C’est idiot et surtout ça ne veut rien dire, cette expression de «paradis sur terre», pourtant s’il est un lieu qui mérite ce qualificatif, c’est bien Ngpali et sa plage de sable fin longue de 6 km. Pour avoir exploré les environs, je découvrirai rapidement que ce paradis se prolonge en retrait de la mer et qu’il suffit de lui tourner le dos puis de s’enfoncer dans un petit chemin de terre pour voir surgir un paysage enchanteur constitué de collines adorables, de champs au repos et de paisibles villages.
Ce jour-là, le destin me fit croiser sur mon chemin quatre petits enfants qui me guidèrent dans la campagne, m’offrirent des fleurs et me divertirent de leurs rires, leurs sourires et leur énergie.
Un moment que nous approchions d’une petite maison décrépite au sommet d’une petite colline, comme d’un seul homme et terrifiés, les enfants s’écrièrent «no !», me conjurant avec de grands gestes de la main de ne pas aller plus loin. Immédiatement, je pense à une maison hantée, une histoire terrifiante qu’on dû entendre les enfants, au village.
Chaque matin, je longe à pied la plage ou pédale sur la route principale jusqu’au port de pêche qui est
en réalité non pas une mais deux baies séparées par une mince bande de terre ou se serrent plusieurs villages de pêcheurs. Le moindre espace, fut-il un champ, le sable, un petit chemin, une
palissade ou le devant d’une maison, est réquisitionné pour y faire sécher au soleil les petits poissons. Les chiens semblent s’être faits, plus par dépit que par goût, à ce régime, vu qu’on les
voit de temps à autres marcher à pas de loup sur un filet pour barboter sans réel enthousiasme un ou deux poissons.
D’un bout à l’autre de chaque baie mouillent une kyrielle de petits bateaux fragiles qui font dans la nuit un collier lumineux lorsqu’ils sont de sortie. De vaillants jeunes hommes usent de leur force pour tirer d’interminables filets qu’il faut après raccommoder et sur le sable des enfants ont dessiné des bateaux peut-être d’après leurs rêves.
Le soir, après la baignade, il peut m’arriver de diner d’un white snaper grillé ou bien d’un mémorable curry au poisson et crevettes servi dans une noix de coco. Ce curry proposé par le Ngapali Kitchen, en plus de l’ail, de l’oignon, du gingembre, du poivre, de la tomate, de sucre, de la noix de coco râpé, et de quelques autres ingrédients inévitables qui nous sont familiers, détonne vraiment des autres curry goûté jusqu’alors puisque sa préparation inclut aussi du vin, de la sauce soja et de la sauce à l’huitre pour un résultat à se damner. Hélas, n’ayant fait qu’y diner, je n’ai pas rapporté d’images de cette spécialité maison, ayant en horreur les photos au flash. Alors, on fera jouer son imagination avec la garantie que personne n’y perdra au change, les rêves s‘avérant d’expérience plus savoureux que la réalité.
Nagpali Kitchen
En face du Royal Beach Motel
Ngpali
Birmanie