Dans les paladares (paladar signifie palais), ces petits restaurants privés de douze couverts maximum ou les familles moyennant une taxe mensuelle d'une centaine de pesos convertibles sont autorisées à pousser les meubles pour rassasier leur clientèle, les plats sont toujours plus ou moins les même, crevettes, bœuf ou langouste n'étant pas tolérés - l'état en ayant le monopole - ce qui réduit considérablement les possibilités de varier les plaisirs.
Aussi, pas de quoi s'étonner si les menus se fatiguent d'eux-mêmes entre ajiaco - le plat national, un pot au feu composés de légumes, de tubercules et de viande -, congri avec poulet, congri avec porc..., plantanos, salade, bref, la ritournelle habituelle.
Aussi, très vite lassé de ce régime, accueille-t-on avec grand plaisir et soulagement l'idée de déjeuner au Paladar La Guardia qui est en réalité moins un paladar qu'un restaurant à part entière, figure de proue de la nueva cocina cubana qui entend fusionner gentiment cuisine créole et occidentale, l'idée ayant germée aux États-Unis dans les casseroles endiablées de chefs américano-cubains.
Pour ajouter à la réputation du lieu, on ajoutera que c'est dans cet immeuble ravagé - sorte de palais décadent – mais ô combien magnifique et digne, qu'à été tourné en partie le film cubain culte Fresa y Chocolate, nominé aux Oscars soit dit en passant.
Situé aux troisième étage du bâtiment, accessible par un vieil escalier en marbre chevrotant, ce paladar au luxe décomplexé (nappe blanche, argenterie) doit certainement devenir mémorable dès la nuit tombée, ce qui explique que ce midi on le trouve quasi désert. Pas de quoi bouder son plaisir pour autant, bien au contraire. Une salle entière pour déguster son demi poulet à la sauce miel citron (un vrai miracle doux amer), accompagné de riz blanc et de légumes pôellés n'est pas ce qu'on appelle une punition, loin s'en faut.
Paladar La Guarida
Concordia, n°418, entre Gervasio et Escobar
Havana Central
Tel: 866-9047