Exceptionnellement, il ne faisait pas beau, ce jour là. Les photos ne mentent pas. Je n’ai pas le souvenir, hormis le temps
d’une seule et violente averse à la plage, d’avoir passé une journée en Thaïlande sous un ciel gris, laissant échapper, qui plus est, quelques gouttes de pluie. Heureusement, en cette saison le
mauvais temps n’est que passager et jamais ne s‘éternise, auquel cas je sauterai dans le premier avion à destination d’autres pays chauds.
Je retrouvais Chiang Maï quasiment un an jour pour jour. L’année dernière j’étais parti à temps de Rangoon pour assister à
la fête des fleurs que j’imaginais grandiose, avec une débauche à couper le souffle de couleurs, de musique, au lieu de quoi je déchantais rapidement. Il y avait bien un défilé de chars
recouverts de fleurs, des concours de compositions florales, une magnifique exposition d’orchidées et de jolies filles fleurs aux lèvres peintes battant le pavé avec des allures de majorettes,
seulement, la parade était bien trop brève, confidentielle et poussive pour passionner les spectateurs qui d’ailleurs ne se précipitent pas chaque année en masse à Chiang Maï pour assister à
cette grande fête annuelle.
Cette année, il me faut repasser par la capitale du nord afin de gagner Chiang Raï et de là, Huay Xai au Laos d’où je
compte embarquer pour descendre le Mékong. Le deuxième et dernier jour, je décide de me rendre quelques petits kilomètres à l’est de la ville au prestigieux Mandarin Oriental qui a plus allures
de palais que de grand hôtel et dont les bungalows sont éparpillés aux milieu d’anciens greniers à riz, d’arbres et de végétation exotique. Le Mandarin compte une poignée de restaurants dont Le
Grand Lana qui offre dit-on l’une des meilleurs, sinon la meilleure cuisine de Chiang Maï.
Le menu dégustation fort alléchant et gargantuesque nécessitant un minimum de deux personnes, je me rabats sur la carte et
opte sans hésitation pour les gambas grillées lovées dans une sauce curry pa-naeng. Autant dire tout de suite que les gambas sont succulentes et que la sauce, épaisse, fortes de mille arômes qui
chacun raconte une histoire, me coupe le souffle. Les parfums de cette sauce légèrement épicée se suivent par vague et se renouvellent continuellement, éclairant à chaque bouchée une pléthore de
petites lumières dans mon cerveau. Je serai un flipper, inévitablement mon cerveau aurait fini par faire tilt. On notera au passage la jolie boite en argent dans laquelle est servi le
riz gluant.
Quelques gouttes de pluie vienne s’écraser sur les planches de bois au moment que je commande en dessert la mangue fraiche
et son riz gluant sucré sur lequel je verse une cuillère à café de crème de noix de coco… C’est un dessert d’une simplicité confondante que j’aime tout particulièrement déguster en milieu d’après
midi, sur une plage. Un nouveau moment gourmand.
Le Grand Lanna
Mandarin Oriental
51/4 Sankampaeng Rd
Chiang Maï
Thaïlande