En retrait de l'aire de jeu attenant à une école, plus haut sur les hauteurs, elles sont là, enfoncées dans la masse verte, actives depuis l'aube, cueillant sans relâche les feuilles de thé qu'elles jettent par brassées par devers elles dans un gros sac pesant entre 8 et 10 kilos une fois qu'il est plein et prêt à partir pour l'usine de transformation.
L'histoire, c'est qu'en 1841, forts de leur expérience acquise en Inde, les anglais introduisirent 200 plants de théiers assamica en provenance du Bengale. Ceux-ci furent acclimatés précisément ici, à Nuwara Eliya. Dans la foulée, les colons firent venir de nombreux tamouls du sud de l'Inde pour travailler dans les plantations. Ces «tamouls des plantations» qu'on distingue ainsi des tamouls du nord, se répartirent au fil des années dans le centre de l'île, autour de la région montagneuse.
Le thé ne connaîtra véritablement un tournant qu'au tournant de 1869, après qu'un parasite ait ravagé la majorité des plantations de café, alors cultivée à très grande échelle dans le pays.
Désormais cultivé à titre de substitution, le thé devient en l'espace de quelques années la première culture du pays et aujourd'hui le deuxième producteur mondial avec plus de 300 000 tonnes produites chaque année.
Alors, voici ces collines verdoyantes qui s'étalent à perte de vue et ces marches qu'on ne peut refuser, comme lorsqu'on s'enfonce dans cette plantation d'Elpitiya et qu'on les voit, ces cueilleuses, agiter la main, ou plutôt le poing bourré de feuilles - les plus claires, les plus belles, celle dépassant du long bâton qu'elles posent sur les théiers, les plus foncées finissant par tomber et servir de compost - en signe de bienvenue, d'invitation.
Tout leur courage tenant dans ces petites mains aux doigts longs et fins, prenant grand soin de ne pas endommager le bourgeon.