Dans le quartier tout le monde connaît l'adresse, aussi fameuse pour ses bibimbapet fondues que Kunitoraya pour ses udonet tempura. Deux étages évoquant une auberge d'altitude invariablement prise d’assaut quel que soit le jour de la semaine. Ce jour là on était à ce point frigorifiés que le froid semblait en personne nous pousser dans le dos. Longeant par le plus grand des hasards la vitrine du 5 rue Thérèse, l'idée d'une fondue coréenne généreuse et brûlante à nous faire transpirer comme des forçats s'imposa d'elle-même.
Ma connaissance et par conséquent mon expérience de la gastronomie coréenne s'avérant quasi nulles, j'ignore si cette fondue est à la hauteur de ce qui se pratique à Séoul et ailleurs dans le pays mais il n'empêche que ce qui se jouait au centre de la table, à l'intérieur même de ce poêlon mais aussi autour avec ce sympathique assortiment de kimchi, nous régala et nous emplit de joie.
Ces vermicelles aux légumes et émincé de bœuf, d'abord, très gras mais ô combien canailles (8 €), dans lesquels on piocha avec plaisir en alternant avec la fondue (36 € pour deux) amplement suffisante parce qu'accompagnée de riz et de l'inévitable assortiment de légumes en saumure qui rafraîchissent le palais plus qu'il ne l'enflamment, les fameux kimchi (ici, daikon, choux fermenté au piments rouges, concombre, soja, pousse de bambou), aussi indispensables au Coréen que la baguette au français ou le riz au japonais.
Tellement indispensable que le premier homme Coréen à avoir été envoyé en orbite à bord du vaisseau russe Soyouz veilla à remplir ses valises d'une copieuse provision de kimchi. On n'est jamais assez prévoyant, surtout dans l'espace.
Difficile d'emporter son poêlon dans l'espace, encore plus délicat d'enflammer comme nous le faisons le réchaud à alcool pour lancer la cuisson des viandes, carottes, courgettes, nouilles translucides, champignons, choux pak choï, poireaux et tofu flottant jusque là à la surface d'un bouillon divin, légèrement sucré, qu'on prélève à la louche pour verser dans son bol au fur et à mesure du repas avec un vrai sens de la communion et du partage.
A l'avenir, si on souhaite conserver une trace de cette expérience on évitera, comme ce fut mon cas, de photographier le plat avant cuisson avec ses ingrédients figés dans leur crudité. Une erreur de débutant.
Jan Tchi
5 rue Thérèse
75002 Paris
01 40 15 91 07