Il en va du thé comme de la littérature. Certains âges, certaines étapes de notre existence favorisent plus ou moins l'approche d'un texte, d'un auteur. Aussi, il est des thés auxquels nous sommes réticents, auxquels on se promet de s'intéresser ultérieurement, incapables que nous sommes d'en apprécier à tel moment de notre vie les caractéristiques et les vertus.
Ainsi un thé fumé, un puer ou un sencha s'apprécieront-t-ils plus dans nos années de formation qu'à à l'automne de notre vie ou inversement.
Cela est vrai également pour ces livres estimés inaccessibles, auxquels on n'accroche pas immédiatement, dont les louanges demeurent pour nous un mystère mais dont on n'est conscient de la beauté, de la force qu'ils portent en eux et que l'on ne désespère pas de pénétrer dans une année, une dizaine année, voir au crépuscule de notre vie.
Livres comme thés sont repoussés avec respect, remisés sur une étagère, dans un coin de notre mémoire avec la certitude qu'ils sauront bien se manifester au moment voulu et qu'en brusquer la révélation serait pure perte.
Récemment, je fis l'expérience de ce phénomène au Shanghai Café de la Maison de la Chine ou contre toute attente je me vis passer commande d'un Genmaicha dont j'appréciais sans commune mesure - et ce plusieurs années après ma dernière expérience peu concluante - la saveur de noisette du riz grillé. Euphorique, je vidais – honte sur moi - la théière en un temps record. Le froid glaçait la ville et rien ne pouvait autant me combler ni soulager mon corps frigorifié que ce breuvage dont je mesurais enfin les richesses, les subtilités et l'intérêt que celui-ci pouvait susciter.
A noter que les thés japonais tels ce Genmaicha proviennent de l'excellente maison Jugetsudo et que les
pâtisseries sont assurées par Aoki. A mentionner également, ces jours-ci, une éxpo plutôt racoleuse autour de Mao.
Maison de la Chine
76 rue Bonaparte
75006 Paris
Tel: 01 40 51 95 17