L’excellence, la perfection m’ont toujours intimidé, voir glacé. On ne demande qu’à être satisfait et on l’est trop. On se demande alors ce qui est pire: la déception ou l’excès de plaisir. Nul n’ignore que trop d’amour tue l’amour. La gastronomie ne réagit pas autrement qui se satisfait à moins. La cuisine de Pantruche serait un homme, on se la représenterait pieds et poings liés, ficelée comme ces modèles d’Araki qui trouvent néanmoins un espace de liberté dans leur contrainte, dans l‘entrelacement et la fusion de la vie, de la mort et du sexe: sublime et dérangeant à la fois.
L’œuf cuit mollet, piperade et siphon chorizo (9 €) ainsi que le pavé de lieu jaune en croute de châtaigne et amande, mousseline de
céleri (19 €) sont fidèles à l’intitulé, voir trop: rien ne dépasse, c’est net, appliqué, seulement on a sous les yeux un objet au contenu presque inanimé quand on voudrait entendre battre son
cœur, l’entendre chanter. Manque la surprise, ce dialogue qui pourrait naitre entre le plat et son destinataire. Aussi, méfions nous de la perfection qui prend quelquefois des allures de pierre
tombale.
Nouveau venu dans le quartier fraichement gentrifié du triangle Pigalle/Saint Georges/Anvers, avec à sa tête Edouard Bobin et Franck Baranger, deux transfuges de la constellation Constant passés par le Bristol d’Eric Fréchon, Pantruche (Paris en argot) reste un bistrot contemporain plus que recommandable aux fréquentations également hautement recommandables (viandes Metzger frères, bœuf black Angus, porc basque ou espagnol, légumes des Vergers Saint Eustache). Le plat du jour à 14 €, le menu midi à 17 € (2 plats), le menu complet à 32 € ou bien la carte (huitres en tartare, risotto aux asperges vertes, caille farcie, côte de cochon fermier) laissent une excellente marche de manœuvre pour trouver son compte et peut-être son bonheur.
Le Pantruche
3 rue Victor Massé
75009 Paris
Tel: 01 48 78 55 60
Site: www.lepantruche.com