750 grammes
Tous nos blogs cuisine Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
28 novembre 2009 6 28 /11 /novembre /2009 09:38

C'est la lecture passionnée du «Goût du Japon», nouvel ouvrage de Philippe Delacourcelle, tête pensante du Pré Verre qui m'aura donné l'envie d'y réserver sans plus tarder une table pour déjeuner, soit une poignée d'années après mon dernier passage.
Je vivais depuis sur le souvenir de cet agneau de lait au choux croquant dont la sauce stupéfiante, renversante parce imprégnée d'anis étoilé, de poivres et de girofle, achevait inévitablement sa brève existence dans les replis moelleux d'un morceau de pain.
De passionné, mon intérêt pour ce plat vira à l'obsession au point d'être contraint de composer mon existence avec cette nouvelle tentation. La raison l'ayant emporté sur la gourmandise névrotique, ingérable, je parvis tant bien que mal à mettre le Pré Verre en quarantaine, à la tenir à distance raisonnable de mon quotidien.
Seulement, il est entendu que les vieux démons refont toujours tôt ou tard surface.
C'est ainsi que ce jour là, aux alentours de midi trente, une fois attablé dans la salle déclinée sur le mode néo bistrot - lumière basse, pochettes de 33 tours de légendes du jazz troquées ces jours-ci contre des tirages couleur de Tokyo auxquelles répondent le ardoises - je me retrouvais devant le fait accompli, affrontant un plat en tout points conforme à mes souvenirs et culminant au sommet de mon petit Panthéon personnel. Si je connaissais l'agneau de lait façon Delacourcelle sur le bout des doigts, rien ne laissait présager que je succomberai un nouvelle fois et ce à des années d'intervalle, à la force de percussion, la juxtaposition de parfums, la finesse en bouche et la puissance de l'agneau - le croquant du chou et le pouvoir diabolique de sa sauce, m'achevant littéralement.


«Souvent, un élément épicé vient soutenir une préparation simple pour la présenter sous un aspect inattendu mais le produit de base, le thème du plat, est toujours présent et intact.» Philippe Delacourcelle résume laconiquement sa démarche, presque sa philosophie qui parcourt sa carte de saison aux allures de carnet de voyage (pressée de poulpes, wakame au raifort; civet de sanglier; lieu jaune en cassoulet au miso blanc) du quartier latin à Tokyo ou il vient en toute logique d'ouvrir une adresse, réplique bec et ongle de l'antre parisienne.
A noter, toujours cette formidable formule déjeuner à 13,50 euros (ce jour là une étonnante terrine d'azuki au curry rouge suivie d'un civet) et le menu complet à 28,50 tant au déjeuner qu'au diner.




Le Pré Verre
8 rue Thénard
75005 Paris
Tel: 01 43 54 59 47
http://www.lepreverre.com/index.html

Partager cet article
Repost0
22 novembre 2009 7 22 /11 /novembre /2009 15:39


Allez comprendre pourquoi nous partions vaincu avant même de lui avoir donné sa chance, à ce fameux soufflé que nous imaginions sans consistance ni volume, vidé de ses attributs et avachi sur lui même.
Capricieux de réputation, enfantin dans son élaboration mais véritable casse tête dans sa cuisson, craint par plus d'un chef pour la difficulté de son maintien; l'étoile décernée par le Michelin et le prestige dont jouit l'établissement auprès d'une clientèle fidèle et nombreuse composée pour moitié de touristes, participèrent néanmoins à tempérer notre appréhension.
La salle classico-bourgeoise piquée de natures mortes dégageait une atmosphère chaude et enveloppante, le service charmant et dévoué était accommodant au point de nous inviter à laisser court à nos désirs et composer notre menu sur mesure. Suffisait de se laisser glisser, de laisser la magie opérer.
Le menu du midi à 22 euros nous parut impeccable avec sa salade en entrée (sur laquelle on peut faire l'impasse, la vinaigrettes épaisse, agressive et asphyxiante n'étant pas franchement recommandable), suivie d'un soufflé salé et un second sucré. Pour une poignée d'euros de plus, soit 31 euros, les plus gourmands ne feraient pas la fine bouche et s'offriraient le grand jeu, le menu «tout soufflé».


A peine sorti du four, le soufflé au sanglier s'invite sur la table. Très séduisant dans son ramequin fier et épanoui, c'est un régal des yeux avec sa couleur d'un blond foncé, sa jolie forme arrondie, stable sans être rigide. On n'aurait presque envie ne pas y toucher, seulement il s'avère si diablement appétissant qu'on y pique déjà la pointe de la fourchette.


On est agréablement surpris de rencontrer une légère résistance: le soufflé s'avère aéré mais consistant et délicat à la fois, sa texture se rapproche de la mousse, à laquelle se mélange la sauce délicieuse du sanglier dont on peut néanmoins regretter la raréfaction des morceaux de sanglier au fond du plat, néanmoins suffisant pour lui donner une saveur de gibier. La pièce n'en reste pas moins une formidable réussite, un pur ravissement que vient compléter le soufflé sucré à la pistache et aux pépites de chocolat nappé d'une sauce au chocolat noir, impressionnant en bouche, puissant et doux à la fois.


Une nouvelle fois, le soufflé tient parfaitement sur ses assises. Masse pleine de grâce et d'assurance, on jette des coups d'œil sur les tables à proximité ou l'on apprécie la variété de cette spécialité (aux fruits de mer, au saumon, tomate basilic, un peu plus ventrue, plus dorée mais toujours digne) déclinée de l'entrée au dessert dont l'inspiration suit le rythme des saisons.
Régal des yeux, on avise ce soufflé au Grand Marnier, cet autre au rhum dont on arrose soi même l'objet de notre émoi sans modération. C'est peu dire qu'on est au Soufflé comme dans un cocon. Le plaisir y atteint des sommets et l'addition garde les pieds sur terre.



Le Soufflé
36 rue du Mont-Thabor
75001 Paris
Tel: 01 42 60 27 19

Partager cet article
Repost0
23 octobre 2009 5 23 /10 /octobre /2009 09:20
 


Un dimanche midi, la logique sinon le bon sens voudrait qu'après avoir couru une bonne heure dans le Jardin du Luxembourg, je m'attable à la Bolée, épuisé certes, à bout de souffle, mais content de moi et pour tout dire plutôt fier. Seulement, crêpes à la clef ou non, ce scénario ne risque pas de se produire tant l'idée de me joindre à la meute des joggers du dimanche matin est la dernière extravagance que j'ai jamais désiré. A la rigueur, avec deux jambes en plus, je pourrais reconsidérer la question - comme quoi ce n'est pas gagné.
C'est donc d'un pas trainant et allègre que je me suis rendu dans cette petite crêperie dont le charme, s'il ne saute pas immédiatement aux yeux (nappes en plastiques, carrelage au sol plutôt froid et tristoune) s'installe progressivement, laissant même une certaine magie éclore à ma grande surprise dans un lieu qui en est apriori dénué (clientèle d'habitués chaleureuse, grande gentillesse des deux dames aux commandes du lieu).
Avec sa formule imbattable à 9,50 comprenant une crêpe salée, une sucrée et une bolée de cidre, je ne m'attendais pas une galette trouant le plafond, encore moins pointilleuse sur son élaboration. Honnête dans ses proportions, solide dans ses fondations, affable sans être éloquente celle-ci avait déjà le mérite d'être correcte.


Si le jambon, l'œuf et le fromage de la complète sont à rattacher à l'école «compacte», façon bloc uniforme et sans surprise, en comparaison de celle plus aérienne ou chaque ingrédient fait sa star, on ne boude pas notre plaisir pour autant. D'autant plus que la sucrée à suivre est impeccable avec son chocolat noir fondu qu'on étale avec des airs de conspirateur.


C'est donc une petite rue mignonne, préservée de la foule, au bout de laquelle se trouve une crêperie qui ne l'est pas moins. Ici, point de vagues, de bourrasques ni de grandiloquence, mais une vérité toute simple, humble et touchante.




La Bolèe

25 rue Servandoni

75006 Paris

Tel: 01 46 34 17 68

 

Partager cet article
Repost0
14 octobre 2009 3 14 /10 /octobre /2009 08:41

Cuisine de feu.C'est écrit sur la carte de visite et ce n'est pas en dessous de la vérité. 
Le lieu est connu des parisiens comme des touristes. Passé 12h30 ou 20 h00, on n'y trouve plus l'ombre d'un couvert. Ambiance décontractée et conviviale au coin du feu, cochonnailles, grillades, patates sautées et pichet de rouge sur la table ont fait la réputation de cette maison qui traverse les âges sans rien céder aux sirènes de la modernité.
Je fonce dare dare sur la formule à 12 euros (entrée et plat du jour) ayant avisé dès l'entrée l'éloquente souris d'agneau laquelle fait incontestablement le bonheur de deux japonaises ainsi que d'une tablée de parisiens aux mines plus que satisfaites.
Denise m'accueille avec son franc parler et sa bonhomie habituelle et nous progressons dans le restaurant ou je n'en finis plus dénombrer des souris d'agneau dans les assiettes, à croire que tout le monde s'est passé le mot.
Rassuré sur mon choix, je prends place au bout d'une longue table en bois brut, résolument rustique, ravi, disons ému de sentir dans le dos la chaleur du feu crépitant. Il y a des moments comme ça ou tout est parfait, ou le moment se suffit à lui même.
C'était sans compter sur Denise, la garce, laquelle me fait descendre de mon nuage et lâche imperturbable, sans regret ni compassion aucune: «Plus l'ombre une souris dans le frigo! Envolée, la bestiole !»


La nouvelle est rude. Encore sous le choc, je tente de rassembler mes esprits et passe en revue trois options qui s'offrent à moi: patienter une petite heure dans le quartier, le temps que Louise soit ravitaillée par son boucher; remplacer la souris par un un plat de mon choix (boudin noir, omelette ou autres); ou bien taper hors menu, dans la grillade par exemple, qui ne serait pas la dernière des idées pour qui descend chez Robert et Louise dont la spécialité est justement la grillade sur plaque et au feu de bois !
La vérité est que je n'ai pas été long à me décider et que mon choix, contrairement à bien des fois, j'en étais convaincu, ne laisserait place ni aux regrets pas plus qu'aux sempiternels problèmes de conscience; l'occasion étant toute choisie de tester l'entrecôte de 300 grammes (18 euros) dont j'avais bien pris note à l'extérieur du restaurant.

Moment inoubliable ou je vis le cuisinier ouvrir la porte du frigo et se saisir d'une belle tranche - comme on dirait d'un beau bébé - vive, tonique, racée et d'un rouge sain et convaincant. En beauté, la bête, partie pour donner le meilleur d'elle même. C'est non sans émotion que j'assistais à cette étape rituelle, attendrissante ou le cuisinier la prend dans sa main pour en estimer le poids, la consistance et donne de petites claques sèches sur la chair pour assouplir la viande avant la jeter sur le grill. Il retourne à son piano pour lancer les patates à l'ail tout en surveillant d'un coin de l'œil la cuisson de mon entrecôte qu'il couve du regard et avec laquelle il reste en constante relation, la déplaçant, la retournant, bref, lui donnant vie.


Les patates surgissent sur la table bientôt suivie de la viande, fumante, odorante, éruptive et à la robe légèrement noircie, bien saisie à l'extérieur, saignante en diable à l'intérieur
– du grand art.
Après, que dire... C'est du beurre, ça se mâche sans effort et ça fond dans la bouche. Une expérience inoubliable, historique à la différence des patates qui auraient mérité de musarder quelques minutes de plus dans la poile.



Robert et Louise

64 rue Vieille du Temple

75003 Paris

Tel: 01 42 78 55 89

 

Partager cet article
Repost0
10 octobre 2009 6 10 /10 /octobre /2009 11:28

 C'est l'une des grosses actualités de la rentrée mais pas la plus renversante.

A quoi tient cette impression mitigée qui nous gagne en quittant les lieux de cette nouvelle adresse chapeautée par William Ledeuil, la seconde après Ze Kitchen Galerie logée également dans la rue des Grands Augustins ?
Certainement pas à sa déco restituant l'ambiance d'une galerie loft avec sa ligne épurée, ses matériaux élégants et sobres comme le bois clair, le béton lisse rehaussés de couleur grâce à ces banquette rouges, ces murs entaillés de couleurs primaires.
Les limites touchées par les propositions de William Ledeuil incarnées pour la plupart dans des cocottes d'une blancheur souveraine sont visibles dès le premier regard porté sur la plat, perceptibles dès la première bouchée.


Plat fragile, traversé de tremblements et de soubresauts lumineux mais aussi dépossédé de sa fulgurance, cette épaule d'agneau confite déçoit et ressemble à de belles promesses qui ne seraient pas tenues malgré le sérieux et louable travail du curcuma, de la citronnelle, du fenouil thai et du panais. A l'image de cet encorné grillé et sa tempura de crabe mou, le pot au chocolat Gianduja, glace au poivre et cacahuètes ou encore les figues rôties, une certaine mélancolie s'installe dans l'assiette également que des zones d'ombres, des profondeurs inexplorées comme si le chef, une fois exposés ses thèmes, avait oublié de les reprendre, de les moduler avec plus de précision.
Telle une demande d'amour non satisfaite, William Ledeuil bien qu'armé de bonnes intentions et fusionnant avec subtilité ses influences méditerranées et est-asiatiques, abandonne son sujet à mi-parcours.


Ses créations auraient nécessité plus de conviction, de croyance au lieu de quoi s'impose à nous cette fâcheuse impression d'avoir sous les yeux une forme certes séduisante mais vide et qui se regarderait tricher.
Si la cuisine n'a pas nécessairement pour but la beauté, l'illumination, c'est notre droit de ne pas pardonner au chef de ne pas y atteindre.



KGB

25 rue des Grands Augustins

75006 Paris

Tel: 01 46 33 00 85

 

Partager cet article
Repost0
16 septembre 2009 3 16 /09 /septembre /2009 08:23


Deux japonaises aux commandes des biligs, autant dire que ce n'est pas banal. Ça tombe bien, la resucée, le réchauffé n'est pas vraiment la tasse de thé de Bertrand Larcher dont Breizh Café -6 mois d'existence- est la 4 ème adresse après Tokyo, Yokohama et Cancale.
A la fois contre pied et antidote à cette galette agonisant au milieu d'une déco rustico bretonne passablement folklorisante comme on en trouve à la louche du côté d'Edgar Quinet, fief historique de la diaspora; notre homme, fort de ses dix années passés au Japon livre ici même, au cœur du Marais, une lecture personnelle chargée d'émotion, éclairant jusqu'à notre modernité.
Pour ma première approche, je reste dans mes petits souliers, bêtement décidé à jouer la carte de la prudence jusqu'à repousser les appels du pied de ces crêpes du jour, par exemple la Douceur d'Asie avec ses fraises mara des bois, sa glace au thé vert et son beurre au yuzu ou bien la Dame Rhubarbe, compote de rhubarbe, fraise mara, glace vanille et caramel au beurre salé. Personne n'est parfait.

Yuzu, thé vert, gingembre, sésame entre autres pour les influences japonaises; pâtes intégralement bio, crème fraiche de ferme, harengs fumés artisanalement, cochon fermier mais encore beurre et fromages de chez Bordier, sans parler de cette carte des cidres et poirés culminant à 18 références dont chacune est précédée d'une note explicative; une lecture attentive de la carte témoigne que Bertrand Larcher vient enfin de faire rentrer la crêpe dans le XXIe siècle, sans roulements de tambour ni virages spectaculaire mais toujours en subtilité et avec un raffinement jubilatoire.
Si le temps d'attente peut paraître un peu long (la pâte est cuite à la minute et non à l'avance comme c'est le cas dans bien des crêperies), les galettes servies par une équipe sourire aux lèvres et d'une extrême gentillesse, forcent le respect. Je tombe immédiatement sous le charme de bretonne aux allures de dentelle.


A première vue, l'ensemble me paraît légèrement trop cuit. Erreur ! En bouche, la texture légèrement croustillante des extrémités combinée à cette résistance à la fois tendre et moelleuse du centre est saisissante. Très aérée, la galette restitue la saveur de chaque ingrédients lesquels se combinent et s'organisent de manière à percuter le palais. L'effet est d'autant plus efficace et durable que la maison ne fait appel au beurre et au sucre qu'avec modération (à l'image de cette froment à la compote maison (4 euros) qui aurait peut-être mérité un filet de jus de citron mais dont le fruit au goût ample et bouleversant dans sa simplicité n'est pas court-circuité ni empesé par des coquetteries). 

Dans la même veine, la Chocolat (4,50) aux copeaux de Valrhona 70%, à peine beurrée à le champ libre pour exprimer sa puissance chocolatée. Soit des crêpes salées ou sucrées très gouteuses généreusement pourvues mais toujours légères, douces pour l'estomac. Preuve que Bertrand Larcher a décidément tout compris.


Question inovation n'est pas en reste puisqu'au trouve également à la carte des «amuse galette» chaudes ou froides servies en «roll», des cochonnailles mais encore l'huitre de Cancale «Tsarkaya». Signalons enfin que la maison dispose d'un coin épicerie très pratique pour faire emplette de produits de premier choix, de la bières d'Armorique, aux fromages et beurres de chez Bordier, en passant par le cidre. Qui s'en plaindra ?


Photo salle, remerciements et copyright Breizh Café.


Breizh Café

109 rue Vieille du Temple

75003 Paris

Tel: 01 42 72 13 77

Partager cet article
Repost0
26 mars 2009 4 26 /03 /mars /2009 19:33

J'ai tout de suite aimé sa façade en mosaïque aux couleurs fraiches, relique du temps ou la Boissonnerie n'était encore qu'une poissonnerie. C'était il y a exactement 10 ans. L'adresse qui se targuait d' offrir le meilleur de la cuisine méditerranéenne et provençale avait surgi en plein Saint Germain des Près sous l'impulsion de deux associés américano-néo zélandais. Ceci expliquant le «Fish».

Comme l'établissement compte également une belle cave de plus de 300 références, on ne s'étonnera pas que ce dernier se revendique autant bar à vins que restaurant. Cette dernière information nous éclairant définitivement sur le fantasque «Boissonnerie».

Si la façade nous envoie de délicieux et rafraichissants signaux évoquant l'univers maritime et poissonneux, à l'intérieur l'ambiance chaleureuse et cosmopolite est placée sous le signe du soleil et de la convivialité. Entendons-nous bien. N'allez pas imaginer un de ces restaurants aux murs peints en jaune délavé avec vaisselle provençale, serveuses en robes également provençales et les cigales en plastique posées sur les branches d'oliviers synthétiques subissant comme vous l'indispensable petite musique des criquets en guise de fond sonore.

Le soleil, à la Boissonnerie, c'est avant tout le service, autrement dit les serveuses, toutes anglo-saxonne et d'une gentillesse confondante qui tient presque du miracle à Paris. Vous remarquerez qu'elles ne quittent jamais leur joli sourire, quand bien même celles-ci réceptionnent un plat dans le monte charge. La grâce, le soleil, c'est également cela, ces petits riens qui vous illuminent un repas telle cette focaccia encore chaude (en provenance de chez Cosi, la sandwicherie italienne située juste en face, cuite au feu de bois et livrée fraiche toutes les 20 mn) qui fait la nique pour notre plus grande satisfaction à notre traditionnelle baguette. De mémoire, je n'en ai jamais mangé d'aussi savoureuse, en Italie ou ailleurs.


Ce qui plait surtout, une fois installé, c'est la carte ramassée et d'une extrême lisibilité (renouvelée quotidiennement, entrées et desserts à 6 euros, plats à 14, formule à 34 euros au diner), le choix des vins (350 références) avec une préférence pour les vins de propriétaires et biodynamiques complétée par un choix très intéressant de Languedoc-Roussillon, de Côte du Rhône et de Bourgogne ainsi que de nombreux belles découvertes.

Saumon sur risotto aux œufs de limpe coiffé d'un œuf poché, risotto aux anchois salés et calamars, salade keiko aux légumes et saumon mariné à l'iode ou bien Saint Jacques poêlées avec endives caramélisées, avec Matthew Ong en cuisine, rien à craindre. Dans l'assiette, c'est précis, dynamique, joliment balancé et plein de saveurs. Chaque plat est un bijou d'évidence. Simple mais avec le sens du détail. On sort de table galvanisé et on y revient sans se faire prier.

 


 

Fish La Boissonnerie

69 rue de Seine

75006

01 43 54 34 69

 

Partager cet article
Repost0
20 mars 2009 5 20 /03 /mars /2009 16:17

Un patron écossais épris de vins du monde et de cuisine du terroir qui glisse dans sa carte quelques incontournables de son pays, à première vue on pourrait craindre le pire.

Tim Johnston n'étant pas homme à se moquer du monde et même plutôt soucieux de sa réputation de fin gastronome et de défricheur (le voilà maintenant qui s'interrêssée de très prêt aux vins bios au point d'en produire lui même), on est immédiatement conquis par ce bar à vins tout en longueur, certes bruyant mais très animé et à la fois incroyablement chaleureux et décontracté, au point qu'il soit à l'origine de nombreuses rencontres aussi bien amicales qu'amoureuses.

Le Juvéniles, c'est tout ce qu'on attend d'un bar à vins. Une carte ramassée, des propositions franches et réjouissantes ( saucisse de la maison Conquet, purée et «chut'nez» (15,50), fricassée de calamars, foie de veau, inoubliable magret de canard grillé au miel, bien saisi sur le dessus, rosé à l'intérieur, accompagné de son  gratin dauphinois crémeux et légèrement relevé (16,50), enfin, en vedette, le Haggis, le plat écossais par excellence).                                                                                          


Côté fromages et desserts, la maison est aux petits soins: Colston Basset Stilton, Montgomery's Farmehouse unpasterised Cheedar, Hyde Farm unpasterised Turnworth (7,50), crumble aux pommes au beurre salé, gratin de clémentines, grandiose Donald's chocolate cake (7,50), soit tout ce qu'on aime et qu'on attend d'une telle adresse.

Chez Juvéniles le vin s'apprécie au verre (6 rouges, 4 rosés, 5 blancs à partir de3,50 euros), ou bien à la bouteille. La cave, tonique et courageuse, dont la partie immergée occupe une appréciable partie de la salle compte une centaine de références majoritairement étrangères avec un faible pour les vins ensoleillés, Tim Johnston refusant de payer «le prix de la tradition et souhaitant donner leur chance à des vins australiens, espagnols, italiens ou mexicains. C'est ainsi que pour le prix d'un bordeaux moyen, on se régalera par exemple d'un excellent vin argentin (mention spéciale pour le Terrazas de los Andes). Si les les bordeaux comme les bourgognes sont assez logiquement sacrifiés, on notera un très beau choix de Côtes du Rhône tel ce Pouilly fumé plus que correct.

A signaler, Juvéniles étant aussi caviste, chaque bouteille est également proposée à la vente.


Juveniles

47 rue Richelieu

75001 Paris

01 42 97 46 49

Partager cet article
Repost0
9 mars 2009 1 09 /03 /mars /2009 09:50
 Il y a des jours comme ça, ou un plat nous tourne dans la tête jusqu'à l'obsession.

Ce matin par exemple, je me réveille avec une furieuse envie de pot au feu. Impossible de me sortir de l'esprit le bœuf fumant et son assortiment de légumes imprégnés d'un savoureux bouillon. D'heure en heure, ma mémoire passe en revue mes dernières expériences en la matière, que se soit à Paris ou en province et une véritable folie gourmande s'empare de moi. A midi, je rends les armes et prends la décision de m'offrir un pot au feu digne de ce nom. Midi trente, j'arrête mon choix sur cette maison rue Vignon, auto-proclamée Roi du Pot au Feu, soit un petit bistrot dans le jus ou le temps semble s'être arrêté aux années 50.

Pas de temps à perdre à passer en revue une carte archi prévisible; je fonce tête baissé sur le plat vedette (18 euros) et avise le serveur qui me voyant snober la carte avait déjà anticipé mon choix (phénomène prévisible, me confiera-t-il, la majorité de la clientèle s'engouffrant dans «le pot», concédant de temps à autres un bouillon en entrée.)

Sur la table, c'est gentil: serviettes et nappe à carreaux, pot de cornichon, gros sel et vin rouge au compteur.
Dans l'assiette, c'est copieux et fumant (dans le bons sens du terme). Ma fourchette prend d'assaut le bœuf qui offre une certaine résistance et ne s'effiloche pas, gage appréciable de qualité. En bouche, ça fait mouche. Le bouillon, discret au fond de l'assiette, parfume subtilement les généreux quartiers de bœuf ainsi que le choux craquant à merveille, les navets, poireaux, carottes itou que je goute un à un avec un plaisir retrouvé. Arrive ce moment inévitable ou je brise une tranche de pain grillée et la trempe dans l'os à moelle gouteux à en faire des bonds au plafond... 

Je m'étonne et m'amuse de la vitesse à laquelle j'engloutis l'assiette et repars aussi vite que je suis arrivé. C'était simplement le plat qu'il fallait, dans le lieu qu'il fallait, au moment ou il le fallait. Quelquefois il n'en faut pas plus pour qu' une journée soit réussie.

 

Le roi du pot au feu

34 rue Vignon

75009 Paris

Partager cet article
Repost0
6 mars 2009 5 06 /03 /mars /2009 15:03
   
 Ouverte en juin dernier, la Cantine du troquet est la troisième adresse du basque Christian Etchebest et la plus abordable des trois, après le Troquet et le Grand Pan.

Insatiable, notre homme s'en est allé poser son accent du sud-ouest rue de l'ouest justement, au cœur du 14è. 

Composant en cuisine avec une équipe très jeune, souriante et chose plutôt rare dans la restauration, à la fois sereine et détendue (cette bonne idée de laisser discrètement la cuisine grignoter de l'espace sur la salle), Christian Etchebest montre en salle qu'il n'a rien perdu de sa malice et de son sens du détail. Aussi, une seule et unique ardoise géante fixée au mur suggère-elle aux clients installés à proximité de l'entrée de quitter leur chaise pour aller y détailler la carte s'ils souhaitent mettre un terme à cet appétit qui ne cesse de prendre des proportions envahissantes depuis qu'ils observent le ballet des magrets quittant la poêle frétillante pour aller se lover dans une assiette brûlante de désir, cette grillade coiffée au dernier instant d'échalotes ou bien ce poulet des Landes rôti dans son jus d'olive noire cueilli dans les fourneaux. Sur les tables, l'absence de nappe, les verres minuscules, les couverts présentés dans un pot, le pichet d'eau fraiche en alu, mais également ce pain de campagne signé Poujauran, cette bouteille d'huile d'olive Castelas, la fleur de sel, les cornichons ainsi que les petits piments dans leurs pot en grès émaillé, nous en disent long sur la personnalité de ce chef aussi facétieux que scrupuleux. Aussi ne s'étonne-t-on qu'à moitié lorsque la serveuse nous propose en plat du jour un hamburger maison. Reniflant dans un premier temps la blague potache visant à ratisser large, on est presque soulagé d'apprendre que le dit hamburger est élaboré à partir de pain Poujauran, de joue de bœuf et de fromage de brebis. Le voisin de table, pour l'avoir englouti en quelques bouchées confirmant qu'en plus d'être alléchant ce hamburger est succulent.
















L'ardoise brasse un large choix d'entrées allant du fromage de tête, des oreilles de cochon grillées à la terrine de boudin, aux œufs durs carottes (bien vu, l'assaisonnement bête comme choux mais délicieux à l'huile d'olive, excellente la mayonnaise maison corsée puisque relevée avec de la poudre de piments d'espelette), en passant par la rémoulade de céleri et copeaux de parmesan.

Côté plats, on n'est pas en reste: la poitrine de cochon Ibaiona se dispute le tournedos de lieu au jambon d'Ospital qui lui même fait les yeux doux à l'onglet de bœuf (bien grillée sur le dessus et d'un fondant à en pleurer, quoique les frites maisons, sèches et inanimées, n'aient pas été à la hauteur des espérances), en concurrence sérieuse avec la saucisse lentilles (unanimement saluée pour sa saucisse préalablement grillée et ne suintant pas le gras et ses lentilles croquantes à souhaits et très légers).

Les desserts n'ayant pas été visités, hormis la mousse au chocolat semi industrielle et naturellement pauvre en chocolat, on retiendra de la Cuisine du Troquet une adresse conviviale, pleine de charme et sans prétention. Soit à une petite exception près, le triomphe du goût et de la simplicité.



La Cuisine du Troquet

101 rue de l'Ouest

75014 Paris

Ouvert du lundi au vendredi

Compter 30 euros

 

 

Partager cet article
Repost0

  • : Food'up ! Food'down !
  • : Chroniques gustatives.
  • Contact

Mes addresses

Le Pré Verre (Cuisine et vins d'auteurs), 8 rue Thénard, Paris 5è

Asian Wok (cuisine Thai avec un zeste de fusion), 63 rue Oberkampf, Paris 11è

El Mansour (Le couscous Marocain de la capitale sinon de l'héxagone), 7 rue de la Trémoille, Paris 8è
Croccante (Spécialités siciliennes, cuisine régionale à couper le souffle), 138 rue Vaugirad, Paris 15è 

Rechercher

Pages

Liens