Luang Prabang aussi bien que Saigon aurait pu abriter les amours de la jeune Marguerite Duras avec «l’homme de Cholen». Les fleurs nacrées des frangipaniers, son architecture coloniale, ses longues avenues dans lesquelles s’engouffrent les odeurs de café fraichement torréfié ou celles du khai pâen, une mousse de rivière séchée, frite et parsemée de graines de sésame, et naturellement une chambre sobre mais ombragée au bord du Mékong, auraient pu composer le cadre de leurs rencontres et de leurs jeux érotiques. Garée devant une vieille bâtisse, je crois même reconnaitre la voiture rutilante du «Chinois», comme si les amants avaient devancé mes mots, mes désirs.
C’est en compagnie de ces pensées singulières que je longe la Nam Khan pour me rendre chez Tamarind, un restaurant qui offre une relecture passionnante de la cuisine locale et jouit d’une agréable vue sur la rivière qui se jette avec lenteur dans le Mékong.
On y donne également des cours de cuisine, on compose des paniers pour les pique-niques ainsi qu’on y vend quelques produits locaux comme du riz gluant pour les desserts, de la pâte de piment, des algues, du thé, du café ou des tisanes.
Le menu dégustation composé de 5 petites assiettes est une bonne l’occasion de gouter au meuyang, l’une des spécialités de la région qui consiste en nouilles que l’on agrémente soi même d’herbes, de poisson, de pâte de piment, de légumes et qu’on roule dans une feuille d’algue séchée, seulement je lui préfère le Mok Pa qui est un poisson cuit à l’étouffé dans une feuille de banane, mélangé à de l’aneth et du basilic. Des légumes à la vapeur et du riz gluant accompagnent ce plat.
C’est fin, c’est tendre, c’est excellent et ça se marie merveilleusement avec cette boisson rafraichissante au tamarin. En dessert, bien que n’ayant plus très faim, je me laisse tenter par le riz gluant violet mélangé à du lait de coco au tamarin, nappé de sirop de tamarin et saupoudré de graines de sésame noir.
Après cet excellent repas, hésitant entre remonter sur la bicyclette pour longer le Mékong ou bien marcher dans la ville, j’opte pour la baignade vivifiante dans la Nam Khan et m’allonge sur un îlot de sable, et me laisse dériver dans l‘eau glacée, nage à contre courant et observe ces hommes jetant des filets amples comme des toiles d’araignées qui ressortent tous verts d’avoir capté des algues.
Tamarind
Ban Wat Nong
Luang Prabang
Site: tamarindlaos.com