Fraîchement auréolé du prix Fooding du meilleur bistrot 2014, le Richer n'est autre que le prolongement heureux et réussi de l'Office voisin, antre bistrotière inventive et soignée du lumineux Charles Compagnon. Sans rien changer à ce qui fait le succès de la maison mère - créativité chaloupée, parti pris de la saisonnalité, rigueur à toute épreuve - Le Richer ne départ pas dans le panorama bistronomique dans l'air du temps avec sa déco brute incluant le nécessaire package / murs grattés jusqu'à l'os / pierre apparentes blanchies /miroir ovale / mobilier design / menu télégraphique sous forme de feuille de papier imprimé, précédé d'un encourageant ''mangez''. Autant dire qu'on évolue en terrain familier.
Avec Adrien Bouchot et Romain Lamot en cuisine Le Richer assure la continuité des prestations qui nous avaient tant enchanté en face, à l'Office. Équilibre, précision juxtaposition des saveurs et assemblage bienveillant des couleurs sont au rendez-vous dans cette entrée dont l’énoncé déroule sobrement la trame narrative: ratte/cabillaud fumé/œuf de poisson volant/trompette de la mort. Jeu habile des textures, inter-réaction du suave et du croquant, déjà. Confirmation avec cette terrine de lièvre aux pistaches, pomme, gingembre et choux qui compense en excellence ce qu'elle livre en générosité.
On reste sans voix, désarmé devant ce lieu jaune au nacré éblouissant mangé par une écume qui étend sa domination jusqu'au risotto de céleri, le navet pardailhant et la matelote rouge et blanche. Un îlot de douceur doucement chahuté par la légère acidité du vin rouge et le croustillant du riz grillé.
La canette cuite à cœur, fondante comme du beurre, est un classique de l'Office qu'on retrouve avec bonheur au Richer, cette fois-ci épaulée par une impeccable purée de butternut, une tranche de brioche dorée sur laquelle est étalée une farce à gratin. Imparable.
Les desserts sont d'un autre monde: la rose des sables craquante à se damner joue à égalité avec le fondant de glace à la fève tonka et le vaporeux de la crème anglaise allégée. Une tombée de myrtilles rôties apporte la tâche fruitée et colorée sans quoi la réussite de ce plat ne serait pas ce qu'elle est.
L'éclair au marron et poire déstructuré confronte la douceur de l'éclair et de la glace de sésame à l’amertume du kumquat confit. Forcement brillant.
On notera l'absence de menu et on se consolera avec des horaires d'ouverture couvrant tout le spectre de la journée, de 8h00 à 1h00 du matin, du petit déj au déjeuner avec tartines et sandwichs bien afutés au comptoir, l'heure du thé et plus tard de la mousse. Pour ce repas, compter environ 35 euros par personne.
Le Richer
2 rue Richer
75009 Paris
01 48 24 44 80