750 grammes
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25 juillet 2011 1 25 /07 /juillet /2011 23:43

Etna 1

Le noir de haut en bas, de bas en haut. Des coulées de lave d'anciennes éruptions aux spaghetti al nero (à l'encre de seiche) de l'Ambasciata Del Mare, écartée entre la cathédrale Sainte Agathe et le marché aux poissons. Le noir était sur les pentes accidentées du volcan, il a comme basculé dans l'assiette après s'être nourri de sa propre couleur.

(Etna 5)

La couleur est ailleurs, dans le rose pâle du jour déclinant qui arrose les parties supérieures de la cathédrale, sur les joues des enfants qui engloutissent les boules de glace. On savoure, on arpente une dernière fois la Via Etnae, on est déjà de retour. L'arc en ciel est la couleur du souvenir.

Etna 2

 

Ambasciata Del Mare

Piazza Del Duomo, 6

www.ambasciatadelmare.it

 

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24 juillet 2011 7 24 /07 /juillet /2011 19:11

Pesc 1

C'était comme ça. Avec cette foule qui s'amassait autour des étals, ces vendeurs ambulants qui criaient leurs marchandises en incompréhensible dialecte sicilien, ces carnizzieri en retrait mais dont les hurlements semblaient couvrir le moindre son du mercato della Pescheria, et surtout ces voûtes séculaires, on se serait cru non pas à Catane mais bien dans le souk d'une ville portuaire de la méditerranée, au hasard Tanger.

Pesc 3

Tanger parce que ces gens accoudés à la balustrade s'y appuyaient comme au spectacle, un peu rêveurs, pareillement à la Terrasse des Paresseux d’où les tangérois contemplent la méditerranée et les côtes d'Espagne, si loin, si proches.

Pesc 4

Il suffisait de déambuler au grès de l'inspiration dans ce marché au poisson très animé (on le dit le plus grand, le plus vivant de toute la Sicile), s'arrêter goûter une moule réveillée d'un filet de jus de citron, reproduire l'opération avec un oursin qu'on mange avec une petite cuillère sur place ou bien en marchant (si on est pas heureux, alors), et faire halte devant l'étal d'un poissonnier débitant d'un geste assuré de larges tranches d'espadon. On avait presque le tournis devant la profusion d'espèces de poissons gisant sur les étals; c'était comme si la mer s'était renversée à nos pieds.

Pesc 5

On s'échappait de cette orgie à l'Antica Marina Osteria qui n'était même pas à 100 mètres, encore moins à 50 ou à 10 puisqu'elle avait littéralement les pieds dans ce marché, autant dire dans la mer. On ne s'en était point éloigné, en vérité. Quelque chose en elle nous attirait qui nous toujours nous y ramenait.

Pesc 6

La carte des poissons était belle, qui invitait au partage (les antipasti de la mer avaient ce pouvoir, imaginais-je, d'éteindre les rancœurs, de raviver les passions).

Pesc 7

On était bien content avec des involtini di sarde, des sardines roulées dans la tomate, la chapelure, le poireau et l'oignon.

Pesc 8

On l'était encore plus avec ces treccine ai gamberetti e pesto di mandorle (pâtes aux crevettes et pesto d'amandes) dont l'intitulé se suffit presque à lui même. On sentait la mer continuer de nous lécher les pieds, d'affleurer jusqu'au bord des lèvres.

 

Antica Marina Osteria

Via Pardo, 29

www.anticamarina.it 

 

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23 juillet 2011 6 23 /07 /juillet /2011 18:20

Syracuse 1

Une belle journée c'est peut-être un matin de descendre du train à Syracuse, de visiter seul les catacombes de la basilique de San Giovanni et de prendre son petit déjeuner face au petit port de plaisance, d'une large tranche de thon local achetée au marché pour trois pièces d'un euro et coupée selon mon souhait en quatre.

Syracuse 2

Une belle journée c'est surtout d'incliner légèrement la tête vers là haut ou sont le ciel et les nuages, d'ouvrir la bouche comme on voudrait avaler un peu de soleil et de trancher du bout des dents une portion de thon qu'on place entre la langue et le palais, un temps qui nous paraît une immensité pendant lequel on la laisse comme infuser, nous remplir de joie et d’espérance.

Syracuse 3

On se trouve recommencer ce petit rituel plusieurs fois, toujours avec le même plaisir, le même bonheur mais avec cette impression supplémentaire d'entailler l'opacité du monde.

Syracuse 4

Après, on est comme sur un nuage à errer dans le centre historique, à musarder dans la cathédrale austère et froide.

(Syracuse 6)

On est impatient de gagner l'église di Santa Lucia alla Badia, dédiée à la patronne de la ville, martyrisée à Syracuse sous le règne de l'empereur Dioclétien. On hâte le pas. On y est déjà. C'est qu'il nous tardait de voir cet Enterrement de Sainte Lucie (1609) peint par le Caravage juste après avoir fui Malte, dont la cathédrale de La Valette abrite par ailleurs deux chefs d’œuvre restaurés, la Décapitation de Jean-Baptise (1609) et Saint Jérôme écrivant (1607).

(Syracuse 5)

L’appétit traîne du pied et ne s'installe que très lentement sous les coups de 15 heures. On ignore pour quelle raison les meilleurs restaurants de la ville sont tous fermés. Aussi, une succulente assiette de spaghetti aux moules attrapée sur une placette ombragée fera aussi bien l'affaire avant d'un pas léger regagner la gare.

Syracuse 7 

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22 juillet 2011 5 22 /07 /juillet /2011 18:07

Taor 1

Et pendant ce temps, l'Etna n'en finit plus de souffler de frêles nuages de vapeur d'eau, lesquels sont expulsés mollement du cratère encore chaud de sa dernière colère. De loin, on regarde une carte postale. Tout près, la réalité du volcan doit être à la fois belle et terrifiante. Autant plonger les yeux dans la Méditerranée qui est aussi calme et disciplinée qu'un grand lac.

Taor 2

On a grimpé depuis la gare et c'était haut, et c'était raide. C'était alors une fois franchie la Porta di Mezzo, le bourg médiéval et ses ruelles aux pavés incertains, ses jolies églises et ses boutiques de souvenirs jusqu'à la nausée. La carte postale était ici et pas ailleurs.

Taor 5

Outre la terrasse du mont Tauro, le théâtre grec offre une vue splendide sur l'ange gardien incendiaire et cette baie de Schiso qui sonne japonais, qui en a le parfum.

Taor 4

C'est dans le corso Umberto, un élégant restaurant qui offre depuis sa terrasse un panorama pas moins laid, tout aussi grandiose.

Taor 7

Je m'y installe pour déjeuner frugalement d'un carpaccio d'espadon, celui-là même longtemps regardé, longtemps admiré sur les étals du marché aux poissons de Catane. Il fait très chaud, l’appétit vient à manquer.

Taor 6On est heureux avec quelques tranches de poisson cru. Oui, on se croirait un peu au Japon, qui semble s'être rapproché.

 

Granduca

Corso Umberto, 172

Taormina

 

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21 juillet 2011 4 21 /07 /juillet /2011 18:41

(Metro 1)

Catane commence dans une librairie, sous l’œil bienveillant de Chet Baker. Tertulia n'est pas qu'un espace dévolu aux beaux textes, on y mange léger, on y vient siroter une boisson fraîche en écoutant un poète jouer ses textes à la guitare.

((Metro 2))

Plus tard, accompagné d'un programmateur la performance se poursuit dehors, en terrasse puisqu'il faut bon et chaud et qu'on a tout le temps du monde. Les rares passants qui descendent la via Michele Rapisardi se pressent vers la Piazza Duomo et ne s'arrêtent pas – la musique passent loin au dessus de leur tête et s'envole, s'envole - comme s'ils craignaient de ne pas y arriver, l'illusion de la vitesse étant de croire qu'elle fait gagner du temps.

Metro 7

Plus tard, encore, on grimpe la via Antonino San Giuliano, fleurie sans raison et belle, qui semble s'envoler vers le bleu du ciel. On la dirait, cette ville, coulée dans le bleu du ciel. Une petite côte et on se sent très haut, comme sur le toît du monde. L'Etna est derrière nous, que l'on sent peser de toute sa masse. Il a sa langue, que sont ces convulsions, ces crachats encore récents de lave, la vapeur et la cendre éjectée qui vient mourir jusque sur les pages de mon carnet.

(Metro 4)

De minuscules grains noirs friables qui s'effritent sous la pression des doigts. Le papier crépite, les grains d'aspect charbonneux roulent en cadence sur la feuille. Le vent les sème aux quatre coins de la ville. Ils se déposent au fond de mon verre. Je les avale, inévitablement, et c'est un peu de l'Etna entré dans mon corps. Le volcan possède sa musique, qui nécessite de tendre l'oreille. Quelquefois, la cendre refroidie rencontre un visage. On croirait l'hiver, et c'est un autre voyage.

(((Metro 3)))

Via Crocifer, je dîne de la mer, au restaurant Metro, salué par le mouvement Slow Food, deux fois de thon, probablement saupoudré malgré lui de cette poussière noire. Me reviennent certaines pages de Pluie Noire et surgissent dans la foulée des images du film qu'en a tiré Shoei Imamura (auteur de l'Anguille, l'un de mes films de chevet – le non séjour ce printemps au pays de Tanizaki est une petite douleur). Serrés sur une barque, la pluie sale, la pluie maudite qui s'abat sur les rescapés, comme la continuité du cauchemar.

(Metro 5)

Rien de maudit dans ce tartare de thon qui brille par sa simplicité, émeut par son naturel, suivi d'un tonno ca cipuddata, une tranche de thon grillée recouverte d'oignons caramélisés, mariage princier, noces royales. Une spécialité sicilienne, comme cette poussière noire qui continue de pleuvoir dans notre assiette, dans nos cheveux. Et de répondre au volcan par des sourires.

(Metro 6)

 

Metro

Via Crociferi, 76

www. Ristorentemetro.it

 

Tertulia

Via Michele Rapisardi, 1-3

tertulia.tertulia@libero.it

 

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9 août 2010 1 09 /08 /août /2010 10:08

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Quelquefois, ressentir cette sorte de désœuvrement que tout le monde connait au cours d’un voyage. Quitter la chambre, oublier tout jusqu‘à son nom. Se chauffer au soleil, marcher dans le sable avec la fausse nostalgie de ce qui ne bouge pas. Imaginer un instant que nous puissions aimer la montagne plus que la mer. Se frapper le front, lever les yeux et apercevoir en face de soi un visage dépourvu de souffrance. Etre incapable d’expliquer que dès l’instant ou son regard se pose sur ce visage inexpressif, privé de toute malveillance, on se sente pénétré d’un bonheur absolu. Ce visage qui ne pense à rien, qui est l’incarnation de la sérénité, empreint d’une grande noblesse. Un visage qui est un corps auquel nous emboitons le pas et que nous suivons dans les rues étroites et à peine fraiches de Trapani pour déboucher sur la pâtisserie Colicchia. Adresse incontournable qui offre la meilleure granita de Trapani.

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Colicchia

Angle Via Delle Belle Arti et Via Carosio

Centre historique.

Trapani

 

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4 août 2010 3 04 /08 /août /2010 12:28

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C’est comme ça et pas autrement. Un carpaccio de poisson tel qu‘il présente, citron, huile d’olive. A déguster dans les larmes. Dans la foulée, un plat de busiate (pâtes torsadées à la main façon Trapani) à la boutargue (œufs de mulets salés et séchés). Ravageur.

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Le soir, la fièvre reprend. La gourmandise est une vice tenace. Sarde allinguate d’un autre monde, busiate al pesto trapanese qui nous achève et nous laisse béat. En image, le plat est plutôt ingrat. En bouche, c’est un bonheur. On est pris de court, on ne trouve pas les mots pour raconter. Le silence, s’il est quelquefois bavard est plus éloquent. Dont acte.

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Al Solito Posto

Via Orlandini, 30a

Tel: 0923 2 45 45

Trapani

 

Cantina Siciliana

Via Giudecca, 52

Tel: 0923 2 86 73

Trapani

 

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3 août 2010 2 03 /08 /août /2010 11:25

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Sous mes yeux, la mer lointaine scintillait comme le ventre d’une sardine. Il suffisait de les fermer quelques secondes pour deviner à la fin du jour, le soleil tardif recouvrant l’horizon d’un éclat si vif au point d’en avoir les joues rougies. J’observais en silence et contemplais les nuages qui, devant moi, s’étalaient comme en rêve. C’était à l’extérieur de Palerme, dans ses hauteurs. Monreale.

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Faire demi tour, gagner la petite place et pénétrer dans la vaste enceinte de la cathédrale érigée sous l’impulsion de Guillaume II, chef d’œuvre de l’architecture normande. Garder un moment le silence. Dans la nef, regarder autour de soi et apercevoir deux tristes silhouettes. Tête baissée afin de ne pas éveiller leur attention. Un silence plus fort que la mort. Retrouver la place, la chaleur, la lumière, la vie. Ce restaurant de poissons et au loin, la mer si profonde qu’elle semblait assoupie. S’installer et choisir presque au hasard. Une friture légère, chaire souple, une assiette de pâtes simple simplement délicieux et désarmants d’authenticité, de sentiment qu’on éprouve un sentiment de piété, proche du religieux et qu’on a envie d’exprimer sa gratitude, en s’agenouillant devant le chef

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Il Trogoletto

Via B.D’Asquisto, 28

Tel: 091 641 9023

Monreale

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31 juillet 2010 6 31 /07 /juillet /2010 09:00

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Palerme compte quatre grands marchés dont ma préférence va à ceux du Ballaro et du Borgo Vecchio. C’est toute la joie retrouvée des marchés d’Asie avec ces fruits de mer en profusion, ses poissons en grâce, mêlée à l’euphorie des marchés africains.

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On n’y vient rien chercher en particulier, on se laisse simplement cueillir par des scènes de rue cocasses, la forme inhabituelle d’un légume, l’odeur envoutante des herbes fraiches. On est attentif au moindre détail, on questionne, on écoute avec intérêt sans comprendre un seul mot, simplement pour la beauté de la langue, son chant, sa petite musique.

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Il se peut que nos pas nous conduisent du marché à une petite église oubliée sur une place vierge de toute présence. On pousse la porte épaisse pour s’installer sur un banc, ravi de profiter brièvement de cette fraicheur que l’on espérait plus. Bien qu’elle ne franchisse pas les portes de l’église, la rumeur du marché continue de circuler en nous. Nous l’entendons avec une netteté telle que nous avons déjà quitté le banc pour retrouver la rue, la ville et son marché, cette frénésie que l’on préférera toujours au recueillement, à la gravité.

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30 juillet 2010 5 30 /07 /juillet /2010 10:02

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A regarder de plus près la composition quasi criminelle de la cassata (ricotta, sucre, vanille, morceaux de chocolats et fruits confits) on comprend soit snobée par ces estomacs qui redoutent l’écœurement, et fuie comme la peste par les personnes qui privilégient leur ligne aux petits bonheurs coupables. C’est que ce dessert palermitain par excellence de plus en plus boudé par les palermitains a la malchance d’avoir tout pour plaire comme pour déplaire. Loin de la grâce et du raffinement des pâtisseries japonaises, la cassata fait figure de dessert du pauvre avec son taux démentiel de cholestérol au cm2, sa texture épaisse, bourrative et cata plasmique.

Ne soyons pas mauvaise langue. La cassata, pour qui aime les desserts explosifs et brutes de décoffrage (comme c’est occasionnellement mon cas) s’avère toujours la bienvenue en cas de petite faim (disons une grosse petite faim) survenant dans le creux de l’après midi. Enfin, on ne sera pas mécontent d’apprendre qu’il existe des variantes de cassata plus sobres, moins extraverties (si cela peut se faire avec cette spécialité d’un 3ème type), par exemple cuites au four.

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Plutôt que de se risquer à engloutir une cassata et de culpabiliser durant tout le séjour en raison d’une entorse impardonnable au régime en cours ou une prise de poids aussi soudaine que vertigineuse, les cannoli offrent une alternative intéressante quoique toute aussi risquée: qu’on les mange sur le pouce au comptoir d’un café, assis dans l’herbe sur le front de mer ou dans une ruelle, le shoot de cholestérol et l’effet irréversible sur notre silhouette risque d’être la même, seulement moins perceptible, moins évidente au point qu’il sera toujours préférable de fermer les yeux devant chaque pasticceria croisée sur sa route…

 

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