C'est un morceau de Brooklyn et plus particulièrement de Park Slope qui a poussé dans la nuit en plein 7ème arrondissement à distance raisonnable du Bon Marché, de sa Grande Ep' et de Conran. Le rêve devenu réalité d'un français et un australien, torréfacteurs militants investis d'une mission ultra délicate à Paris: proposer rien de moins que le meilleur du café. Autant parler d'une mini révolution, d'une tornade partie s'en mettre un grand coup de balais dans les tasses et les mugs dégorgeant du jus de chaussette auquel le parisien est condamné (quand il ne s'en félicite pas). C'est du moins ce que j'entends régulièrement ici ou ailleurs, le café m'étant aussi étranger que les banquises du Groenland.
En réalité, tout nous plaît au Coutume Café, son intérieur ultra lumineux qui tient à la fois de l'appartement haussmannien (parquet usé en chêne, moulures au plafond), du loft nordique (tables en bois blond, néons design torsadées, murs enduis mais volontairement non repeints - on y entend souvent de ces questions comme «quelle couleur avez-vous donc fini par choisir?», la manie occidentale de l'achevé, du définitif - ) et du labo de savant fou (une galaxie d'ustensiles en verre, de ballons, de machines alambiquées posées derrière un comptoir carrelé de blanc qui confère une touche «clinique» à l'ensemble, sans parler de l'extracteur de café tout au fond, caché derrière un épais rideau à franges en plastique transparent qui rappellerait presque une scène de crime). Enfin, les touches de verdures tout comme la musique plus indépendante que mainstream finissent de nous faire adopter ce nouveau lieu qui devient en un rien de temps notre une seconde maison.
On s'en doute, au Coutume Café, le café est nomade - ses grains sont d'origine multiples, lesquels sont torréfiés quotidiennement sur place - et bénéficie d'autant de soins qu'un nouveau né (l’extraction adéquate, la bonne température de l'eau ne sont qu'un critères parmi tant d'autre respectés scrupuleusement par la maison) et se conjugue sous toutes les formes: de l'espresso (2 €), au cappuccino (4,5 €), en passant par le siphon (7€) ou le café 24 h d’extraction (au goutte à goutte, 4 €) et tant d'autres encore. Il est même possible de troquer le trait de lait de son noisette contre une goutte de lait de soja, ce que nous apprend une ravissante barista sortie à la fois d'un mélodrame de Douglas Sirk, de Mad Men et d'Alice au pays des merveilles, véritable prodige du latte art qui réalise des dessins très mignons avec la mousse de lait.
Comble du bonheur, la petite restauration, ses assiettes fraîcheur et ses sandwichs manucurés sont l'autre belle surprise.
Buns siglés Gontran Cherrier ultra moelleux, pâtisseries maisons - un monumental carrott cake avec sa touche de cumin, coiffé d'une irrésistible crème vanillée fondante - ou de chez La Pâtisserie des Rêves voisine.
Plats chauds l'hiver, brunch le dimanche et surtout une formule déjeuner à 13 € comprenant une entrée (ce jour-là un bavarois de légumes digne d'un restaurant étoilé), un plat (impeccable buns au pain noir toasté, bresaola, tomate, mozza di bufala, pousse de moutarde, pesto) et une boisson chaude au choix (le chocolat chaud peut l'être noir, au lait ou blanc et toujours d'origine). Incontournable.
Coutume Café
47 rue de Babylone
75007 Paris
www.coutumecafe.com