Cumulant les handicaps (domicilié au diable vauvert, à proximité
d'un hôpital, au rez de chaussée d'immeubles décatis et face à un parking sordide), Anothai est l'exemple type de ces adresses planquées, desservies par leur environnement mais qu'on aurait tort
de bouder.
Depuis Shanghai et ses adresses fétiches (Bellagio, Spin) nichées dans les lieux
les plus improbables et les moins reluisant de la ville, on y regarde à deux fois avant de reléguer aux oubliettes un restaurant, lequel dans le cas présent, s'il ne jouit certes pas d'une
situation centrale, bénéficie d'un bouche à oreille favorable et d' une excellente presse.
On aurait d'autant plus tort de s'en priver-cela dut-il nous coûter et du temps et l'épreuve pénible d'affronter dans un taxi beuglant des avenues
congestionnées - que cette adresse propose uniquement des plats végétariens malins dont la majorité des légumes proviennent d'une ferme bio du Ratchaburi pilotée par les propriétaires des
lieux.
A voir comme la salade à la vinaigrette moutardée se dresse littéralement dans
l'assiette, vivante, tonique, on doute d'avoir fait fausse route. Les pignons de pin, la figue nous procurent cette bouffée de fraicheur qu'on recherchait tant dans la touffeur de Bangkok.
Ces beignets de tofu sont l'innocence même, la candeur incarnée, que l'on trempe dans un mélange indéchiffrable de sauce
sucrée, de céréales et d'épices. Divin.
Pour finir, une glace au oolong, histoire d'absorber une dernière bouffée rafraichissante avant d'affronter le brasier qui incendie la
capitale.
Détail amusant, le personnel est uniquement composée de jeunes femmes chinoises
dont la plus timide qui est naturellement la plus discrète, mitonne toute seule, l'air de rien, de très convaincants scones au thé vert, aux pétales de rose, aux zestes de citron, à la prune,
parmi tant d'autres.
Anothai
Soi rama 9 Hospital
Tel: 0 2641 5366