Il y a quelques jours, on apprenait comment Giovanni Passerini, second de Peter Nilsson à la Gazzetta avait traversé la rue Saint Antoine pour ouvrir à quelques centaines de mètres de là son Rino passionnant en diable. A peine le repas fini, le projet fut évoqué de remonter le courant pour nous en aller voir du côté de cette Gazzetta ancrée dans le prolongement de la rue Trousseau, laquelle une fois franchi l’axe Saint Antoine, fait sa mue et devient la rue de Cotte qui n’est plus tout à fait le même quartier et dégage une toute autre ambiance, explicable en partie à la proximité du marché Aligre. C’est un des charmes de Paris, de n’avoir à parcourir qu’une centaine de mètres pour passer d’un univers à l’autre.
Si la planque de Rino surprenait par ses proportions modestes et brillait par son absence de déco, la Gazzetta impressionne au contraire par son espace généreux, le rutilant de son mobilier et cette atmosphère néo-bistrot poussée jusqu’à sa caricature. Le service est à l’image du lieu: certainement moins décontracté que chez Rino, notablement plus laborieux et maniéré. Les enthousiastes passeront sur ce détail quand les grincheux trahiront des signes d’agacement.
Côté cuisine, on reste dans la même fourchette de prix avec le midi ce menu entrée/plat à 16 euros qui s’ouvre sur trois petites entrées et se poursuit non plus avec 2 plats au choix comme chez Rino, mais 4 dont deux avec suppléments, ce qui laisse une confortable marche de manœuvre.
La salve de petites entrées est juste formidable: la soupe de haricots tarbais se boit comme du petit lait, la pizza Bianca/anchois/poivrons/fenouil est rafraichissante, le cœur fumé de bœuf/pommes de terre nouvelles/purée d’avocat, vivifiant et signé de fleurs de ciboulette qui est également l‘un des gimmick de la cuisine de Rino.
Le maquereau grillé (+2 euros) atteint des sommets d’autant qu’il est escorté d’un joli ensemble de légumes (l’un des points forts de la maison), betteraves brûlées, épinards et thym citron: une précision d‘horloger.
Le dessert (rhubarbes confites, glace de lait réduit au thé fumé) se passe de commentaires, qui devrait à lui seul faire se déplacer les foules.
Et de quitter les lieux en se disant que tout être normalement constitué habitant dans les parages, devrait avoir son rond de serviette à la Gazzetta.
La Gazetta
29 rue de Cotte
75011 Paris
Tel: 01 43 47 47 05