750 grammes
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19 février 2012 7 19 /02 /février /2012 15:00

KL 1

Il arrive qu'on passe à côté des villes comme on passe à côté des gens, voir de soi même. On arpente la ville sous toutes ses coutures, on a les yeux grands ouverts et on ne voit rien. On est plein de bonne volonté et la ville continue de nous glisser entre des doigts. On était à Kuala Lumpur mais c'est comme si on n'y avait jamais mis les pieds.

KL2

On avance des raisons à cet échec (lassitude, fatigue passagère, manque d’appétit, peut-être les trois à la fois à moins que la véritable raison tienne dans l'usage systématique en Malaisie des additifs alimentaires et autres exhausteurs de goût comme le glutamate qui malmènent le corps, l'épuise.) On se dit que la rencontre ne s'est pas faite et qu'elle se fera une autre fois, à la faveur d'un nouveau voyage.

KL 9

On ne reste pas éternellement avec nos regrets au fond de la gorge, on a l'énergie de dîner dans un petit marché de nuit, de palourdes cuites à l'étouffée dans une sauce tomate épicée. On se dit que c'est divinement bon mais c'est de nouveau une grande fatigue qui nous s'empare de nous et nous commande de rentrer nous coucher. Jusqu'au bout Kuala Lumpur se refusera à nous.

KL 10

 

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18 février 2012 6 18 /02 /février /2012 15:00

C3

A un jour prêt, j'avais enragé de manquer à Kuala Lumpur l'exposition de la World Press Photo 2011. La chance a voulu que je la retrouve à Malacca, inaugurée la veille au Musée de la Malaisie situé sur la place principale, à deux pas de Christ Church.

C2

Ce n'était pas désagréable dans un premier temps, de flâner dans les galeries de peintures. Je tombais sur un joli tableau comme celui-ci.

C6

Son titre autant que son sujet - «War» - n'était pas sans évoquer, voir introduire les lauréats de l'édition 2011 - dont certaines images sont insoutenables - exposées dans la première salle.

C7

C8

L'exposition se poursuivait plus légèrement qu'elle n'avait commencé, après, quoi c'était toujours agréable de retrouver la rue, ses petits commerçants, de goûter avec les yeux un cendol (sorbet à la noix de coco, haricot rouge, sucre de canne fondu) et de simplement laisser la rue venir à soi, ouvert, attentif, disponible.

C5

 

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17 février 2012 5 17 /02 /février /2012 14:00

AB4

Certaines rencontres vous sauvent un séjour du fiasco total. C'était le cas aujourd'hui avec Pak Siew Yong, malaisienne et chinoise d'origine dont la famille s'est fixée à Malacca il y a de cela trois générations. Il fallait bien que je tombe tout à fait par hasard sur sa maison de thé installée dans une ancienne demeure de marchand et réaménagée sobrement, sans ce mauvais goût qui caractérise la plupart des commerces de la ville. Comme si en réalité mes pas ne pouvaient me conduire que là, à la Zheng He Tea House qui n'était pas la moindre des délivrances.

AB1

Pak n'est pas un maître de thé, «je n'aurais pas assez d'une seule vie pour devenir experte», Pak est bien mieux que ça puisqu'elle a d'adorables façons de parler du thé («un spa mental») et de ses théières qu'elle «regarde grandir, se développer non pas de bas en haut mais depuis les côtés, la Voie ne se limitant pas à une seule direction mais en embrassant plusieurs.» Elle dit aussi, Pak, que cette théière en terre cuite de Yixing est sa préférée et qu'elle ne s'était jamais rendue compte jusqu'à maintenant combien elle y tenait. «Il faut beaucoup d'utilisations pour qu'elle brille de la sorte, pour que la liqueur de thé lui donne cette patine, cet éclat.» Alors, je dis «elle doit être bien veille, cette théière». «Elle n'a pas six mois.»

AB3

Le thé favori de Pak, celui qu'elle peut boire jusqu'à sa dernière infusion au point qu'elle soit quelques fois gagnée par l'ivresse, c'est un oolong Phœnix Wu cultivé dans les montagnes de Phœnix dans le Guangdong, reconnaissable à ses feuilles gris bleu et tordues mais surtout à son odeur de champignon et ses arômes fruités en bouche. Là, il faut regarder Pak manipuler ses ustensiles avec décontraction, élégance et justesse et remplir les petites tasses aux deux tiers («le reste pour l'amitié»). Après, nous sommes tous deux conquis par cette liqueur dense, riche et douce et ces fragrances fruitées, et me laissant à mon tour gagner par un réel bien être je ne peux qu'adhérer à son enthousiasme.

AB2

La dégustation se poursuit avec le très réputé et onéreux Da Hong Pao, un oolong également, poussant parmi les 36 monts et 99 roches escarpées du parc naturel de Wu Yi, les racines des théiers bénéficiant de l'apport précieux des sources minérales du lieu perché entre la terre et le ciel, se développant entre la pierre et la neige, la brume et la fraîcheur. «Ce thé des roches est excellent pour lutter contre les maux d'estomac. A l'époque des Ming l'impératrice en faisait grand usage, ce qui a contribué à son succès». Je suis fasciné comme la rétro-olfaction s'installe et perdure longtemps après la dernière gorgée. La minéralité du breuvage est un autre motif de fascination qui nous enchante tous deux.

AB5

J'apprends beaucoup de Pak, comme ces puer de Chine importés et stockés un certain temps en Malaysie où du fait du climat particulièrement humide la fermentation est quatre fois plus rapide. Ainsi, un puer soit disant de 40 ans réexpédié en Chine n'aura vieilli en réalité que 10 ans... Une combine tout à fait légale qui n'est qu'un des effets pervers de l'engouement assez récent pour le thé et principalement les puer vieillis.

AB6

Je pourrais rester des heures en sa compagnie mais c'est déjà l'heure pour elle de préparer le dîner pour ses petites filles («elles ont des appétits d'oiseaux mais il faut bien qu'elles mangent, n'est-ce-pas?») et pour moi le moment de me rendre dans un restaurant chinois situé juste en face de la mosquée où l'on cuit des dim sum peu glorieux mais qui me font voyager à Pékin, dans ces matins froids et ensoleillés lorsque dans une petite rue laborieuse je pénétrais dans une gargotte jonchée de papiers sales, pleines d'ouvriers avalant une épaisse soupe de riz, pour me régaler de ces délices à la vapeur qui cuisaient à l’extérieur sur un bout de trottoir, et ce thé brûlant qu'il fallait avaler à toutes petites gorgées, cette buée sur les vitres, les tasses de thé sur la table immergées dans un récipient en plastique, prêtes à l'emploi... Ah, l'heureuse nostalgie.

AB7

 

Zheng He Tea House

N°3 Jalan Kuli

Mail: psyong_1308@yahoo.com

 

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16 février 2012 4 16 /02 /février /2012 09:05

Mal 1

Malacca ne valant pas un clou (classée en 2008 au Patrimoine mondial de l'Unesco, parle-t-on de la même ville?), on se console amplement avec sa cuisine baba nyonya, produit du métissage sino malais. Spécialités de la région, l'otak otak - une mousse de poisson mixée avec des œufs, du curry, de la citronnelle, des épices et cuite dans une feuille de bananier; le kerabumango, mélange improbable de crevettes séchées à la mangue roulées dans du piment; et bien entendu les différents sortes de laksa, ces soupes de nouilles épaisses comme par exemple ce laksa curry avec son bouillon à base de curry, ses boulettes de poisson, sa myriade d'épices - combien au juste, impossible de la savoir et c'est tout le propos du laksa, terme venant du sanskrit qui signifie «beaucoup».

(Mal 2)

De temps, il n'en faut pas beaucoup - l'ancienne ville carrefour des routes maritimes tenant dans un mouchoir de poche - pour gagner à pied la Villa Sentosa, authentique villa malaise posée comme une fleur au bord de la rivière Malacca.

Mal 3

Dans cette maison en bois sur pilotis peinte en vert pastel, un frère et une sœur - héritiers d'une famille de notables de Malacca dont le grand père fut décoré par le roi George V - veillent sur un véritable trésor puisque la demeure abrite pèle mêle des tasses de Chine des miroirs italiens, un gong malais vieux de 200 ans, une caméra, des projecteurs des années 30, des kriss mais encore une garde robe quasi centenaire. On croirait une brocante et ce n'en est pas une, les héritiers y habitant et occupant une pièce attenante aussi sombre et disgracieuse que la villa est lumineuse et chaleureuse.

Mal 4

On retournera dans le centre de Malacca en empruntant une nouvelle fois cette rivière à l'eau fangeuse pareille à celle des canaux qui traversent les grandes villes japonaises. Sauf qu'ici, les quais longeant ces canaux le long desquels se succédaient autrefois les comptoirs marchands sont purement et simplement hideux. Soit un long ruban de murs flanqués de fresques murales cartoonesques comiques à force d'incongruité qui coure le long d'artères grisâtres, d'immeubles bas et laids et de rares cafés pour touristes.

Mal 5

Autant dire qu'on se passe volontiers de grimper dans l'une de ces petites embarcations semblables à celles de la Rivière Enchantée du Jardin d'acclimatation, qui remontent la rivière et nous fait pénétrer dans l'arrière cour du quartier chinois de pacotille qui rappelle un décor de film d'arts martiaux chinois (celui des Olympiades à Paris est paradoxalement autrement plus vivant et «authentique»).

Mal 6

On préférera de loin flâner dans cette ville malaise dont «l'héritage architectural est le mieux conservé» (la bonne blague), s'arrêter devant les devantures d'artisans, les jolies façades où l'on retrouve enfin ces couleurs dont la ville semble privée.

Mal 7

Le contraire des rues touristiques du vieux Malacca avec ses façades clinquantes de décor de cinéma (encore), restaurées pour flatter les sens mais épargner le cœur, abritant des galeries, des boutiques, des hôtels, des spas... L'autre face du cauchemar.

Mal 8

 

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12 février 2012 7 12 /02 /février /2012 17:00

Cam 3

Les Cameron Highlands sont bien décevantes, avec cette montagne mangée par les petites villes hideuses dégorgeant d'hôtels, de restaurants indiens; scalpée par les serres de fraises

produites hors sol dans des conditions indignes et annoncées des kilomètres à l'avance par des fraises géantes ayant pour la plupart perdues leur rouge originel quand parfois elles ne clignotent pas. On pensait trouver la montagne et on tombe en pleine kermesse avec ses processions de voitures, de motards en groupe pollinisant la moindre route et cette restauration jetable, médiocre à chaque coin de rue sur laquelle tout le monde se rue et vient s'étouffer dans la joie et la bonne humeur.

Cam 4

Pour tout dire, on ne la voit qu'à peine, la montagne. On la devine plus qu'on ne la perçoit. Des trous béants? Oui. Partout où il y a des arbres il y a la main cupide de l'homme qui gratte la terre, fait exploser des secteurs entiers à la dynamite, éventre la terre autant qu'il peut et tout ça pour construire encore plus d'hôtels, de parking, de salons de massage et de restaurants bon marché. La montagne doit faire peur, elle impressionne; alors on la supprime, on l'assassine.

(Cam 5)

Nous sommes des milliers à être là et seule une poignée d'entre nous doit bien se demander en réalité pourquoi. Si on ne s'attendait à retrouver que très modérément un peu de cet héritage architectural colonial anglais (quelques cottages disséminés ci et là) et de cette ambiance typique des stations d'altitude d'autrefois, rien ne laissait présager cette atmosphère de parc d'attraction à la chinoise – culture et nature au pays du Milieu rimant souvent avec consommation et restauration, ou l'art d'enlaidir des endroits somptueux, comme les petites montagnes saintes à l’extérieur de Xian, un gâchis sans précédent.

Autour de la petite ville de Tanah Rata, c'est donc une exécution en règle qu'à subi la région, un vrai massacre dont il n'y a aucun espoir qu'elle se remette un jour.

Cam 6

On pense se consoler en se promenant dans les plantations de thé qui sont après tout la raison de notre visite mais hormis quelques rares paysages encore préservés des dents des bulldozers, c'est la catastrophe tant sur les domaines que dans les usines. Plantations mal entretenues, mécanisation de la récolte, fertilisants bombardés depuis des petits avions, usage systématique de la Rotorvane, une roulleuse qui n'est pas tendre avec les feuilles. En réalité, on n'est attendri qu'en deux occasions, la première en visitant une «nursery», soit une parcelle où sont plantés les boutures de théiers, lesquelles une fois atteint 46 cm de hauteur sont mises en terre dans la plantation pour une première récolte deux années plus tard.

Cam 1

La seconde, sur les hauteurs du Bala's Holiday Chalet, à l'heure du tea time, dégustant des scones tartinés de crème et de confiture de fraises. On se console comme on peut.

Cam 2

 

 

 

 

 

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11 février 2012 6 11 /02 /février /2012 15:00

 

(Ipoh 1)

Dire qu'il n'y a rien à voir à Ipoh c'est un peu exagéré sans être nécessairement très éloigné de la réalité. Il y a bien l’époustouflante gare ferroviaire, joyau d'un pur style colonial, mélange d'influences moghol et classique. Le quartier chinois, éventuellement, quoique plongé dans un sommeil dont il semble ne devoir jamais sortir, il est vrai, les vacances scolaires venant de commencer et la ville se trouvant absolument déserte. Et puis, les montagnes tout autour, des forêts d'un joli vert foncé, et c'est à peu près tout.

Restent des curiosités gustatives. Comme au Purple Cane Tea Center découvert tout à fait par hasard, qui est un immense loft lumineux entièrement consacré au thé. Au milieu des théières en terre, j'y déguste des boulettes de patte douce à la crème de macha accompagnées d'un puer glacé au miel.

Ipoh 2

Le lieu est impressionnant, tout de verre, de pierre et de bambou. On y boit le thé selon son envie, en zhong, à la manière gong fu cha, à la japonaise, installé sur un petit coussin posé sur son tatamis ou bien sans autre cérémonial qu'une tasse de thé reposant sur un bateau, une théière et un brûleur pour la maintenir à bonne température. Un tel lieu mériterait d’exister chez nous car on y organise en permanence et non de façon anecdotique des initiations, des ateliers, des dégustations et des enseignements poussés pour les petits comme les grands. Sans mentionner le choix pléthorique de thés de toutes sortes, d'ustensiles, de livres et de tasses et théières dont certaines sont l’œuvre de maîtres. Enfin, sans surprise, la cuisine légère proposée au Purple Cane Center travaille le thé sous toutes ses formes. Autant dire que pour les amateurs, c'est le paradis.

Ipoh 3

D'un paradis à l'autre, Lou Wong et son poulet cuit à la vapeur (tauge ayam) arrosé de sauce soja,

traditionnellement accompagné d'une soupe de nouilles (kuetiau) et d'une petite assiette de soja. Ce poulet blanc comme un aspirine, nourri justement aux antibiotiques, est la grande spécialité de la maison - entre nous, un régal - et draine une foule venue des kilomètres à la ronde. S'installer dehors est encore la meilleure façon de jouir de l'ambiance survoltée du lieu.

Ipoh 4

Comme quoi, les villes sans grand intérêt sont comme les mauvais films: il y a toujours quelque chose à prendre, un heureux souvenir à en tirer, comme dans un film moyen une scène à sauver, une séquence parfois inoubliable.

Ipoh 5

 

Purple Cane Tea Center

N°2 Jalan Dato Tahwil Azar (Osborne Street)

www.purplecane.my

 

Lou Wong

Jin Yau Tet Sin

 

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10 février 2012 5 10 /02 /février /2012 15:00

Chi 6

Ce n'est pas tous les jours qu'on déguste un oolong préparé dans les règles de l'art (eau filtrée chauffée à 95°, gestes fluides et ronds, un total de sept infusions) avec un matériel vieux de 35 ans, celui-là même que ce malaisien dont la famille émigra du Hunan chérit comme la prunelle de ses yeux. «Cette théière, ce pot à manqué, tous ces soucoupes sont bon marché mais pour rien au monde je ne m'en séparerai, pas même pour un nécessaire à thé doré à l'or fin !»

Chi 7

Et c'est une vérité que cette patine imprimée à ces ustensiles, la lente et inévitable oxydation du métal ont donné à ces instruments (car l'art du thé est aussi une musique qui s'apprécie aussi avec les oreilles) une valeur, une histoire qui n'a pas de prix puisqu'ils portent la marque inéluctable du Temps et l'attention, sinon l'amour qui lui a été prodigué puis enfin partagé.

Chi 8

(Chi 9)

Le discours est sensiblement le même à proximité du port, dans une autre maison de thé, plus cossue et aussi accessible que la première se dérobait volontairement aux regards. A la seule différence qu'il ne s'agit ici ni de tasse à thé ou de théière mais bien de puer, ce thé fermenté du Yunan pressé en briques ou en galettes.

Chi 10

Si 35 ans d’existence ont donné à une théière toute sa valeur (que les vieux maîtres chinois nous ont toujours recommandé de ne jamais laver, cette autre patine lui donnant son caractère, agissant bien plus favorablement sur le thé qu'une théière rincée à l'eau claire – une hérésie), c'est également l'âge idéal pour déguster un puer qui se bonifie avec le temps, se boit comme un bon Bordeaux et ça tombe bien car la maison ne propose pratiquement que ça, du puer, qui intrigue toujours les néophytes et les amuse au point qu'ils sont souvent tentés de ramener à seule fin décorative une de ces belles galettes enroulées de papier de riz, n'osant que très rarement effriter une portion de ces feuilles compressées de craintes de compromettre «l'objet».

Chi 11

Chi 12

Et c'est bien dommage car le puer dont les vertus bienfaitrices pour la santé ne sont plus à démontrées est vivement recommandé l'hiver en période de grands froids.

Chi 1

Quitte à avoir mis un pied en Chine autant avancer le second et prendre la direction du quartier chinois (mais en réalité, Georgetown n'est-il pas qu'un seul et unique quartier chinois?) pour s'en aller déguster une succulent soupe de raviolis au moutons accompagnée d'un baozi au porc choisi parmi tant d'autres spécialités vapeur.

Chi 3

Chi 2

Autant dire qu'on flotte sur un nuage.

Chi 13

 

 

 

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9 février 2012 4 09 /02 /février /2012 15:00

Pinang 1

Tant pis si le soleil doit nous rôtir la peau (l'après-midi la température frôle les 40 degrés), et quand bien même on sentirait la surface de nos bras crépiter, la vieille ville est décidément trop belle voir exceptionnelle avec son architecture coloniale, ses vieilles maisons patinées par le temps, ses arcades, ses quartiers chinois et indiens toujours en effervescence; pour qu'on se replie honteusement à l'ombre d'une terrasse ombragée, sirotant goulûment un thé au lait glacé (charme auquel tout être normalement constitué succombera tôt ou tard fatalement, la chaleur en milieu d'après midi étant tout simplement intenable).

Pinang 2

C'est donc sous une chaleur écrasante qu'on avance dans ces rues brûlantes comme l'enfer, longeant souvent de belles maisons et s'arrêtant pour laper un thé glacé - un de plus.

Pinang 3

On débouche enfin sur la Pinang Peranaka Mansion, la splendide maison ayant appartenu au siècle dernier à un riche notable chinois.

Pinang 5

A la différence de la Maison Bleue, l'intérieur de cette maison à la façade vert pomme peut être photographié, ce qui est une véritable aubaine car ses pièces d'un luxe et d'un raffinement exceptionnels sont autrement plus fournies et meublées que celles de la Cheong Fatt Tze Mansion.

Pinang 4

De fait, on est gagné par cette impression troublante que les propriétaires auraient quitté la maison la veille pour fuir les grandes chaleurs et trouver refuge dans la fraîcheur des Cameron Highlands, lieu de villégiature favori des colons britanniques de l'époque coloniale.

(Pinang 6)

Un luxe moins évident à première vue mais qui n'est pas le moindre, c'est de sauter dans le bus numéro 10 et traverser une bonne partie de la ville ce jour là congestionnée en raison d'une célébration hindoue, pour se faire déposer à Gurney Drive où se tient chaque soir au bord de la mer (du moins ce qu'il en reste, la marée ayant fait se retirer la mer sur des kilomètres, dévoilant des bancs de sable grisâtres qui rappellent la baie de Somme) le Gurney Drive foodstall qui certains soirs peut cumuler jusqu'à 130 stands.

(Pinang 8)

Pinang 7

Les crevettes comme les crabes entiers frits qu'on retrouve également dans la cuisine Vietnamienne me laissent plutôt indifférent, de même que les calamars, ce qui retient mon attention s'avérant être ces raies grillées enduites d'une sauce rouge aux petits accents de barbecue sauce, l'une des nombreuses spécialités malaises.

Pinang 9

Un choix que je ne regrette pas, prenant même plaisir à faire craquer sous la dent la partie osseuse qui s'avère cartilagineuse. Grisant.

(Pinang 10)

 

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8 février 2012 3 08 /02 /février /2012 15:00

Man 1

Une fée sera passée par là. On raconte que dans les années 90 les habitants du quartier et dans une moindre mesure les passants, prêtaient à peine attention - pour peu qu'ils l'aient seulement remarqué - à ce splendide ensemble de maisons bâties dans les années 1880 par Cheong Fatt Tze, l'un des tous derniers mandarins, célèbre notamment pour avoir été l'un des tous premiers capitalistes.

Man 2

Et pour cause: de cette maison de 38 pièces et 220 fenêtres, organisée autour de 5 cours en granit et érigée dans le plus pur respect des principes du Feng Shui, mais surtout reconnaissable entre toutes à ses façades bleu indigo, ne restait que ruines et désolation, de la poussière du sol au plafond (on raconte que les faïences au sol acheminées depuis l'Europe et assemblées sur place étaient invisibles car recouvertes sur plusieurs centimètres d'une épaisseur ahurissante de crasse), la toiture ayant pris l'au, éventrée, voir effondré par endroits. Le temps de l'opulence, les riches heures du Rockfeller chinois semblaient bien loin et désormais les seuls habitants de la «Maison Bleue» (un bleu qui avait bien entendu fini par disparaître au profit d'un gris sale) étaient des dizaines d’indigents, des familles entières de squatteurs précédés d'une armée de rats qui achevaient ce que l’œuvre du temps avaient commencé.

Man 3

Il fallu attendre le tournant des années 90 pour que la maison renaisse de ses cendres à la faveur d'un vaste projet de réhabilitation extrêmement fidèle aux techniques d'antan et dans la mesure du possible aux matériaux d'époque. Les efforts finirent par payer et en 2000 l'Unesco récompensa d'un prix cette rénovation miraculeuse. Puis dans la foulée, la maison se vit accéder à la deuxième place du classement plutôt discutables des plus belles maisons de la planète, lequel classement a juste omis la maison en teck de Jim Thompson à Bangkok, ce qui en dit long sur sa légitimité.

Man 4

Les photos étant interdites à l'intérieur, on ne se privera pas de faire quelques images de la façade sous un soleil et une chaleur qui doivent donner une certaine idée de l'enfer, surtout lorsqu'est jointe à celle-ci une faim galopante.

(Man 5)

C'est justement en cherchant un petit endroit où déjeuner que je passe devant un vieux cinéma dont, fidèle à mon habitude, je me fais ouvrir les portes afin de me promener dans ses allées désertes et sombres. Le gardien de l'Odéon n'est pas avare en informations.

Man 6

Aussi, apprend-on que ce cinéma bâti dans les années 20 est tout simplement le dernier encore en activité sur l'île (les multiplex ayant achevé les rares salles indépendantes), que le projectionniste est allemand et surtout que les navets de Bollywood y sont diffusé à une vitesse de 35 images/seconde, petite astuce qui vu la longueur des films indiens permet de gratter une séance par jour.

Man 7

Moi, tout cela me met en joie et c'est donc de (très) bon appétit que je m'installe dans une gargote pour m'y régaler d'une omelette aux moules (infiniment moins gras qu'aux huîtres) et d'une soupe aux crevettes au bouillon très parfumé et un brin enivrant.

Man 10

Man 11

Mon cinéma à moi, en quelques sortes.

Man 9 

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7 février 2012 2 07 /02 /février /2012 12:30

East 1

Pénétrer en Malaisie par la porte capitonnée du luxe n'est pas chose difficile. En sortir par la porte branlante et à moitié moisie d'un hôtel de dernière classe en est une autre. L'idée avait germée sur le pont long de plusieurs kilomètres reliant l'île de Penang au continent et enjambant une mer d'Andaman aussi verte qu'indigeste. C'était la nuit, on ne voyait goutte sinon des buissons de tours brillant dans le crépuscule qui donnaient au front de mer un faux petit air de Hong Kong ou de Singapour du pauvre.

East 2

On aimait déjà la ville et puis après s'être promené dans la vieille ville en ce dernier jour de nouvel an chinois, on l'adora. Le lendemain matin, grisé par une nuit d’errance nocturne dans le ventre même de la capitale de l'ancienne colonie britannique, on se dirigea d'un pas alerte et affichant notre plus beau sourire vers l'Eastern and Oriental Hotel fondé en 1884 par les frères Sarkie, futurs papas du Raffle's de Singapour.

East 3

Visiter la plus belle suite? Il suffit de demander, c'est immédiatement à droite, au 3ème étage, chambre 303 précisément. Un luxe plutôt discret, lové dans un cadre colonial visité par les fantômes littéraires de Kipling, Conrad, Herman Hesse ou Somerset Maughan (mais dans quel palace de cette planète aurait-il bien omis de descendre?).

East 4

(East 5)

Face à la mer, trois étages au dessus de la piscine, un salon avec ses fauteuils, son canapé et son secrétaire, de grandes portes coulissantes en bois laqué isolant ou non l'«espace de vie» de la chambre, vue absolument dégagée sur la mer et rien qu'un bleu de paradis: on se prend inévitablement à rêver.

East 6

Hélas, le rêve n'a qu'un temps et comme un déjeuner dans une gargote indienne n'a jamais n'entrainé, à ce qu'on sache, de surchauffe de carte bleue, on est pas mécontent de boulotter une cuisse de poulet tikka tout en sirotant un énième thé au lait glacé.

East 7

Et la cuisine malaisienne, alors? Diable, on a bien le temps. Patientons au moins jusqu'à demain !

East 8 

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