750 grammes
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31 juillet 2011 7 31 /07 /juillet /2011 08:56

((Mitsou 1))

Des petites adresses de restauration rapide mignonnes comme tout, la rue du Commandant-Rivière n'en manque pas. En l'espace de quelques mois, cette dernière s'est imposée l'air de rien comme tête de pont de la cuisine fast and casual, ce qui n'est pas pour déplaire à la faune de salary men et d'office ladies toujours à l'affût d'un déjeuner rapide, léger et diététique. Nouveau venu sur le pavé manucuré de cette petite rue tranquille, Mitsou une cantine franco-chinoise, du prénom de la maman de Sébastien Blondeau, ex banquier reconverti dans l'épicerie fine et la restauration. A l'égal de sa maman dont on peut apprécier le joli minois reproduit sur des portraits (celle-ci fut actrice en Chine dans les années 60), Mitsou ne manque pas de charme, ce qui tient autant à son chef, sa tête pensante, la ravissante franco-thaï Rosa Sakulwongsa, véritable vivier à idées réjouissantes (son parmentier de canard à la patate douce et coriandre, sa tartelette chocolat jasmin ou son tiramisu à l'eau de rose, ont dès l'ouverture conquis plus d'un palet), qu'à la déco «retour de voyage» signée Bambi Sloane, laquelle après avoir vidé ses malles-valise nous projette dans une Chine vintage et pop, fraîche et décalée.

((Mitsou 2))

A l'entrée, on croise l'inévitable frigo dont les rayonnages tiennent au frais entrées (soupes, salade thaï), bento du jour et desserts. Derrière la caisse, trois plats du jour patientent au chaud – mes penne à la crème de shiitaké (quelle heureuse idée !), légèrement pimentées et saupoudrées de noix de muscade sont à tomber à la renverse. La portion est à la fois copieuse et savoureuse, sans compter que les champignons invisibles sur la photo parce que carapatés dans les couches inférieures sont en grand nombre. Une seule réserve toutefois pour l’excèdent d'huile qui baigne au fond de la barquette. Un brin écœurant.

Mitsou 3

La grande spécialité de la maison sont ces dim sum dont la fabrication est délocalisée dans un labo du 13ème. Maintenus au chaud dans leur panier noyé de vapeur, les bouchées dont les variétés sont basiques, en nombre limité mais amplement suffisant tiennent plus que la route puisqu'on les trouve l'égal par exemple de Yum, l'une des références parisiennes en la matière. Légers, presque fragiles, ils fondent dans la bouche et laissent une impression persistante de pur délice. C'est ainsi: chez Mitsou, on va de bonne surprise en bonne surprise. Et on s'y régale pour 12 euros.

Mitsou 4

 

Mitsou

3-5 rue du Commandant-Rivière

75008 Paris

01 42 25 29 60

www.mitsourestaurant.com

 

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29 juin 2011 3 29 /06 /juin /2011 10:52

Sum-1.JPG

En attendant l'ouverture imminente du Mandarin Oriental rue Saint-Honoré avec l'espoir d'y goûter des dim sum hors du commun, on ronge son frein en multipliant les visites chez l'irrésistible Yoom chroniqué dans ces pages et on tente à l'occasion un nouveau venu sur la planète dim sum, en l’occurrence Sum, situé dans le quartier de Pyramides, à deux pas de «Little Tokyo».

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Rien de bien enthousiasment dans cet espace signé Laura Gonzales du cabinet Pravda Arkitect - bois brut, marbre et tons dorés – encore moins dans ces bouchées à base de farine de riz volontiers diététiques (sans glutamate, sans matières grasses et sans sel ajouté) qui cuisent à la vapeur et sans envie dans leur panier en bambou en retrait d'une petite vitre embuée derrière laquelle se glisse de temps à autres une silhouette nonchalante, un verre à la main, totalement désintéressée par ce qu'elle fait (ou plutôt ce qu'elle ne fait pas) l’impensable voulant que l'équipe ne compte aucun chinois ou Hong- Kongais.

Sum-3.JPG

On tapera sans vergogne dans les menus compris entre 9 et 13 € mais une petite sélection personnelle de dim sum fourrées à la crevette, au porc, à la dinde, aux légumes et au gingembre (5 € les 5 pièces) augmentée de brioches fourrées au porc laqué (pas mauvaises du tout) fera tout aussi bien l'affaire. Avec un bubble tea honnête dans sa banalité, on est paré pour s'installer à l'ombre en terrasse et déguster ces dim sum de petits calibres immédiatement pénalisés par cette résistance dans l'attaque, l'épaisseur exagérée de la pâte quand on n'attend de la bouchée finesse et légèreté, mystère et fragilité (les jolis souvenirs de dim sum à la pâte quasi transparente, déchirée par endroits).

Sum-4.JPG

Autrement, en bouche l'effet est loin d'être désagréable mais pas assez percutant à notre goût. Pour certains, l’excellente sauce soja, coriandre et gingembre pourra palier cette faiblesse quand d'autres préfèrent s'y refuser. Une affaire de goûts.

Sum-5.JPG

 

Sum Pyramides

13 rue des Pyramides

75001 Paris

Tel: 01 53 76 32 83

sum-restaurant.com

 

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11 avril 2011 1 11 /04 /avril /2011 21:32

Yi Shun 1

Ils n‘en finissent pas de fasciner, les la mian, ces petits restaurants natifs de Shanghai ou derrière les vitrines souvent embuées, un cuisinier étire autant qu’il le peut des pates d’une finesse impressionnante, destinées à être jetées dans un grosse marmite d’eau bouillante. Après Les Pates Vivantes du côté des Grands Boulevards, voilà que notre faculté d’émerveillement s’offre de nouvelles échappées avec Yi Shun ouvert ce 1er avril, qui fait l’admiration des enfants, attise la curiosité des passants et ouvre peut-être l’appétit des habitués de Zenzoo, cette maison taïwanaise qu’on ne présente plus et qui est mon adresse totémique.

Yi Shun 2

Dix jours d’existence et le moins qu’on puisse dire est que cette fine équipe plutôt hilare et fort sympathique originaire de Pékin n’a pas tardé à trouver sa vitesse de croisière. Si l’ouverture de ce petit resto un poil déroutant puisqu’installé au milieu d’un quartier à forte concentration d’adresses japonaise est passée plutôt inaperçue et ne reçoit pas pour l’heure l’accueil qu’il mérite, sa spécialité, en revanche - les fameuses nouilles sautées artisanales agrémentées au choix de bœuf (10€) , de porc, de canard, de fruits de mer etc… - sont plus qu’honorables et valent à elles seules le détour.

Yi Shun 3

Au menu également, un choix de soupes de nouilles et quelques petites entrées dont les gyoza qui m’ont tapé immédiatement dans l’œil et les narines. Moins réjouissant, le thé au jasmin, à choisir entre rien d‘autre, et en sachet de surcroit.

Yi Shun 4

 

Yi Shun

1 rue Cherubini

75002 Paris

Tel: 01 42 61 74 18

 

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8 avril 2011 5 08 /04 /avril /2011 13:54

Wenzhu 1

Wenzhu est une adresse vielle comme le monde, si vieille que ses tarifs ne semblent pas avoir changé depuis les années 70: les euros d’hier pourraient aussi bien être les francs d’hier, aussi y-mange-t-on des soupes, des plats sautés pour 4,5,6 euros et en sort-t-on content et rassasié.

Wenzhu 2

Autant une cantine qu’un petit resto de quartier, on oublie la déco à la fois kitsch et vieillotte on ne s’attend pas à des miracles du côté des fourneaux. On s’installe simplement à une petite table, attentif, sans laisser nos préjugés obscurcir notre observation, notre dégustation et on commence par exemple avec une crêpe «Wen Zhou» à 1,50 €, fourrée de porc, d’oignons, de champignons et d’herbes, accompagnée d’un thé au jasmin.

Wenzhu 3

Dans la foulée on enchaine avec une soupe aux pâtes de riz et poisson «tapé» (4 €), soit de larges et très fines bandes de poisson écrasé, excessivement salées qui me font regretter de ne pas avoir opté pour les plats sautés qui semblent bien plus convaincants et autrement plus délicieux.

Wenzhu 4

En dessert, je me régale de ces boules de pâte de riz gluant renfermant du sésame noir (4,50 €) découvertes pour ma part à Shanghai et dont j’ai largement vanté ici les mérites. Autant dire que je regrette que les Zhim tangyan ne soient jamais à la carte des bubble tea qui éclosent un peu partout à Paris. Il est fort à parier qu’elles rencontrerait un franc succès.

 

 

Wen Zhu

18 rue au Maire

75003 Paris

Tel: 01 42 74 05 09

 

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3 novembre 2010 3 03 /11 /novembre /2010 09:37

372 1Retour chez Aurélien, Costya et Yi Lin dans leur très attachant 37m2 de la rue Rodier pour un volet salé tout aussi réjouissant que leur bubble tea de grande classe largement commenté dans ces colonnes et qui n’en finit plus de faire parler de lui.

En cette fin d’après midi, il n’y a pas grand monde, c’est-à-dire personne, qui n’est pas le pire moment pour bavarder avec les intéressés et passer une nouvelle fois en revue ces réjouissances typiquement taïwanaises qui peuvent manquer (ou non) aux expatriés, par exemple ces hamburgers légèrement sucrés flanqués d’une omelette cuisinés exclusivement en matinée, que l’on trouve aux quatre coins de la ville et qui font le bonheur des employés de bureau, des fêtards et des ambianceurs de Taipei. Cuit sur une grande plaque chauffante, le hamburger est glissé dans une petite poche en plastique pour qui souhaite l’emporter avec lui et habituellement accompagné d’un café ou d’un bubble tea, généralement de piètre qualité (lait en poudre, colorants, exhausteurs de gouts) mais néanmoins buvable (la chimie fait le reste).

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La journée est bien avancée et malgré que la cuisine soit en train de souffler jusqu’au diner, Costya a la gentillesse de me préparer en un tour de main une somptueuse assiette qui n’est autre qu’un des classiques de la maison, soit les fameuses gambas enrobées de cheveux d’ange sauce salé sucré (16 euros) qui croustillent et percutent diaboliquement en bouche. C’est à se damner, d’autant plus qu’à ma grande surprise les gambas ne sont viennent pas seules mais accompagnées - délicate attention- d’un mijoté de porc aux épices (un incontournable taïwanais) tout juste succulent; la cuillère de légumes marinés au sel et au vinaigre de riz veillant scrupuleusement à apporter une touche rafraichissante à ce festin.

372-3.JPG

C’est sans surprise que l’appétit vient à me manquer au moment de commander par pur gourmandise le fameux Chocolat Carambar de Yi Lin (6 euros) qui est un fondant au chocolat sur un lit de praliné croustillant parcouru de part en part par un filet de Carambar fondu, le tout composant un trésor gustatif, un moment précieux, à part, comme tout ce qui touche à 37m2 et sa délicieuse équipe.

372-4.JPG

 

 

37m2

66-68 rue Rodier

75009 Paris

Tel: 01 48 78 03 20

 

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13 octobre 2010 3 13 /10 /octobre /2010 09:11

Yoom 1

C’est ici même, lorsque une fois laissée derrière lui l’église Notre Dame de Lorette, le marcheur prend son élan pour gravir la colline de Montmartre, d’abord aimable, facile, avant que loin devant, la côte se hérisse, se dresse puis se cabre sous le coup d’une impulsion nouvelle, une franche poussée qui se manifeste une fois franchi ce nouveau cap, cette frontière visible qu’est le boulevard Rochechouart.

Notre histoire se passe bien en deçà du boulevard, là ou la rue des Martyrs vient mourir, là ou elle prend également sa source, ce qui la rend éternelle à nos yeux.

On a pris connaissance d’un restaurant ouvert il y peu, né du désir de deux jeunes hommes, lesquels appuyés par un chef chinois expérimenté, cuisine quasi exclusivement des dim sum supposés dignes de ce nom, ce qui nous dispenserait enfin d’aller au casse pipe dans une de ces mangeoires suspectes de l’Empire du Milieu. On ne s’emballe pas si vite, on ne crie pas victoire, quoique on ait le sentiment d’être à deux doigts de la délivrance.

De nos séjours à Hong Kong, nous avons appris que l’art du dim sum d’exception nécessite un apprentissage long et fastidieux ainsi que beaucoup de doigté. En conséquence de quoi, j’opte séance tenante pour le menu du midi à 14,90 euros, lequel offre l’avantage de proposer un bouquet de 4 variétés de dim sum, idéal pour se forger une opinion.

Pour patienter, je commande un thé rouge Hong Chu - la seule fausse note du repas - soit un jus de chaussette infusé du matin, conservé dans un thermos, qu‘on me sert brûlant dans un grand verre transparent (ce dont j‘ai horreur). Passons, le meilleur est à venir.

D’abord ces champignons shiitake saisis à la poile qui précèdent les boites vapeur en bambou, de même que ce bol de riz pas vraiment nécessaire et cette étonnante salade aromatisée d’une vinaigrette bluffante combinant huile d’olive, sauce soja, miel, curry et sésame. Anecdotique mais remarquable. Certes, pas autant, que peuvent l’être les dim sum arrivant fumant dans leur boite à double étage, lesquels gagnent immédiatement mes faveurs rien qu’au coup d’œil, rien qu’à en éprouver la résistance avec mes baguettes.

Yoom 2Les ravioli aux crevettes - les plus réputés, qui ne sont pas les plus passionnant à mon goût - sont en général un indicateur très fiable concernant la qualité des bouchées vapeur d’une autre famille. Et pour le coup, ils sont franchement réussis, d’autorité les meilleurs jamais gouté à Paris. Là, on se dit que l’affaire est bien engagée et que si la suite de la dégustation tient la distance, le repas promet d’être mémorable. Ce qui est effectivement le cas, avec dans la foulée deux dim sum aux légumes (chou blanc sauté, champignons shiitake, pousse de bambou, coriandre) à couper le souffle en raison de cet équilibre parfait des saveurs, cette harmonie des parfums et surtout cette touche de coriandre qui fait toute la différence. Et que dire de cette bouchée de poulet au satay, préparé avec une farce de champignons noirs, de carottes et à nouveau de coriandre, qui vous transperce le cœur en son centre. Tout l’art du dim sum tient dans l’attention qu’on porte à la farce, la recherche, les efforts auxquels on consent ou non, vous dira-t-on, et ce qui est vérifié et attesté in situ.

Yoom-3.JPG

Si je devais garder le meilleur pour la fin, ce serait sans hésiter le dim sum au bœuf gingembre dont la farce, une nouvelle fois complexe, très travaillée et réfléchie, est composée de bœuf sauté, de pousses de soja, de gingembre, de basilic et de vin de riz de Shaoxing. Un régal qui frôle l’indécence.

Les amateurs avertis ne se contenteront pas de ces quatre propositions et reviendront goûter d’autres spécialités comme les boulettes de riz vapeur au porc mariné, champignons shiitake, poivrons, citronnelle et feuilles de citron kaffir, mais encore les boulettes de riz gluant aux crevettes, de surprenant raviolis grillés à l’esturgeon et au sésame noir, sans oublier les dim sum aux deux champignons, échalotes, persil plat avec un surprenant lait de coco.

Je pourrais m’arrêter là, mais ce ne serait pas honnête de ma part de vous cacher ces tang yuan (6 euros) que je dévorais par wagons entiers du temps que j’habitais à Shanghai et sur lesquels je ne pouvais faire l’impasse (plutôt que d’opter pour une pâtisserie griffée Sadaharu Aoki), l‘intitulé ayant immédiatement fait mouche dès mon arrivée.

Yoom 4

Je pourrais vous raconter cette sensation semblable à aucune autre lorsque les canines percent la mince épaisseur de pâte de riz gluant par laquelle s’échappe les graines de sésame chaudes et odorantes qui vont mourir dans la soupe de lait de coco… et ces lamelles de gingembre confit… je pourrais insister sur les qualités de ce dessert, seulement, on trouvera qu’à la longue j’exagère, ce qui est très loin de la réalité.

Yoom-5.JPG

 

 

Yoom

20 rue des Martyrs

75009 Paris

Tel: 01 56 92 19 10

 

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30 août 2010 1 30 /08 /août /2010 18:11

Happy-1.JPG

Calquée sur le modèle des «Pâtes Vivantes» (à moins que ce ne soit l’inverse), Happy Nouilles est une cantine sichuanaise qui émerveille avec le spectacle de ses nouilles fraiches étirées à la main, notre fascination culminant au moment ou les doigts du cuisinier sont utilisés naturellement comme des peignes qui divisent, plient et coupent la pâte dans un geste toujours élégant et rapide comme l’éclair, avant d‘en jeter les fins spaghettis dans une marmite de bouillon fumant dans lequel ils vont cuire à peine deux minutes.

Les la mian dont le choix à la carte ne laissera personne désemparé, se dégustent dans un bouillon de porc riche et succulent ou sautés au wok. Depuis nos séjours en Chine, nous savons qu’une soupe de nouilles de la sorte dégustée à midi, fut-elle aux boulettes de poisson, au canard ou au choux salé, est un moment charnière, un de ces axes sur lequel va s’organiser le restant de la journée, au point lui donner une tonalité nouvelle. Le goût puissant, savoureux, coure encore dans notre bouche, imprègne toujours notre corps après que nous ayons regagné le bureau ou le confort discret de notre salon. Chez Happy Nouilles, on trouvera naturellement déconcertant d’éprouver certaines de ces sensations ressenties à Shanghai ou Xian, comme ce fut le cas avec cette soupe de nouilles au bœuf épicé (6,50 euros) dont l’excellence conjuguée des pates, du bouillon (tous deux littéralement stupéfiants) et de la viande lui fait atteindre des sommets.

On reviendra, c’est décidé, pour se régaler d’un plat sauté accompagné d’aubergines parfumées, d’une omelette aux pousse d’ail ou pourquoi pas de raviolis grillés préparés quasiment à la minute.

 

Happy-2.JPG

 

Happy Nouilles

95 rue Beaubourg

75003 Paris

Tel: 01 44 59 31 22

 

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22 juillet 2010 4 22 /07 /juillet /2010 10:31

Royal-Belleville-1.JPG

Le Royal Belleville, aussi appelé Le Président, fait aujourd’hui figure de mythe. Alexandrie avait son phare, Belleville a le sien. S’il n’illumine plus le quartier que d’une lumière fébrile et souffreteuse, ce paquebot restaurant qui a connu ses heures de gloire dans les années 80, reste encore un repère, un passage incontournable en même temps qu’un modèle de réussite et de longévité pour bon nombre d’hommes et de femmes composant la communauté chinoise implantée dans le quartier.

Si le temps est loin ou la cuisine flirtait allègrement avec le meilleure de la gastronomie chinoise et ne propose plus désormais que les classiques interchangeables que l’on retrouve dans la moindre gargote de Belleville ou du 13ème arrondissement, le Royal Belleville n’a rien perdu de son pouvoir d’attraction et de fascination et continue d’avancer de concert avec le cycle de la vie au point qu’on y cèle toujours ses fiançailles, qu’on y célèbre mariages comme naissances, l’anniversaire de la disparition d’un proche comme un avancement ou l’obtention de ses papiers.

Royal-Belleville-2.JPG

On peut aussi y venir seul, comme c’est mon cas, sans rien à fêter qu’une journée radieuse. On ne se sent jamais bien seul avec ce décor grandiose mais aujourd’hui résolument désuet, fané, ce qui paradoxalement n’est pas le moindre charme du restaurant, en plus de proposer une cuisine nullement honnête servie par un personnel extrêmement attentif et charmant.

Royal-Belleville-3.JPG

On aime y venir l’été, saluer le bouddha rieur et bedonnant à la croisée des grands escaliers qui ont servi de décor à tant de films. Il n’est pas rare que la grande salle aux boiseries sculptées de bois relief, aux dragons de cuivre et aux tentures rouges soit quasiment vide. C’est, l’air de rien, un moindre mal qui contribue à tempérer, presque à alléger, cette déco chargée, ampoulée et un poile kitsch (mais assumée) qui peut s’avérer éprouvante pour les âmes sensibles à l’épure, aux lignes claires.

On s’installe, donc, et on se nourrit, on se laisse nourrir, on est à l’aise, lové dans un gros nuage moelleux et chatoyant. Un peu béat, pour tout dire.

Royal-Belleville-4.JPG

 

Le Royal Belleville

120-124 rue du Faubourg-du-Temple

75009 Paris

Tel: 01 47 00 17 18

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16 avril 2010 5 16 /04 /avril /2010 07:24

Mian 1

L'an dernier, à Taïwan, j'eus la chance d'assister à un spectacle de budaixi ou «théâtre du sac de toile», soit le théâtre traditionnel chinois de marionnettes à gaine dont Liao Wen-ho est aujourd'hui le maitre incontesté. Que se soit en Inde, en Birmanie, en Thaïlande ou à Taïwan, il n'est pas exceptionnel, au hasard d'une flânerie, de déboucher sur une rue investie par une foule tantôt muette, tantôt hilare installée sur des chaises en plastique, au bout de laquelle trône une scène, ici un castelet.

Ce jour là, la troupe de Liao Wen-ho ravissait un public conquis d'avance. Tordus de rire, poussant de grands cris, bondissant quelquefois de leur siège, tous petits ou grands, appréciaient à leur façon le style inimitable de Wen-ho qui a su renouveler le genre sans nécessairement rompre brutalement avec l'esthétique savante et figée d'un XVIIè siècle éternel qui nous charme tant. Ainsi, si les sujets des pièces s'inspirent toujours des légendes anciennes ou des grands romans d'aventure classique, le maitre a su laisser libre cour à son imagination débridée, un brin insolente sinon tapageuse au point qu'il ne se prive pas d'intégrer dans ses spectacles lasers, stroboscopes, fumigènes ou prises de kung fu.

Composée dans sa quasi totalité de membres de la famille du Maitre, c'est cette même troupe que je retrouvais avec plaisir le week-end dernier à la Maison des Cultures du Monde, invitée de marque du désormais célèbre festival de l'Imaginaire. Rapidement, je me laissais embarquer dans chacune de ces deux histoires mêlant picaresque et rocambolesque, édifiantes et kitsch à souhait.

Mian-2.JPG

Préférer la finesse, le raffinement d'un spectacle de Rakugo ou de théâtre No à la fougue et l'impertinence des productions de Liao Wen-ho ne m'empêcha pas pour autant d'aller clore cette soirée chez Main Fan, petite adresse chinoise sur le boulevard du Montparnasse qui, sans faire des miracles, s'en tire plutôt bien avec une sélection de soupes et de plats sautés qui peuvent toujours dépanner. Ce soir là, je choisis les pâtes de riz sauté au bœuf qui sans être succulentes comme elles peuvent l'être en certain lieu du quartier chinois, suffirent à conclure sur une note positive cette soirée placée sous le signe de l'empire du milieu.

Mian-3.JPG


Mian Fan

124 bd Montparnasse

75014 Paris

Tel:01 56 54 01 55

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28 décembre 2009 1 28 /12 /décembre /2009 08:14
   
                                             023.JPG

 

Il en va du thé comme de la littérature. Certains âges, certaines étapes de notre existence favorisent plus ou moins l'approche d'un texte, d'un auteur. Aussi, il est des thés auxquels nous sommes réticents, auxquels on se promet de s'intéresser ultérieurement, incapables que nous sommes d'en apprécier à tel moment de notre vie les caractéristiques et les vertus.

Ainsi un thé fumé, un puer ou un sencha s'apprécieront-t-ils plus dans nos années de formation qu'à à l'automne de notre vie ou inversement.

Cela est vrai également pour ces livres estimés inaccessibles, auxquels on n'accroche pas immédiatement, dont les louanges demeurent pour nous un mystère mais dont on n'est conscient de la beauté, de la force qu'ils portent en eux et que l'on ne désespère pas de pénétrer dans une année, une dizaine année, voir au crépuscule de notre vie.

Livres comme thés sont repoussés avec respect, remisés sur une étagère, dans un coin de notre mémoire avec la certitude qu'ils sauront bien se manifester au moment voulu et qu'en brusquer la révélation serait pure perte.

Récemment, je fis l'expérience de ce phénomène au Shanghai Café de la Maison de la Chine ou contre toute attente je me vis passer commande d'un Genmaicha dont j'appréciais sans commune mesure - et ce plusieurs années après ma dernière expérience peu concluante - la saveur de noisette du riz grillé. Euphorique, je vidais – honte sur moi - la théière en un temps record. Le froid glaçait la ville et rien ne pouvait autant me combler ni soulager mon corps frigorifié que ce breuvage dont je mesurais enfin les richesses, les subtilités et l'intérêt que celui-ci pouvait susciter.


A noter que les thés japonais tels ce Genmaicha proviennent de l'excellente maison Jugetsudo et que les pâtisseries sont assurées par Aoki. A mentionner également, ces jours-ci, une éxpo plutôt racoleuse autour de Mao.


                                                            015

Maison de la Chine

76 rue Bonaparte

75006 Paris

Tel: 01 40 51 95 17

http://www.maisondelachine.fr/

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