'atmosphère très détendue ne manque pas d'intérêt, entre ses vallées verdoyantes, ses grottes, ses cascades, ses sources d'eau chaude, ses deux parcs nationaux forestiers et ses montagnes boisées parsemées de tribues montagnardes (Hmong, Karen, Lawa) dont certains de ses locataires descendent vendre le produit de leur cultures au marché. Ce lac, justement, dans lequel se baignent à l'occasion des éléphants, à force de l'avoir sous les yeux on l'aurait presque oublié. Il n'est pas bien grand mais fait son petit effet avec son temple aux stupas dorés qui s'élancent dans le ciel avec la meilleure volonté du monde et ces communautés montagnardes descendant des environs en début de soirée pour installer sur la promenade leurs étals de nourritures et d'artisanat qui est un joli spectacle plein d''odeurs et de couleurs.

Hong 3

Ils avisent leur emplacement, immobilisent le chariot, font chauffer le grill, jettent au bord de l'eau des nattes, dressent de petites tables en bois et tout ce que nous avons à faire c'est de retirer nos chaussures, nous asseoir et croiser les jambes pour nous régaler pourquoi pas de poisson d'eau douce grillé parfumé au gingembre, d'une salade de papaye et de riz gluant. Exactement comme au Laos.

(H 4)

Le lendemain, c'est une autre affaire que de se lancer dans une longue marche de 17 km en compagnie d'un guide et de son chien.

(((H 10)))

Aucune envie de traverser les villages de réfugiés padaung dont les femmes aux longs cous sont devenues une véritable attraction touristique au même titre que les grottes ou les cascades dont je me passe également très bien.

H 5

Encore moins tenté par la visite des villages karen aux allures folkloriques. Plutôt court-circuiter les agences de tourisme égrainées autour du lac et se faire déposer à quelques kilomètres de là, dans un hameau couché au bord d'une rivière, la traverser sur une barque malingre taillée dans un tronc et marcher tout droit une petite demi heure pour atteindre après quelques rizières et une fraction de jungle la maison d'un agriculteur qui renseignements pris est disposé à m'emmener marcher, c'est à dire entreprendre une grande boucle entre rizières, jungle et forêt.

H 7

(((H 11)))-copie-1

L'homme, un shan, qui ne parle pas le moindre mot d'anglais (et c'est tant mieux) aime et connaît sur ses doigts sa montagne qui est un peu son jardin privé.

H 6

L'absence presque éloquente d'informations qu'il pourrait fournir est compensée par son attention à la nature, à chacun de ses bruissements, au respect et l'intérêt qu'il lui porte.

H 8

Laquelle n'est pas oubliée et même honorée lorsque vient le moment de s’asseoir sur une souche pour partager notre maigre repas.

H 3

Geste délicat et touchant à la fois qui le voit prélever un peu de notre repas pour le déposer sur une feuille qu'il s'en va suspendre entre plusieurs branches entrelacées en guise d’offrandes aux dieux de la forêt.

H 9

 

 

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14 janvier 2013 1 14 /01 /janvier /2013 02:00

K 1

Il faut endurer encore une fois beaucoup de virages mais aussi savourer à travers les vitres de l'autocar quantité de panoramas frôlant le sublime avant de pénétrer dans Khum Yuam, cette bourgade bien sage échouée sur la route exactement entre Mae Sariang et Mae Hong Son. La ville du milieu, du temps mort qui donne l'occasion de soulager son mal de crane naissant après tant d'ondulations et de tournants parfois dommageables au grès de ces montagnes qu'on n'en finit plus de grimper à plein régime, c'est à dire dépassant à peine les 30 Km/h.

K 2-copie-1

Sous une avalanche de plaintes à vous déchirer les tympans et de hoquets à répétition, l'autocar qui a fait son temps masque à peine les efforts qu'il lui coûte d'aller puiser au plus profond de ses entrailles de métal et de graisse pour gagner chaque précieux kilomètre. Le passager, lui, a tout son temps, qui apprécie comme le paysage s'annonce à lui en d'imperceptibles frémissements, avec une lenteur quasi méditative.

K 3

C'est que le Temps, ici, ne se déguste pas avec un appétit féroce mais s'apprécie à petites bouchées. Aussi, Khum Yuam ne fait pas partie de ces lieux d'intérêt figurant en bonne place sur les guides et dont le nom est imprimé en gras sur les cartes.

K 6

Certains nostalgiques de la seconde guerre mondiale ne lui trouve d' intérêt - et c'est trop peu - que son musée, témoin de l'occupation japonaise, qui expose entre autres reliques des carcasses de camions militaires, des armes et des effets personnels. En effet, on se rappelle que les vastes paysages du nord de la Thaïlande furent durant la seconde guerre mondiale le théâtre d'opérations militaires d'envergure qui opposèrent de 1942 à 1945 les britanniques et les japonais auxquels s'étaient joints les Thaïlandais, les japonais s'étant donné comme objectif de chasser les anglais de l'Empire en envahissant la Birmanie toute proche, celui des Thaïlandais visant à récupérer des provinces annexées par les anglais à leur colonie de Birmanie. Ce théâtre des opérations méconnu en Europe fut l'un des plus épouvantables des hostilités, étant donné le climat tropical, le relief et le peu d'infrastructures de la région. Le 25 janvier 1942, la Thaïlande déclare la guerre au Royaume-Uni et aux États-Unis, l'armée thaïlandaise franchit la frontière birmane le 10 mai 1941 au niveau des états Shan et prend la ville chinoise de Kengtung en bousculant les troupes chinoises jusqu'au Yunnan. Les opérations militaires vont durer jusqu'en 1945, date à laquelle les japonais sont vaincus et chassés de Birmanie.

K 5

Si la visite peut s'avérer dispensable, il est en revanche plus que conseillé de remonter la rue principale pour s'arrêter au petit bonheur dans une gargote où c'est chaque fois l'impression touchante de partager un peu du quotidien des habitants, cette salle à manger leur servant également salon. C'est qu'ici, la quasi absence de touristes rend le moindre échange sincère et désintéressé.

K 4

Dans cette rue mais aussi à proximité du marché, on croise de nombreux Hmong et Karen descendus des collines vendre leurs récoltes de fruits, de légumes et de plantes aromatiques.

K 7

Mais c'est surtout au mois de novembre qu'il faudra revenir pour assister au Bua Tong Sunflower Festival, période heureuse durant laquelle les champs aujourd'hui grillés par le soleil revêtent un somptueux manteau jaune composé de dizaine de milliers de tournesols dont la présence plutôt singulière en cette région du monde s’explique par le fait que cette fleur, originaire d'Amérique centrale, fut importée en Thaïlande au milieu du 19ème siècle où elle fut plantée par des missionnaires.

(K 8)-copie-1

K 10

En attendant, on entendrait presque la paille crépiter au soleil, ci ce n'était quelques paysans faisant pousser sur leurs parcelles situées près d'un cour d'eau des légumes, assurant la maintenance des canaux d'irrigation quand certains, encore plus intrépides, préfèrent encore prendre de l'altitude et grimper au sommet d'un cocotier histoire de le soulager de ses mauvaises noix et de ses branches mortes.

K 11

 

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13 janvier 2013 7 13 /01 /janvier /2013 02:00

AB 1

Il arrive qu'on trouve comme ça, surgissant de nulle part, un coin enchanteur, un paradis en miniature avec ses cultures en terrasse, sa végétation hirsute et son indispensable cours d'eau qui fait comme une virgule au milieu d'une phrase. La région ne manque pas de ces panoramas qui se donnent souvent à nous après qu'on ait forcé un morceau de forêt dense et inhospitalier comme posé là pour nous dissuader d'aller plus loin. Aussi, pour qui sait prendre son élan et plonger de l'autre côté du miroir, de tels trésors ne manquent pas dans cette région. En cherchant bien on en compte autant que de grains de riz dans un épi.

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Ce genre d'endroit, c'est presque douloureux de s'en arracher. Une fois relevé non sans courbatures de cette grosse pierre noire qui nous servait de matelas et réhydraté à l'eau de la rivière, on ne résiste pas à l'appel de la route, comme à celui du ventre.

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On repassera par Mae Sariang avant de gagner d'autres aventures et c'est justement à l'entrée de la ville, sur la route venant de Chiang Mai que se trouve une grande maison en bois caractéristique de la région où l'on s'adonne aux grillades dans un épais nuage de fumée qu'on dirait craché sans relâche de la gueule d'un dragon.

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Un succulent repas dans la plus pure veine rurale du nord qu'à Bangkok on aurait tendance à tourner en dérision, voir à moquer. De la saucisse thaï à peine pimentée, du poisson cuit à l'étouffée dans une feuille de bananier avec des herbes et des épices, de la couenne de porc frite, du riz gluant et des légumes. Le luxe.

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C'est probablement le type de repas à partager qu'apprécierait ce paysan qui bêche, le visage mangé par l'ombre de son grand chapeau de paille (son champ est beau, son geste également et on le lui fait savoir.)

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Probable aussi que cette famille d’agriculteurs vivant au sommet d'une petite colline dans une maison sur pilotis au milieu de la volaille ne serait pas également mécontente de partager avec moi un tel repas.

 

AB 7En attendant que cela se fasse un jour, ils m'offrent une noix d'arec et l'une de ces feuilles vertes à mâcher au goût naturellement fruité qu'on ramasse à dans les environs.

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De la marche, toujours, en forêt, dans ce désert que sont les rizières brûlées par le soleil. Et des chemins toujours à prendre, des rencontres toujours à faire.

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12 janvier 2013 6 12 /01 /janvier /2013 02:00

Mae 1Mae Sariang n'a pas vraiment la faveur des touristes, et c'est tant mieux. Fraîchement débarqué de Chiang Mai après quatre heures de route et un bon millier de virages, on devrait bien croiser en quelque endroit de ce gros village qui semble plongé dans ses rêves et où la vie s'écoule le plus tranquillement du monde, un office de tourisme qui s'avère en réalité introuvable, à croire que devant le peu d'affluence on aura jugé utile de s'en passer.

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S'il est des personnes qui connaissent la ville comme leur poche c'est bien les moines de ce temple qui ce jour là se sont retroussés les manches pour remplacer quelques tuiles et renouveler les descentes de gouttières.

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Aussi bien qu' un guide, voir mieux puisqu'ils accompagnent leurs propos de gestes qui tracent comme des dessins dans le ciel, ils nous racontent entre autres choses très éclairantes que située à moins de 50 km de la frontière Birmane, Mae Sariang est un bel exemple de brassage culturel puisque la ville et ses environs regroupent une grande majorité de shan dont l'influence est très visible en ville à travers son architecture comme ses vieilles maisons en bois, sa cuisine, les tenues traditionelles des femmes; quand les collines et les montagnes abritent une belle variété de minorités ethniques comme les Lawa, les Karen et les Hmong. Et un bon restaurant? ''Demande à Bouddha !''

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Renseignements pris, il n'y a pas long à marcher jusqu'à cette adresse où l'on fait la cuisine comme à la maison, d'ailleurs c'en est une et c'est là tout le charme de ce lieu atypique où dans des grandes casseroles en fer argenté cogitent cinq ou six plats à base de poulet ou de bœuf à accompagner de riz, à moins qu'on se laisse tenter par un kao soy. Bonne pioche, ce poulet au curry sans prétention s'avère d'autant plus excellent que la compagnie des deux femmes tenant le lieu est euphorisante.

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Marcher, rêver, chanter, la vallée de Mae Sariang offre un choix infini de ballades pour qui ne souhaite pas forcément crapahuter dans la montagne et aller se fendre d'une visite aux tribus minoritaires. Il suffit par exemple d'enfourcher sa bicyclette, traverser le pont qui enjambe la Nam Yuam et prendre la première à droite où commencent déjà les champs au milieu desquels on aperçoit de temps à autre un petit point sombre se mouvant de manière presque inperceptible qui est un paysan travaillant paisiblement sur sa parcelle de riz.

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Ailleurs, c'est une femme qui empile le foin destiné à nourrir les bêtes sous l'œil bienveillant de sa mère, occupée à nettoyer les grandes quantités d'ail qu'elle vient tout juste d'arracher à la terre.

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Ici, c'est une petite éxploitation. Des arbres fruitiers à perte de vue, dans le ciel tranches de bananes à sécher.

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On s'élance à nouveau sur la petite reine et l'on croise les buffles rentrant de leur bain quotidien dans la rivière et il n'y a qu'à dépasser la ferme, s'enfoncer un peu plus dans la forêt pour croiser une multitude de petites exploitations agricoles qui sont toujours l'occasion de faire de belles rencontres et d'en apprendre autant sur les produits que sur les gens.

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Dernière scène, ce vieil homme qui a attendu comme il se doit que le jour commence de tomber pour arroser son champ.

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