19 euros la formule déjeuner sans boisson ni dessert, on a connu les coréens plus conciliants. Certes, le cadre n’est point détestable. Lumineux, épuré et débarrassé de ses hôtes hideuses, on ne cachera pas qu’on y sent très à l’aise. Seulement, 19 euros pour des nouilles de patates douces d’une qualité égale à ce que l’on trouve en plus approximatif chez le traiteur chinois, suivies d’un de ces bilimbap interchangeables d’une banalité qui n’étonne plus (une nouvelle fois, la sauce piquante manufacturée boulotte pour le compte des ingrédients), on a du mal à digérer.
Vous me direz qu’il ne tient qu’à moi de taper dans la carte, de faire preuve de curiosité et donner sa chance pourquoi pas au coquelet mijoté au ginseng, à l’anguille grillée, le barbecue ou le shabushabu, pour peu que je sois accompagné. Je vous avouerai que rien de cela ne me tente, étant immanquablement déçu chaque fois que je m’aventure en dehors des incontournables de la cuisine coréenne, du moins l’interprétation qu’on veut bien nous en donner à Paris et même dans certaines capitales asiatiques (qui s’avère être chaque fois un raccourci décevant, désintéressé, une version caviardée), soit dit en passant, une dérive qui s’applique malheureusement à la quasi totalité des cuisines dites du monde.
A Paris, cela sent tellement l’assemblable, on devine tellement le cuisinier (à défaut de chef) dégagé de son sujet, de toute ambition que ça en devient pénible. Les plats qui se succèdent aux tables voisines me confortent dans mon jugement. Aucun sentiment, aucune audace ni envie, rien qu’un mimétisme mou.
Certes, le bilimbap se laisse manger, et les kimchi sont irréprochables (comment pourrait-il en être autrement lorsqu’il ne s’agit que de faire sauter un couvercle?). Il n’empêche que c’est chaque fois pour moi une déception. Et de songer sérieusement à un gastronomique qui pourrait me réconcilier ave cette cuisine, à défaut de sauter, définitivement agacé dans le premier avion pour Séoul.
Soura
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