L'an dernier j'ai tout dit ou presque sur L'Usine, ce concept store de la rue Dong Khoi (anciennement rue Catinat), fief de la jeunesse locale aisée qui n'est pas sans rappeler à Paris Colette ou Merci, abstraction faite des plus de 25 ans dont on ne trouve ici goutte (ce qui tout compte fait n'est pas le moindre des charmes de Saigon).
L'ouverture d'une seconde adresse de superficie plus modeste et aux propositions gourmandes considérablement réduites a donné de l'oxygène à la première où les jeunes femmes sont étonnement
plus belles (certaines choses ne s'expliquent pas).
C'est d'évidence l'un de mes lieux favoris. On retrouve la même faune fraîche et souriante accro aux tendances
du moment, ne décollant pas de son Samsung Galaxy ou cachée derrière l'écran de son Ibook. Autant dire que le spectacle est dans la salle, un peu moins dans l'assiette, quoique ces linguine aux
clams/sauce tomate testées un soir rue Dong Khoi n'aient rien de honteux.
Certains matins, un excellent chocolat chaud, un jus de citron, de la bonne musique (à l'instant, Elliot Smith) et de généreux rayons de soleil léchant l'impressionnant mobilier
d'inspiration industrielle qu'on doit à l'agence District 8 font un petit déjeuner amplement suffisant.
On se rattrape quelques heures plus tard à la maison avec un repas dont le code couleur pourrait-être le jaune puisqu'il s'agit de banh khot et de banh xèo qui ont ceci de
particulier que ces dernières sont garnies de cœur de coco rapporté hier de la ferme de Ben Tre.
Exactement le genre de luxe dont à la maison on est coutumier, comme de cueillir des mangues ou des bananes à même les arbres pour en faire de délicieux desserts.
Tous comme les banh khot, les banh xèo (du chuintement
caractéristique produit par la pâte lorsqu'elle entre en contact avec la poêle brûlante, m'apprend Ngo) se dégustent de préférence roulées dans une feuille de salade garnie d'herbes
fraîches (dont le dégradé de vert me fascine toujours) avant d'être trempées dans la sauce de poisson relevée de piment frais.
Là, je ne vous cache pas le bonheur que représente la moindre bouchée de ce monument maison de la gastronomie vietnamienne dont vous ne trouverez pas d'équivalent dans les restaurants parisiens à moins bien entendu de vous faire inviter dans une famille de Viet khieu (Vietnamiens vivant à l'étranger.)
Quand aux banh khot, plutôt que de les rouler dans une feuille de salade comme précédemment on appréciera cette composition digne de figurer au menu d'un restaurant. Simple et modeste: du grand art.
L'Usine
70 B Le Loi boulevard
District 1
District 8 Design