750 grammes
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29 octobre 2010 5 29 /10 /octobre /2010 23:41

Presto 1

On ne dirait pas comme ça, avec ces murs jaunes provençal, ces cuistots pakistanais, son four électrique, son patron aussi italien que je suis népalais et pour couronner le tout, ces enceintes qui vomissent une énième compilation d’Eros Ramazzotti, oui, on ne dirait pas au premier coup d’œil que cette trattoria excelle à cuisiner des pizzas bluffantes de fraicheur, garnies de produits authentiques et effroyablement savoureux. Sans compter que le produit star de la maison, la mozzarella est une délicieuse épreuve pour les nerfs puisqu’on la trouve sous plusieurs formes - fior de latte, di buffala, burrata, affumacato

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Ce qui nous a mis la puce à l’oreille, c’est cette vitrine longue et garnie d’antipasti frais, de pâtes fraiches maison - notamment des raviolis fourrés, des gnocchis dans toute leur splendeur - mais surtout ce trésor blanc qui n’attendait qu’un signe de notre part pour s’échapper et faire la culbute sur une pate à pizza.

Le patron sait vous conseiller, vous faire oublier la carte interminable qui est un vrai casse tête. Vous le questionnez, il vous explique que la maison n’est ni plus ni moins qu’un des maillons d’une coopérative aux ramifications qui s’étendent à toute l’Italie. Autant dire qu’ici on plaisante pas avec le produit: archi frais, irréprochable, tenu de livrer le meilleur de lui-même.

Il vous conseille, aussi. La belle salade d’antipasti c’est bien mais la burrata dont l’approvisionnement est irrégulier c’est encore mieux. Va pour la burrata lovée sur un lit de roquette. Coutumier de ce blog, on devine la suite: la pointe de la fourchette et du couteau qui s’enfoncent dans les profondeurs de la boule blanche, la crème qui jaillit de son cocon…

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Nouveau conseil: «Vous raffolez de la mozza di buffala, essayez-donc la mozza affumacato (fumée), vous n’aurez qu’à partager la pizza tomates cerise et buffala.» Hésiter serait criminel. Il est des propositions qui ne se refusent pas et nous sommes loin, très loin de regretter notre choix lorsque apparaissent sur la table les deux pizzas royalement garnies de ce fameux or blanc que je goutte pour la première fois fumé.

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C’est délicieux et c’est d’autant délectable que j’alterne ma dégustation avec la buffala au naturel, douce, laiteuse et fondante, en plus d‘être abondante, ce qui n‘est pas banal.

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Si la purée de tomates et les légumes qui chaperonnent le fromage sont au meilleur de leur forme, en revanche la pâte est indiscutablement le maillon faible de cette belle entreprise parce que trop cuite, pas assez aérée, éteinte. Une faiblesse qui en d’autres circonstances aurait refroidi nos ardeurs, seulement, en plus de nous régaler, nous avions dans les oreilles et déjà sur le bout des lèvres, ce projet diabolique du patron qui planche depuis 8 mois sur une mozzarella di buffala garnie en son centre de truffe… De quoi avoir la raison qui vacille…

 

 

Presto Fresco

14 rue Montmartre

75001 Paris

Tel: 01 40 26 83 94

 

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28 septembre 2010 2 28 /09 /septembre /2010 10:37

Mori 1

Le Mori Venice Bar, on y réserve une table un jour de grand soleil et qu‘il fait chaud (c‘était la semaine dernière, cela semble une éternité). Avant de gagner le restaurant, on jette un œil à ce tournage qui a lieu place de la Bourse, en face du restaurant. On distingue, donnant la réplique à Gilbert Melki, la belle et émouvante Léa Drucker, stricte dans son tailleur gris et dont le personnage pourrait avoir ses habitudes au Mori, hommes et femmes d’affaire en composant l’essentiel de la clientèle. Le tournage s’éternise, je croise une dernière fois le regard de Léa Drucker, lui glisse un sourire et traverse la place pour gagner le restaurant.

Mori 2Je note immédiatement et non sans soulagement que Le Mori Venice Bar, bien que donnant dans les spécialités du nord-est, nous épargne une décoration inspirée par la façade rosée du Palais des Doges, les mosaïques de la place Saint Marc ou les marbres saurés de la Logetta, soit toute une effervescence de couleur et de vie qui à la longue peut taper sur le système. J’apprends que Massimo Mori a eu la bonne idée de donner carte blanche à Philippe Starck qui a composé un espace reposant et feutré aux couleurs éteintes et tamisées, aux lumières chaudes qui donnent l’impression d’être dans un cocon préservé de l’extérieur.

La carte est belle (voir le site très complet), riche et l’addition s’annonce dispendieuse: avoir croisé Léa Drucker m’en console.

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C’est la saison des champignons. Grande est la tentation de débuter le repas par le frico friulano (gâteau de pomme de terre, oignons doux, poêlée de cèpes au fromage Montasio, pousses de tétragone, 25 euros) mais les souvenirs encore vifs de mon séjour en Sicile se rappellent à moi sous les traits d’un carpaccio de bar, artichauts crus, boutargue et pistaches (21 euros), forcément jouissif.

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Les champignons, j’y arrive enfin, avec les fines tagliatelles laminées maison poêlées aux cèpes des bois cueillis dans la région de Monti Euganei (29 euros), un plat sans fausse note, dans son propos et aux saveurs bien marquées qui confirme que le Mori Venice Bar est une adresse hautement recommandable, avec ou sans Léa Drucker.

 

 

Mori Venice Bar

2 rue du 4 Septembre

75002 Paris

Tel: 01 44 55 51 55

Site: mori-venicebar.com

 

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16 septembre 2010 4 16 /09 /septembre /2010 09:18

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Marionette a été bien inspirée de me recommander Sardegna a Tavola, l’un des restaurants parisiens les plus représentatifs de la cuisine populaire sarde.

On passe sur le décor, bricolé de bric et de broc, on ne s’attarde pas sur les tarifs extravagants, l’accueil rugueux du patron, ce qui à Paris n’étonne qu’à moitié.

La notoriété du restaurant tient d’abord à sa carte, riche, embrassant un large spectre du patrimoine gastronomique sarde, à l‘exemple de ces spécialités du jour qui se talonnent sur une bonne douzaine de plats tradition sarde pur jus dont le pigeon fermier non saigné et son gratin de polenta au pecorino fondant (38 euros), Sa fregula cun trippa e mari, les pâtes du sud de la Sardaigne au ragoût de tripes de calamar (26 euros), Casulli «A sa Morsica», pâtes de Carloforte à l’encre de seiche assaisonnée à la fricassée de thon, sautée au lard, persillade aromatique, poussière de poutargue (24 euros). On n’a pas parcouru la moitié de la page que déjà on est pris de tremblements dus à la fascination, à l’éxcitation mais aussi à la frustration de devoir se contenter d’un plat quand on les voudrait tous essayer. On se prend à regretter de n’être pas né ogre, de manière à pouvoir faire la noce avec autant de plats qu’il nous plairait, d’autant plus que sur une nouvelle page s’enchainent les plats de pâtes travaillées à la force du poignet, résolument méditerranéennes. On en citera quelques uns, par exemple les poêlon de raviolis farcis aux figues assaisonnées à l’émincé de veau et sauce crémeuse (22 euros), ou bien les raviolis farcis au fromage frais, miel, citron, orange, sauce tomate parfumée à la cannelle (18 euros). On l’aura compris, la tentation est grande de reproduire jusqu’au moindre intitulé l’intégralité de la carte qui semble sortie d’une autre planète. On dit de certains grands acteurs qu’on pourrait se contenter de les entendre lire le bottin. Il en va un peu de même à Sardegna a Tavola, dont la lecture du menu est déjà une récompense, un plaisir sans précédent.

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Pour ne pas verser dans l’excès, on se limitera à ne mentionner des propositions d’ entrées que cette assiette de charcuterie ébouriffante, clairement la meilleure jamais goûté à ce jour, qu’on accommode de la galette, d’olives et de fromage de brebis.

Sarde 3Et déjà, on se sent un pied en Sardaigne avant cette expérience d’un autre monde, qui est le poêlon de pates assaisonnées à l’ail avec piment, noisettes, amandes grillées, feuilles de menthe et une touche de citron (20 euros), qui est la véritable claque de cette rentrée, une explosion gustative et sensorielle dont il va nous falloir beaucoup de temps avant de nous remettre. Pour tout dire, on porte encore en soi les retombées de cette expérience (une sorte de renaissance) comme un tatouage qui nous barre le torse.

Une dernière chose. Vu combien les assiettes sont copieuses et l‘intensité qu‘elles dégagent, on ne saurait que trop recommander à ceux qui ne souhaitent pas définitivement se fâcher avec leur porte monnaie, de commander un plat direct, quoique, comme dirait Oscar Wilde, la meilleure manière de résister à la tentation, c’est encore d’y succomber.

 

 

Sardegna a Tavola

1 rue de Cotte

75012 Paris

Tel: 01 44 75 03 28

 

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6 septembre 2010 1 06 /09 /septembre /2010 14:49

Olio 1

L’accueil est plutôt froid, mettons glacial. La patronne - version romaine et dégraissée d’Ariane Mnouchkine et Josée Dayan- si elle est effectivement occupée à prendre une commande, ne démériterait pas à nous gratifier d’un regard nous invitant à patienter. Au lieu de quoi, elle passe sous nos yeux en esquissant un timide mouvement de la tête avant de disparaitre en cuisine pour transmettre la commande. Au minimum, on se dit que c’est un peu fort de café.

Laissés en carafe au beau milieu du restaurant (une salle en longueur inanimée, sans âme et végétant dans un silence de cathédrale), on patiente jusqu’au retour de la maitresse des lieux et c’est un peu refroidis, voir la mort dans l’âme, que l’on prend place près du marbre à l’une de ces petites tables de jardin rendue difficilement praticable du fait de l‘absence de nappe qui piège les assiettes et fait dangereusement chalouper les verres.

La serveuse qui prend le relais est manifestement plus aimable et disponible mais hélas incapable de faire vivre les énoncés, de stimuler notre curiosité tant sa méconnaissance de la carte, des variétés de pates ainsi que ses approximations sont flagrantes.

Réjouis à l’idée de se partager une belle assiette d’antipasti, on tombe presque à la renverse en apprenant que la maison est à court de mozzarella di buffala, celle-ci étant remplacée en catastrophe par du parmesan, un petit drame plutôt déconcertant alors qu’il est à peine 13h00 et que le restaurant est quasi désertique.

Un nouveau coup dur qui nous voit nous rabattre sur l’assiette de charcuterie, débitée sous nos yeux d’un air blasé et dressée sur notre table sans une parole explicative, ce qui est plutôt dommage tant on aime situer l’origine de chaque produit et s’enthousiasmer à la seule évocation de régions, de villes aux consonances exotiques et sentir notre imagination s‘emballer.

Olio 2

Pour accompagner notre dégustation, on apprécie la petite coupelle chargée d’accueillir l’huile d’olive qu’on imbibe scrupuleusement de morceaux de pain, seulement l’huile d’olive est de piètre qualité, forte, légèrement piquante, rappelant ces huiles espagnoles tenaces et agressives.

Olio 3

Un peu agacés, un peu sur les dents, ce ne sont pas les farfalle aux asperges et coppa - l’un des quatre plats du jour - qui vont nous réconcilier avec cette adresse décidemment peu attachante. Le plat est fade, anodin, entrepris mille fois à la maison avec un résultat autrement plus convaincant. Forcement décevant, à l’image du restaurant dans son ensemble, ni enthouisasment, ni sympathique, ni génereux.

 

 

Olio Pane Vino

44 rue Coquillière

75001 Paris

Tel: 01 42 33 21 15

 

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13 août 2010 5 13 /08 /août /2010 08:50

Il-Tre.JPG

Laisse toi surprendre, le hasard a aussi son charme, lui chuchote une voix familière. Il se réveille de bonne heure. Le calme de la chambre finit par lui broyer le cœur. Dans l’appartement, tout est rangé, à sa place. Devant les fenêtres, des rideaux tempèrent l’intensité de la lumière; dans le salon, un vase avec des roses jaunes et rouges. Sur une lampe, un rayon de soleil se reflète, dont l’intensité lui blesse les yeux. Il ferme la fenêtre. La lumière reflue sur le sol en petits fragments. Il la regarde se rétracter puis disparaitre. L’appartement sent la mort. Il enfile ses souliers et se jette dans la rue.

Après avoir marché deux bonnes heures, il choisit une table, la première qui se présente. La rue est piétonne, elle est passante, voir gorgée de monde. La rue Montorgeuil ferait mentir le calme princier et légendaire de Paris au mois d’aout. Une table en hauteur, à proximité de la terrasse. A gauche, la salle, toute en longueur, banquettes rouges. A droite, la frénésie, les rayons de soleil qui tombent sur la foule en rafale. La carte est italienne, il découvre le nom du restaurant: Il Tre. Un nom comme un autre. On y mange des plats de pâtes plutôt copieux, à en voir les assiettes qui se succèdent à un rythme effréné. Des risotti mais aussi des pizzas plutôt quelconque dont la pâte trop blanche, trop lisse ne laisse rien augurer de bon. Le choix est vaste et il commande sans surprise des linguine alle vongolo dont le résultat est décevant. Le plat est exagérément salé et parasité par le jus de cuisson des palourde et surtout des tomates, comme pour masquer l‘absence d‘effort. On ne sent plus l’huile d’olive, l’ail, le poivre, le vin blanc. Simplement de l’eau salée et des tomates. C’est à peine triste. Il note en revanche que le service est excellent, ce qui est sans surprise pour ce quartier affairé peu regardant sur la qualité des mets mais pointilleux sur l‘accueil. C’était le Tre comme c’aurait pû être le restaurant d’en face, chaque adresse de la rue étant interchangeable. Il pousse un soupir et retrouve de nouveau la rue et cette sensation d’irréalité. Il chantonne doucement en marchant. Il n’entend même pas le bruit de ses propres pas sur le trottoir.

 

 

Il Tre

3 rue des Petits-Carreaux

75002 Paris

Tel: 01 40 13 03 29

 

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5 mai 2010 3 05 /05 /mai /2010 08:30

Green 1

En ouvrant il y a 3 mois à peine une première enseigne bio et écolo responsable dans le quartier des Grands Boulevards, Green Pizz signe un véritable manifeste visant à redonner ses lettres de noblesse à la pizza, laquelle victime de son succès, n'en finit plus d'être maltraitée, sous estimée, voir injustement mise au banc de la gastronomie. Les 3 camarades à l'origine du projet ont déboulé dans la partie avec une feuille de route exigeante, pensée au détail près, sans concessions ni compromis, dont le jusqu'au boutisme sonnerait presque comme un acte militant, voir révolutionnaire. Pour m'être régalé avec la formule du midi à 16,50 euros (une pizza au choix, soupe ou dessert, boisson), je peux témoigner que les 3 lascars ont remporté haut la main leur pari et que leur entrée sur la scène ouverte de la pizza est tout aussi fracassante que peut l'avoir été récemment celle d'Al Taglio. Aussi, les deux enseignes se complètent, se rejoignent sur certains points autant qu'elles prennent leur liberté sur d'autres, sauf que l'air de rien, elle viennent à elles seules de jeter les bases d'une nouvelle approche de la pizza (saine, gouteuse, respectueuse de l'environnement) et d'en redéfinir l'usage.

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Green Pizz est donc la nouvelle adresse sur laquelle il va falloir compter, à l'égal du Kiku voisin chez lequel on pourrait presque avoir notre rond de serviette. Parce que les arômes éclatent en bouche de manière stupéfiante, parce la pâte est croustillante mais également moelleuse par endroits et d'une finesse confondante (mélange de farines bio semi complètes de blé dur, de son et d'épeautre), parce que les ingrédients sont exclusivement issus de l'agriculture biologique ou AOC (ici, l'Osso Iraty, un fromage basque au lait de brebis, chorizo de première qualité tranché fin, une comptée de tomates savoureuse faite maison qui se tient très intelligemment en retrait), enfin, parce que ses recettes sont équilibrées et modérément caloriques (de 20 à 40 % en comparaison des pizzas traditionnelles), Green Pizz pourrait bien être le dernier virus que nous serions heureux d'attraper autant que de transmettre.

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Au déjeuner, c'est libre service. On passe en revue les pizzas sur le tableau noir dont le choix est plutôt ramassé et articulé autour de propos cohérents, on commande au comptoir, on règle, on prend couteau et fourchette et on s'installe à une table, sur un petit coussin, dans la salle étroite toute en longueur avec sa déco fraiche, colorée et aérée. Ça ne se voit pas au premier coup d'œil (ni au second, encore moins au troisième) mais sachez que si la cuisine est bio et soucieuse de l'environnement, la salle n'est pas en reste avec son éclairage basse consommation, sa peinture biologique (d'accord, ça peut faire sourire), ses menus en papier recyclé, son tri sélectif des ordures, ses produits d'entretien écologiques, ses conditionnements recyclés ou recyclables, ses livraisons propres (scooters électriques ou vélo), sans oublier l'indispensable potager écolo. Des furieux, vous avais-je prévenu.

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La pizza est de forme originale, oblongue, servie sur une plaque d'ardoise, une idée sympa chipée au Troquet, du temps ou Alexandre Giesbert officiait avec le grand Christian Etchebest. On imagine le dessert (la crème au chocolat) accessoire, bâclée et dénuée d'intentions quand en réalité c'est une claque dont on ne se remet toujours pas. Parfumée à la fève tonka (le fève du teck, fameux pour son goût entre la vanille et le chocolat), c'est un régal sans précédent qui donne au chocolat un retour qui tient du miracle. Quand je vous dis que Green Pizz va casser la baraque...


 

Green Pizz

8 rue Cadet

75009 Paris

Tel: 01 48 00 03 29

www.greenpizz.com

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2 avril 2010 5 02 /04 /avril /2010 08:02

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Atenant à l'hôtel particulier qui abrite les bureaux de productions de la société de Luc besson, Ante Prima fut distingué en 2005 du prix Fooding du meilleur restaurant d'entreprise.

Avec sa formule déjeuner à volonté facturée 21 euros pour les membres, 24 pour les autres, incluant un authentique buffet d'antipasti collant au plus près des saisons, les pâtes, les lasagnes ou les risotti mitonnés avec la tendresse et la dévotion d'une napolitaine amoureuse, les pichets de vins, mais encore les desserts, on ne s'en étonne qu'à moité.

«Cantine» est en réalité un bien méchant mot pour désigner cette trattoria chaleureuse à la déco un brin classe dont on apprécie l'esprit bistrotier avec ses petites tables en bois, son carrelage noir et blanc. Entrées et plats changent chaque jour, voir plusieurs fois par service. L'ambiance est bon enfant, décontractée sans être excessivement relâchée.

 

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Au son de la cloche agitée par le chef qui annonce l'arrivée en force d'un plat chaud, on interrompt sa conversation, on dessert sa cravate, on se résigne à lâcher son Blackberry et on se presse au devant du plat fumant avec les yeux brillant d impatience et l'air faussement désintéressé.

La première fois qu'on déjeune chez Ante Prima, on succombe volontiers à l'excès: on se ressert plus que nécessaire, on baffre avec des manières d'américain. Les fois suivantes, forts de l'expérience précédentes on pense éviter le piège et on n'est pas mécontent, au contraire, d'y succomber impeccablement.

 

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Ante prima

137 rue Faubourg Saint Honoré

Tel: 01 45 63 43 43

75008 Paris

 

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27 mars 2010 6 27 /03 /mars /2010 10:02

026-copie-1

Les puristes, les ayatollahs de la galette avisant le four électrique, massif, immanquable, quitteront sur le champ cette adresse de poche toute en longueur sans même chercher à se faire draguer par la carte longue et alléchante. Les sceptiques hésiteront un bon moment avant de concéder qu'il serait regrettable de perdre le profit de cette matinée employée à batailler pour reverser péniblement 2 couverts. Les curieux, les enthousiastes ne demanderont pas leur reste et fonceront tête baissée, estimant qu'on a pas tous les jours la chance de faire un sort à une pizza vice championne du monde.
Étonnant mais vrai. En avril 2009, après trois participations infructueuses aux championnats du monde de Salsomaggiore (province de Parme), coup de tonnerre dans le petit monde doux dingue de la pizza: la paire Arlette Cadot/Gino Jaskula Toniolo (formé à la prestigieuse Scuola italiana di pizzaioli de Caorle et squattant déjà l'air de rien le top 50 des pizzaiolos mondiaux), réussissent le casse du siècle, au grand dam des italiens.
La pizza distinguée (cuite lors de la manifestation au feu de bois, détail qui a son importance), provocante, courageusement casse gueule et chaudement vêtue pour l'hiver est une manière d'entrer de plain pied dans l'univers gentiment foutraque, résolument fourre tout d'Il campionissimo, ou l'on trouve à la fois à boire et à manger.
Cela donnait donc un fond de chutney de figue, de fines tranches de poires fraiches, de la mozzarella sur une pâte d'une maturation de 2 à 4 jours, une cuisson au four suivie de la mise en place d'un lit de roquette, de touches de foie gras pané à la noix puis poêlé mais encore une chiffonnade de jambon de parme, le tout se refermant sur de larges copeaux de parmigiano reggiano. Cela porte un nom: l'Arlecchino. Et même un prix: 26 euros. Dans le genre, Pizza Chic a encore à apprendre, au point qu'Il campionissimo la ferait presque passer pour les restos du cœur.
Vous avez compris: avec des pizzas customisées qui semblent venues d'une autre planète et dont les tarifs se baladent sans complexe dans les 20, 30 euros, le moins qu'on puisse dire c'est qu'Il campionissimo n'y va avec le dos de la louche, celui-ci s'offrant même le luxe de concéder la Tarantella (saint Jacques, oeufs de truites) à 33 euros.
Il ne serait pas honnête d'insister sur ce brigandage de grand chemin, cette attitude un peu voyoute qui s'applique en réalité seulement à une poignée de pizzas ébouriffantes, quand la totalité des 70 pizzas suivantes, toutes classées par thèmes (les raffinées, les robustes, les exotiques, les océanes...) - s'échelonne entre 8 et 16 euros.

camp 1
A la réflexion, pizza de parvenu ou de mou du porte monnaie, la qualité des ingrédients et celle de la pâte doivent être sensiblement les mêmes. Seulement, si on se flatte d'employer par exemple de la pulpe de tomate avec une pointe de basilic, jamais de gruyère mais de la mozzarella fleur de lait et ainsi de suite, l'énorme faiblesse d' Il campionissimo, pour ne pas dire la faille qui tue, le détail impardonnable qui en Italie serait synonyme de potence, est bien cette pâte soit disant élaborée à base de farine d'Italie et d'eau minérale, pétrie d'une certaine manière pour éviter l'effet caoutchouc (très, très discutable) mais catastrophique, calamiteuse parce qu'ultra compacte, absolument pas aérée, éprouvante à couper, difficilement mastiquable, en plus d'être fade, de n'avoir aucun goût et aucune identité qui lui soit propre. L'indéniable fraicheur des légumes aurait pu sauver du naufrage complet ma Gino (22 euros), seulement l'accumulation d'ingrédients incapables d'exprimer leur saveur, impuissants de communiquer entre eux, de se répondre cadenasse la pizza, la condamne au silence.
Muette, la Spécial (16 euros) l'est tout autant. Si cette dernière est moins chargée (ce qui révèle d'autant plus l'état lamentable de la pâte), son fromage industriel (mozzarella à fleur de lait, tu parles) la plaque au sol et lui donne cet aspect – quand bien même elle sort tout juste du four - gommeux, rigide et sans relief que prennent les tranches de pizzas en fin de soirée bien arrosée, lorsqu'elles s'ennuient au fond de leur boite éventrée.

camp-2.JPG
On pense immédiatement limiter les dégâts en relevant la fadeur de cette chose au moyen d'un filet d'huile piquante, seulement voilà qu'on nous explique avec un ton plein de suffisance que celle-ci n'a pas chapitre dans cette maison parce qu'elle dénature la pizza. Entendons: nous sommes des Charlot qui n'entendons rien aux bonnes choses. La bonne blague. Comme on dit, c'est l'hôpital qui se moque de la charité. Rajoutez à cela le vacarme assourdissant qui vous ronge les neurones, les deux fours qui vous chauffent les cotes et vous aurez tôt fait de ne plus remettre les pieds dans cette taule. C'est en tout cas bien mon intention.


Il campionissimo
98 rue Fbg Montmartre
01 42 36 40 28
ilcampionissimo.fr

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21 décembre 2009 1 21 /12 /décembre /2009 07:02

                                             021.JPG

Un nom prédestiné: Aurora. Purée de tomates fraiches maison, tranches de mozzarella di buffala dressées sur la pizza dès sa sortie du four, un filet d'huile d'olive, un tour de moulin à poivre, une feuille de basilic et le chef qui livre en personne la petite merveille. Splendeur enflammée qui se déguste du regard dans une atmosphère d'apothéose et une émotion quasi religieuse.
Dès la première bouchée mille visions changeantes qui m'assaillent. Grandiose dans sa perfection – hormis la pâte, légèrement trop cuite qui pourrait gagner en volume, qu'on souhaiterait plus aérée - la dégustation se poursuit dans une stupéfaction passionnée, entrecoupée de giclées de fraicheur, illuminée de moments d'extase: on ne se maitrise plus, on frôle l'ivresse.
Il y a quelques mois, ma première expérience ne m'avait pas convaincu. La deuxième est visiblement la bonne. 


Pizza Chic
13 rue de Mézières
75006 Paris
Tel: 01 45 48 30 38

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8 décembre 2009 2 08 /12 /décembre /2009 08:31


 

Si le Caffe dei Cioppi tiendrait sans difficulté dans un carton à chapeau, Procopio Angelo serait plus qu'à l'aise dans une boite à chaussures.
A l'étroitesse du lieu (une épreuve à la limite du tolérable, la promiscuité étouffante, la file de clients attendant debout derrière votre table que leur soit remis les plats à emporter, devenant à la longue exaspérant au possible et plombant définitivement notre enthousiasme) répond du tac au tac une cuisine sans âme, d'une platitude crasse et suffisamment complaisante pour faire le bonheur d'une clientèle d'habitués acquise à la cause du truculent Angelo, risible caricature de l'italien braillard et survolté à côté duquel Aldo Maccionne est d'une sobriété quasi pastorale.
L'ardoise paresseuse, laborieuse, ouvre la voie à un repas qu'on pressent sans inventivité, sans ressorts. Bruschetta, salade caprese, porchetta, risotto sauce tomate aubergines, penne bolognaise, spaghetti carbona... rien de vraiment réjouissant, au point qu'on ait une pensée émue pour Massimo, son divin Croccante et ses plats aussi généreux qu'explosifs.


Passablement refroidis, nous nous rabattons sur le trio de crostini plutôt fadasse et chichiteux pour ses 8 euros, couplé à une petite assiette de jambon de parme et mortadelle (12 euros) lorsque nous commençons à nous demander s'il était bien raisonnable d'enfiler gants, écharpes et accessoirement bonnet pour un samedi midi grignoter des produits qu'on aurait tout autant apprécié chez soi, bien au chaud et à l'abri des courants d'air.
Les raviolis de veau à la sauce tomate (15 euros) ou le straccetti de veau, roquette, parmesan et truffe noire (18 euros) sont prévisibles et trainent du pied, sans envie ni volonté. La sauce tomate téléphonée, sans peps, comme vidée de sa substance à l'image des ces raviolis aphones qu'on dirait tirés d'un cauchemar, ne nous enchantent pas plus.


Ils ont beau quatre en cuisine, en dépis du surnombre on y cherche encore la patte d'un chef, l'ébauche d'un discours. L'avis de recherche est lancé.



Procopio Angelo
89 rue Saint Honoré
75001 Paris
Tel: 01 40 41 06 25

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