750 grammes
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17 février 2014 1 17 /02 /février /2014 02:00

Ba 4

Hommage appuyé à l'artiste Banksy, le café du même nom est situé au 1er étage d'un immeuble vétuste unique en son genre en cela qu'il abrite pas moins d'une demi douzaine de cafés très prisés d'une faune hype et girly friande d'adresses off scene.

(Ba 5)

Cour glauque et insalubre, escalier ruiné, couloirs pouilleux desservant des appartements communautaires, le 14 Tôn Thât Dam possède ce je ne sais quoi d'alternatif voir d'illicite qui donne à ses cafés des allures de speakeasyet le rend particulièrement attrayant la nuit lorsque les bougies éclairent les lieux.

Ba 2

Sans compter que rien n'est aussi amusant que de sauter d'un café, d'une ambiance à l'autre, zappant les visages comme les sons, la musique comme les battements de cœur. On est ici à Saigon, autant dire au cœur du monde.

Ba 3Fréquenter les coffee shop sans boire comme c'est mon cas une seule goutte de café ni particulièrement affectionner les smoothies, revient à partir avec un sérieux handicap. Aussi, c'est sans grand enthousiasme et pour tout dire la mort dans l'âme que je me rabats une fois de plus sur une courte liste de jus de fruits frais sans surprise noyés dans la glace et saturés de sucre.

((Ba 1))

Qu'importe, plutôt que de perdre son temps à feuilleter sur les rayonnages de la bibliothèque les œuvres gentillettes du très mercantile Banksy, je m'attarde à porter les yeux sur la belle serveuse à la cheville gauche tatouée, lesquels yeux je m’avère incapable de décoller de son visage. Précisément le genre de piège dans lequel j'aime tomber.

Ba 6

 

Banksy Cafe

14 Tôn Thât Dam

4ème étage

District 1


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16 février 2014 7 16 /02 /février /2014 06:51

Du 1

S'il est un lieu où je suis à peu près certain de ne pas croiser d’expatriés et encore moins de touristes, c'est bien le mastodonte Du Miên Café (1000 couverts au bas mot), distant du centre d'une bonne année lumière puisque débarqué il y a tout juste deux mois en plein quartier de Go Vâp, soit montre en main à 30 minutes de la cathédrale et de la vieille poste. Go Vâp c'est Saigon dans son jus, sans filtre, brut de décoffrage.

Du 2

A la fois charmeur, électrique, éprouvant, bienfaiteur et exaspérant, la vie y coule comme un jus de chaque trottoir et c'est ici même que se trouve Saigon, la vraie, dans ce spectacle à ciel ouvert que sont ces milliers d'immeubles serrés les uns contre les autres, scrupuleusement organisés en espace d'habitation à l'étage et en boutique au rez de chaussée.

Du 4

Go Vâp c'est encore ses quartiers labyrinthique administrés par des comités populaires investis de pouvoirs locaux, un peu à la façon des hutong pékinois; sans oublier ses temples, ses marchés animés du matin au soir, (tout le contraire du trop touristique Ben Thanh market dans le centre avec ses allures de morgue) ses cafés, ses gargottes, bref, une orgie de vie, de visages, de sons, d'odeurs et de couleurs. Bref, la vie à l'état pur.

Du 3Pour revenir à Du Miên dont le gigantisme frôle l’aberration voir l’hôpital psychiatrique, mes amis m’apprennent que le lieu sert en réalité à blanchir l'argent de la mafia, aussi infiltrée et discrète au Vietnam qu'elle est tapageuse et racoleuse en Italie. Il y a d'ailleurs ce bon mot qui tient autant de l'état de fait que du slogan auquel nombreux se plient volontiers: ''On ne peut pas m'acheter avec de l'argent mais on peut m'acheter avec beaucoup d'argent.'' Tout un programme.

Du 9Du Miên c'est donc 1000 couverts disséminés sur 4 niveaux, des bassins, des terrasses à tout bout de champ rafraîchies par des rideaux de fraîcheur qu'on doit aux brumisateurs qui tournent à plein régime du matin au soir, de grands salons colorés et lumineux lorsque l'air devient trop étouffant ou pour la saison es pluies et une clientèle jeune (forcément), un brin amoureuse et familiale.

Du 5

Une sorte de palais des 1000 nuits avec cerise sur le gâteau, une cabane circulaire fichée sur un arbre. De quoi éprouver ce vent de folie, de démesure qui souffle sur le Vietnam.

Du 6Du 8De retour à la maison, toute aussi extravagante et férocement alléchante, cette soupe douce amère aux touches acides, la bun doc mung, dont outre le doc mung, ce légume dont je ne trouve pas d'équivalent en France, l'ingrédient star est indiscutablement le qua doc, un fruit poussant dans le nord du pays de la forme d'une grosse figue qu'on fait confire dans le bouillon avec du poisson, du porc, des tomates et de la pâte de tamarin.

Du 10

Du 11

On la déguste avec des vermicelles de riz et une pincée d'aneth, une autre de ciboulle pendant que sur le feu le manioc se gorge de lait de coco, ce qui fait un heureux dessert.

Du 12

 

Du Miên Cafe

48/9A

Ho Bieu Chanh

Phu Nhuan District

Go Vâp


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15 février 2014 6 15 /02 /février /2014 03:21

Se 1

Piloté par Tran Dinh Huy, un ami architecte de formation et consultant en marketing à ses heures, Secret Garden est une autre de mes adresses favorites à Saigon, laquelle est très prisée en soirée (on s'y prendra plusieurs semaines à l'avance pour espérer décrocher une table pour dîner en ce jour de Saint Valentin) mais dont les heures les plus agréables selon son jeune et ambitieux propriétaire se situent entre 16 et 18H00, lorsque la chaleur retombe et que la lumière se fait douce, charmeuse. ''C'est ce moment de la journée que je préfère ou la lumière, l'air de rien, scrute le fond des âmes et exacerbe les sensibilités, c'est aussi ce moment libérateur ou je sens chez les gens sérénité et apaisement. C'est le jour et la nuit entremêlé, le commencement et la fin; va comprendre.''

Se 0Huy a mis tout son cœur, toute sa sensibilité et son esprit créatif dans ce restaurant/salon de thé perché au dernier étage d'un immeuble délabré bâti en 75 au sortir de la guerre du Vietnam et caché au fond d'une allée. Au rez de chaussée, une affichette scotchée sur une cage d'ascenseur annonce un prophétique ''Elevator will come''. Et Ngo d'ajouter ''Elevator will come but never'', tout en attaquant la première volée de marches nous conduisant au 5 ème étage, jusqu'au toit terrasse avec son micro-jardin autour duquel prend ses aises Secret Garden dont Huy nous annonce que succès aidant il va prochainement doubler la superficie (rappelons que l'adresse n'a ouvert qu'en juillet dernier) maintenant qu'il vient d'acquérir la section orientée sud du toit. ''La nuit, c'est particulièrement beau, voir magique, avec toutes ces lumières qui brillent, la tour Bitexco, fierté des saigonais, joue bien entendu les vedettes, mais ça reste un spectacle à taille humaine. Nous ne sommes pas noyés dans un buisson de gratte ciel mais voisinons avec d'anciens immeubles ouvriers. Et puis la taille des immeubles est modeste, on n'est pas à Bangkok ou Singapour.''

Se 3Bien que situé au cœur même de la mégalopole, Secret Garden ne lâche rien en calme et sérénité et s'avère un véritable havre de paix jailli de la main d'un seul homme.''J'ai tout fait moi-même. Le mobilier en bois je l'ai dessiné puis fait réaliser par des artisans, les murs en torchis sont un clin d’œil au village où je suis né et ai grandi, Nam Dinh, là haut dans le nord, à 80 km d'Hanoi. Le carrelage multicolore en terre cuite semble vintage mais en réalité je l'ai acheté neuf et fait vieillir et patiner moi-même avec de la gomme laque, quand au jardinet, je rêvais de reproduire à Saigon une campagne miniature, celle-là même dans laquelle j'ai vécu et ai été heureux. D'où les canetons qui se promènent entre les jambes des clients quand l'envie leur en prend.''

Se 2Son inspiration, Huy nous révèle la trouver au cours de ses nombreux voyages. ''Je prends un peu d'ici, un peu de là, tu vois, c'est comme un collage.'' Pareil pour la cuisine, résolument familiale et typiquement du nord, dont les recettes sont empruntées à sa mère et sa grand-mère mais également à ses tantes.

Se 4

Une cuisine savoureuse, riche en herbes fraîches (bonheur insondable de la soupe de baby clams nageant au milieu d'innombrables feuilles d'aneth, délice suprême de catfish enfoui sous une forêt de citronnelle frite).

Se 6

Se 9

Et que dire de cette salade de bœuf et oignons arrosée d'un vinaigre doux légèrement sucré sinon qu'on a rien goûté d'aussi rafraîchissant depuis une éternité. Idem pour les beignets de baby clams aux champignons lesquels trempés dans une sauce sucrée aux agrumes à peine pimentée sont un bonheur en bouche.

Se 5Huy ne commpte pas s'arrêter en si bon chemin. Déjà propriétaire d'un second restaurant (dans la même allée que Secret Garden, sur le trottoir d'en face) et d'un glacier, voilà qu'il planche sur l'ouverture prochaine de deux nouvelles adresses dont une dans l'aéroport international de Saigon.

Se 8

''L'esprit sera toujours le même: une cuisine saine, fraîche, familiale et bon marché qui rend hommage aux spécialités de ma région; un espace à taille humaine et une déco bricolée un peu bohème répondant à mon inspiration du moment.'' Quand on aime...

Se 7

 

Secret Garden

Roof Top 158 bis Pasteur St

District 1


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14 février 2014 5 14 /02 /février /2014 03:30

Be 1

J'aime particulièrement cette adresse lumineuse, fraiche et toute de pin qui fait la part belle au soja décliné sous toutes les formes, à toutes les sauces, du salé au sucré, du froid au chaud, du liquide au au consistant, du bon au délicieux.

Be 4J'aime m'y rendre en matinée petit déjeuner d'une sélection de mon choix, toujours au nombre de trois, ce chiffre en Asie symbolisant la perfection de l'unité divine et exprimant un accomplissement, une certaine forme de totalité, d'aboutissmeent. Aussi, entend-t-on souvent en cuisine, que se soit à Hong Kong, Tokyo ou Singapour, ''les bonnes choses vont par trois''.

Be 2Le matin on peut tout se permettre comme de commencer la journée avec ce qui est en réalité un dessert, à savoir le Bean Curd LA Mix, soit un flan de tofu dit soyeux que le moindre souffle ferait trembler, agrémenté d'une tombée de tapioca, de quartiers de mangue fraiche et de chair de pamplemousse, le tout arrosé d'un sirop léger. Coloré, sain et rafraichissant.

Be 3Pour la gourmandise et parce que c'est tellement mignon, je ne me refuse pas un taiyaki (petit gateau japonais en forme de poisson) ici fourré au chocolat industriel de la pire sorte (mon erreur de n'avoir pas opté pour une garniture à l'anko - pâte de haricots rouges sucrés - trop gourmand que je suis.) Rechauffé au micro onde, on dira au passage adieu au croustillant. Servi dans un joli carafon, le lait de soja au chocolat. Un petit déjeuner comme on n'en rêve pas différement.

 

The Bean Store

399 Vo Van Tan

District 3

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12 février 2014 3 12 /02 /février /2014 08:30

Da 1

''Au bord du lac, des villas normandes et biarrotes. Des chalets savoyards sur les collines. Des massifs de fleurs, agapanthes et capucines et hortensias comme à Dinard. Un chemin de fer à crémaillère grimpe vers le plateau jadis inviolé, dessert une gare qui, comme celle de Pointe-Noire au Congo, est une copie de celle de Deauville. L'Institut Pasteur gère l’hôpital. On inaugure un couvent où les nonnes chanteront mâtines et laudes, le couvent des Oiseaux, ainsi qu'un lycée pour plusieurs centaines d'élèves, auquel le vieux Yersin, découvreur du plateau a accepté que son nom soit donné.''

Da 4Personne d'autre que Patrick Deville dans son ''Peste et Cholera'' consacré au bactériologiste et non moins explorateur Alexandre Yersin - passé à la postérité, au même titre que Pasteur avec son vaccin contre la rage pour avoir découvert le bacille de la peste - n'a su décrire avec autant de justesse et une telle économie de mots, le Petit Paris du Vietnam, la ville de l'éternel printemps ou la température ne descend pas au dessous des 10 ° en hiver et ne dépasse 25 ° en été.

(Da 7)Crée par Paul Doumer dans le souci d’accueillir ''les colons fatigués et les impaludés'' étouffant à Saigon, ceux-ci migraient régulièrement via les lacets de Nationale 20 dans les hauteurs du centre sud pour fuir la chaleur et l'humidité de la côte et bénéficier de la douceur du climat de cette station dont la devise un brin exagérée n'est autre que ''Aux uns elle donne la joie, aux autres, la santé.'' Étendu sur une série de collines couvertes de pins et déployé autour de son immuable lac, Dalat aura peu changé depuis que Yersin y accrocha une dernière fois sa veste au bar du Lang Bian Palace, ''assis au comptoir verni et rond''. ''Dans les années trente, une ville donc, surgie de rien sur le plateau verdoyant. Dalat a changé depuis de maître et de peuple mais pas de décor. Une manière de Bagnoles-de-l'Orne en Normandie ou de Cambo-les-Bains au Pays Basque. Ici, les trente années de guerre vietnamiennes ont glissé comme de l'eau sur les plumes d'un canard, très loin des combats.''

Da 2Aujourd'hui, la plupart des quelques 2500 villas et chalets aux allures de palais ne sont plus que les fantômes d'eux-mêmes et si durant la période coloniale les étrangers représentaient jusqu'à 20% de la population de Dalat, on ne les trouve plus aujourd'hui que dans les pensions du centre, les cafés tristes comme un dimanche de pluie ou calfeutrés dans la poignée d'hôtels de luxe que compte la station.

((Da 5))

Da 6

Gare fantomatique, ancienne poste reconvertie en restaurant chic, tour de radio singeant la Tour Eiffel, carrioles à cheval jetées ici ou là, présence fortuite d'une antique 2CV ou d'une 403, à Dalat la tragicomédie est à chaque coin de rue, en plus qu'on y mange excessivement mal, ce qui passe encore, étant donné que convalescent je suis astreint au bouillon.

Reste que le climat doux et clément ainsi que sa terre fertile font de la région du Lang Bian l'une des premières zones agricoles du Vietnam, permettant par conséquent à la ville de cultiver une grande variété de fleurs, de légumes et de fruits qui seraient impossibles à faire pousser dans les basses terres (rappelons que Dalat culmine à 1500 m d'altitude).

Da 8Aussi, n'est-on pas entièrement surpris qu'y poussent artichauts (dont la tisane vendue sur le marché est parait-il un remède très efficace pour brûler les graisses), brocolis, salades, petits pois, haricots verts, betteraves, poivrons, avocats, radis, tomates, carottes, pêches, abricots, vignes (le vin de la région bien que considéré comme exécrable par certains - à juste titre - , jouit d'une excellente réputation dans tout le pays et blancs comme rouges sont consommés sans discrétion aucune par les couples de mariés qui montent au frais à Dalat célébrer leurs noces, comme on descendrait au chaud, en Provence, fêter les nôtres).

Da 3On trouve encore des fraises, pâles, anémiques, cultivées comme tant d'autres fruits et légumes sous serre et qu'on se gardera de consommer sinon écrasées avec du lait et beaucoup de sucre. Quasi produit de luxe réservé aux grandes occasions, il n'empêche que les fraises sont envoyées aux quatre coins du pays une fois rangées avec précaution dans une petite caisse en bois.

Da 9Enfin, avec ses terres fertiles, ses prairies luxuriantes et ses vallées fleuries à perte de vue, à l'image de la région de Kunming en Chine, Dalat est le jardin du Vietnam avec ses 400 espèces cultivées qui couvrent à elles seules 80% des exportations de fleurs du Vietnam. Une production décuplée depuis le milieu des années 90 avec l'apparition de Dalat Halsfarm, un village floricole industriel doté d'un capital d'investissement à 100% étranger.

((Da 10))Les théiers eux aussi produiraient volontiers de jolies fleurs (blanches à jaune clair) s'ils n'étaient taillés par la main de l'homme (dans le meilleur des cas) sinon mécaniquement.

Da 15

Les environs de Dalat abritent quelques belles plantations comme celle de l'Arbre Broyé située à 25 km de Dalat, à l’extérieur du village deCâu Dât.

Da 11

Dans cette plantation crée par les français en 1927 qui culmine à 1650 m et dont les premiers théiers de la famille des théiers centenaires Shan Tuyêt poussant dans les montagnes Ha Giang, provenaient du nord Vietnam, il est émouvant de se promener au milieu de théiers quasi centenaires.

Da 13

Da 14

On y produit du thé noir, du thé oolong mais la spécialité reste le thé vert de qualité, auquel profite la rosée du matin dès lors qu'il est cueilli très tôt.

Da 12

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10 février 2014 1 10 /02 /février /2014 10:06

Di 1

Quel dommage. La région entourant la petite ville tranquille de Di Linh est luxuriante et réserve pleins de surprises avec ses collines boisées, ses potagers qui tapissent la vallée, ses rizières, son village alpin et quantité de sentiers s'enfonçant dans la forêt.

Di-2.JPGSeulement, c'est ici même, à 80 km de Dalat que la maladie me surprend, me coupe les jambes et me cloue au lit après avoir brûlé mes dernières forces dans deux plantations de thé plutôt mal entretenues (les plants apprécieront le voisinage forcé avec les vaches), la première appartenant à la compagnie taïwanaise Vina Suzuki - spécialisée dans le oolong dont une partie de la production est bio - la seconde commercialisant uniquement du thé au lotus (d'où l'état discutable de la plantation).

(Di 3)A propos de thé au lotus, une légende circule selon laquelle le roi Tu Duc de la dynastie des Ngyen, faisait beaucoup parler de lui pour sa façon très spéciale de boire cette boisson (qu'on ne peut que lui envier). On raconte en effet que la veille de la dégustation, ses servantes se rendaient sur le lac royal où poussaient les lotus et déposaient dans chaque fleur une petite poignée de thé. Une fois imprégné du parfum de la fleur, le thé était récolté puis offert au roi.

Di-5.JPGOn se souvient que l'eau servant pour la préparation du thé doit être une eau naturelle et pure (l'eau vive des ruisseaux, celle dévalant des rochers qui faisait le délice des moines chinois et japonais isolés dans leurs monastères). La meilleure est parait-il la rosée qui se dépose la nuit sur les feuilles de lotus. Plus ordinaire est l'eau de pluie conservée dans les feuilles d'aréquier, ces grandes palmes qui recueillent l'eau du ciel. Aussi, malade, je ne me nourris pas autrement que de thé et de mangue bien mûres. Une autre forme d’ascèse.

Di 4

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8 février 2014 6 08 /02 /février /2014 11:41

Bao 11

Jamais aussi heureux que dans une plantation de thé. Par exemple celles de Bao Loc, dans la province de Lâm Dông, sur la route de Dalat, entre 850 et 950 mètres d'altitude, le sol basaltique très fertile, riche en humus et un climat doux offrent d'excellentes conditions à la culture de ce thé au goût doux et parfumé quand en comparaison le thé cultivé dans le nord à plus haute altitude se distingue par des saveurs plus prononcées voir légèrement âcres, certaines marques n'hésitant pas après cueillette à faire bouillir les bourgeons de thé afin de réduire considérablement l'amertume, pratique qui me laisse plus que dubitatif.

(Bao 2)Les premières plantations de thé font leur apparition à moins d'une vingtaine kilomètres de Bao Loc et c'est comme à chaque fois les mêmes frissons qui se propagent sur ma peau encore fraîche d'être entrée en contact avec l'air vivifiant de l'aube, car rien n'est plus grisant ni émouvant que de surprendre les feuilles de thé au petit matin, encore recouvertes de rosée, les feuilles en équilibre précaire.

Bao 6

Je vais approcher les feuilles de thé d'encore plus près, forcer leur intimité, me faire un peu voyeur, c'est à dire les respirer à plein poumons dans la foulée des indispensables étapes de flétrissage puis de brassage (on produit dans la région principalement du thé oolong, autrement dit semi-fermenté et comme dans le nord de la Thaïlande, les Taïwanais ont importé puis transmis leur savoir faire) ce moment ou elles livrent à pleine puissance leurs arômes frais et floraux qui me font presque tourner la tête.

Bao 8Si en période de vacances les fabriques de la région sont pour la plupart fermées, j'ai de la chance que celle de Tâm Châu soit ouverte, quoiqu'elle fonctionne au ralenti (rappelons que pour une superficie de plus de 8400 hectares de plantations de thé, Bao Loc prélève tout de même 65 000 tonnes de feuilles de thé fraîches par an soit 25 000 tonnes de produit fini dont 12 000 tonnes finissent à l'export.)

Bao 10

C'est en ville, dans une des rares maisons de thé que j'ai goûte ce thé que je ne bois plus que très rarement, lui préférant les thés de roche chinois de haute montagne et plus particulièrement ceux de la famille des Phœnix, mon penchant du moment. C'est de passage dans une de ces boutiques que j'apprends que la première infusion est appelée ''jeune fille'' parce qu'elle est pure et doucereuse et la seconde '' jeune femme'', parce qu'intense et profonde. Exactement ce que je me suis toujours dit.

Bao 9Dans la chaleur naissante d'une fin de matinée ensoleillée il fait bon remonter sur le scooter, parcourir encore quelques kilomètres jusqu'à Lâm Dong et de se promener dans le silence de ces forêts miniatures, laisser la main courir sur les feuilles, au dessus des troncs épais et tortueux. Les théiers devenus par la force des choses des arbres nains à force d'être taillés, travaillés, contrariés par l'homme ne dégagent aucune odeur et c'est tout la beauté de cette flânerie, cette fois-ci dans la plantation de Phu Son (où la récolte du jour s'achève, suivie de la pesée), d'imaginer l'arôme à venir après transformation.

Bao 12

Quelquefois ça ne donne rien, je ne sens que la terre légèrement humide et d'autres c'est comme si la tasse de thé fumante se présentait sous mes narines, prête à être avalée. C'est la magie du thé.


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7 février 2014 5 07 /02 /février /2014 13:12

En 2

Le dernier jour du Têt on offre un ultime repas aux morts et on les laisse repartir d'où ils sont venus, c'est à dire de très loin, de tout en haut. En quelque sorte on leur dit au revoir, jusqu'à l'an prochain.

En 3En 4La maison s'est allégée de ses esprits, on la croirait presque vide. Dans le voisinage on ne hurle plus à la mort au karaoke, les lecteurs de cd ne jouent plus de la variété vietnamienne au kilomètre et à plein tube.

En 6

En 5

L'ambiance est retombée mais il reste quelque chose d'électrique dans l'air qui s’explique probablement par la présence aux portes du pays du typhon qui a ravagé récemment le littoral Philippin.

En 7

En 8

J'aime ce repas tout en couleurs à la fois fin et d'une grande fraîcheur, notablement plus léger que les précédents. Soupe de riz au poulet, salade de noix de coco et légumes, rouleaux de printemps, carottes blanches fermentées.

En 9

Quelquefois il n'en faut pas plus pour garder le sourire.


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6 février 2014 4 06 /02 /février /2014 12:51

U-1.JPG

L'an dernier j'ai tout dit ou presque sur L'Usine, ce concept store de la rue Dong Khoi (anciennement rue Catinat), fief de la jeunesse locale aisée qui n'est pas sans rappeler à Paris Colette ou Merci, abstraction faite des plus de 25 ans dont on ne trouve ici goutte (ce qui tout compte fait n'est pas le moindre des charmes de Saigon).

U 2L'ouverture d'une seconde adresse de superficie plus modeste et aux propositions gourmandes considérablement réduites a donné de l'oxygène à la première où les jeunes femmes sont étonnement plus belles (certaines choses ne s'expliquent pas).

U-0.JPGC'est d'évidence l'un de mes lieux favoris. On retrouve la même faune fraîche et souriante accro aux tendances du moment, ne décollant pas de son Samsung Galaxy ou cachée derrière l'écran de son Ibook. Autant dire que le spectacle est dans la salle, un peu moins dans l'assiette, quoique ces linguine aux clams/sauce tomate testées un soir rue Dong Khoi n'aient rien de honteux.

U-3.JPGCertains matins, un excellent chocolat chaud, un jus de citron, de la bonne musique (à l'instant, Elliot Smith) et de généreux rayons de soleil léchant l'impressionnant mobilier d'inspiration industrielle qu'on doit à l'agence District 8 font un petit déjeuner amplement suffisant.

U-4.JPGOn se rattrape quelques heures plus tard à la maison avec un repas dont le code couleur pourrait-être le jaune puisqu'il s'agit de banh khot et de banh xèo qui ont ceci de particulier que ces dernières sont garnies de cœur de coco rapporté hier de la ferme de Ben Tre.

U-5.JPG

U-7.JPG

Exactement le genre de luxe dont à la maison on est coutumier, comme de cueillir des mangues ou des bananes à même les arbres pour en faire de délicieux desserts.

U-6.JPGTous comme les banh khot, les banh xèo (du chuintement caractéristique produit par la pâte lorsqu'elle entre en contact avec la poêle brûlante, m'apprend Ngo) se dégustent de préférence roulées dans une feuille de salade garnie d'herbes fraîches (dont le dégradé de vert me fascine toujours) avant d'être trempées dans la sauce de poisson relevée de piment frais.

U-8.JPG

Là, je ne vous cache pas le bonheur que représente la moindre bouchée de ce monument maison de la gastronomie vietnamienne dont vous ne trouverez pas d'équivalent dans les restaurants parisiens à moins bien entendu de vous faire inviter dans une famille de Viet khieu (Vietnamiens vivant à l'étranger.)

U-9-copie-1.JPG

Quand aux  banh khot, plutôt que de les rouler dans une feuille de salade comme précédemment on appréciera cette composition digne de figurer au menu d'un restaurant. Simple et modeste: du grand art.


 

L'Usine

70 B Le Loi boulevard

District 1

www.lusinespace.com

 

District 8 Design

www.districteightdesign.com



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5 février 2014 3 05 /02 /février /2014 15:02

((No 1 ))

Comme quoi cars de touristes et restauration font décidément mauvais ménage. Quand bien même la qualité de sa cuisine est en chute libre depuis des années, cette institution de Saigon continue de drainer une foule considérable de touristes, d'expatriés et de vietnamiens aisés alors même qu'elle débite en quantité industrielle une restauration plutôt passable.

(No 3)

Au fond, cela n'a rien d' exceptionnel. Reste que Quan Ngon représente une excellente porte d'entrée pour les visiteurs de passage peu exigeants ( ils sortiront probablement de là enchantés, ce dont on ne leur tiendra pas rigeur) qui souhaite s'initier à la richesse de la cuisine vietnamienne sans trop se fatiguer.

No 4

No 2

Installé dans une villa d'inspiration coloniale aux façades jaunes et blanche ouverte aux quatre vents, Quan Ngon (autrement dit restaurant délicieux) propose en effet la quintessence de la cuisine de rue à travers une succession de stands déployés autour d'une grande cour intérieure.

No-7-copie-1.JPG

No 8

L'idée est originale et très appréciée des touristes qui ont ainsi l'impression d'avoir chaussés des bottes de 7 lieues et pour s'en aller tester un panel de spécialités des trois régions.

No 5No 9Avec ses nombreux espaces, ses trois étages (ouvert en continu du matin au soir, le restaurant sert plus de 1000 couverts par jour), sa grande terrasse intérieure ombragée et ses tables espacées, Quan Ngon reste néanmoins une adresse très agréable (hors vacances du Têt) où il y a toujours moyen de tirer son épingle du jeu, en ciblant de préférence les plats grillés et les desserts.

 

Quan Ngon

160 duong Pasteur

District 1

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