750 grammes
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6 avril 2010 2 06 /04 /avril /2010 09:35

L'Agrume de Karine Perrin et Franck Marchesi-Grandi, on ne s'en relève pas la nuit. Des articles dithyrambiques dans la presse, des éloges à en pleuvoir sur la toile, un emballement, une unanimité qui vous feraient presque douter de la sincérité de certains: après ça, il ne manquerait plus que le couple écope d'une étoile et l'imposture sera complète.

Certes, les formules déjeuner sont aguicheuses comme tout. Entrée/plat facturés 16 euros tout ronds; 1 plat, 1 verre de vin, 1 café négociés 14 euros. Par les temps qui courent c'est une jolie aubaine.

Seulement, dans l'assiette, c'est une autre chanson. Ce n'est pas laid, c'est loin d'être disgracieux mais ça traine des pieds, ça manque de souffle, de souplesse. Bref, ça ne vole pas haut.  

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Mignon comme tout mais mal assorti, sans aucune ligne directrice pour lier le tout, le faire se parler, se répondre, l'assortiment de 3 entrées ne convainc pas vraiment. La crème d'artichaut est aphone, les crevettes marinées aux algues et gingembre sans réel intérêt, quand à l'œuf poêlé lardons et roquettes, tranquille du poignet et complètement hors sujet, il sent le remplissage, l'aveu criant du manque d'inspiration.

Agrume-2.JPG

Les macaronis «Martelli» parmesan et céleri sont du même tonneau: point mauvais (ce qui tout compte fait n'est guère plus motivant qu'être immangeable) inoffensifs, sans personnalité, vaguement ennuyeux et largement dispensables (le filet de grondin rôti lui eut été préférable - mon amour de la pasta me fait commettre de ses bourdes, quelquefois.)

Agrume-4.JPG

Figée dans ses certitudes, sans rien à prouver, ni même rien à exprimer, l'Agrume perd totalement pied et fagote bon an mal an une cuisine aux influence mollement digérées, passablement recyclées. Au point qu'on quitterait volontiers la table pour se faufiler en douce aux Agapes ou la cuisine est certainement plus jouissive, travaillée et sincère. Et la déco moins désastreuse...


L'Agrume

15 rue des Fossés Saint-Marcel

75005 Paris

Tel: 01 43 31 86 48

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4 avril 2010 7 04 /04 /avril /2010 13:02

Je me sentais mieux que la veille mais j'avais toujours de la température. Voulant nettoyer mon corps moite de transpiration, je réussis tant bien que mal à quitter mon lit. Le plafond tanguait. Mes bras et mes jambes étaient bizarrement légers et cotonneux, et je n'arrivais pas bien à garder l'équilibre. Mais ce n'était pas vraiment désagréable: la gourmandise plutôt qu'une faim de loup me commandait de sortir et de pousser la porte de ce restaurant japonais auquel je pensais sans relâche entre mes périodes de sommeil. Quitter l'appartement me ferait le plus grand bien et achèverait de me remettre sur pied, j'en étais certain. Je suis arrivé jusqu'à la salle de bain en me cognant à toutes sortes de choses, coussins, poubelle, coin du lavabo, et j'ai pris une douche.

Ensuite, j'ai avalé péniblement deux tranches de pain qui avaient perdu toute leur fraicheur. Dehors, le temps était triste et froid. Il y avait longtemps que je n'avais pas entendu le bruit de la pluie. Je ne cessais d'entendre un léger bruit, comme de petites bulles qui éclatent. Je me demandais avec étonnement comment j'avais pu dormir autant. J'avais l'impression de flotter sur une mer à la limite du sommeil et de l'éveil. Je ne me souviens pas vraiment de mon trajet, si j'ai pris le métro ou un taxi.

Kiyo 1

C'est comme si j'avais été aspiré pour être recraché devant la porte de Kiyomizu qui occupe depuis l'été dernier l'espace du mythique Kinugawa 2. Le décor n'avait pas subit de transformations flagrantes. L'esprit traditionnel raffiné avait été préservé. Les teintes caramélisées, l'intérieur sobre de bois clair ainsi que d'élégantes dalles de pierre rassuraient, faisaient de ce lieu un territoire hospitalier, soigneux, doux et libre.

Kiyo 2

J'entamais le menu dégustation à 40 euros en accordant toute mon attention aux arômes de chaque ingrédient, à leur texture. Je pris tout mon temps pour les apprécier. Je laissais ce thon cru le plus succulent, le plus fondant qu'il me fut jamais offert de goûter, faire le tour de mon corps, ainsi que ce poisson que j'ignorais jusqu'alors, - la sériole – qui chacun à sa manière faisait le tour de mon corps jusqu'à imprégner le fond de mes oreilles. Par moments, je fermais les yeux pour me concentrer. Le boeuf, les tempura, le saumon, le parcours était fléché mais sans embuche, une manière de voie royale.

Kiyo 3

Kiyo-4-bis.JPG

Parvenu au dessert (raviole de tapioca à la fraise, poudre de soja grillé, caramel de cassonade), j'avais l'impression d'être engourdi. Mais cette fatigue ne m'était pas désagréable. Plongé dans cet engourdissement jusqu'à en être totalement submergé, je me sentais même très bien. Si bien que je crois avoir marché longtemps, très longtemps dans la ville grise.

Kiyo 5
 

Kiyomizu

4 rue Saint Philippe du Roule

75008 Paris

Tel: 01 45 63 08 07

www.kiyomizu.fr

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2 avril 2010 5 02 /04 /avril /2010 08:02

Ante-prima-1.JPG

 

Atenant à l'hôtel particulier qui abrite les bureaux de productions de la société de Luc besson, Ante Prima fut distingué en 2005 du prix Fooding du meilleur restaurant d'entreprise.

Avec sa formule déjeuner à volonté facturée 21 euros pour les membres, 24 pour les autres, incluant un authentique buffet d'antipasti collant au plus près des saisons, les pâtes, les lasagnes ou les risotti mitonnés avec la tendresse et la dévotion d'une napolitaine amoureuse, les pichets de vins, mais encore les desserts, on ne s'en étonne qu'à moité.

«Cantine» est en réalité un bien méchant mot pour désigner cette trattoria chaleureuse à la déco un brin classe dont on apprécie l'esprit bistrotier avec ses petites tables en bois, son carrelage noir et blanc. Entrées et plats changent chaque jour, voir plusieurs fois par service. L'ambiance est bon enfant, décontractée sans être excessivement relâchée.

 

Ante-prima-2.JPG 

Au son de la cloche agitée par le chef qui annonce l'arrivée en force d'un plat chaud, on interrompt sa conversation, on dessert sa cravate, on se résigne à lâcher son Blackberry et on se presse au devant du plat fumant avec les yeux brillant d impatience et l'air faussement désintéressé.

La première fois qu'on déjeune chez Ante Prima, on succombe volontiers à l'excès: on se ressert plus que nécessaire, on baffre avec des manières d'américain. Les fois suivantes, forts de l'expérience précédentes on pense éviter le piège et on n'est pas mécontent, au contraire, d'y succomber impeccablement.

 

Ante-prima-3.JPG


 


 

Ante prima

137 rue Faubourg Saint Honoré

Tel: 01 45 63 43 43

75008 Paris

 

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31 mars 2010 3 31 /03 /mars /2010 08:40

Toraya 1

Au Japon, la famille, les amis d'Hiromi se retrouvent après le travail sous les cerisiers dont la floraison atteint ces jours ci sa pleine puissance. Cette jolie et poignante manifestation de l'éphémère auquel les japonais sont très attentifs est attendue chaque année et appréciée au point que l'on se presse en masse sous les arbres, dans les allées qui succombent au sakura zensen, ce front des fleurs de cerisiers dont l'agence nationale de météorologie relaie en permanence l'avancée du nord au sud, d'Okinawa à Hokkaido. A Paris, le salon de thé japonais Toraya (le premier à Paris à avoir ouvert ses portes en 1980), dont la carte de wagashi - les pâtisseries japonaises traditionnelles - est comme il se doit rythmée par les saisons, célèbre à sa manière cet événement avec quatre Namagashi (gâteaux frais de saison) qui soulignent combien l'aspect visuel dans la gastronomie japonaise importe tout autant que le plaisir gustatif.

 La première semaine, mon choix se porte sur l'intrigant Tôzakura (horizon de cerisiers en fleurs: truffe de vermicelles blancs et rose en azuki blancs, fourrée à la pâte d'azuki rouges entiers). Celui-ci fond dans la bouche sans impressionner ni convaincre. La semaine suivante, le Sakura Mochi (délice de cerisier: fine crêpe de farine de riz fourrée d'azuki rouges en purée, recouverte d'une feuille de cerisier), ravissant au point d'en faire scintiller les yeux d'envie, s'avère bien plus réjouissant pour mon palais qu'il parvient à enchanter au point que les saveurs semblent comme fixées pour longtemps sur le bout de ma langue.  

Toraya 2

Ce même jour, je quittais le très respectable salon de thé Toraya pour traverser la Seine et me rendre à la Maison de la Culture du Japon - sorte de nuage posé sur les quais – ou j'assistais pour la première fois à une représentation de Rakugo. C'était au milieu de la scène nue, un conteur assis sur un coussin, en seiza. Vêtu d'un kimono, ce dernier n'a pour accessoire qu'un éventail et un essuie main qui l'aident à évoquer les situations ou les objets les plus divers. Par exemple, l'essuie main deviendra un livre, une lettre quand l'éventail suggérera le pinceau, la pipe à tabac, la canne à pêche ou les baguettes. Malgré cette sobriété, le maitre de cet art de la parole, incarnant à la fois le locuteur et l'interlocuteur, parvient sans peine à faire surgir une multitude de personnages du petit peuple de l'ère Edo. Incarnant tous les rôles, il passe de l'un à l'autre en modifiant sa voix, en tournant la tête, d'un simple geste. 

Rakugo

Le Rakugo puise ses origines dans les textes sacrés desquels il a fini par s' éloigner pour privilégier une narration plus distrayante, résolument ancrée dans le profane. Des salles spécialisées (yosen) ouvrirent un peu partout, permettant aux fonctionnaires, petits-bourgeois et gens du peuple de se détendre en riant tout en appréciant les performances du conteur dont les histoires sont bien connues de tous. En effet, on ne vient pas tant au Rakugo pour les histoires que pour la manière dont celles-ci sont narrées, pour les performances d'acteur. C'en était, au fil de cette soirée riche en surprises, la belle illustration.


 

Toraya

10 rue St Florentin

75001 Paris

Tel: 01 41 60 13 00

http://www.toraya-group.co.jp/paris/index.html

 

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27 mars 2010 6 27 /03 /mars /2010 10:02

026-copie-1

Les puristes, les ayatollahs de la galette avisant le four électrique, massif, immanquable, quitteront sur le champ cette adresse de poche toute en longueur sans même chercher à se faire draguer par la carte longue et alléchante. Les sceptiques hésiteront un bon moment avant de concéder qu'il serait regrettable de perdre le profit de cette matinée employée à batailler pour reverser péniblement 2 couverts. Les curieux, les enthousiastes ne demanderont pas leur reste et fonceront tête baissée, estimant qu'on a pas tous les jours la chance de faire un sort à une pizza vice championne du monde.
Étonnant mais vrai. En avril 2009, après trois participations infructueuses aux championnats du monde de Salsomaggiore (province de Parme), coup de tonnerre dans le petit monde doux dingue de la pizza: la paire Arlette Cadot/Gino Jaskula Toniolo (formé à la prestigieuse Scuola italiana di pizzaioli de Caorle et squattant déjà l'air de rien le top 50 des pizzaiolos mondiaux), réussissent le casse du siècle, au grand dam des italiens.
La pizza distinguée (cuite lors de la manifestation au feu de bois, détail qui a son importance), provocante, courageusement casse gueule et chaudement vêtue pour l'hiver est une manière d'entrer de plain pied dans l'univers gentiment foutraque, résolument fourre tout d'Il campionissimo, ou l'on trouve à la fois à boire et à manger.
Cela donnait donc un fond de chutney de figue, de fines tranches de poires fraiches, de la mozzarella sur une pâte d'une maturation de 2 à 4 jours, une cuisson au four suivie de la mise en place d'un lit de roquette, de touches de foie gras pané à la noix puis poêlé mais encore une chiffonnade de jambon de parme, le tout se refermant sur de larges copeaux de parmigiano reggiano. Cela porte un nom: l'Arlecchino. Et même un prix: 26 euros. Dans le genre, Pizza Chic a encore à apprendre, au point qu'Il campionissimo la ferait presque passer pour les restos du cœur.
Vous avez compris: avec des pizzas customisées qui semblent venues d'une autre planète et dont les tarifs se baladent sans complexe dans les 20, 30 euros, le moins qu'on puisse dire c'est qu'Il campionissimo n'y va avec le dos de la louche, celui-ci s'offrant même le luxe de concéder la Tarantella (saint Jacques, oeufs de truites) à 33 euros.
Il ne serait pas honnête d'insister sur ce brigandage de grand chemin, cette attitude un peu voyoute qui s'applique en réalité seulement à une poignée de pizzas ébouriffantes, quand la totalité des 70 pizzas suivantes, toutes classées par thèmes (les raffinées, les robustes, les exotiques, les océanes...) - s'échelonne entre 8 et 16 euros.

camp 1
A la réflexion, pizza de parvenu ou de mou du porte monnaie, la qualité des ingrédients et celle de la pâte doivent être sensiblement les mêmes. Seulement, si on se flatte d'employer par exemple de la pulpe de tomate avec une pointe de basilic, jamais de gruyère mais de la mozzarella fleur de lait et ainsi de suite, l'énorme faiblesse d' Il campionissimo, pour ne pas dire la faille qui tue, le détail impardonnable qui en Italie serait synonyme de potence, est bien cette pâte soit disant élaborée à base de farine d'Italie et d'eau minérale, pétrie d'une certaine manière pour éviter l'effet caoutchouc (très, très discutable) mais catastrophique, calamiteuse parce qu'ultra compacte, absolument pas aérée, éprouvante à couper, difficilement mastiquable, en plus d'être fade, de n'avoir aucun goût et aucune identité qui lui soit propre. L'indéniable fraicheur des légumes aurait pu sauver du naufrage complet ma Gino (22 euros), seulement l'accumulation d'ingrédients incapables d'exprimer leur saveur, impuissants de communiquer entre eux, de se répondre cadenasse la pizza, la condamne au silence.
Muette, la Spécial (16 euros) l'est tout autant. Si cette dernière est moins chargée (ce qui révèle d'autant plus l'état lamentable de la pâte), son fromage industriel (mozzarella à fleur de lait, tu parles) la plaque au sol et lui donne cet aspect – quand bien même elle sort tout juste du four - gommeux, rigide et sans relief que prennent les tranches de pizzas en fin de soirée bien arrosée, lorsqu'elles s'ennuient au fond de leur boite éventrée.

camp-2.JPG
On pense immédiatement limiter les dégâts en relevant la fadeur de cette chose au moyen d'un filet d'huile piquante, seulement voilà qu'on nous explique avec un ton plein de suffisance que celle-ci n'a pas chapitre dans cette maison parce qu'elle dénature la pizza. Entendons: nous sommes des Charlot qui n'entendons rien aux bonnes choses. La bonne blague. Comme on dit, c'est l'hôpital qui se moque de la charité. Rajoutez à cela le vacarme assourdissant qui vous ronge les neurones, les deux fours qui vous chauffent les cotes et vous aurez tôt fait de ne plus remettre les pieds dans cette taule. C'est en tout cas bien mon intention.


Il campionissimo
98 rue Fbg Montmartre
01 42 36 40 28
ilcampionissimo.fr

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26 mars 2010 5 26 /03 /mars /2010 09:58

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Savourer de retour chez soi le thé dont on a visité en Thaïlande la plantation puis suivi les étapes de la cueillette et du séchage, n'est pas le moindre des plaisirs ni des privilèges.
C'était à Mae Salong, un délicieux village situé au nord de la Thaïlande, lové entre la Birmanie et le Laos. Autrefois, Mae Salong était le centre du trafic de l'opium. En lieu et place de l'or vert on y cultivait le pavot qui servait à renflouer les bourses du Guomindang. Fondé en effet par le 93ème régiment du Guomindang débarqué de Chine en 1949, le village ne tarda pas à compter plusieurs milliers chinois qui finir par obtenir le statut de réfugié en 1960, ceci expliquant cette surprenante et néanmoins réjouissante impression de traverser un village du Yunnan, tant en raison de la langue parlée que de l'habitat caractéristique de cette région (maisons à un étage, pavillons aux toits recourbés, portes monumentales rouges bardées d'idéogramme).
Aujourd'hui, des cultures de substitution en remplacement du pavot ont été introduites par le gouvernement thaïlandais dont le thé, cultivé quasi exclusivement par des taïwanais ayant à l'époque importé clandestinement les semences, voir certains pieds depuis l'île dissidente et récolté essentiellement par des femmes issues des minorités ethniques (Lisu, Muser, principalement Hakka).

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Pas moins de trente ans auront été nécessaires aux anciens militaires de Tchang Kai-Shek pour acquérir l'expertise nécessaire et produire un breuvage de qualité internationale, un thé d'une telle qualité que certains taïwanais disent le préférer à celui produit chez eux.

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Par exemple, le thé Oolong Kan Oon («tige molle») est considéré comme le nec plus ultra. Derrière viennent le Oolong n°12, plus léger, et le Oolong Cha Som, une variété de thé au ginseng. Le Milky Oolong, proche du Jin Xuan taïwanais, est également très apprécié pour sa texture laiteuse. Quand au Kan Oon, c'est celui le plus corsé, dont le goût se prolonge le plus longtemps. Tous et bien d'autres encore sont vendus au village dans des maisons de thé ou bien de modestes échoppes situées sur la place du marché qui sont des lieux chaleureux, des lieux de partage et d'enseignement ou l'on ne peut s'empêcher de retourner jusqu'à plusieurs fois par jours et auxquels il est difficile de s'arracher.

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25 mars 2010 4 25 /03 /mars /2010 08:27

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Il est un lieu dans le quartier chinois que j'affectionne tout particulièrement. Situé au 2ème étage d'une centre commercial vieillot fréquenté quasi exclusivement par la communauté chinoise, on y trouve une théorie de petites tables ajustées les unes aux autres composant une succession d'îlots entièrement dévolus à la pratique du Yum cha, une expression cantonnaise désignant ces repas articulés autour des dim sum et du thé.
Mon moment préféré est l'après midi ou j'aime m'installer face au maitre de thé qui est invariablement une chinoise, que j'observe avec des yeux d'enfant ébahi manipuler ses ustensiles, faire circuler l'eau chaude infusée d'un réceptacle à un autre, en quête de la note juste avant d'en fixer le breuvage.

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Il m'arrive de ne plus quitter ma place, face au «bateau» humide, saturé de tasses, de théières de maison de poupée, comme il m'arrive de me faire apporter une de ces boites vapeur en bambou à une table que je partage avec des hommes qui sont retraités, sans emploi, gratte papier chez un grossiste, tous amis de longue date qui feignent la disputent lors d'une partie de majong, qui regardent avec indifférence un oiseau se poser sur le dossier d'une chaise, le poisson rouge s'ennuyer au fond d'une large bouteille de plastique. On parle peu, comme si les mots étaient une denrée rare, en voie de disparition. On avale une gorgée de thé et c'est encore du temps de passé dans ce lieu ou rien n'irrite, rien ne blesse.
Je retrouve beaucoup du parfum de Shanghai et se sont de nombreux souvenirs que ravivent ces moments passés dans ce lieu hors du temps dont je me prends à croire qu'il est le fruit de mon imagination.

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Phichaiyat Building
2ème étage
AngleYaowarat road et Mangkok 

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17 mars 2010 3 17 /03 /mars /2010 09:20

Hug 1
Les pearl tea ne courent pas les rues à Bangkok. C'est une chance de connaître une adresse en plein centre, sur Charoen Nakorn road, un peu en retrait de l'insomniaque Silom road. Les patrons, un couple de taiwanais, proposent un zenzoo naicha un peu tiré par les cheveux mais pas désespérant. On y vient écouter un jazz west coast inspirant, regarder de jolies office ladies au regard caressant. On y est pas malheureux avec une pâtisserie japonaise à portée de cuillère, au calme, en retrait de l'agitation urbaine.
Une adresse dont on attend rien, dont on espère rien sinon d'être elle même, fidèle, disponible.


Hug-2.JPG

Hug
Charoen Nakorn road
Au rez de chaussée du Bangkok Marriott Resort & Spa

 

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11 mars 2010 4 11 /03 /mars /2010 13:25

Oriental
Les bateaux qui écument la chao phraya sont un moyen bien commode de gagner le palais impérial, le Wat Phot avec son fameux bouddha couché, ou bien les abords du quartier chinois avec son impressionnant marché couvert. Depuis le Pier Saphan Taksin, j'emprunte fréquemment une de ces embarcations qui repart aussitôt après avoir déchargé son lot de passagers ému de s'être laissé balloter comme un nouveau né, porter par cette rivière large et bouillonnante qu'on dit abriter les secrets les plus noirs de Bangkok.
Souvent, le dernier passager a-t-il posé son 2ème pied sur la terre ferme que la machine manœuvre déjà, impatiente, gourmande. Il ne faut pas moins de temps à un oiseau pour battre des ailes.
Le premier débarcadère placé sur la route du bateau et auquel il fait rarement étape est celui du légendaire palace Oriental, rebaptisé depuis 2008 Mandarin Oriental depuis qu'il a intégré la chaine hôtelière du même nom.
Le curieux béât qui pénètre dans le magnifique hall chargé comme une courtisane d'un roman de Jean Lorrain à une première d'opéra aura peu de chance de tomber sur un encombrement de bagages en cuir, de malle valises couvertes d'étiquettes provenant des quatre coins du globe. La probabilité qu'il croise une société de clubmen en habits noirs, de princesses accablées de millions à la blondeur de blé mur ou bien de dames de compagnie en quête de princes russes nihilistes est encore plus réduite. En revanche, s'il est bien un lieu qui n'a rien perdu de son charme néo-colonial et qui témoigne encore de cette époque ou voyager était encore vécu, pensé comme un art de vivre, c'est bien The Author's Lounge, autrement dit le Salon des Ecrivains, ce pavillon discret coincé entre le jardin et la piscine. Il n'est que de choisir entre l'un des deux afternoon tea set (d'inspiration occidentale ou orientale), de se laisser tomber dans l'un de ces fauteuils moelleux ou nous ont précédé plus célèbres que nous,
Joseph Conrad, Graham Greene, William Golding, parmi tant d'autres, et de porter à ses lèvres sa tasse de thé Mariage tout en prêtant attention au musicien andalou faisant sonner sa guitare au balcon, pour sentir nous visiter, le temps d'un rêve, le souffle d'un temps révolu.
Et les jambes des serveuses en robe droite fendue, autant que la profusion de mets délicats, de nous donner le tournis.

Oriental 1
Oriental 2

Oriental 3
Oriental-4.JPG
Oriental-5.JPG

http://www.mandarinoriental.com/bangkok/

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9 mars 2010 2 09 /03 /mars /2010 12:00


Anothai 1
Cumulant les handicaps (domicilié au diable vauvert, à proximité d'un hôpital, au rez de chaussée d'immeubles décatis et face à un parking sordide), Anothai est l'exemple type de ces adresses planquées, desservies par leur environnement mais qu'on aurait tort de bouder.
Depuis Shanghai et ses adresses fétiches (Bellagio, Spin) nichées dans les lieux les plus improbables et les moins reluisant de la ville, on y regarde à deux fois avant de reléguer aux oubliettes un restaurant, lequel dans le cas présent, s'il ne jouit certes pas d'une situation centrale, bénéficie d'un bouche à oreille favorable et d' une excellente presse.
On aurait d'autant plus tort de s'en priver-cela dut-il nous coûter et du temps et l'épreuve pénible d'affronter dans un taxi beuglant des avenues congestionnées - que cette adresse propose uniquement des plats végétariens malins dont la majorité des légumes proviennent d'une ferme bio du Ratchaburi pilotée par les propriétaires des lieux.
A voir comme la salade à la vinaigrette moutardée se dresse littéralement dans l'assiette, vivante, tonique, on doute d'avoir fait fausse route. Les pignons de pin, la figue nous procurent cette bouffée de fraicheur qu'on recherchait tant dans la touffeur de Bangkok.

Anothai 2-copie-1
Ces beignets de tofu sont l'innocence même, la candeur incarnée, que l'on trempe dans un mélange indéchiffrable de sauce sucrée, de céréales et d'épices. Divin.

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Pour finir, une glace au oolong, histoire d'absorber une dernière bouffée rafraichissante avant d'affronter le brasier qui incendie la capitale.
Détail amusant, le personnel est uniquement composée de jeunes femmes chinoises dont la plus timide qui est naturellement la plus discrète, mitonne toute seule, l'air de rien, de très convaincants scones au thé vert, aux pétales de rose, aux zestes de citron, à la prune, parmi tant d'autres. 


Anothai
Soi rama 9 Hospital
Tel: 0 2641 5366

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