Les commentaires indignés vont une fois de plus abonder, arguant que j'y connais walou en matière de pizza, qu'en réalité je n'en ai jamais mangé d'authentique, qu'ici ou là se trouvent les meilleures de la capitale et qu'après tout que mes connaissances pour juger de la qualité d'une bonne pizza sont nulles et ainsi de suite.
Ce que je sais avec certitude c'est que la pizza est un sujet hautement sensible, celui qui dans ces pages fait le plus réagir les internautes, toujours avec passion, souvent avec virulence. Pâte fine, pâte épaisse, croustillante ou non, les critères sont passés au peigne fin et une fois le débat lancé, toutes les raisons sont bonnes de s’écharper, nombreux oubliant que je prends toujours comme référence la pizza que le quidam peut déguster à Naples , la pizza napolitaine s'avérant même protégée depuis 2009 par le label de qualité Spécialité Traditionnelle Garantie (STG), mais certains argumenteront encore que les labels, hein, on sait ce que ça vaut.
Ce que je sais également, c'est que je me serai bien épargné cette escapade rue de la Pompe, en plein 16ème arrondissement, zone sinistrée par excellence, grand corps malade placé sous assistance respiratoire qui n'en finit pas d'agoniser. N'y manquait que la corde pour se pendre qu'une de ces vieilles dames vous tendrait volontiers.
Enfin, ce que je sais avec certitude c'est qu'il n'y a rien de plus désagréable (écœurante impression d'être pris pour un pigeon) que de commander une Bufalina à 17 €, supposée garnie de mozzarella di buffala dont elle ne compte en réalité que 4 ou 5 petites tranches lâchées sur une indigeste base de fromage industriel non mentionné dans l'intitulé et auquel on aurait préféré une bonne purée de tomate maison. Un comble, un peu comme si vous commandiez une tartine de foie gras et qu'on vous la serve une tartinén de pâté de foie sur laquelle on aurait daigné glisser 4 ou 5 petits bouts de foie gras. Purement scandaleux.
D'abord surpris puis choqué, on finit par voir rouge lorsqu'on découvre sur le blog de Gilles Pudlowski cette même Bufalina généreusement garnie de buffala qui en recouvre la quasi totalité - sans parler des tomates cerise qui abondent -, aux bords légèrement carbonisés comme on les aime et pas blancs comme neiges, farineux, surélevés à la manière des infâmes Cheezy Crust de Pizza Hut. Et pour couronner le tout, on note que la pizza du célèbre critique est arrosée d'un généreux filet d'huile d'olive - deux poids deux mesures, n'est-ce pas. Quand au détail qui tue - la feuille de basilic -, fraîchement cueillie, émincée finement et garnissant la pizza après cuisson, il s'agit pour ma part d'une pauvre feuille cramée posée là comme un cheveu sur la soupe - l'affront impardonnable, le crime absolu.
Des claques se perdent dont l'équipe du restaurant se moque bien, tous les ingrédients étant réunis pour faire de La Pizzeria di Rebellato «l'adresse incontournable où se régaler d'une véritable pizza comme on n'en trouve pas à Paris.» Et ils rétorqueront que les gens font la queue, que les people s'y précipitent, sans m'épargner les sommets d’efforts fournis (les nuits blanches et tout) pour offrir aux amateurs une pizza irréprochable... Tout compte fait, mieux vaut en rire qu'en pleurer.
La Pizzeria di Rebellato
138 rue de la Pompe
75016 Paris
01 44 05 08 08
Photo haut de page, copyright La Pizzeria di Rebellato, empreint exceptionnel de ma part qu'on se précipitera de me faire retirer étant donné que l'article est à charge.