Une pizza à 20 euros en moyenne, mais on est ou là?
Dans le 6ème arrondissement, à Pizza Chic. Tout un symbole.
Curieux de connaître les origines d'une telle extravagance, j'ai pris place à mon tour sur l'une de ces tables nappées de blanc, entre deux couverts en argent, cadrant idéalement avec cette déco industrielle en noir et blanc à la new-yorkaise.
Une lecture approfondie de la carte aux tarifs très pucnhy et un brin de causette avec le chef m'apprennent que la pâte (mélange de farine de blé, de soja et de son) bénéficie d'un empattement à
fermentation lente de cinq jours au minimum, d'où ce croquant et ce moelleux qui feraient toute sa différence. Mieux, la maison n'utilise que des produits de premiers plans comme la mozzarella di
buffala, les olives taggiasche, le stracchino (fromage italien au lait de vache) ou ce jambon de Parme de dix-huit mois d'affinage, lesquels sur le papier font bel effet. Quand à la pizza, elle
est bien entendu cuite au feu de bois, mais à ce prix là on l'aurait difficilement imaginé séjourner dans un pitoyable four électrique.
Parce qu'il est difficile de rater son coup dès lors qu'on gratifie sa pizza d'une vraie mozzarella di buffala, j'opte pour la Prosciutto (22 euros) avec son mélange de vache et de
buffle qui me fait déjà saliver.
Hélas, dans l'assiette ce n'est plus du tout la même musique... Si j'apprécie tout particulièrement la croute légèrement brulée, la qualité du jambon de Parme affiné 18 mois et cette note
de fraicheur provoquées par les tomates cerises; la pizza patauge dans l'insignifiant, fait du sur place, bref elle n'est certainement pas à la hauteur de ses ambitions. Pour preuve,
cette pâte, certes fine et croustillante mais qui peine à prendre du volume, figée sous le poids de cette épaisseur de mozzarella caoutchouteuse et indiscutablement industrielle. J'attendais une
mozzarella coulante, à défaut d'être laiteuse et délicieuse en bouche au lieu de quoi je ne sais comment se dépatouiller de cette masse sans goût, sans âme, glaçante comme les rebords d'une
baignoire. Quand à la roquette, visiblement fatiguée et disgracieuse avec ses extrémités marronnasses, je lui aurais volontiers suggéré d'aller achever sa courte existence dans une autre pizza
que la mienne.
Si l'escroquerie est à la hauteur de ma désillusion, je quitte ma table ni véritablement en colère, ni rongé par l'amertume. Partie de rien pour arriver nulle part, cette pizza n'a
en réalité jamais eu d'existence. Pire qu'un mauvais souvenir, un grand vide en lieu et place de cette Pizza Chic mais résolument toc.
Pizza Chic
13 rue de Mézières
75006 Paris
Tel: 01 45 48 30 38