La première fois que je goutais une de ces pâtisseries c'était à Nara. Depuis, à chacun de mes passages au Japon, je ne manque jamais de déguster au moins une fois une de ces spécialités dès que l'occasion s'en présente. C'est devenu une sorte de rituel que je mets toujours un point d'honneur à honorer.
J'apprécie la discrétion de ses saveurs, la pâte de haricots subtilement sucrée qui se dévoile au centre de la composition, une fois que les incisives ont franchi sans peine l'épaisseur de pate de riz gyûhi qui a quelque chose de touchant dans sa naïveté. On trouverait ingrat cette poignée de haricots rouges qui semblent pousser sur la masse recouverte d'une fine couche de poudre comme des chancres sur un visage vérolé et c'est tout le contraire. On pense à l'œuvre d'un enfant, un dessert de pâte à modeler. On trouve ça beau, et on trouve ça bon.
Ce que je prenais pour une boutique pourvue exclusivement de pâtisseries, bricolait également une restauration légère emmenée par des udon (d'une épaisseur très fine) au bouillon transcendé par une touche discrète de yuzu dont on retrouvait de part et d'autres quelques zestes. Des beignets d'une pâte similaire au riz gluant furent une nouvelle source de réjouissance. Je portais le bol à mes lèvres et buvais ce qu'il restait de soupe et songeant que je venais d'achever là mon premier repas.