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1 juin 2010 2 01 /06 /juin /2010 15:18

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Il est 9 heures du soir, au comptoir de ce restaurant situé à l’angle de l’Apa Hotel, tout proche de la gare de Kyoto. La salle est pleine, à l’exception de 2 chaises restées inoccupées à ma gauche. Sirotant mon verre de sudachi (agrume de la préfecture de Tokushima, proche du citron vert), je jouis de cette quiétude égoïste sûrement comparable à celle des marins, de l’officier qui vient d’achever son quart, comme si je ne faisais plus partie du monde qui m’entoure. La voix de Nina Simone flotte dans la salle, égale au bourdonnement triste du vent qui se lève. C’est mon dernier soir à Kyoto et y penser me fait un peu l’effet d’un rêve aux retours sombres.

Au moment de passer commande en désignant mollement de l’index et passablement gêné, quelques plats entrevus sur les tables voisines, arrive ce jeune couple qui se laisse tomber sur les chaises restées vacantes.

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Nous ne tardons pas à sympathiser et on dirait qu’avec leur arrivée mon diner va prendre une toute autre dimension, une trajectoire plus inspirée, d’un rafraichissement nouveau. Soudain, la carte qui jusque là n’offrait à mon œil qu’une succession de signes indéchiffrables, gagna en lisibilité, laquelle une fois apprivoisée pare que traduite, commentée, n’a plus de secrets pour moi. Alors, tout s’aplanit, tout s’apaise autour de moi et ce sentiment de bien être, cette impression que la soirée me souriait doucement me traverse au moment même ou débutent les premières notes de Chilly winds don’t blow.

Autour de moi, je ne vois plus que des figures souriantes, empressées à me faire plaisir et me sens entouré d’un parfum de bienveillance, de sympathie.

Le repas est placé sous le signe de la mer et articulé autour de cette pièce maitresse qu’est le kihada maguro kama, soit du thon grillé (espèce albacore, sérieuse victime des restrictions de pêche) et plus précisément la partie située sous la joue, qui fond littéralement sous la langue.

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Un moment déjà que la crainte superstitieuse qui accompagnait certaines de mes commandes décochées au hasard n’est plus qu’un vieux souvenir. Depuis plusieurs voyages, il m’arrive de procéder ainsi et de m’en remettre entièrement aux suggestions du chef, d’amis de passage, d’inconnus avec lesquels je partage une table, un bout de comptoir.

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Dorade, friture, poissons grillés, tout est choisi de main de maître. Je me régale d’une salade d’algues, j’apprécie les manganji, ces piments vert grillés, fins et longs (variété de la région de Kyoto) et recouverts de lamelles de bonite séchée. Les verres d’alcool sont comme des virgules et les sourires une respiration. Le restaurant ferme ses portes lorsque je me décide enfin à quitter ma chaise pour me glisser dans la sonorité tranquille de la nuit.

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