750 grammes
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3 octobre 2013 4 03 /10 /octobre /2013 09:17

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C'est malin, c'est bon, c'est simple et sain. Que demander de plus ? Parmi une petite dizaine de propositions intraitables avec les calories, toutes aussi fraîches, healthyet métissées les unes que les autres, on compose soi-même pour 12 € (thé froid Palais des Thés en libre service à la fontaine inclus) son plateau coloré et équilibré à déguster en salle (belle et chaude, toute de bois clair et acidulée). Ce plateau compartimenté inspiré des boites repas japonaises et respectueux de l'environnement (bento en papier kraft, emballages fabriqués à partir de pulpe de canne à sucre, couverts en bio-polymères) est pensé au millimètre dans l'idée d'offrir le meilleur d'un repas complet et équilibré, aussi est-il partagé en trois segments (protéines, légumes, féculents).

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Une feel good cuisinerevendiquée jusque sur la vitrine de cette cantine à hypstersqui se verrait bien franchisée aux quatre coins de la capitale. Un rêve qu'on partage tant notre petit assemblage du jour nous apporte de joie et de bien être et mérite de s'étendre au delà des limites du haut Marais.

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En effet, comment concevoir qu'après un accueil si charmant et un repas aussi euphorisant (salade de fèves, pomme, concombre, noix de cajous; champignons sautés; mille-feuille de carottes et gingembre, bœuf haché somptueusement saisi, farci aux câpres, oignons, poivron, épices et arrosé de sauce teriyaki; tartelette légère au chocolat façon ganache et poire) on reparte autrement qu'avec le sourire et l'envie sur le trottoir de faire des petits sauts comme Charlot lorsque son cœur bat la chamade.

 

 

Neobento

5 rue des Filles du Calvaire

75003 Paris

09 83 87 81 86

www.neobento.com

 

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13 juin 2013 4 13 /06 /juin /2013 07:04

Ts 1

Une sushiya, une vraie comme Paris en compte si peu. Aussi minuscule qu'est gigantesque Tsukiji, son quasi homonyme et de loin le plus grand marché aux poissons de la planète (dont le déménagement, ce vieux serpent de mer, est sans cesse repoussé – on parle maintenant de 2015 voir 2016).

Ts 2

Une salle étroite en longueur sans velléité décorative, un comptoir en L à la limite de l’inconfort comme les nouveaux arrivants frôlent ou manquent de heurter le dos des clients et déplacent malgré eux un air frais qui vient chatouiller la nuque jusqu'au frisson. Irritant mais pas décourageant. D'ailleurs on n'a pas pour habitude de s'attarder devant un plateau de sushi(ici, le ''spécial'', 28 €, amuse bouche et misoalgue kombucompris). Le sushion l'apprécie sitôt libéré de la paume du maître dont il a capté l'énergie et les vibrations; à température ambiante (qui souligne d'autant plus la texture du riz komé), dans un geste qui s'inscrit dans la continuité du précédent, lequel prend naissance plus haut (absence d'expression du visage, tête formant un angle droit avec les épaules, souplesse du cou) pour descendre jusqu'aux mains (geste sûr et relâché) et se prolonger au couteau (lame qui pénètre la chair sans violence et semble avancer d'elle-même).

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Seiche nacrée au crissement de soie, maquereau gras coiffé d'une râpée de gingembre qui en souligne la finesse ou bien œufs de saumon explosifs libérant tout leur comptant d'iode; on saisit de préférence avec les doigts le sushi relevé d'une pointe de wasabipour équilibrer le gras, on le déguste d'une seule bouchée et si on loue l'excellence du poisson, sa fraîcheur, on ne tarie pas d'éloges pour le nori,cette feuille d'algues séchées qui entoure les maki, iodée et craquante, qui n'est pas le moins laid des compliments à faire à un maître sushi.

 


Tsukiji

2 bis rue des Ciseaux

75006 Paris

01 43 54 65 19

 

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6 décembre 2012 4 06 /12 /décembre /2012 17:21

Kai 1

Du plus lointain qu'on se souvienne on a connu Yoshikazu Kitada chez Tora à Tokyo, plus récemment chez Yen rue Saint Benoit dont on retrouve dans son nouvel espace le même goût pour l'épure (murs aux tons crème dépouillés, table d'hôte en bois en blond massif placée, bambou tressé et orchidées pour seules touches de couleur) et le même raffinement qui imprègne aussi bien le menu bento que des plats ultra classiques et populaires comme le tonkatsu.

(Kai 2)

Le bento du jour, très apprécié des habitués et culminant tout de même à 42 €, se compose d'un léger et joli coffret en bois clair décliné en six compartiments qui ne brillent certes pas par leur originalité mais dont on apprécie le soin apporté au produit, la justesse d’exécution, le plaisir serein en bouche. Pas de quoi soulever des montagnes ni faire chavirer les sens du gourmet. Le charme est ailleurs.

(Kai 3)

Par éxemple dans la juxtaposition d'un radis blanc mijoté et d une chair de dorade grillée prise dans bouillon de bonite, d'algue et de sauce soja, un rien de ciboulette et une tombée de feuilles de shiso. Dans la fraicheur déconcertante d'un sashimi de dorade, liche et saumon, mais encore dans la percussion déconcertante d'un filet de magret de canard roulé dans de la pâte miso, des tempura criantes de perfection.

(Kai 4)

Le menu bento inclut au choix une glace Pierre Hermé (une pâtisserie contre 3 euros supplémentaires) ou une portion de nouilles fines inaniwa servies chaudes ou froides qu'on a découverte chez Yen et dont on ne se lasse pas.

 

Kai

18 rue du Louvre

75001 Paris

01 40 15 01 99

 

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9 septembre 2012 7 09 /09 /septembre /2012 11:33

Abri 1

Pour un coup d'essai c'est coup de maître. Et sans conteste le coup de cœur de la rentrée. Imaginez derrière une façade faussement négligée et anonyme, une petite salle toute en longueur (20 couverts en se serrant), pierres blanches apparentes, murs décrépis, ampoules design et inox mat. Une équipe de cinq personnes, toutes japonaises et compétentes emmenées par Katsuaki Okiyama (Robuchon, Agapé Bistrot, Taillevent).

Sur la table, une pastille blanche échouée dans une coupelle, en réalité une serviette rafraîchissante qu'un serveur vient arroser et faire se dresser, épanouir sous nos yeux incrédules. Un brin magique.

Menu dégustation à 22 € au déjeuner (pas de carte, 4 plats le midi, 5 le soir, 38,50 €), assiettes préparées au débotté en fonction du marché, quasi à l'instinct. Seule inconnue: sommes-nous plutôt viande ou poisson?

Abri 2

Maquereau mariné au citron, effilochée de concombre, fenouil, radis, vinaigrette huile d'olive et citron. Simple et imparable. Un commencement de joie.

Abri 3

Montée en puissance avec le velouté de potimaron et sa mousse de pépins grillés. Très sensuel, presque une déclaration d'amour. Le cœur s'emballe.

Abri 4

Invité surprise se faufilant entre les deux entrées, le risotto d'épeautre al dente, aérien, orgasmique dont le secret révélé par le second ou plutôt la seconde de Katsuaki Okiyama tient pour beaucoup à sa crème montée. Un classique de Katsuaki qui faisait jadis les beaux jours de l'Agapé Bistrot.

Abri-5.JPG

Entre le pavé de lieu jaune poêlé et sa peau croustillante, (on notera la maîtrise de la cuisson, le geste adorable de l'aiguille enfoncée dans la chair du poisson puis appliquée contre le poignet), choux chinois, choux blanc, champignon (diable d'allitérations) appuyé par une stupéfiante émulsion de Pernod.

Abri 6

La tarte tout chocolat amère, glace au cacao et caramel scelle idéalement ce mémorable repas qui laisse une impression de douce extase comme après un beau rêve. Tant de bonheur pour 22 € seulement. Incontestablement la meilleure affaire du moment.

 

Abri

92 rue du Faubourg-Poissonnière

75010 Paris

01 83 97 00 00

 

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29 août 2012 3 29 /08 /août /2012 13:20

Miki 1

Allez comprendre pourquoi, j'ai toujours été fasciné par la façade crème et le store orange, la toile imprimée d'élégantes lettres blanches de Chez Miki, cette adresse de poche posée à l'ombre du square de Louvois qui fait figure d'institution dans notre Little Tokyo.

Composée d'une équipe 100% féminine, pas plus grand que la boite d'une bague de fiançailles mais animée des meilleures intentions, il se joue entre cette micro cuisine ouverte et cette salle de 16 couverts à la déco épurée une belle partition, inventive et plutôt onéreuse en soirée quand le midi le simplissime menu bento à composer soi-même parmi une multitude de propositions toutes aussi alléchantes les unes que les autres récite sur les doigts sa leçon sans le moindre accroc pour la somme sympathique de 15 .

Miki 2

Soit, deux succulentes sardines panées façon tonkatsu à la panure fine et aérienne, une miso très claire, au premier abord décevante, mais qui s'avère en réalité étonnement riche et goûteux voir même excellente; un riz quelconque, une omelette japonaise (tamago yaki) encore chaude garnie d'algues en lieu et place de l'inévitable ciboulette, enfin une salade de choux blanc, algues et oignons arrosée d'une vinaigrette insensée, toute de douceur, sans aucune acidité dont je m'empresse de demander la composition que j'aurais été incapable de deviner même sous la torture: bouillon de volaille, vinaigre de riz, huile de sésame, sucre. Une saveur pas si éloigné que ça de l'umami.

Miki 4

Venir tôt. Passé 12h30 c'est sans espoir.

 

Chez Miki

5 rue de Louvois

75002 Paris

01 42 96 04 88

 

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16 mai 2012 3 16 /05 /mai /2012 15:52

Len 1

A première vue on navigue en plein cauchemar. La démarche légèrement chevrotante, le soulier qui se dérobe sous le pavé irrégulier et humide, on louvoie dans l'ahurissement le plus complet entre de simili bistrots parisiens, des cantines savoyardes tout ce qu'il y a de plus de factices, des crêperies racoleuses et contrefaites, sans parler des resto grecs poussifs et braillards. On n'est pas friand de tripes, de cervelle, de groin, sans quoi on filerait sans hésitation chez Ribouldingue avaler une petite salade de tétine de vache suivie d'une copieuse langue de bœuf. C'est précisément au moment qu'on s'engouffre dans la minuscule rue de la Parcheminerie (plutôt une voie qu'une rue, laquelle accueillait autrefois les écrivains publics et les artisans parcheminier) pour s’extirper à la fois découragé et vaguement dégoûté du quartier sinistré de la Huchette, qu'on avise la façade gis noir de Lengue, une authentique izakaya ouverte il y a tout juste un an. Il nous semblait bien avoir entendu ou lu ici et là quelques comptes rendus enthousiastes de cette auberge toute en murs de pierre de taille et poutres apparentes où en soirée, autour d'une multitude de petits plats chauds ou froids façon tapas (poulpe au wasabi, ventre de saumon grillé, édamané, maquereau vinaigré aux algues, boulettes de poulet à la sauce yakitori...) et d 'une profusion de vins français, de sake, d'umeshu, mais encore de shôch et de grands crus de whisky nippons; c'est un peu de l’esprit populaire et festif japonais qui souffle entre ses murs.

(Len 2)

Si l'ambiance du déjeuner ne souffre pas la comparaison avec celle du soir, on aurait tort de ne pas y faire un crochet pour goûter la formule bento à 18 € (23 avec le dessert) qui se présente sous forme de deux boites laquées, la première consacrée à la viande ou au poisson (porc sauté au jus de gingembre, crevettes panées etc...) la seconde dévolue aux garnitures. Rien de bien transcendant, certes, quoique l'ensemble soit plutôt réussi.

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Le foie de volaille sauté dans l'huile de soja avec de la feuille d'ail fond en bouche et les légumes - aubergine et bonite séchée, chips de lotus, carotte et salsifis émincés, épinards au sésame, la très fondante poteto sarada, cette la fameuse salade de pomme de terre jovialement régressive - se laissent avaler avec grand plaisir.

Plutôt sympa, le riz est proposé à volonté. On notera au passage bol à miso d'un bois très fin qui offre une proximité supplémentaire avec la soupe chaude encore fumante. Toutes nos félicitations à Kondo Katsutoshi et son équipe.

Len 4

 

Lengué

31 rue de la Parcheminerie

75005 Paris

01 46 33 75 10

 

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27 avril 2012 5 27 /04 /avril /2012 17:54

Wa 1

«La nourriture occidentale, accumulée, dignifiée, gonflée jusqu'au majestueux, liée à quelque opération de prestige, s'en va toujours vers le gros, le grand, l'abondant, le plantureux; l'orientale suit le mouvement inverse, elle s'épanouit dans l'infinitésimal: l'avenir du concombre n'est pas son entassement ou son épaississement, mais sa division, son éparpillement ténu (…). Tout y est ornement d'un autre ornement; d'abord parce que sur la table, sur le plateau, la nourriture n'est jamais qu'une collection de fragments, dont aucun n’apparaît privilégié par un ordre d'ingestion: manger n'est pas respecter un menu (un itinéraire de plats), mais prélever, d'une touche légère de la baguette, tantôt une couleur, tantôt une autre, au gré d'une sorte d'inspiration qui apparaît dans sa lenteur comme l'accompagnement détaché, indirect de la conversation. (…) L'alimentation reste empreinte d'une sorte de travail ou de jeu, qui porte moins sur la transformation de la matière première (…), que sur l'assemblage mouvant et comme inspiré d’éléments dont l'ordre de prélèvement n'est fixé par aucun protocole (…): tout le faire de la nourriture étant dans la composition, en composant vos prises, vous faites vous même ce que vous mangez.»

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L'Empire des signes de Roland Barthes fait partie de ces livres de chevet qu'on ne finit jamais de relire, qui sont plus que des compagnons de route et qui depuis ce jour où ils sont entrés dans votre existence font véritablement corps avec vous, tels des amants unis pour l'éternité. Il en va ainsi de l'Empire des signes mais aussi de l’Éloge de l'ombre de Tanizaki, des rêveries d'Osamu Dazai, dont les relectures me semblent sans fin.

Wa 14 

Aussi, lorsqu'un jour de grand vent je m'attable au comptoir minuscule de ce non moins minuscule restaurant japonais de seulement 8 couverts, annexe de l'étoilée Aida, faisant office l'après-midi de salon de thé, il est tout naturel que m'apprêtant à glisser mes baguettes en bois colorées extrêmement fines et légères dans mon bento à double compartiment, remontent à la surface des fragments de texte de l'illustre sémiologue qui ne tardent pas à fusionner avec certaines réflexions que pouvait tenir Tanizaki sur la laque.

Wa 2

Ce jour-là la petite boite repas était d'une grande sobriété, divisée en deux segments - viande et poisson -, sans artifice, impressionnant par la seule justesse de ses cuissons, la finesse et le fondant de ses produits (dorade basque, veau et filet de bœuf du limousin grillés, sashimi de daurade, de bonite et de bar de ligne), lamelles de concombre en saumure, gingembre frais, salade et algues tsukemono. On a connu assemblage plus recherché, plus avenant et néanmoins je tombe sous le charme, ravi malgré moi.

Wa 3

La formule à 32 € inclut en plus d'un thé (un hoji cha) un dessert imposé qui m'offre enfin l'occasion d'apprécier le grand point fort de la maison.

(Wa 4)

La spécialité maison, ce dorayaki dont les deux sortes de crêpes à base de farine de blé enveloppant une garniture de pâte de haricot rouge sucrée maison sont cuites sous mes yeux par Murata Takanori sur plaque chauffante, provoque en moi un sentiment proche de l’extase, une fois ajoutés une couche de mascarpone et des fraises, quand en bouche entremêlent le chaud et le froid, se superposent les différentes textures et s'affirme chaque arôme. Wa 5Un pur délice dégusté dans une ambiance plus confidentielle et reposante que le pâtissier japonais historique Toraya, bruyant, suffisant et triste à mourir au delà du possible; qui donne immédiatement envie de goûter chacune des pâtisseries de saison chacune fourrée aux azuki, préparées quotidiennement par Murata Takanori.

Comme ce très intriguant mugite mochi (mugite signifiant blé, et mochi riz gluant, nous apprend la disponible et très attentive hôtesse des lieux), une pâtisserie au riz gluant qui renvoie à la forme des doigts agrippant les épis de blé lors de la récolte.

Wa 7

Ce kashiwa mochi, très populaires chaque 5 mai au Japon, à l'occasion de la fête des garçons. Kashiwa désigne cette feuille de chêne qui enveloppe la boule de riz gluant fourrée aux haricots rouges et symbolise la prospérité.

Wa 6

Un autre wagashi incontournable aux moments des grands événements comme les mariages, les naissances; le joyo manju, préparé à base de farine d'igname et cuit à la vapeur.

Wa 8

Le warabi mochi, confectionné à partir de farine de fougère (warabi) et saupoudré de kinako, de la farine de soja.

(Wa 6)D'autres douceurs font leur réapparission aux le premiers jours de printemps, comme ce wagashi en forme de clématite.

Wa 9

Le kinton, le spectaculaire wagashisi ébouriffé dont l'apprentissage nécessite plusieurs années.

Wa 10

Enfin, les fameuses gaufrettes en forme de lapin qui ravissent les petits comme les grands.

Wa 11

 

Walaku

33 rue Rousselet

75007 Paris

01 56 24 11 02

Réserver impérativement la veille.

 

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18 avril 2012 3 18 /04 /avril /2012 11:13

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La grande particularité de la minuscule maison de thé de Yasu Kakegawa ouverte il y a quelques mois dans le sillage massif et coloré du Centre Pompidou et ce qui la rend unique, précieuse, sinon déjà incontournable, est de proposer une sélections de thé verts uniquement issus de la première cueillette de printemps (l'ichiban cha ou first flush), très prisée des amateurs pour sa portée symbolique (l'intérêt quasi maniaque que portent les japonais au renouveau des saisons qui offre chaque fois l'occasion d'embrasser pleinement la nouveauté, de redonner à notre existence un nouvel élan vital, bref, de boire le thé avec une bouche vierge), mais appréciée également pour ses vertus revivifiantes, ses arômes frais et fruités.

Yasu 8

Autre cheval de bataille de cette boutique de poche, et pas des moindres, mettre en lumière les récoltes de petits producteurs (dont le visage de certains, voir la parcelle sont reproduit au dos des paquets conditionnés sur place afin de garantir au maximum la fraîcheur des feuilles) cultivant un thé issu d'un cultivar autre que le yabukita qui trust à lui tout seul 80% du marché. Œnologue à ses heures, pâtissier de formation passé par la Maison du Chocolat, Yasu Kakegawa est naturellement sensibilisé au cépage, soit le cultivar dans le jargon du thé, chacun ayant ses caractéristiques propres et une incidence sur la qualité de la plante (pour l'anecdote on trouvera par exemple dans la boutique une récolte issue de théiers hybrides - shizu-inzatsu - ).

Yasu 2

On repousse à peine la porte qu'on est instantanément convié à savourer une sélection de thés emblématiques de la maison comme ce Shigeta genmaicha dont le riz grillé utilisé est loin d'être quelconque puisqu'il s'agit d'un riz de la variété Koshihikari, le milky queen, une appellation qui nous fait sourire tous les deux. En réalité on l'appelle ainsi en raison de sa couleur laiteuse.

 

Yasu 3

Nous goûtons ensuite un Kengo Kanaya midori, du nom de son propriétaire, âgé d'une petite trentaine d'années qui en cultive de minuscules parcelles sur l'île de Honshu. Son thé est fruité et curieusement gagne en puissance, en rondeur au fur et à mesure des infusions.

Yasu 4

La méthode de préparation de Yasu Kakegawa n'est pas si courante, puisqu'il choisit de porter à ébullition son eau (minérale, exclusivement de la Mont Roucous en raison de sa très faible minéralité) dont il préfère faire baisser la température au moyen d'un pot à refroidir, ce qui requiert beaucoup de vigilance ainsi qu'un grand savoir faire.

Yasu 5

C'est au tour du Tsukiji Yamakai qui a la particularité d'être produit en très petite quantité, soit à peine 20 kilos par an dont par bonheur Yasu Kakegawa parvient à mettre la main sur quelques lots. Ce grand cru se caractérise par des notes iodées et nous en savourons d'abord la liqueur après que mon hôte ait versé simplement un peu d'eau froide dans une coupelle tapissées de jolies aiguilles d'un vert vif qu'il laisse infuser deux bonnes minutes.

Yasu 6

On recueille le nectar dans notre minuscule tasse préalablement rincée à l'eau chaude, soit à peine un fond aux arômes herbeux qui se déguste comme un alcool.

Yasu 7

L'un des grands atouts de cette nouvelle boutique de thé est qu'il est aisé de se procurer des thés haut de gamme en sachet de 10 grammes, privilège impensable dans les autres maisons. Du coup, on peut déguster chez soi et sans se ruiner une belle sélection de grands crus, sans compter qu'on peut faire plaisir à une personne qui partage notre passion en lui expédiant un sachet. En effet, le dos de dernier est conçu comme une carte postale (le petit détail pour lequel le Japon restera toujours le Japon).

 

Yasu Kakegawa

12 rue Simon Le Franc

75004 Paris

01 44 61 28 21

www.yasukakegawa.com

 

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6 avril 2012 5 06 /04 /avril /2012 13:49

(Yen 1)Il existe une histoire que voici: Oribe, disciple de l'illustre maître de thé Rikyû, tenant un bol coréen entre ses mains qu'il estime «mou» et «manquant de tension», le laisse volontairement échapper et se briser. Une fois rassemblés puis recollés les morceaux, son visage se fend d'un large sourire: il est satisfait au delà de ses espérances.

Rikyû lui même n'hésitait pas à bouleverser l'harmonie de salons dédiés à la cérémonie du thé, quitte à choquer, quand il ne commettait pas de petits attentats sur des bols trop lisses, trop exemplaires qui ne concentraient et ne transmettaient pas assez selon lui les émotions de son temps, celles de la nature et de son créateur. Aussi, vouait-il un culte à la dissymétrie, aux irrégularités, bref à l'imperfection, à la déformation, au nom du culte de l'imparfait à l'intérieur duquel, en dépits des apparences, souffle également la force vitale, éclatante et invincible.

L'année de l'ouverture de Yen (au siècle dernier), je me souviens combien la vaisselle m'avait ému du fait des irrégularités de ses bols, de ses rondeurs abruptes, ses courbes inégales, toutes ces craquelures que je retrouvai tant sur les assiettes creuses que sur les bols ou les pots, comme ces coulures blanches sur certaine tasse qui est restée fixée à jamais sur ma rétine.

Yen 2

Sans en avoir conscience, c'était là ma première rencontre avec cette technique d'émaillage coréenne, le raku (le bonheur dans le hasard) ou l'imperfection fait la beauté et qui s'inscrit dans le concept esthétique du wabi-sabi.

Ainsi, bien des années plus tard, je retrouvais le cadre épuré et inchangé de Yen, toujours aussi réputé à Paris pour ses soba (pâtes fines préparées à partir de farine de sarrasin) que Kunitoraya pour ses udon ou Nodaiwa pour ses anguilles grillées.

(Yen 3)La carte m'apprenait que les tarifs n'avaient pas dégonflé avec le temps, quand un rapide coup d'oeil révélait un service de table quelconque, sans l'ombre d'une histoire et encore moins d'un défaut. Un bref échange avec l'une des serveuses confirmait que la farine restait française, le sarrasin importé de l'île d'Hokkaido, quand un coup d’œil jeté à cette pièce vitrée minuscule donnant sur la rue Saint Benoît révélait un cuisinier à l’œuvre, travaillant la pâte, tranchant des lamelles n’excédant pas deux millimètres de diamètre, suspendues quelques secondes au bout de ses doigts afin de les débarrasser de l’excédant de farine, puis rangées délicatement dans une jolie boite laquée rectangulaire.

Yen 4

On continuait de servir les soba sur une assiette en bambou tressé, que je n'ai jamais autant apprécié que froides, lesquelles restaient incomparables avec toutes celles goûtées à Paris, parce que préparées de manière artisanale et avec le plus grand soin.

Yen 5

Ces soba, je les choisis accompagnées d'une petite sélection de tempura à la panure très fine et néanmoins délicieuse. Une fois la dégustation terminée, c'était exactement comme dans mon souvenir, lorsqu'on nous apportait une théière émaillée contenant le bouillon de cuisson des soba qu'on versait dans le reste de la sauce soja dans lequel on avait trempé avec gourmandise les pâtes.

Yen-6.JPGEt c'était la même appréhension suivie du même plaisir à la fin, comme si en réalité rien n'avait changé, sinon que le passé et le présent étaient à jamais solidement imbriqués l'un dans l'autre.

 

Yen

22 rue Saint Benoît

75006 Paris

01 45 44 11 18

 

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28 mars 2012 3 28 /03 /mars /2012 16:52

((Nari 1))

Ce n'est pas une raison s'il commence à faire bon et chaud et si le printemps nous saute gaiement au cou pour bouder un grand bol de ramen au bouillon bien épais à base de pâte de soja fermentée et à la ciboulette pimentée (11 €, une misère). D'autant plus qu'une excellente adresse a levé le rideau il y a peu dans le triangle d'or japonais et qui ne désemplit pas de japonais venus s'avaler l'un de ces bols de nouilles de pâte de blé au porc rôti dont la grande spécialité de Naritake est d'y ajouter une louche de graisse de dos de porc dont on précise à la commande la quantité souhaitée en même temps qu'on détermine la cuisson des pâtes.

Nari 2

A l'arrivée, c'est sacrément copieux et roboratif, extrêmement goûteux, quoique salé en diable, autrement dit certainement pas à recommander aux petites natures tant on est à des années lumière du raffinement de la cuisine japonaise et de sa prédilection pour l'unami, laquelle saveur nous semble au regard de ces ramen aussi éloignée que la Terre peut l'être de la Lune. Malgré tout on ne boude pas son plaisir et ce ne sont pas les dizaines de «zuru zuru» enjoués produits avec notre bouche chaque fois que nous aspirons les nouilles tels d'authentiques japonais qui diront le contraire.

 

Naritake

31 rue des Petits-Champs

75001 Paris

Tlj sauf dimanche. 12.00-15.00 et 19.00-22h00

 

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