Il n’est que de flâner entre les étals des bouchers et des poissonniers démultipliés à l’infini et saturés à la limite de l’oppression de chères fraiches et sanguinolentes, congestionnés d’écailles étincelantes et de tentacules visqueuse prises dans la glace, pour se rendre compte que le plus spectaculaire au marché central se tient dans cette partie réservée de la halle aux produits marins et carnassiers. On dirait que la Méditerranée s’est renversée dans Athènes, que les bêtes sont tombées de leurs montagnes jusque dans le ventre de la capitale.
Il faut marcher, pencher la tête, marquer l’arrêt, fasciné, devant des rangées de poisson alignés comme des petits soldats, de la sèche dégorgeant d’encre d’un noir de jais, la tête décapitée d’un animal dont on peine à faire jouer nos connaissances pour rassembler les morceaux manquants et en trouver l’origine.
Le choix est vaste, la qualité de premier choix et l’hygiène irréprochable. Clope au bec, mains à l’ouvrage, on se fait livrer son café par un comis qui louvoie parmi la foule, joue du coude et de la voix pour se frayer un chemin jusqu’à son client. Il s’agit d’un plateau suspendu qui oscille faiblement, parfois d’un deuxième placé au dessus des boissons afin qu’elles conservent au maximum leur chaleur. C’est un ballet rythmé et discret, un usage que l’on retrouve au Moyen Orient, dans certains pays du Maghreb, dans le sous continent Indien ou encore dans la péninsule arabique et dont on nourrit l‘espoir, sans trop y croire, qu’il arrive jusque chez nous.
A l’extérieur de la halle, sont les charcuteries, les fruits et légumes, les olives et les fruits secs. L’ambiance est autre, plus posée, un peu trop sage. Ma préférence va naturellement aux halles qui sont le cœur de ce marché.