Malgré sa déco sympa qui balance entre la brocante et le dinner américain, ses hamburgers plutôt bien achalandés, sa cuisine en open space visible dès la chaussée ou cheese cake, brownie
et cup cakes se la coulent douce en vitrine tout en faisant les yeux doux aux passants, H.A.N.D (pour Have A Nice Day), est loin, très loin de faire des miracles.
Plutôt que de chercher à imposer une lecture personnelle et volontaire du grand classique
américain, cette nouvelle adresse joue au contraire la carte de la prudence, comme si le mot d'ordre avait été de retenir ses ardeurs, de mettre sous cloche envie et
ambition.
Les oignons rings partis en éclaireur donnent immédiatement le ton et sont autant d'informations sur les limites de l'établissement. Insipides, dont la texture hésite entre la pomme de terre et
le salsifis et uniquement sauvés du naufrage par cette sauce barbecue qui fait tout le travail, on est impatient de passer aux choses autrement plus sérieuses telles ce bacon burger dont on
espère qu'il rehaussera le niveau.
Manque de chance, le ratage est complet. Steak haché correcte sans plus, servi saignant mais commandé à point,
buns exagérément épais, secs et servis à température ambiante (impression désagréable que le pain est la pièce centrale de l'assiette), deux tranches de bacon lyophilisé dignes des pires buffets
d'hôtels ou le gras est le grand absent et parachutées sur une tranche de cheddar qui fut un temps fondante en cuisine mais sans vie dès la première bouchée au point que le couteau donne
l'impression de traverser une épaisseur de plastique passée de l'état liquide à l'état solide.
Quand aux frites, d'une fadeur ahurissante, mollassonnes, sans peps et au teint vitreux, on les sent gênées, peut-être de trop, comme si elles s'étaient
trompées d'adresse.
Rien dans cette assiette aux allures de réunion de croque morts pour
faire levier, pour donner le change. C'est le grand vide, la grande énigme, de la cuisine aux ras des pâquerettes. Sans âme ni passion.
L'adresse ayant ouvert ses portes il y a moins de quinze jours, on pourra toujours lui concéder d'être en rodage, de manquer de repères et de n'avoir pas encore trouvé sa vitesse de croisière,
seulement, préparer un hamburger digne de ce nom ne nécessite pas de compétences extravagantes mais de croire un minimum en ce que l'on fait, d'y mettre du cœur sinon de la passion, soit tout le
contraire de l'équipe en cuisine, végétative, trainant du pied, et semblant porter tout le poids du monde sur ses épaules.
On pourra reprocher au jeune patron d'avoir sacrifié la qualité de ses assiettes au détriment d'une déco certes séduisante (une première salle très agréable et profitant au maximum de la lumière
naturelle distribuée par la baie vitrée, une seconde plus sombre mais aussi plus intime, idéale pour les diners en tête à tête.)
On aurait apprécié qu'il continue d'imprimer son style, sa personnalité jusque dans le choix de ses produits, dans la manière de faire, au lieu de quoi il s'est effacé jusqu'à donner cette
impression incomfortable d'un navire sans capitaine à son bord.
H.A.N.D
39 rue de Richelieu
75001 Paris
Tel: 01 40 15 03 27