C’est un peu le bonheur, des adresses comme celle-ci. Un accélérateur de bonne humeur. On n’en demandait pas tant et c’est un peu comme si un bon génie avait pris soin que tout soit irréprochable, qu’il tenait à nous offrir le concentré d’un rêve. Ce bonhomme aurait un nom - Rino - qui n’est autre que Giovanni Passerini, ancien second de Peter Nilsson à la Gazzetta voisine. Un détail qui force le respect.
Le menu unique du midi (2 entrées, 2 plats, 1 dessert), 22 euros avec le dessert, 18 sans, (38/45 le soir) est une bonne raison de ne pas réfléchir à deux fois avant de passer un coup de fil pour bloquer deux couverts, de préférence en bout de salle, en bordure de la cour intérieure.
On ne sera pas ému par la déco minimale plus que minimaliste, qui évite tout superflu d'originalité. La surprise est ailleurs, annoncée sans tremblements ni coups de semonce - une flèche décochée qui fait mouche. On sentait la chose venir, on l’entendait monter, prendre forme dans cette cuisine ouverte improbable qui tiendrait au fond de votre poche.
C’était ce midi, une soupe de fève, brandade, œufs de truite et choux qui nous laissa sans voix, un peu bêtas. A vous décourager de bricoler des petits plats chez vous, quand bien même vous y mettez les meilleurs sentiments qui soient. Et voilà que nous venions ni plus ni moins de sauter à pieds joints dans l’histoire, dans le grandiose.
Le mulet noir, purée d’aubergines fumées, pommes de terre, épinards était du même tonneau. Une belle pièce, généreuse, gouteuse, impeccable. Pour un peu, on sent quelques larmes monter. La salade de fraises, crème citron, glace au lait, pistache était une manière de bouquet final, un feu d’artifice de chambre. L’addition affichait bien 44 euros, soient deux menus à 22 euros et il fallait se pincer plutôt deux fois qu’une afin de réaliser que tout cela n’était pas le produit de notre imagination ou de quelque sortilège.
Rino
46 rue Trousseau
75011 Paris
Tel: 01 48 95 85