Avec cette chaleur on n'est pas mécontent d'occuper une petite table à l'ombre sur le trottoir. Vacances d'été aidant, le calme saharien de la rue de Cotte est rarement pris à parti par les véhicules qui se font aussi rares qu'un petit vent doux susceptible de nous tirer de notre torpeur. San Pellegrino bien chambrée en embuscade, un rapide coup d’œil à l'intérieur nous révèle une micro-salle rétro, mâtinée de mobilier des années 50. En d'autres temps l'espace a vu naître puis mourir une boutique de fourreur, qui est tout l'opposé sinon le contraire d'une planque bistronomique de terroir italien.
Au déjeuner, tiens, c'est parfait. Inutile de vider son portefeuille pour faire un sacré bon repas (compter 17 €, l'entrée et le plat, 20 avec le dessert), quoique la Burrata aux copeaux de truffe noire vantée par l'inénarrable Marco - belle gueule - slalomeur surdoué de la parole, soit un peu voir beaucoup à la ramasse, muette comme une carpe, la chose, à la résistance et à la texture proche d'une qualité industrielle, autant dire que pour le cœur laiteux on repassera. Après tout, l'erreur est humaine et le couscous de poisson d'inspiration sicilienne annule d'un coup de baguette magique ce désolant incipit.
Question panache, saveur et générosité, ça envoie. De la rascasse, du cabillaud, du rouget du poulpe et des moules: c'est presque un filet de pêche qui s'est déversé dans notre assiette. Graine de semoule tendre et aérée à mouiller avec un bouillon épais et parfumé, plat rafraîchissant de carottes et de courgettes crues à partager. Un festin de prince en même temps qu'une déclaration d'amour à la Sicile et plus spécialement Trapani, berceau de cette spécialité. Et autant de raisons de prendre ses quartiers d'été chez l'encourageant Vilia.
Vilia
26 rue de Cotte
75012 Paris
06 62 32 27 22