Les histoires d'amour finissent mal en général. Ce refrain acide chacun en a inévitablement fait l'expérience. Comme les chansons d'amour mentent rarement, deux croates, Olinka Vistica et Drazen Grubisic réfléchissant au moyen de préserver les reliques de leur relation amoureuse après leur séparation, ont eu l'idée géniale et saugrenue de fonder à quelques rues de la mairie de Zagreb, là même où les couples se disent oui à la vie à la mort, un insolite musée des cœurs brisés alimenté de centaines d'objets hétéroclites témoignant de ruptures, lesquels rassemblées dans le même espace constituent moins un mausolée des amours mortes qu'un véritable patrimoine émotionnel sans frontières brassant les disciplines artistiques ou l'humour côtoie sans complexe la gravité.
A l'origine de cette collection d'objets aussi touchants qu'un fer ayant servi à repasser un costume de mariage, la pile ôtée d'une montre de l'aimée pour que le Temps plus jamais n'ai d'emprise sur l'amour tout juste éclot, voir troublant tel ce rétroviseur fendu lors d'une crise de jalousie ou bien encore radical comme cette hache utilisée par une berlinoise pour réduire en miettes les meubles laissés derrière elle par son ex compagne; se sont des centaines d'anonymes à s'être portés bénévoles pour céder une pièce illustrant l'étape d'une rupture.
Au café du musée, cette belle jeune femme à lunettes seule dans cette petite salle qui ne compte qu'une poignée de tables.
On lui parlerai sans ouvrir la bouche et de cette histoire d'amour qui n'arrivera jamais, quelque part survivra à cette non-rencontre les oreillettes de son téléphone portable qu'elle pense avoir oubliées et que dans la foulée de son départ elle revient chercher sans succès.
Ces oreillettes dont un anonyme pourrait en écrire l'histoire, laquelle viendrait s'ajouter à toutes les autres composant un futur musée des amours mort-nées qui n'ont jamais existé ailleurs que dans notre imagination.
Museum of Broken Hearts