Il est un lieu dans le quartier chinois que j'affectionne tout particulièrement. Situé au 2ème étage d'une
centre commercial vieillot fréquenté quasi exclusivement par la communauté chinoise, on y trouve une théorie de petites tables ajustées les unes aux autres composant une succession d'îlots
entièrement dévolus à la pratique du Yum cha, une expression cantonnaise désignant ces repas articulés autour des dim sum et du thé.
Mon moment préféré est l'après midi ou j'aime m'installer face au maitre de thé qui est invariablement une chinoise, que
j'observe avec des yeux d'enfant ébahi manipuler ses ustensiles, faire circuler l'eau chaude infusée d'un réceptacle à un autre, en quête de la note juste avant d'en fixer le breuvage.
Il m'arrive de ne plus quitter ma place, face au «bateau» humide, saturé de tasses, de théières de maison de poupée, comme il m'arrive de me faire apporter une de ces boites vapeur en bambou à
une table que je partage avec des hommes qui sont retraités, sans emploi, gratte papier chez un grossiste, tous amis de longue date qui feignent la disputent lors d'une partie de majong, qui
regardent avec indifférence un oiseau se poser sur le dossier d'une chaise, le poisson rouge s'ennuyer au fond d'une large bouteille de plastique. On parle peu, comme si les mots étaient une
denrée rare, en voie de disparition. On avale une gorgée de thé et c'est encore du temps de passé dans ce lieu ou rien n'irrite, rien ne blesse.
Je retrouve beaucoup du parfum de Shanghai et se sont de nombreux souvenirs que ravivent ces moments passés dans ce lieu
hors du temps dont je me prends à croire qu'il est le fruit de mon imagination.
Phichaiyat Building
2ème étage
AngleYaowarat road et
Mangkok