J'aime ces bonbons aromatisés au yuzu avant même d'y avoir goûté. C’est mon premier achat depuis mon atterrissage à l'aéroport d'Osaka-Kansai, bâti sur une île artificielle et dont on aime entendre qu'elle s'enfonce sérieusement dans la mer. La première acquisition n'est jamais innocente. Il est courant qu'elle donne le ton, qu'elle contienne les germes de celles à venir. Déjà, on voit se profiler presque malgré nous une certaine cohérence, quasi méthodique, rarement impulsive, dans notre façon de dépenser. Le voyage c'est aussi ces petites parts de nous-mêmes qui nous surprennent, qui nous font un peu honte.
J'avise les sachets dès mon entrée dans le magasin, au moment même que les deux employés achèvent leurs formules de salutations. La boutique est vaste, j'en fais rapidement le tour - par politesse - son contenu ne m'intéressant guère (tubercules, algues, légumes marinés).
Je ne m'empresse pas de croquer ou laisser fondre sous la langue une de ces billes d'un jaune de conte de fée. Il est certains plaisirs que je me sens le devoir de différer. L'air de rien, les savoir dans l'une des poches de ma veste me console du mauvais temps - cette pluie furieuse et ininterrompue qui désole Osaka la gourmande.
Haruki, avec lequel je partage le thé (un bencha glacé) a des manières de vieux sage, lorsqu'il avance que demain le temps sera au beau fixe. C'est moi et ce n'est déjà plus moi qui dans un filet de voix, désabusé, blessé presque, lâche sans trop y croire: souhaitons-le.