750 grammes
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14 décembre 2011 3 14 /12 /décembre /2011 23:22

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Un hôtel franchement barré placé sous le patronage de deux géants, Philippe Starck à la déco et Alain Senderens (virtuellement et plutôt deux fois qu'une) en cuisine, le tout à deux pouces de la Flèche d'Or sur le frontispice duquel il est inscrit «Indie or die» - une devise à laquelle on adhère à 100% - on se dit que se serait bien le diable si les réjouissances terrestres n'étaient pas à la hauteur. Seulement voilà, le diable était dans la place mais pas de la façon dont on l'entendait.

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Si pour les yeux le Mama Shelter est un délice sans cesse renouvelé que je vous laisse admirer à loisir sur le site de l’hôtel, et pour les oreilles un plaisir non moins égal avec des morceaux qui passent allègrement de Brassens à Blonde Redhead et de Mogwai au Sunday Morning du Velvet (la chanson avec laquelle on devrait se réveiller chaque matin de notre vie), le «Cheeseburger de Mr Alain Senderens» (préféré en définitive à la pizza, ma manie des burgers...) est une véritable catastrophe, rien de moins qu'un suicide baroque et flamboyant (du genre à en mettre partout, tendance Mishima).

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Un monstre, on aurait dit, ce hamburger. Encore en vie, expulsant le dedans de son ventre, se répandant sans vergogne. Pas bandante pour un sou, cette chose atomisée par un seau entier de sauce mi mayo-mi ketchup, recouverte de la tête au pied comme Sissy Spacek de sang de cochon dans cette scène mémorable de Carrie, le chef d’œuvre de De Palma. A nous de nous dépatouiller avec cette tambouille certes très généreuse dont la sauce tord le cou à chaque ingrédient. Un vrai film gore. C'est dommage, les frites, elles sont nickel: tranchées très fines et délicieuses. Toujours ça de pris

 

Mama Shelter

109 rue de Bagnolet

75020 Paris

01 43 48 48 48

www.mamashelter.com

 

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12 décembre 2011 1 12 /12 /décembre /2011 21:40

Que 1

Quedubon? Ni déclaration d'intention, ni fanfaronnade: un état d'esprit. Une vérité qui saute aux yeux des l’accueil - Gilles Bénard, on connaissait le personnage, célébrons la légende. Pas du genre à mégoter. En technicolor le personnage, verbe haut, passeur d'envies, catalyseur d'authenticité. D'ailleurs, on ne l'imagine pas autrement qu'écumer les régions de France à la recherche d'une bonne bouteille «naturelle», faire la tournée des marchés pour vider son panier encore humide de la rosée du matin, quasi dans l'assiette du client pas peu fier, un brin ému.

Que 2

Donc, on grimpe les Buttes Chaumont et voilà qu'on tombe nez à nez sur ce bistrot/cave à manger qui nous éperonne avec sa formule midi à 16 € (les trois plats et le café, le saint Graal). Des bouteilles par centaines (vides, descendues fissa, les gueuzes, pas du genre à faire de la figuration, plus de doute, on est entre de bonnes mains), de belles tables en métal brossé, grandes serviettes à carreaux comme des les restos routiers, ambiance copains et bistronomie sans forcer. Dans l'assiette c'est droit dans le buffet, mais avec avec des gants de velours. C'est confondant de simplicité sans être banal - le velouté de topinambour héroïque en est la parfaite illustration.

Que 3

On reste baba devant le cabillaud poêlé, jus de persil et chou croquant. Frais et nature. On jurerait que le poisson respirait il y encore cinq minutes. Le léger croustillant de la peau, la chair fragile et subtile du cabillaud, les tons nacrés flamboyants, la cuisson de maître: simple et bouleversant.

Que 4

Le crumble pommes et groseilles est disposé au centre de l'assiette blanche sans manières ni fioritures. Brut de caractère et de tempérament. Joue cartes sur table, yeux dans les yeux. Et remporte la mise sans sourciller.

Le plateau de fromages fermiers nous tenterait bien (10 €), en retrait derrière un torchon. On retire le voile et c'est aussi beau qu'une femme nue. Franchement pas de la blague. On a l’œil: c'est fromages là, c'est pas du petit lait, pas du genre à se faire travailler les côtes avec un petit couteau en argent. De la croûte bien épaisse qui creuse la bête comme cent beaux diables, du coffre et de la gouaille. Manquerait plus qu'ils se mettent à parler. Et de se demander quand donc on redescendra de son petit nuage.

 

Quedubon

22 rue du Plateau

75019 Paris

01 42 38 18 65

http://www.quedubon-production.com/

 

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8 décembre 2011 4 08 /12 /décembre /2011 15:25

Met 1

Un wagon plein de quinquagénaires faisant la noce, tout droits sortis d'un film de Duvivier, veston gris souris, cravate aux motifs Disney, à se frotter les épaules, à beugler, la bise mouillée, la moustache qui vient chatouiller les oreilles. Un moment de flottement, le poil qui se dresse, hésitation - l'envie de rebrousser chemin nous gratte: Métropolitain serait-il en réalité une nouvelle déclinaison du best-seller de Lorànt Deutsh, Métronome. Le quartier Saint Paul, ses vieilles pierres, sa nostalgie marquée au fer rouge sur chaque pavé s'y prêtent. Une méfiance passagère vite chassée dès lors que l’appétit creuse son sillon. On ne regrette pas. Le midi, le menu affiche 17 € les deux plats, 22 les trois.

Met 2

C'est pas volé, d'autant que Paul-Arthur Berlan, demi finaliste Top Chef 201, passé par Sarran à Toulouse, propose tout le contraire d'une cuisine statique, rabougrie et repliée sur elle même. La baraque aux forts accents rétro n'est pas grande (charmante reconstitution d'un quai de métro avec ses carreaux de faïence, ses vieilles affiches, ses banquettes en bois des rames d'antan, les accordéons et les odeurs douteuses en moins) et à défaut de pousser les murs on bouscule gentiment l'assiette, on l'étire, on la fait glisser sur le côté, à l'image de cet œuf mollet bio, poireau, sauce gribiche truffée (10 € à la carte) un brin extraverti (déconcertante friture encadrant l’œuf) voir déluré (en apparence) mais tout à fait maîtrisé.

Met 3

Même (heureux) constat avec le plat du jour, le merlan en croûte et sa mousseline de patate douce à la vanille (14 €) qui témoigne une nouvelle fois de l'envie, de l'invention de son géniteur quitte à bousculer, à titiller le client en injectant une nouvelle fois un poil à gratter (ici le croûton pas forcément nécessaire mais qui fait son petit effet). Légèrement dérangeant mais efficace (on ne va pas au restaurant pour systématiquement se faire brosser dans le sens du poil, non?). On est client.

Met 4

 

Métropolitain

8 rue de Jouy

75004 Paris

09 81 20 37 38

http://www.metroresto.fr/

 

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1 décembre 2011 4 01 /12 /décembre /2011 17:27

Agapes 1

Il fallait au moins ça, un passage aux Agapes de Frédéric Naulleau pour chasser les mauvaises expériences cubaines, tenter d'oublier ces catastrophes gastronomiques à répétition. Pour ce type de reconstruction (un chantier plus ou moins conséquent selon la durée du séjour !), Agapes est le restaurant qu'il faut - à la fois pansement et cataplasme, il vous remet sur pieds en un rien de temps.

Agapes-2.JPG

Rien de mieux qu'une cuisse de lièvre cuisinée à la royale, pressée au foie gras et au lard (l'intitulé est à lui seul une bouffée d'oxygène) pour renouer avec l'appétit et retrouver le le goût de la vie. A la façon d'une compression de César, cette tranche est un condensé d'automne, une pièce unique presque prise entre les feux d'un nombre impressionnant de saveurs ou chaque produit joue sa partition avec brio.

Agapes-3.JPG

Avec le pigeonneau en pastilla garni de fruits secs et sa cuisse confite au foie gras, on renoue définitivement avec une cuisine sensible, minutieuse et intelligente et le sourire se réinstalle durablement sur notre visage. On se sent de retour chez soi comme après un exil qui aurait duré trop longtemps. C'est fin en bouche, ça caresse le palais, ça le ré enchante.

Agapes-4.JPG

La cuisse de pigeonneau est un modèle de cuisson, la pastilla un chef d’œuvre d'équilibre. Une belle démonstration. Un retour à la vie.

 

Agapes

14 bis rue Poliveau

75005 Paris

www.restaurant-agapes.com

 

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9 novembre 2011 3 09 /11 /novembre /2011 12:00

Brice 1

Midi trente, un marché couvert aussi glauque et désert que le quai de la Rapée un soir de grand froid. C'est à Paris, sous la halle du marché Saint Martin qui a fermé boutique il y a déjà un bon quart d'heure. Pour ce qui est picorer tout en faisant son marché, c'est loupé. Et c'est tant pis pour le couple de retraités qui n'aurait pas craché sur une petite salade de museau et deux côtelettes premier choix, tant pis également pour cette maman dont la petite fille pourra toujours courir pour croquer son «boisson bané» du mercredi, ou à défaut un «steak cacaché». Manquerait un tribunal des enfants pour remettre un peu d'ordre là dedans.

((Brice 2))

Comme un phare dans la nuit, une oasis au milieu du désert, arrive le Comptoir de Brice, au milieu des rideaux de fers baissés, des épaisses bâches en tissu crème ou verte foncées tirées sur les étals de fruits et légumes qui font comme des vagues de mauvais augure. Quitter ces limbes c'est facile, on suit la lumière et on fonce droit vers la vie. Sans surprise, un comptoir en bois clair, des tabourets du même tonneau sur lesquels on est fichtrement à l'aise. Face à nous, plein phare sur la cuisine forcément ouverte, étincelante comme un sou neuf (l'ouverture au mois de juin dernier on dirait que c'était hier). A droite, une petite salle de bois et de feuillages, une bulle d'oxygène.

Brice 3

Brice Morvent, on connaît sa bobine, pour peu qu'on soit renseigné sur la télé réalité. On l'aperçoit en cuisine une dizaine de minutes avant le début du service, mettant les dernières touches aux pastilla d'agneau. Très concentré, l'exercice exige précision et délicatesse On dirait un travail de dentellière. Nous, on retient notre souffle.

(Brice 4)

Derrière le comptoir, son second tranche une foccacia et remontent jusqu'à nos narines les effluves d'huile d'olive. Un court passage au four suffisent à dorer de fines tranches qui viennent se ranger aux côtés du foie gras des Landes (12 €) offrant dans un premier temps beaucoup de résistance avant de se détendre au contact de l'air ambiant et de la chaleur du pain. Ensuite, cœur rosé, puissance en bouche, on peut parler d'abandon, d'un précipité de sensations exquises, quasi moment divines.

Brice 5

Au foie gras répond la pissaladière (3,50 €) - pâte ultra fine, compotée d'oignons fondante, laquelle confirme que Brice et son équipe ne sont pas venus faire de la figuration.

Brice 6

Même sérieux dans les plats (14 €) qui n'ont rien de révolutionnaire mais répondent présent à l'appel. Le pavé maigre poêlé et sa polenta à la figue, parfait. Le risotto de frigula (petites pâtes sardes) à la crème et émulsion de foie gras, encore parfait, quoique la présence de foie gras soit difficilement à cerner. La bonne surprise de la semaine.

Brice 7

 

Au Comptoir de Brice

Marché Saint Martin

31-33 rue du Château d'Eau

75010 Paris

Sans réservation

www.aucomptoirdebrice.com

 

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27 octobre 2011 4 27 /10 /octobre /2011 17:06

Pottoka 1

Pottoka c'est le petit cheval, la mascotte du pays basque mais pour nous c'est surtout le coup de foudre, les papillons dans le ventre, le grand tremblement. L'amour fou. Derrière cette merveille il y a deux hommes: Sébastien Gravé (ultra appliqué et concentré en cuisine) et David Bottreau en salle, juste charmant. Ils ont fait connaissance aux Fables de la Fontaine, ils y ont lié amitié puis ont définitivement fusionné au Violon d'Ingres. Avec en filigrane, l'ombre de Christian Constant, la bonne étoile au dessus de leur tête.

Comme un fait exprès Pottoka a posé son accent basque à un jet de pierre des Fables qui regarde la rue Saint Dominique, dont la succession d'adresses signées Constant fait penser à un jeu de Monopoly dont il trusterait les cases. Nous, on raffole de cette concentration d'excellentes adresses dont ce bistrot basque n'est pas un énième petit caillou semé dans le VIIème, une énième case conquise. Si on retrouve la précision, l'application et l’exigence chères à Christian Constant, les deux complices ont su s'affranchir de la figure tutélaire pour voler de leurs propres ailes et composer avec leur singularité, leur inventivité et leur passion du produit.

Pottoka 3-copie-1

Ce qu'il y a de bien avec leur cuisine, c'est qu'on est jamais dans la caricature, dans l’excès et encore moins dans la démonstration, ce qu'exprime justement ce velouté de haricots coco et sa petite tranche de jambon Ibaiena qui ouvre l'imbattable menu à 17 € (22 € le complet). On apprécie la texture, la densité, la légère résistance d'une poignée de haricots récalcitrant, le gras jaune orangé du jambon qui colore le velouté et apporte une saveur inattendue, résolument gourmande.

Pottoka 4

Pour avoir discrètement jeté un œil dans la cuisine, on a surpris Sébastien Gravé en pleine préparation de ses rôtis de veau, très concentré, l'air presque grave, investi dans son exercice jusqu'au bout des ongles. Ce veau qu'on a vu manipuler en cuisine, objet de tous les soins, c'est du beurre, il est si fondant qu'on le laisserait presque fondre sous la langue. L'étage en dessous c'est la poêlée de pleurotes, une autre manière d’épeler le mot bonheur.

Et dans la dernière ligne droite, ce crumble aux poires nappé d'une sauce caramel qui n'est jamais lourd ni écœurant. On en pleurerait.

Pottoka-5-copie-1.JPG

Et naturellement à la carte, une flopée de réjouissances telles que le gaspacho de tomates qui fait beaucoup parler de lui (en bien), la tarte de boudin noir, le cochono tonato, l'axoa de veau croustillant, les saucisses confites de chez Ospital, l'inénarrable gâteau basque et bien plus encore. Bien entendu qu'on y retourne, et très vite.

 

Pottoka

4 rue de l’Exposition

75007 Paris

01 45 51 88 38

 

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12 octobre 2011 3 12 /10 /octobre /2011 22:16

(Yard 1)

Deux sœurs jumelles qui n'en sont pas et un chef inspiré ont crée la surprise il y a deux ans et demie dans les hauteurs de la capitale, en contrebas du cimetière du Père Lachaise. L'une d'elle se prénomme Kate. C'est facile: pour la blague elle a donné son nom à la Kate mousse, un délice au chocolat qui vous retourne en deux coups de cuillère à pot. Point de Cindy salade ou de Jenny burger au menu, alors pour deviner celui de la seconde (toute aussi craquante et pour moitié américaine), c'est tintin.

Ça se passe donc chez Yard, un atelier de ferronnerie remis au goût du jour (ambiance soignée, mi industrielle - mi cosy, célébrant les noces du fer et du bois), une bouture de Williamsburg ou du Park Slope de Brooklyn plantée entre deux pavés parisiens (lesquels alentour abritent un jardin communautaire foutraque et dispensable). Deux ans et demi d'attention et de soins continus ont donné naissance à une belle plante courtisée par toute une foule de pubars, de directeurs de prod, d’architectes d'intérieur et de modèles allégés qui grouillent dans le quartier. Entrée/plat ou plat/dessert facturés 15 €, la totale 18 €. On se pincerait presque, histoire de s'assurer qu'on est pas en train de délirer. Du coup, avec la perfection en prime, l'engouement n'est pas illégitime et le succès ne surprend même pas.

Yard 2

La quiche épinards, fêta et pignons dressée sur la table, c'est presque trop beau pour être vrai. Voyez cette part plus que généreuse, une pâte maison qui donne envie d'aboyer et des ingrédients qui s'entendent comme larrons en foire. Rangée sur le côté, une petite roquette avec sa vinaigrette à l'huile de soja «parce que j'en ai par dessus la tête du vinaigre balsamique», dixit à juste titre le chef. On est déjà la tête dans les nuages.

Yard-5.JPG

Arrive derrière ça le filet de lieu au citron confit et son endive braisée. Là, on perd la boule. Soit une magnifique tranche de poisson cuite à la vapeur (on sent l'amour, la patience à la manœuvre) parsemé de graines d'anis, déconcertant dans sa simplicité, délicat, qui fond dans la bouche tout comme cette endive arrosée d'huile d'olive et de jus de citron dont on savoure l'amertume autant qu'on apprécie la caresse du lieu.

On arrêterait bien là mais on aurait un peu l'impression d'être venu en coup de vent, sans même dire au revoir. Et puis on ne s'est jamais vu décliner une mousse au chocolat. D'abord, ça ne se fait pas.

Yard 4

Alors, elle est comment cette mousse? Très chocolatée, plutôt liquide, pas sage du tout voir carrément désinvolte - c'est un peu le souk la dedans, ça a tendance à déborder, cette mousse on la dirait comme prise d'une envie folle de se faire la malle. Ça tombe bien, c'est justement comme ça qu'on l'aime, pas disciplinée pour un sou, transférée presque sous nos yeux du saladier au ramequin. Mais alors, comme elle fait tilt, cette mousse, comme elle nous laisse baba...

A noter: accueil ultra sympathique et très attentionné. Yard, on aime pas: on adore.

 

Le Yard

6 rue de Mont Louis

75011 Paris

01 40 09 70 30

 

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14 septembre 2011 3 14 /09 /septembre /2011 22:28

Passage 1

Soit un passage qui a conservé un soupçon de son esprit «popu» d'antan avec ses maisons ouvrières léchées par la vigne vierge, ses ateliers grignotés par la glycine grimpante, le tout dans une atmosphère très «village» propice à emballer le promeneur et ravire le touriste. Ajoutons-y une direction réputée qui a fait ses armes dans les quartiers du 17 et du 20ème avec ses Caves et Pères Populaires; enfin cerise sur le gâteau, un chef exfiltré du Spring de Daniel Rose et on se précipitera dans la minute sur son téléphone. Chose faite, on trouve sympa le pochoir de Miss'Tic flanqué sur la façade mosaïque du Passage, un grande salle chaleureuse avec son petit zinc frotté à l'huile de coudes, son carrelage à l'ancienne et tout un arsenal de meubles et objets chinés plutôt sur un morceau de trottoir à la mode «récup» que chez l'antiquaire - vieux clubs usés jusqu'à la corde, luminaires d'époque et antique réfrigérateur crème côtoient de modestes cagette de légumes qui remplies de trésors.

Passage 2

Le midi, on ne fait pas dans la démesure et c'est tant mieux. 1 entrée, 2 plats, 1 fromage, 1 dessert et puis c'est tout. Le plat à 9,50 €, l'entrée/plat ou plat/dessert à 13 €, les 3, 16,50 €, avec le fromage, 19 €. Ce n'est pas se moquer du monde et c'est même une excellente affaire. Ce midi là, truite saumonée, fenouil et raifort font une excellente impression. On aime les tombées de radis, de pourpier de boutons de girolles et d'estragon. C'est coloré, c'est vif et ça effleure l’appétit.

Passage 3

Du même calibre, la basse-côte de bœuf (préférée à l'aile de raie) de l'excellent Michel Brunon (place d'Aligre), servie saignante, voir très, ce qui est loin de nous déplaire. On reste stupéfait, limite bouche bée devant les carottes braisées qui ont pris tout leur temps et les navets mijotés longuement dans le beurre. On reconnaît en amont la patte sinon le génie de Joël Thiébault dont les produits sont sublimés puisque travaillés avec amour, de patience et de précision. Rendez-vous est déjà pris pour le dîner qui prend des allures de «bar à manger» avec sa multitude de petites portions façon tapas à partager (encornets, ventrèche/coques, bonite/aubergine, burrata...). On y est pas encore que le cœur fait boum !

 

Au Passage

1 bis Passage Saint Sébastien

75011 Paris

01 43 55 07 52

www.restaurant-aupassage.com

 

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27 juillet 2011 3 27 /07 /juillet /2011 15:21

Comp 4

On imagine déjà les bretons hilares, se fendant la poire: «Ah ! Ces parisiens ! Faire tant de manières pour une crêpe ! Tout ce bazar pour une galette aussi indigeste et sèche qu'une feuille de papier kraft ! Bah ! ils nous feront toujours rire !»

Si seulement ils exagéraient... Si seulement... Des adresses seraient «à bannir», la Compagnie figurerait parmi les toutes premières, sinon la première.

Ce n'est pas faute de nous en avoir mis plein la vue avec une déco ravissante signée Pierre-Yves Rochon, jouant sur trois niveaux avec les contrastes noir/blanc, de la cave à cidres attenante jadis au Couvent des Cordeliers, à la salle du premier étage baignée de lumière naturelle à la faveur d'une verrière donnant sur le petit jardin du Cloître. La vaisselle possède le même raffinement, qui flirte avec le luxe, presque un non-sens, une faute de mauvais goût. Et de penser: «pourquoi pas» puis, «à quoi bon» ?

Comp 3

La mode à sa haute couture, la galette possède désormais la sienne. Ça nous dépasse et c'est égal: le projet reste assez excitant quoique intrigant pour que l'on se prête au jeu. Et d'aller voir par nous même ces crêpes saisonnières (pour la moitié d'entre elles) élaborées à partir de produits bretons certifiés bio et signés à tout va de noms illustres et inconnus (la liste est longue, très longue qu'on trouvera reproduite en dernière page de la carte), une pratique qui commence sérieusement à lasser. A quand la bouille d' Ospital, celle de Joël Thiébault figurant face aux intitulés ? Ainsi font les japonais de la petite à la grande surface sur les sacs de riz et quantités d'autres produits. Mais avec humilité, sans jamais chercher à épater le client, à faire chic - les producteurs dont on a reproduit le portrait demeurent pour la plupart d'illustres anonymes que la dernière mode n'éclabousse pas.

La Compagnie de Bretagne c'est un peu l'arroseur arrosé. Olivier Roellinger (dans le rôle du superviseur, soit LA grosse signature, la caution indispensable à une telle entreprise fichtrement coûteuse) et sa clique, souhaitant visiblement se démarquer des crêperies «bretonnantes» jusqu'à en prendre le contre pied total, se fichent en réalité le biniou dans l’œil. D'avoir choisi d'aseptiser l'espace (cuisine «ouverte» mais condamnée par une grande vitre, comme mise sous cloche – ici on chasse aussi bien le bruit que l'odeur..., derrière laquelle s'active une équipe contrainte vue la configuration de la pièce de se tenir de trois-quart ou de dos, classe) n'est pas l'idée la plus malheureuse qui leur est passée par la tête. Les tarifs ne font pas non plus dans la demie mesure, qui vous éclatent au bec, détail le prix à payer pour ces crêpes sur mesure, plutôt chic et bon genre, aux produits nobles.

Comp 1

Le problème c'est que cette fameuse crêpe, la Rolls de la galette, on n'en voit point. Serait-ce cette chose ingrate, aplatie, présentée ouverte (ce qui ne donne franchement pas envie), archi cuite, sèche et sans goût qui figure sur la carte précédé de l'intitulé «Complète» (11,50 €, jambon des Lepage, tome de Marie, comme ça on saura tout) ? Appelle-t-on ici une crêpe cette chose dont on retrouve à peine la présence de beurre salé, cette chose qui compte si peu de fromage, à l’extérieur de laquelle est reléguée la tranche de jambon dont on se demande par quel mystère elle a taillé la route ? Un mystère qui reste entier puisque concernant une autre galette, la saucisse grillée sur feu de bois des mêmes Lepage se la joue également perso et végète dans son coin, entière, comme une énigme. Au passage, on s'amusera de la minuscule salade de jeunes pousses (trois feuilles, le petit clin d’œil d'inspiration japonaise qui fait toujours son petit effet - pense-t-on) aromatisée à l'huile de noix qui accompagne ces horreurs.

Comp 2

La crêpe sucrée (au chocolat de Sao Tomé 67%, Villa Gracinda – allons bon) réussit l’exploit d'être pire encore: si auparavant on avait l'impression de mâcher du papier kraft, on a cette fois-ci l'impression de plonger les dents dan un tissu rêche, râpeux traversé d'un chocolat fade, sans robustesse (67% pourtant) qui nous laisse à penser qu'il y a erreur sur la marchandise. L'affaire est pliée en trois coups de fourchette et se facture tout de même à 8 € … Cher payé pour une crêpe qu'on pressent cuite à l'avance et réchauffée (on nous assurera bien entendu du contraire). N'en déplaise à la Compagnie, on lui préfère encore les crêpes des rue d'Odessa et du Montparnasse, voir les bombes de Josselin, autrement plus généreuses (générosité n'est pas que quantité) et plus sympathiques, lesquelles au moins ne brillent pas par leur suffisance et leur splendide amateurisme.

 

La Compagnie de Bretagne

9 rue de l'Ecole de Médecine

75006 Paris

01 43 29 39 00

www.compagnie-de-bretagne.com

 

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20 juillet 2011 3 20 /07 /juillet /2011 08:50

Chardenoux 1

Se sentant probablement à l'étroit dans son célèbrissime fief du 11è arrondissement, Cyril Lignac a eu la bonne idée de dupliquer son Chardenoux rive gauche, en plein Saint Germain des Prés. Ou l'on retrouve la quintessence du bistrot vedette dans les murs de Claude Sainlouis, une ancienne institution germanopratine qui aura connu des heures glorieuses avant de sombrer dans l'oubli.

Chardenoux 2

Cyril Lignac et son décorateur furent-ils tenté de jouer de la masse et de recomposer un espace flambant neuf, on leur sait grès d'avoir conservé en grande partie les vestiges du lieu pour composer et jouer avec le papier peint fleuri, le carrelage d'époque, les moulures crèmes, de vieux portraits de présidents auxquels répondent aujourd'hui un comptoir en marbre, des lampes vintage, d'impeccables banquettes en cuir ainsi qu'une surprenante salle boudoir baignée dans les tons bleutés, un concentré fidèle de la proposition et de l'atmosphère légèrement décalées du lieu. Soit une nouvelle preuve que la contrainte est un espace insoupçonné de liberté, une formidable terre de jeu.

(Chardenoux 3)

Dans la continuité du Chardenoux de la rue Jules Vallès, la carte affiche ses velléités bistrotières, à laquelle la formule déjeuner - 25 € les trois plats - fait considérablement de l'ombre, parce que plutôt rare et de bonne augure dans le quartier. Ce qui donne en entrée un carpaccio de dorade aimable mais dont on aurait souhaité les tranches plus fines, certainement moins grossières. Un trait d'huile d'olive - un seul - une poignée d'agrumes, cette entrée eut gagnée à être plus généreuse tant en quantité (minuscule est le terme) que dans son assaisonnement quasi inexistant. La dorade semblait bien seule, comme punie, la gorge sèche parce que privée de citron et d'huile d'olive que l'on aime généreuse, abondante.

((Chardenoux 4))

En regard du carpaccio de daurade, l’œuf mollet et son émulsion de petits pois aux amandes était plus avenant, plus à la fête. Les petits pois craquant, bien dodus avec cette petite pointe sucrée caractéristique du petit pois signé Joël Thiébault marquaient la mesure et sonnaient comme des petites tapes sur l’épaule, signe que tout va bien, qu'on est bien, là.

Chardenoux 5

Le lieu cuit à l'huile de chorizo et son risotto façon paella était enthousiasmant, subtilement réalisé, qui illustrait de la meilleure des façons l'amour du produit et son respect, soit deux valeurs chères à Cyril Lignac qui se montre également intraitable sur le chapitre des cuissons, un art dans lequel il excelle et qu'il transmet scrupuleusement comme en témoigne ce plat saisi dans sa perfection, dans cette minute qui est la bonne, l'unique et non celle d'avant ou d'après. Et de penser à la photographie et plus particulièrement à cet «instant décisif» cher à Henri Cartier-Bresson. On regrettera seulement que l'affaire soit pliée en quelques coups de fourchettes, qui nous voit ruser, nous surprend à manger au ralenti, à espérer contenir le temps, de crainte de passer pour un goinfre, ce que nous sommes peut-être.

Chardenoux 6

Quelques échos nous avaient alerté sur l'insignifiance voir la médiocrité des desserts, jugements qui hélas collent au plus près de la vérité, le clafoutis aux cerises ingrat au possible, sec comme une branche et tenant plus du crumble que du clafoutis à proprement parler, méritant ni plus ni moins qu'un carton rouge, une bonne paire de claques. Et de quitter perplexe le Chardenoux des Prés, dont on congédie immédiatement le souvenir encore frais comme on se débarrasse d'un morceau de papier froissé oublié au fond se sa poche.

 

Le Chardenoux des Prés

27 rue du Dragon

75006 Paris

01 45 48 29 68

www.restaurantlechardenouxdespres.com

 

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