7 mars 2010
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Un matin que je feuillette le Bangkok Post, je tombe sur cet article qui annonce l'arrivée imminente au «Drinking tea eating rice» de l'hôtel Conrad du
chef japonais Satoshi Hata. (Passons sur le nom à rallonge passablement ridicule de l'établissement.)
S'il n'était que d'avertir du séjour dans la capitale de cette personnalité en charge de la section teppanyaki au Genji du Hilton d'Osaka, je ne ferai pas grand cas de cette information. Or, il
se trouve que ce chef hors pair n'est pas venu jouer les touristes mais qu'il est invité à résider dans ce grand hôtel pour y célébrer le temps d'une semaine son art très inspiré par la cuisine
française (son mille feuille de foie gras, sauce à la truffe fait encore beaucoup parler de lui).
L'occasion est donc trop bonne de goûter à cette cuisine réalisée en direct et sans filet de sécurité, face à quelques privilégiés ayant réservé de longue date un siège au comptoir.
Histoire de voir ce que notre chef a dans le ventre, je me lance dans le menu de la mer à 1000 baths, soit 20 euros, qui me semble la meilleure option pour le déjeuner.
Le carpaccio de la mer avec sa vinaigrette au yuzu est une bonne entrée en matière avec ses effluves marines, des produits d'une grande fraicheur et une saisissante présence iodée.
L'assiette, on ne peut plus fidèle à la thématique de la carte nous fait rentrer immédiatement dans le vif du sujet.

Les festivités se poursuivent avec la Caesar salad garnie de miettes de thon, sans réel intérêt et censée très probablement faire du coude et amuser les hommes d'affaire étrangers, soit une
entrée putassassière en tous points de vue dont l'omniprésence de l'indéfectible sauce Caesar peut être vécue comme un mini drame en soit.
La brochette de fruits de mer accompagnée d'un bol de riz succulent (très important, la qualité du riz, on minimise souvent l'influence et les conséquences que celle-ci peut avoir sur un plat,
aussi réussi soi-il) est correct (résistance de la chair des crevettes, fondant des coquilles Saint-Jacques craquant des légumes) mais prévisible et n'a pas vraiment de quoi nous arracher des
larmes.

A ce stade du repas qui atteint sa vitesse de croisière soignée, gentille, sans tremblement, on cherche en vain à débusquer ces influences françaises dans la cuisine de Satoshi Hata tant
revendiquées par ce dernier. Ce n'est certainement pas dans les maki de thon, certes excellents, et la soupe de miso rouge qu'on en trouvera la trace.

Le dessert sonne comme la dernière chance pour notre chef invité qui avec son cheese cake glacé faiblard et bâclé, saisi quelques secondes sur la plaque chauffante souligne définitivement sa
préférence pour les vertes prairies de l'Arkansas plutôt que celles de la Beauce.

Certes, la cuisine est loin d'être honteuse, le cadre magnifique et le service aux petits soins. Reste à voir Satoshi Hata à l'œuvre avec des compositions plus élaborés, nettement plus onéreuses,
cela va de soit. Il ne manquerait plus qu'avec ça je boude mon plaisir...
Conrad Bangkok
Drinking Tea Eating rice
87 Wireless Road
Phatumwan
http://conradhotels1.hilton.com/en/ch/hotels/dining.do?ctyhocn=BKKCICI&id=DIN4
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Thaïlande
5 mars 2010
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08:22

Il est quasi inévitable de devoir s'armer de patience pour obtenir une table chez Somtam tant les inconditionnels convergent en masse des 4 coins de Bangkok et au delà. C'est devenu chose banale,
un vieux réflexe, que de donner son nom et de patienter à l'extérieur. Les filles se serrent sur une banquette, pianotent sur leur portable et se recoiffent distraitement; les garçons patientent
debout, bec en l'air dans leur jean serré, l'air indifférent à leur compagne, à la marche du monde.
Si les raisons du succès d'une adresse quelquefois nous échappent, ce n'est absolument pas le cas de Somtam qui n'en finit plus de planer sur son petit nuage. Cette adresse sur deux niveaux
située en plein cœur du quartier commerçant de la capitale et nichée à l'épicentre même de son noyau branché et trendy a su très intelligemment composer avec une cuisine dite du
«patrimoine», captée dans l'instant, dans son jus et redistribuée vigoureusement, avec précision, voir arrogance.

L'impression est saisissante, sitôt avalée la première bouchée de pad thai, celle de somtam (salade de papaye) ou croquée sa première aile de poulet, d'être monté dans un train
en marche fonçant à vive allure dans un monde qui ne l'est pas moins. La vitalité, la séduction, les signaux que dégage cette micro société thaïlandaise à la pointe de la derrière mode, attentive
à l'air du temps auquel elle entend coller au plus près, sont aussi présents dans l'assiette que dans la salle dont le niveau sonore relativement élevé témoigne de la vitalité, de la flamboyance
d'une jeunesse pleine d'énergie, d'envie, de projets et d'espoir. On y vient accompagné d'une jolie jeune femme rencontrée en matinée à la fondation Jim Thompson. Deux yeux clairs qui vous
fixent, qui vous donnent l'impression qu'elle ne pense à rien et que tout lui défile dans la tête à la fois. Somtam est le lieu idéal pour commencer de pénétrer dans ce labyrinthe.

Somtam
392/14 Siam Square Soi 5
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Thaïlande
3 mars 2010
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07:38

L'entêtement a parfois fois du bon. De la mangue, encore de la mangue, toujours de la mangue. C'est une
monomanie, une lubie, une douce folie que chaque inconditionnel de Mango Tango alimente et encourage de sa présence fidèle et assidue.
Nous ne portons pas seuls cette responsabilité. La carte alléchante – la mangue déclinée sous toutes ses formes, broyée, glacée, débitée, flanquée de
fruits, de tapioca, de lait de coco, de riz gluant, coiffée de chantilly, de flakes – agit sur les esprits et pousse inévitablement les accros du shopping, les étudiants, les amoureux languides
dont le trépident quartier Siam est le terrain de chasse, l'aire de jeu, à venir s'installer dans la fraicheur du lieu pour y épuiser la carte.

On l'aura compris, chez Mango Tango, la mangue est reine qui tient à la fois du fétiche et de l'obsession. La mangue triomphe dans l'assiette, la coupe, le bol, elle distribue les cartes et trace
sa route en pilotage automatique, fraiche, juteuse, sucrée juste ce qu'il faut, sans se casser le nez sur aucun obstacle. Chaque combinaison est une merveille d'équilibre qui fait situer
n'importe quelle composition choisie au hasard dans une sorte de ligne claire, débarrassée de tous parasites qui viendraient brouiller l'intention du départ.
Il m'est impossible de faire étape à Bangkok sans au minimum y faire un saut. A chacun ses manies, ses vices.
Mango Tango
Siam Square, Soi 4, Rama 1 Rd
http://www.mymangotango.com/
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Thaïlande
1 mars 2010
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06:31
Architecte de formation avant la seconde guerre mondiale, Jim Thompson s'engagea dans l armée américaine, fit
la campagne d'Europe puis arriva en Asie avec un contingent dont l'objectif était de restaurer l'indépendance et la liberté en Thaïlande. Cependant, la guerre prit fin avant le début des
opérations. Fixé a Bangkok en qualité d' officier des renseignements de l'OSS (ancêtre de la CIA) et séduit par le pays, Jim Thompson retourne s 'y installer définitivement une fois
démobilisé.
C'est là, qu'il se passionne pour la soie tissée à la main au point de se
consacrer à la renaissance de cet art tombé dans l'oubli. Dessinateur et coloriste de talent, sa participation fut fondamentale au renouveau du tissage de la soie thaïlandaise et à la réputation
internationale qu'elle acquit.
Ayant fait fortune avec la Thai Silk Company, il se fit
construire cet ensemble de maisons traditionnelles, unique en son genre, avant de disparaître mystérieusement dans les Cameron Highlands, en Malaisie.
A chacune de mes visites à Bangkok, je me rends inévitablement dans la résidence de Jim Thompson, comme on
j'irai au pèlerinage. J'aime me glisser à pas feutrés dans cet ensemble de 6 maisons en teck surélevées d'un niveau au dessus du sol dont certaines, démontées pour être acheminées jusqu'à leur
emplacement actuel, proviennent d'Ayudhya. L'ensemble est ouvert, entouré d'un jardin touffu apaisant, que longe un canal qui fut autrefois le point d'entrée de la propriété. La collection
d'objets d'art se laisse dévorer du regard dans un calme déconcertant lorsqu'on sait la maison située en plein centre. Vaisselle, sculptures, porcelaine Benjarong, panneaux de tissus peints,
bouddhas... chaque pièce est un enchantement dont je ne me lasse pas.

Lorsque s'achève la visite, j'aime m'installer près du petit bassin, siroter un thé glacé ou bien déguster
une glace, une pâtisserie. Le lieu est charmant tel qu'il se présente, qui d'un seul regard enveloppe la propriété, en souligne les formes, la complexité. En cette fin de matinée, la chaleur
commençe de pousser, de rendre chaque mouvement plus problématique. J'opte pour un thé glacé et une glace à la noix de coco et zestes de citron vert. Rien ne presse. Je prends tout mon temps.
Regarder la glace fondre n'est pas le moindre des luxes.
Derrière les murs, la ville s'agite, glisse dans sa douce folie. Bangkok attendra.
http://www.jimthompsonhouse.com/
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Thaïlande
15 janvier 2010
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22:11
En 4ème vitesse, avant de sauter dans un taxi et de filer vers Charles de Gaule - terne avant poste de ce long
périple sud-est asiatique que je m'apprête à accomplir - quoi de mieux qu'un déjeuner à l'Epigramme, histoire d'emporter dans mes bagages un peu de cet esprit bistrotier parisien mâtiné
d'authenticité et de roublardise.
La tartine de
sardine grillée présentée dans son plus simple appareil offre un joli raccourci de l'art culinaire tel que le conçoivent Stéphane Marcuzzi et Aymerick Kraml: simple dans son intitulé, directe dans
son propos, équilibré entre saveur et émotion.

Ce n'est pas ce pot au feu de cabillaud (heureux contraste entre la peau bien saisie, quasi croustillante et la chair fondante, délicate du poisson) qui me fera écrire le contraire. Le croquant
des légumes, la subtilité du bouillon, inévitablement ce grand plat minuscule épuré et tout en retenue me fait penser au «simple et sain», le mot fameux du maitre de thé Ryoku qui posait ainsi
les bases de son art qu'il souhaitait dépouillé au maximum.

Soit l'exact opposé de ce riz au lait aux fruits secs et caramel au beurre salé
déconcertant parce qu'explosif, volontairement tapageur mais tellement délicieux qu'on en verserait des larmes. C'est ainsi que deux coups de cuillères suffisent à nous chahuter et à balayer nos
certitudes. De la gastronomie pensée comme un éternel recommencement. C'est là tout ce que j'attendais. Autant dire que pour 28 euros le menu ce n'était pas cher payé.

L'Epigramme
9 rue de l'Eperon
75006
Paris
Tel: 01 44 41 00 09
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Cuisine Française
28 décembre 2009
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Il en va du thé comme de la littérature. Certains âges, certaines étapes de notre existence favorisent plus
ou moins l'approche d'un texte, d'un auteur. Aussi, il est des thés auxquels nous sommes réticents, auxquels on se promet de s'intéresser ultérieurement, incapables que nous sommes d'en apprécier
à tel moment de notre vie les caractéristiques et les vertus.
Ainsi un thé fumé, un puer ou un sencha s'apprécieront-t-ils plus dans nos années de formation qu'à à
l'automne de notre vie ou inversement.
Cela est vrai également pour ces livres estimés inaccessibles, auxquels on n'accroche pas immédiatement, dont
les louanges demeurent pour nous un mystère mais dont on n'est conscient de la beauté, de la force qu'ils portent en eux et que l'on ne désespère pas de pénétrer dans une année, une dizaine
année, voir au crépuscule de notre vie.
Livres comme thés sont repoussés avec respect, remisés sur une étagère, dans un coin de notre mémoire avec la
certitude qu'ils sauront bien se manifester au moment voulu et qu'en brusquer la révélation serait pure perte.
Récemment, je fis l'expérience de ce phénomène au Shanghai Café de la Maison de la Chine ou contre toute
attente je me vis passer commande d'un Genmaicha dont j'appréciais sans commune mesure - et ce plusieurs années après ma dernière expérience peu concluante - la saveur de noisette du riz grillé.
Euphorique, je vidais – honte sur moi - la théière en un temps record. Le froid glaçait la ville et rien ne pouvait autant me combler ni soulager mon corps frigorifié que ce breuvage dont je
mesurais enfin les richesses, les subtilités et l'intérêt que celui-ci pouvait susciter.
A noter que les thés japonais tels ce Genmaicha proviennent de l'excellente maison Jugetsudo et que les
pâtisseries sont assurées par Aoki. A mentionner également, ces jours-ci, une éxpo plutôt racoleuse autour de Mao.

Maison de la Chine
76 rue Bonaparte
75006 Paris
Tel: 01 40 51 95 17
http://www.maisondelachine.fr/
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Cuisine Chinoise
21 décembre 2009
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Un nom prédestiné: Aurora. Purée de tomates fraiches maison, tranches de mozzarella di buffala dressées sur la
pizza dès sa sortie du four, un filet d'huile d'olive, un tour de moulin à poivre, une feuille de basilic et le chef qui livre en personne la petite merveille. Splendeur enflammée qui se déguste du
regard dans une atmosphère d'apothéose et une émotion quasi religieuse.
Dès la première bouchée mille visions changeantes qui m'assaillent. Grandiose dans sa perfection – hormis la pâte, légèrement trop cuite qui pourrait gagner en volume, qu'on souhaiterait plus aérée
- la dégustation se poursuit dans une stupéfaction passionnée, entrecoupée de giclées de fraicheur, illuminée de moments d'extase: on ne se maitrise plus, on frôle l'ivresse.
Il y a quelques mois, ma première expérience ne m'avait pas convaincu. La deuxième est visiblement la bonne.
Pizza Chic
13 rue de Mézières
75006 Paris
Tel: 01 45 48 30 38
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Cuisine Italienne
18 décembre 2009
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L'envie comme ça, sans prévenir, sur les coups de midi d'un poulet fermier rôti à la broche. La faute à ce froid glaciale qui me pousse au devant de la flamme, la broche, le ruisselant, dans
l'annexe de Jacques Cagna. Ou plus rationnellement l'envie d'en finir avec cette envie obsédante, tenace depuis plusieurs jours, tout en prenant le minimum possible de
risques.
Oreilles excitées par cette infernale mélopée que délivrent en cuisine les
crépitements jouissifs et autres bruissements languides de la rôtissoire extrêmement présente quoique dérobée aux regards, canines au garde à vous et attendant de pied ferme l'hôte de marque,
j'annonce sans perdre de temps la couleur, soit la formule à 28 (entrée/plat) avec histoire
de s'échauffer avant de rentrer dans le vif du sujet, la crème de lentilles vertes du Puy, brisures de châtaignes et lard poivré de Bigorre.
En bouche, c'est
un pur délice. La châtaigne et le lard en second rideau accroissent l'intensité du plat sans jamais le déstabiliser ni l'alourdir - au contraire -, le croustillant, les notes poivrées du lard
permettant de contre balancer la densité, le côté plein, rond du velouté.

D'expérience, je m'attends à un poulet légèrement desséché et c'est au
contraire une cuisse généreuse et en pleine forme, saisie à l'instant dans son jus qui triomphe dans mon assiette. Tout y est: le craquant légèrement relevé de la peau, la chaire savoureuse,
manière de petit miracle qui laisse vraiment penser que le poulet comme si le poulet n'attendait que nous.
On n'est pas dans l'exceptionnel, dans la démesure mais dans la simplicité, l'authenticité. Un bonheur bête comme chou en somme, sans trompettes ni
roulements de tambour mais bonheur tout de même.
La Rôtisserie d'en face
2 rue Christine
75006 Paris
Tel: 01 43 26 40 98
www.jacques-cagna.com
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Cuisine Française
14 décembre 2009
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Une fois acquitté de ces 2,90 euros qui vous donnent accès au jardin d'acclimatation ainsi qu'à ces réjouissances attendrissantes quoique un peu fanées, vous prenez immédiatement sur votre droite
en direction de l'ancien pavillon de l'impératrice Eugénie dont vous faites le tour afin de gagner l'escalier donnant accès à l'univers crée de toutes pièces (rapportées) par le
poète, l'écrivain, le peintre, le photographe, le conteur, le regardeur Hippolyte
Romain.
C'est immédiatement entre les murs de cet ancien entrepôt de 350 m2 l'impression de
s'être égaré dans quelque hutong de Pékin, d'avoir pénétré dans une de ces résidences traditionnelles à cour carréee (siheyuan) abritée derrière ses murs gris et sa porte
vermillon.
Dans un décor de laques rouges, de lanternes, de soieries, de panneaux de bois,
de meubles anciens patinés par le temps et de livres fatigués, le maitre des lieux qui est également le directeur artistique du jardin, se réjouira de vous initier à l'un de ces thés rares
rapportés dans ses bagages, un puer, un oolong ou bien ce fascinant thé rouge aux céréales grillées, chacun proposés à 4 euros la théière. Comme vous le feriez sur un bout de trottoir, un après
midi ensoleillé aux côtés de joueurs de majong, vous entamerez une conversation qui vous conduira jusqu'à la tombée du jour et qui ne s'achèvera qu'avec l'arrivée de la pluie.

C'est qu'Hippolyte Romain est intarissable sur la Chine qu'il découvrit il y a 15 ans avant d'y prendre ses quartiers plusieurs mois par an dans un pavillon pékinois, la capitale agissant sur lui
comme un révélateur, libérant les possibles et condensant les formes menacées. Il a beaucoup écrit sur elle, il l'a beaucoup peinte également. Lorsqu'il séjourne à Paris, elle n'est jamais très
loin de lui. Toujours à portée de main, à l'image de cette maison de thé, ce fragment de l'empire du milieu dont la greffe a pris dans les jardins d'acclimatation. La Chine, et par extension
l'Asie (qui précipite chez l'artiste la création), reste toujours présente en creux, principe actif et invisible, que se soit entre les murs de Mademoiselle Li ou bien à la surface même de ces
toiles témoignant d'une certaine jouissance de la vie, de la proximité de la mort.
Le
rituel est immuable: Hippolyte Romain retourne de Chine, ouvre grand ses malles et en sort des sacs de thé, des bibelots chinés sur les marchés de Pékin; il dissémine au quatre coins de la pièce
ses trésors comme on sèmerait le grain et l'usure du temps, la poussière font le reste. Et l'appel du voyage de se faire de plus en plus insistant, comme une irrésistible enfin de se confronter à
son tour avec le monde.
Mademoiselle Li
Jardin d'acclimatation
Bois de Boulogne
75016 Paris
Métro
Sablons
Ouvert Samedi et Dimanche, 12h-18h
www.hippolyte-romain.com
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Cuisine Chinoise
10 décembre 2009
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Bertrand Guéneron, 17 ans passés aux côtés d'Alain Senderens chez Lucas Carton du temps ou celui-ci était triple étoilé doit être sérieusement agité du bocal sinon inconscient pour chaque année,
attentif à l'ordre de la nature et au cycle de ses saisons, se lancer tel un beau diable dans la réalisation de l'éprouvant et très casse gueule lièvre à la royale. A moins qu'il ne soit l'un de
ces derniers aventuriers n'ayant pas froid aux yeux, un de ces chefs intrépides prêts à mettre leur réputation en jeu, à risquer leur peau sur un coup de poker pour faire perdurer ce plat mythique
de la gastronomie française.

Du courage il en faut, de la patience itou, pour arriver à ce résultat ahurissant, fin et bouleversant à en pleurer. La bestiole doit passer par bien des
étapes (desossage, compotage, marinade...) et ce bien des heures, voir des jours pour qu'opère cette noce diabolique entre la viande mille fois sollicitée (vins capiteux, sarriette, clous de
girofle, thym...), le foie gras impeccable et la sauce discrètement chocolatée, vraie bombe à retardement.
On imagine la cuisine sans dessus dessous, sorte de laboratoire d'un savant totalement zinzin accroché à son grand œuvre, déterminé à nous faire toucher au divin, au sacré. Et le plus beau c'est
qu'il y arrive avec une décontraction, une humilité qui doit en faire pâlir d'envie plus d'un. Vingt cinq euros la demi-portion de 150 grammes, ce n'est pas donné mais une fois l'an ce n'est
pas volé non plus.
Dans l'euphorie, on se découvre une âme de sale gosse et on vient trainer cuiller et fourchette dans un mille feuille et un moelleux fondant à couper le souffle. Scandaleux.

Au Bascou
38 rue Réaumur
75003 Paris
Tel: 01 42 72 69 25
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Cuisine Française