A regarder de plus près la composition quasi criminelle de la cassata (ricotta, sucre, vanille, morceaux de chocolats et fruits confits) on comprend soit snobée par ces estomacs qui redoutent l’écœurement, et fuie comme la peste par les personnes qui privilégient leur ligne aux petits bonheurs coupables. C’est que ce dessert palermitain par excellence de plus en plus boudé par les palermitains a la malchance d’avoir tout pour plaire comme pour déplaire. Loin de la grâce et du raffinement des pâtisseries japonaises, la cassata fait figure de dessert du pauvre avec son taux démentiel de cholestérol au cm2, sa texture épaisse, bourrative et cata plasmique.
Ne soyons pas mauvaise langue. La cassata, pour qui aime les desserts explosifs et brutes de décoffrage (comme c’est occasionnellement mon cas) s’avère toujours la bienvenue en cas de petite faim (disons une grosse petite faim) survenant dans le creux de l’après midi. Enfin, on ne sera pas mécontent d’apprendre qu’il existe des variantes de cassata plus sobres, moins extraverties (si cela peut se faire avec cette spécialité d’un 3ème type), par exemple cuites au four.
Plutôt que de se risquer à engloutir une cassata et de culpabiliser durant tout le séjour en raison d’une entorse impardonnable au régime en cours ou une prise de poids aussi soudaine que vertigineuse, les cannoli offrent une alternative intéressante quoique toute aussi risquée: qu’on les mange sur le pouce au comptoir d’un café, assis dans l’herbe sur le front de mer ou dans une ruelle, le shoot de cholestérol et l’effet irréversible sur notre silhouette risque d’être la même, seulement moins perceptible, moins évidente au point qu’il sera toujours préférable de fermer les yeux devant chaque pasticceria croisée sur sa route…