La mission du jour: s'approvisionner en fleurs en prévision des festivités et en garnir la maison jusqu'à la gueule.
La ville n'en manque pas, elle en est même littéralement inondée. Et de se dire que ces jours-ci Saigon doit probablement être la ville la plus fleurie du monde.
On veut tout acheter, on achète trop mais trop c'est encore pas assez. Nos bras ne suffisent pas et les motos non plus.
Rien de plus simple alors que de héler un cyclo qui se fera un plaisir de venir les livrer à domicile.
Mais avant cela, pour commencer la journée du bon pied, rien de tel qu'une simplissime soupe de coquillettes au jarret de porc.
Et rien de plus facile à cuisiner car il suffit de faire frire l'oignon haché dans une grande marmite, d'y ajouter le porc, lequel une fois qu'il a cuit peut être réservé. On incorpore immédiatement une grande quantité d'eau, du sel, du sucre, des herbes fraîches et l'inévitable poudre Knorr. Sur la deuxième plaque on fait frire les échalotes jusqu'à ce qu'elles soient bien dorées. On remet le porc dans la marmite, on y ajoute les échalotes et on laisse cuire une quinzaine de minutes en plongeant les nouilles qu'on aura cuites au tout début des opérations. On sert et on verse au dernier moment une cuillerée de poivre moulu, une autre de sauce de poisson mélangée à des piments frais. Et on déguste.
Dans le genre, le porc au caramel (thit kho) servi au déjeuner n'est pas sorcier non plus. Il faut d'abord s'équiper d'un bon caramel d'eau de coco. Celui qu'on utilise ici est préparé dans une grande cuve à la ferme du delta. Pour obtenir un bon caramel l'opération prend du temps car on fait bouillir l'eau pendant exactement 16 heures, laquelle va réduire, jaunir (moment clef ou l'on retire la cuve du feu et ou on filtre le liquide pour le débarrasser de ses impuretés) puis brunir et enfin caraméliser pour donner ce fameux nuoc mau (eau/couleur) qui rend fou de bonheur le palais. On sera moyennement étonné d'apprendre que 40 litres de jus de coco donnent 2 litres de caramel.
Ensuite, ce n'est pas le bout du monde. Soient des échalotes émincées, de l'ail écrasé au pilon, du sucre, du sel, de la poudre Knorr dont on frotte le porc jusqu'à ce qu'il en soit bien imbibé.
On fait ensuite dorer les deux faces du flanc de porc avec sa couenne bien épaisse (de manière à conserver toute la fermeté de la chair) puis on dépose les morceaux au fond d'une grande casserole et on fait mijoter à feu doux uniquement avec le nuoc mau et l'eau de coco et on prend bien soin de retirer l'écume au fur et à mesure.
De quoi se réjouir, en guise de 4 heures fait son apparition le chuoi sao dua, l'une des mille sortes de banane au tapioca et au lait de coco.
Ici, les bananes cuites séparément du reste (à la différence d'autres recettes) sont jetées telles quelles dans l'eau bouillante pendant un bon quart d'heure avant d'être retirées puis débarrassées de la peau et enfin tranchées.
Ne reste plus qu'à ajouter les billes de tapioca qu'on a laissé prendre dans l'eau froide avant de les cuir dans le lait de coco. Évidemment, les enfants en rafollent. Surtout la petite Alice qu'on appelle aussi Dau Do (haricot rouge).