Une fois acquitté de ces 2,90 euros qui vous donnent accès au jardin d'acclimatation ainsi qu'à ces réjouissances attendrissantes quoique un peu fanées, vous prenez immédiatement sur votre droite
en direction de l'ancien pavillon de l'impératrice Eugénie dont vous faites le tour afin de gagner l'escalier donnant accès à l'univers crée de toutes pièces (rapportées) par le
poète, l'écrivain, le peintre, le photographe, le conteur, le regardeur Hippolyte
Romain.
C'est immédiatement entre les murs de cet ancien entrepôt de 350 m2 l'impression de
s'être égaré dans quelque hutong de Pékin, d'avoir pénétré dans une de ces résidences traditionnelles à cour carréee (siheyuan) abritée derrière ses murs gris et sa porte
vermillon.
Dans un décor de laques rouges, de lanternes, de soieries, de panneaux de bois,
de meubles anciens patinés par le temps et de livres fatigués, le maitre des lieux qui est également le directeur artistique du jardin, se réjouira de vous initier à l'un de ces thés rares
rapportés dans ses bagages, un puer, un oolong ou bien ce fascinant thé rouge aux céréales grillées, chacun proposés à 4 euros la théière. Comme vous le feriez sur un bout de trottoir, un après
midi ensoleillé aux côtés de joueurs de majong, vous entamerez une conversation qui vous conduira jusqu'à la tombée du jour et qui ne s'achèvera qu'avec l'arrivée de la pluie.
C'est qu'Hippolyte Romain est intarissable sur la Chine qu'il découvrit il y a 15 ans avant d'y prendre ses quartiers plusieurs mois par an dans un pavillon pékinois, la capitale agissant sur lui
comme un révélateur, libérant les possibles et condensant les formes menacées. Il a beaucoup écrit sur elle, il l'a beaucoup peinte également. Lorsqu'il séjourne à Paris, elle n'est jamais très
loin de lui. Toujours à portée de main, à l'image de cette maison de thé, ce fragment de l'empire du milieu dont la greffe a pris dans les jardins d'acclimatation. La Chine, et par extension
l'Asie (qui précipite chez l'artiste la création), reste toujours présente en creux, principe actif et invisible, que se soit entre les murs de Mademoiselle Li ou bien à la surface même de ces
toiles témoignant d'une certaine jouissance de la vie, de la proximité de la mort.
Le
rituel est immuable: Hippolyte Romain retourne de Chine, ouvre grand ses malles et en sort des sacs de thé, des bibelots chinés sur les marchés de Pékin; il dissémine au quatre coins de la pièce
ses trésors comme on sèmerait le grain et l'usure du temps, la poussière font le reste. Et l'appel du voyage de se faire de plus en plus insistant, comme une irrésistible enfin de se confronter à
son tour avec le monde.
Mademoiselle Li
Jardin d'acclimatation
Bois de Boulogne
75016 Paris
Métro
Sablons
Ouvert Samedi et Dimanche, 12h-18h
www.hippolyte-romain.com